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Les langages symboliques permettent de relier les différentes couches informationnelles de notre monde. Toutefois, en regardant une vidéo sur YouTube ou en faisant une recherche sur Google, nous n'avons pas toujours à l'esprit ce qui se passe concrètement, tant ces manipulations sont devenues des pratiques courantes. Mais lorsqu'on s'intéresse dans le détail au nombre d'action nécessaire pour effectuer ces opérations, on s'aperçoit vite de leur complexité du point de vue des langages symboliques. En effet, le simple clic sur le bouton « recherche Google » entraîne une foule d'instructions qui basiquement consisteront à faire voyager en aller-retour des 0 et des 1 entre un client et un serveur. Pour comprendre en quoi consiste le « voyage » de ces bits, on utilise le modèle en couche OSI (Figure 11 p. 48) pour montrer comment le Web est composé d'un mise en relation de langages symboliques différents qui assurent le transport de l'information de l'abstrait au matériel et visce-versa :

Figure 11 : Modèle OSI

Le schéma ci-dessus montre les étapes que l'information effectue une fois cliqué sur un bouton. Mais à cela il faut ajouter un autre voyage, celui qui va consister à gérer le transport de l'information du doigt qui appuie sur le bouton de la souris à l'affichage sur l'écran du

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retour de cette information. Mais ce n'est pas tout, car il y a un dernier voyage de l'information à décrire, celui qui va de la perception d'un message par l'individu à l'action en réponse à ce message. Dans le cas du Web, nous avons donc trois types d’individus interconnectés possédant chacun une boucle de rétroaction allant du matériel à l'abstrait puis de l'abstrait au matériel : l'humain, l'appareil de consultation9, le réseau10. Dès lors, il faut soulever une question importante : est-ce que les langages symboliques couvrent l'ensemble de ce dispositif de communication ?

Figure 12: Flux d'information : humain, ordinateur, réseau

Il n'y a pas de doute concernant deux des individus en jeu, à savoir le réseau et les appareils de consultation qui sont entièrement gérés par des langages formels, donc symboliques. En revanche, concernant l'humain notre hypothèse qui s'appuie sur le modèle d'ontologie-éthique de Spinoza-Deleuze (Éthique spinoziste pour le Web p. 18), consiste à cantonner le domaine des langages symboliques uniquement au deuxième niveau de connaissance celui des rapports, le troisième niveau étant d'une autre nature que symbolique, car faisant intervenir une dimension non formelle : l'intuition. Le diagramme précédent (Figure 12 p. 49) illustre cette hypothèse.

Comme le confirment les théories sur les langages formels qui excluent la dimension

9 Nous employons ce terme plutôt que le mot anglais "device" pour définir de façon générique les multiples possibilités pour la consultation du Web : ordinateur, téléphone portable, tablette...

10 Derrière ce terme nous faisons référence tant à la dimension physique du réseau que la dimension applicative : serveur, api, mashup...

Samuel Szoniecky Université Paris VIII - Saint-Denis 2009 - 2012

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sémantique (Les machines symboliques p. 32), les langages symboliques ne couvrent que partiellement le voyage de l'information entre le matériel et l'abstrait, entre la forme et le sens. On pourrait en déduire que le sémantique trouve sa place uniquement dans l'intuition humaine. Toutefois, ce serait aller un peu trop vite en besogne, car on ne peut nier le fait que les langages symboliques sont capables de transmettre du sens tout simplement parce que les humains apprennent à respecter les conventions sémantiques qui leur sont liées. Il nous faut dès lors répondre à une autre question : comment transmettre ces conventions sémantiques dans ce voyage à travers les couches symboliques ?

Dans le cas du Web cette question ne touche que la couche « application » du modèle OSI (Figure 11 p. 48), ce que Christian Fauré appelle le « réseau de transfert » qu'il distingue des « réseaux de transport » :

« on peut dire que les réseaux de transports déplacent des objets et plus généralement de la matière, là où les réseaux de transferts déplacent des représentations, des symboles et, d’une manière générale du signifiant.

N’allez pas croire pour autant que j’oppose les réseaux de transferts aux réseaux de transports. Les distinguer n’est pas les opposer, et cela d’autant plus que, à ma connaissance, aucun réseau de transfert n’existe s’il ne s’appuie pas lui-même sur un réseau de transport. » (http://goo.gl/V8TmZ)

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Mais que l'on parle de couche « application » ou de « réseau de transfert », ces protocoles de communication sont composés d'un ensemble de langages symboliques qui gèrent les flux d'informations entre l'humain, les appareils de consultation et le réseau. Ces langages sont très nombreux et nous ne pouvons pas tous les citer. Nous nous focaliserons donc sur les langages standards proposés par le W3C car ils offrent un bon aperçu des différents domaines applicatifs que couvrent ces langages (Figure 13 p. 50).

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Il faut toutefois ajouter trois autres types de langage symbolique :

• les langages de programmation du coté du serveur comme PHP, ASP, .NET..., • les langages de programmation du coté client comme Action script ou JavaScript, • les langages de modélisation et de requête des bases de données relationnelle

comme SQL.

Ainsi, le diagramme ci-dessus (Figure 14 p. 51) montre comment sur le Web, en plus des couches OSI, les informations passent par le filtre d'autres langages symboliques et comment chacun de ces filtres gère les informations transmises pour créer un flux cohérent d'information pour, par exemple, supprimer une information.

La complexité de ces flux d'informations fait qu'il est extrêmement difficile de maîtriser la chaîne des langages symboliques nécessaires pour gérer la cohérence. Il est donc courant de faire intervenir différents spécialistes, chacun n’ayant en charge la cohérence que d'une partie de cette chaîne d'information. Il s'en suit une multiplication des vocabulaires utilisés et des pratiques métiers qui nuit à la généricité des procédures et rend très souvent impossible la réutilisation de ces chaînes symboliques. Nous ne présenterons pas ici l'ensemble des méthodes utilisées pour rendre plus générique et cohérente le codage de ces chaînes d'information (modèle MVC, générateur automatique de code, règles stricte de nommage des fonctions et des variables…), nous nous focaliserons sur un aspect particulier qui concerne l'organisation des connaissances à travers le principe de l'ontologie.