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3. CADRE THEORIQUE

3.1 La dynamique motivationnelle

Du concept de motivation au concept de dynamique motivationnelle

La dynamique motivationnelle étant la notion au cœur de notre mémoire, elle fait l’objet d’une attention toute particulière. Il est essentiel de comprendre ce processus afin de mieux saisir ce qui se joue dans l’implication d’un adulte en formation.

Selon Vallerand & Till (1993, cité par Viau, 2009, p.11), la motivation « représente le construit hypothétique utilisé afin de décrire les forces internes et/ou externes produisant le déclenchement, la direction, l’intensité et la persistance du comportement ». Autrement dit, c’est ce qui pousse l’individu à agir et à persévérer dans son action. Toutefois, le concept de motivation est assimilé « à un phénomène dont on postule l’existence, mais qu’on ne peut qu’inférer à partir de certains comportements » (Pelaccia & al., 2008, p.104). Il s’agit donc d’une notion abstraite et difficilement observable. Le paradigme social-cognitif « permet d’éclater la notion de motivation en trois catégories de construits observables » (Bourgeois, 2009b, p.237) qui, en interaction étroite, constituent la dynamique motivationnelle : l’engagement, les construits motivationnels et les facteurs individuels et situationnels (Bourgeois, 2009b). Ce concept est ainsi privilégié car il met l’accent sur un processus évolutif qui se transforme et où interagissent de multiples variables (ibid.).

16 Les trois catégories de construits observables (ibid.)

1. L’engagement : c’est à la fois l’acte d’entrée et l’implication du sujet dans le processus d’apprentissage. Ce concept est lui-même différencié en trois types d’indicateurs d’engagement dans la tâche : comportementaux (persévérance, choix, effort, participation,...), émotionnels (la palette des émotions associées aux différents degrés d’engagement) et cognitifs (type de stratégies cognitives mises en oeuvre dans l’apprentissage). Dans ce mémoire, nous ne nous centrons pas sur le processus d’apprentissage de l’adulte mais sur son engagement en formation de manière générale. Pour cette raison, nous ne nous attarderons pas sur les indicateurs cognitifs.

2. Les construits motivationnels11 : il s’agit des perceptions construites par le sujet apprenant et celles-ci sont directement reliées aux indicateurs d’engagement : le sentiment d’efficacité personnelle, l’espérance de réussite (expectancy), le sentiment d’autodétermination, la valeur perçue de la tâche, les attributions causales (d’échec et de réussite),... D’autre part, elles s’influencent également entre elles.

3. Les facteurs individuels et situationnels, en interaction, conditionnent les construits motivationnels.

Les facteurs individuels sont les caractéristiques que l’apprenant met en jeu dans la situation d’apprentissage : image de soi, dynamique identitaire, type de buts personnels, estime de soi, facteurs de personnalité, background socioculturel, rapport au savoir, croyances épistémiques, etc. Quant aux facteurs situationnels, ils désignent les caractéristiques de la situation d’apprentissage (dispositif pédagogique, pratiques pédagogiques du formateur, contexte institutionnel) directement reliées aux construits motivationnels : climat de classe, modalités d’interactions sociales (par exemple, compétition versus coopération), nature des tâches d’apprentissage, dispositif d’évaluation, type de feed-back, degré de mise en évidence des liens entre la situation de formation et les situations de travail, etc.

Selon l’auteur (ibid.), le paradigme social-cognitif insiste sur l’idée que les construits motivationnels, qui jouent un rôle déterminant dans l’engagement du sujet dans son activité de formation, ne résultent ni des seuls facteurs individuels ni des seuls facteurs situationnels, mais bien de l’interaction entre les deux. Par conséquent, comme le précise l’auteur (ibid.), l’on ne peut ni contrôler de l’extérieur l’engagement des apprenants (pas de

11 Les appellations construits motivationnels, déterminants motivationnels, croyances motivationnelles, représentations motivationnelles et perceptions motivationnelles sont synonymes.

17 toute puissance pédagogique), ni à l’inverse croire que les jeux sont faits d’avance, que l’environnement de formation ne peut que faiblement agir sur l’engagement des apprenants (pas de renoncement pédagogique). Le formateur, et plus largement la situation de formation dans son ensemble, peut réellement agir sur l’engagement de l’apprenant. Mais l’impact réel de cette situation sera au bout du compte conditionné, modulé par un certain nombre de caractéristiques de l’apprenant.

Illustration schématique de la dynamique motivationnelle de l’adulte en formation

Afin de mieux saisir l’articulation de ces différentes composantes de la motivation, nous avons illustré ce processus par le schéma ci-dessous, inspiré de la dynamique motivationnelle de l’élève en contexte scolaire de l’auteur Viau (2009). En effet, de nombreuses théories sur l’engagement en formation, ont d’abord été développées en contexte de formation initiale, avant d’être mobilisées en formation des adultes.

L’adulte choisit de s’engager dans la tâche/en formation et de s’y investir si les perceptions qu’il a de lui-même (se sentir en capacité de…, se sentir capable de réussir, le sentiment d’avoir une liberté dans l’action,…) et de l’environnement (accorder de la valeur à la tâche

18 en question/à la formation en fonction des buts personnels) sont favorables. Il est de ce fait plus enclin à fournir des efforts face aux difficultés rencontrées. Si son comportement aboutit à une réussite (achèvement de la tâche, réussite de la formation, etc.), alors ses croyances seront renforcées positivement, et vice versa. Ses perceptions sont continuellement influencées par des facteurs situationnels et individuels. Ainsi un apprenant dont le vécu scolaire est parsemé d’échecs (facteur individuel) et qui d’autre part se sent mal à l’aise en formation où règne un climat compétitif (facteur situationnel) pourra (en raison de l’influence de ces facteurs sur sa dynamique motivationnelle) avoir une perception négative quant à ses chances de réussite de la formation et remettre en question son engagement en formation, ceci pouvant aboutir à un désinvestissement de sa part.

En conséquence, la dynamique motivationnelle de l’adulte est relativement complexe car influencée par de multiples variables.

3.2 Appréhender la dynamique motivationnelle en formation à