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Bénéfice de l’accompagnement par le formateur, le conseiller IPT

7. ANALYSE DES DONNEES ET DISCUSSION

7.7 Autres facteurs ayant joué un rôle dans l’évolution de la posture des candidats en cours

7.7.1 Les soutiens sociaux

7.7.1.2 Bénéfice de l’accompagnement par le formateur, le conseiller IPT

L’apport du formateur est davantage mis en avant par les candidats qui sont principalement en contact avec ce dernier durant le mois EVE. Mais cela n’exclut pas que les candidats s’expriment sur l’accompagnement de manière générale.

Soutien d’estime et informatif

en stimulant le candidat dans ses recherches et en lui fournissant des conseils Paola a apprécié le coaching qui stimule les recherches, soit le soutien régulier et les conseils fournis. « Pour moi c’était comme des coachs, c’est ce que j’ai dit encore à ma conseillère, ça fait du bien, ça motive, ça donne des idées… Le fait d’avoir un conseiller, c’est très bien pour ceux qui n’ont pas le chômage, ça fait du bien d’avoir quelqu’un qui nous donne des idées… Dire aussi ce qu’on pense par rapport aux recherches qu’ils nous donnent. On peut ne pas être aussi d’accord. |…|» (p. 13, lignes 326-330) Pour ces raisons, elle regrette la courte durée de la formation. A son achèvement, elle gère à nouveau seule ses recherches d’emploi. « Ben là vu que c’est fini, donc y a plus rien, maintenant je dois me débrouiller moi. |…|» (p. 15, ligne 429) Lorsque nous lui demandons de justifier son souhait d’une durée prolongée de la formation, celle-ci répond : « Ben le fait d’avoir un soutien, si on est perdu, si on sait pas… Si on a trouvé quelque chose on peut toujours appuyer notre dossier, nous aider, etc. (p. 13, 348-349) Nous émettons l’hypothèse que, dans son cas, la dynamique positive instaurée en bénéficiant de l’environnement de formation est susceptible de retomber, si sa situation professionnelle n’évolue guère rapidement en sa faveur. Deux mois après l’achèvement de la mesure, celle-ci avait significativement réduit ses recherches sur le terrain.

en redonnant confiance au candidat par le biais des conseils fournis

«|…| Et lorsqu’on a eu les simulations d’entretien c’est là qu’il m’a dit : « Ben voilà, pour vous, il n’y a pas de souci de posture ni dans le langage ; vous êtes quelqu’un de sûre de vous, vous regardez les gens… » Voilà d’un côté, ça m’a aussi permis d’avoir confiance en me disant : « Ben si je n’ai pas eu ce poste, ce n’était pas forcément à cause de moi, c’était parce que peut-être une autre personne avait les diplômes pour, peut-être qu’il n’y a pas eu de feeling… » Il m’a dit :

« Il ne faut pas prendre ça comme un échec personnel, faut prendre ça voilà… Il a choisi une autre personne pour x raisons qui le regarde, peut-être que dans trois mois il se dit : « Ben

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mince, je me suis trompé. » Ou peut-être que dans trois mois il va se dire : « Ben j’ai fait le bon choix ! » Ça m’a réconfortée dans la confiance que j’avais un peu perdue en ayant que des échecs professionnels dans les entretiens. Donc euh voilà, j’apprends aussi plein de choses. En plus, il est dans la branche… |…|» (Gaelle, p. 43, lignes 496-507)

Soutien d’estime, informatif et instrumental

en fournissant une aide individualisée

«|…| M. Ceretta, il est allé sur le registre du commerce. Il a trouvé presque cent sociétés dans le business pour faire mes recherches, donc j’ai cent sociétés pour faire des recherches. Il a trouvé une société de crédit pour des poursuites jusqu’à 10'000 sans intérêt. J’ai dit : « Magnifique ! » (rires) Ce sont des choses comme ça qui sont très très très bien ! Ça peut payer toutes mes poursuites sans intérêt avec 400 francs mensuels sur deux ans. Ça c’est ce dont j’avais besoin, ça c’est l’aide dont j’avais besoin… Mais il m’a donné ça seulement parce que j’ai bien expliqué ma situation. Je suis sûr qu’il y a certaines personnes qui n’ont pas expliqué leur situation, je pense… Parce que j’ai bien expliqué à M. Ceretta, il peut revenir à moi avec des idées personnalisées pour mon cas. » (Joe, p. 58, lignes 395-403)

D’autre part, il a apprécié l’accompagnement individuel. « Oui, oui, parce que tu es en classe mais je ne voulais pas parler devant tout le monde de ma situation. Quand j’ai vu M. Ceretta tout seul, je peux expliquer comme ça il peut me dire quoi faire… |…|» (p. 53, lignes 406-408)

L’attitude/le comportement

bienveillant qui permet aux candidats de se sentir à l’aise

« Et avec lui c’était génial. Lui, justement, c’est ce que je dis, j’ai remarqué qu’il était vraiment plein de patience et très euh… il parlait à la même hauteur des yeux avec les participants. C’est quelque chose que j’apprécie beaucoup parce que ça ne va pas de soi, tu vois ce que je veux dire? Non j’étais très contente de M. Ceretta. » (Ana, p. 22, lignes 237-240)

franchise, attitude d’écoute, ouverture d’esprit, l’adaptation de sa posture au cas par cas, qui favorise un environnement propice aux échanges

Les propos de Gaelle en rendent compte : « Et puis le formateur aussi il nous met à l’aise, donc ça c’est aussi assez pas mal, parce qu’il nous écoute, il prend note des choses et donc après, il essaie de mettre aussi en pratique certaines choses que l’on peut dire ou penser.» (p. 35, lignes 140-142)

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«|…| Donc voilà, moi j’aime bien ! Je suis assez franche, je suis assez honnête, je dis les choses et en même temps, quand on a un retour comme ça, ben c’est agréable car on peut vraiment discuter quoi. Et ce formateur-là, il était dans cette même optique comme moi donc ça s’est bien passé. » (p. 36, lignes 189-192)

« Et donc c’est vrai que j’ai trouvé ce formateur qu’il était bien quoi, je veux dire. On pouvait discuter, si je n’étais pas d’accord sur certaines choses, on en a discuté. Aussi, il a voulu savoir pourquoi, et quand je lui ai expliqué certaines choses, il a aussi compris qu’effectivement on n’est pas tous formatés à aller faire cette formation à dire « oui, oui à tout » et être d’accord sur tout, parce que c’est un formateur… |…|» (p. 35, lignes 173-177)

« Voilà parce qu’il a vu aussi la manière que j’ai de travailler et de m’exprimer. Et on voit, il a détecté que certains, ils étaient pas là parce que forcément ils avaient envie, ils étaient là assez

« plan-plan tranquillou ». « J’ai trouvé un stage, je vais peut-être pas en faire un deuxième. » Bon ok… En tant que formateur ça fait partie de son métier, il observe aussi les gens et voit un peu comment les gens sont aussi par rapport à ça. Et moi il a tout à fait vu. Il a vu mon CV, comment je suis, comment je m’exprime, ce que j’ai envie, ce que je peux faire, etc. |…|» (p. 39, lignes 329-335)

«|...| Voilà, il a aussi été à l’écoute de ça, il m’a dit : « Effectivement vous… » Et en plus de ça, il m’a dit : « Vous connaissez votre job, vous n’avez pas besoin d’expériences, vous avez pas besoin de vous remettre dans le circuit professionnel. Parce que ma dernière mission éait du mois de décembre où j’ai bossé aussi à 100 %, donc c’était pas si loin que ça. |…|» (p. 40, lignes 350-354)

«|…| Et c’est vrai que quand on a eu cet entretien, parce qu’il avait juste mon CV, on s’est vus une ou deux fois, on a discuté… Mais c’est vrai qu’on a eu un entretien et qu’il a posé des questions du stage que j’en apportais pas beaucoup. Donc j’ai expliqué aussi ma situation, mes recherches, mon attente. Et lui après, il était aussi ouvert à comprendre aussi que voilà… qu’on est pas tous dans le même panier qu’on n’a pas tous les mêmes envies… donc non, un très bon formateur.» (p. 40, lignes 358-363)

Et de Joe :

«|…| Ça je ne trouve pas juste personnellement… Donc j’explique ça à M. Ceretta et tout de suite, il voit, il comprend ma situation, et lui aussi il comprend mon objection du début, il

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réalise comment ça peut « damage » mon CV. Ça ce sont les trucs que j’aime bien. Il comprend ma situation. Je pense aussi parce que je ne suis pas venu en disant : « Ah non, non je ne veux pas faire ! » Parce que je suis fainéant, non ! J’ai donné une raison… une raison logique… |…|»

(p. 57-58, lignes 389-394)

Respecter/encourager le besoin d’autonomie

en limitant la posture directive

« Non il m’a dit : « Vous avez un bagage, vous êtes expérimentée dans beaucoup de choses. » Il m’a dit : « Je ne vais pas vous embêter avec ça, vous faites comme vous le sentez, c’est-à-dire vous faites vos téléphones ce qui est tout à fait normal et puis tout ça… Et par contre, si vous avez des questions, si vous me parlez d’une assoc. que je connais, je peux peut-être appuyer le truc. » Donc, il m’a vraiment laissé quand même gérer un peu ce… Voilà, pour certaines personnes il était plus intransigeant en disant : « Voilà vous êtes vendeuse, moi j’ai envie que demain vous ayez cinq stages, parce qu’il y a possibilité. Moi je vous donne en plus des noms, des adresses. » |…| » (Gaelle, p. 39, lignes 311-318)

«|…| Le truc qui est bien c’est que M. Ceretta, il explique et il me demandait ce que j’en pensais ; c’était ma décision finale qui compte, c’est le truc que j’aime bien. Même quand on faisait les CV, il voulait faire ça, ça… J’ai dit : « Non, non, je ne veux pas ça, je veux comme ça. » Je dis ce que je veux et je dis ce que je pense est le mieux pour moi. Mais le truc qui est bien IPT ou EVE ou M. Ceretta, ils n’ont pas dit : «Non, non, non, tu fais comme ça ! » C’est votre décision, c’est votre vie… c’est dans tes mains. Si tu vas faire les démarches, si tu vas faire le travail,… C’est dans vos mains… Et ils nous ont bien expliqué ç, et ça je trouve que c’est très bien ! » (Joe, p. 59, lignes 440-447) Ceci met l’accent sur le besoin pour le candidat en formation d’être traité en adulte responsable qui est en capacité de prendre des décisions adaptées en fonction de sa situation.

La disponibilité

« Très bonne, ils ont toujours été… très disponibles euh… Je sais pas si tout le monde… mais si, il avait donné son email à tout le monde… Donc je pouvais lui envoyer des documents à n’importe quelle heure, à n’importe quel moment, il les checkait tout le temps, donc dès que ça arrivait. Donc ça c’était super pratique. On pouvait l’appeler, si on avait des questions, là je te parle de M. Ceretta. Ma conseillère aussi, elle était super disponible pour moi. Elle m’a toujours

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dit : « Tu peux appeler, tu peux envoyer des emails. » Ce que j’ai fait, j’ai eu des retours ça c’est bien. Donc euh disponibles et accessibles. » (Ana, p. 24, lignes 342-348)

Son expertise professionnelle

dans le domaine des Ressources Humaines qui donne du poids à ses propos et de ce fait rassure

«|…| On a fait des simulations d’entretien, donc ça c’est aussi intéressant de la part d’un professionnel. Parce qu’en plus notre formateur, quand il nous racontait un petit peu son cursus, ben il a été aussi recruteur, il a travaillé dans des agences de placement, il a travaillé en tant que grand patron d’une boîte de publicité… Donc il a touché aussi un peu à tout. Et par exemple, on a eu des simulations d’entretien. Ben voilà, ça c’était aussi intéressant de voir l’approche qu’on avait nous, en disant : « Ben voilà, je comprends pas pourquoi j’ai pas eu le poste parce que moi j’étais à 150 % sur « patati patata » |…|» (Gaelle, p. 42-43, lignes 476-482)

Nous pouvons considérer que pour les quatre candidats interviewés, le mois de formation est une parenthèse dans leur vie qui contraste avec leur quotidien, où ceux-ci côtoient régulièrement des personnes qui vivent une épreuve similaire, où ils bénéficent de diverses formes de soutien et d’un accompagnement dans leur démarche.

Ainsi, nos données corroborent avec celles provenant de l’étude de Brasseur & al. (2005), où les soutiens sociaux (le groupe et le formateur) influent positivement sur l’engagement à l’entrée et en cours de formation, grâce notamment à leur attitude d’écoute et de soutien, leurs encouragements et une mise en confiance. Car on l’a vu, il peut être difficile pour les candidats, par pudeur souvent, de confier leur vécu de sans emploi à leur entourage.

Pour certains, ne pas avoir de travail limitent les sujets de conversation. Ceci peut amener à un repliement des personnes sur elles-mêmes. Notre cadre théorique est toutefois insuffisant pour approfondir l’apport social. Mais au vu de son impact, il mériterait une plus grande attention.

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