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3.3 La révolution minière

3.3.3 La croissance urbaine

La prospérité des années 1870 a largement contribué à l’émergence décisive

d’un Central Business District : de nombreux bâtiments résidentiels sont

s.d. [150, p. 87]). Adderley Street en est l’artère principale et les magasins s’y

alignent entre la nouvelle gare et le bâtiment néo-classique de la Standard Bank.

Les premiers grands magasins, Stuttaford et Markhams, des compagnies

mari-times comme la Union Shipping Company, y ont également leur siège.

Parallè-lement à Adderley, St George Street concentre de nombreuses banques, dont la

South African Bank, et les sièges de nombreux journaux, dont leCape Times.

Ce CBD est desservi à partir des années 1880 par le tramway électrique, qui

amène une clientèle variée de Kloof Street, Camps Bay, Gardens, District Six, Sea

Point et des banlieues sud.

La seconde phase de prospérité (cf. supra) va relancer la construction à partir

de 1893, comme le décrit Noble en 1896 :

« Dans Adderley Street en particulier, le travail de reconstruction a

été des plus importants. Les modestes bâtiments des précédents

habi-tants ont laissé place à des édifices modernes et à des façades ornées,

à l’imitation du meilleur style de l’architecture des rues européennes.

L’African Banking Corporation, la Colonial Mutual Buildings et sa

tour d’horloge, les drapiers, habilleurs, bijoutiers, pharmaciens,

li-braires, courtiers d’assurance ou de fret maritime et autres

établisse-ments commerciaux sont nombreux d’un côté de la rue, tandis que de

l’autre se succèdent les bureaux de l’administration portuaire, le

ter-minus des chemins de fer, l’imposant immeuble de la Standard Bank,

l’église réformée hollandaise et les bâtiments administratifs avec, en

arrière-plan, les Chambres du Parlement. » [103, p. 95sq.]

Cette période victorienne et edwardienne de l’histoire du développement de

Cape Town, période de rapide croissance urbaine, se caractérise donc en

centre-ville par l’introduction d’immeubles victoriens à plusieurs étages, abritant des

commerces et formant un Central Business District (CBD). Dans les premières

banlieues—ou les quartiers périphériques—le développement linéaire selon les

axes de communication se poursuit. Des rangées de maisons mitoyennes se

construisent le long de Caledon et Hanover Street. Ce développement a surtout

lieu à District Six, de façon plus ou moins anarchique et spéculative. Vers l’ouest,

Waterkant et Somerset Street connaissent une croissance similaire.

Il y a donc consolidation et densification des zones urbaines périphériques,

habitées principalement par les classes moyennes et ouvrières. Les classes les plus

favorisées, elles, profitent de la mise en place du tramway électrique pour bâtir des

villas dans des banlieues plus lointaines : Upper Buitenkant, Orange, Kloof Street

et dans le nouveau quartier d’Orangezicht, sur les pentes au sud-est des jardins.

En 1905, ces nouveaux quartiers résidentiels commencent à s’étendre au sud de

Camp Street (Whittingdale s.d. [150]).

Les banlieues sud connaîtront aussi un essor soutenu pendant la période

vic-torienne. Une fois de plus, c’est la rapidité de la liaison avec le centre-ville qui en

est la cause principale : le tramway électrique atteint Salt River et Woodstock en

1885 ; Mowbray en 1890 ; Claremont en 1897 et Wynberg en 1898 (Dewaret al.,

1990 [36, p. 28]).

4.

La mise en place de la ségrégation :

Ndabeni, 1901-1936

La présence africaine au Cap date du

XIXe

siècle. Longtemps, les Africains ont

habité en centre-ville, dans des quartiers qu’ils partageaient avec Blancs et Métis.

Mais au début du

XXe

siècle, une épidémie de peste fait coïncider les discours

victoriens sur le sauvage, sur l’hygiène et la propreté et sur la ville : les Noirs

mettent en danger la santé urbaine. La solution apportée est celle de la ségrégation.

Dès 1901, la population africaine du Cap est légalement obligée de résider dans

unelocationdélimitée par décret municipal, Ndabeni.

La naissance d’une culture proprement africaine et proprement urbaine au Cap

date de la construction de Ndabeni. Auparavant, l’intégration raciale et

résiden-tielle tendait à créer des cultures urbaines par classe sociale : ainsi, une culture

ouvrière partagée par Blancs, Noirs et Métis était probablement en train

d’appa-raître à District Six. Mais la concentration autoritaire de la population africaine

dans un quartier a diminué ses possibilités d’interaction avec les autres

commu-nautés. Relations sociales, éducation, engagements politiques se feront désormais

à l’échelle du township, donnant naissance à une géographie culturelle hors du

commun.

4.1 Les Africains au Cap avant 1901

Lorsque Van Riebeeck est arrivé en baie de la Table pour installer le poste de

ravitaillement qui allait devenir Cape Town (cf.chapitre 3, page 67), il y rencontra

des Khoisan, et non des tribus de langue bantoue. Des siècles de migrations

ban-toues avaient repoussé ces Khoisan dans les régions les plus arides du sud-est de

l’Afrique australe. Le peuplement noir de l’Afrique du Sud actuelle se concentrait

dans deux grandes régions : les hauts-plateaux entre le Limpopo et la Caledon

étaient occupés par les Sotho ; les Nguni (Swazi, Zoulous, Xhosa. . .) s’étaient

ins-tallés sur la plaine côtière orientale.

En conséquence, les premiers Africains résidant au Cap ont été les esclaves

importés par la Compagnie des Indes Orientales pour répondre au besoin de

main-d’œuvre. Ils viennent de Madagascar, du Mozambique ou d’Afrique orientale.

D’autres esclaves sont amenés d’Asie (cf.chapitre 3, page 72).