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l’approche écologique

2.3.1 L’interaction – concept clé de la théorie des communautés de pratique

Un concept essentiel, tant pour la caractérisation des liens entre les environnements d’apprentissage que pour l’activité de l’apprenant au sein de ses environnements, est le concept d’interaction. Dans la région du Banat, au cours du temps, l’apprentissage des langues et de diverses cultures dans l’environnement informel, c’est-à-dire, dans la vie quotidienne, a été antérieur à l’enseignement de ces langues dans l’environnement formel. C’est notamment grâce à l’interaction, favorisée par les échanges économiques et sociaux, que l’apprentissage des langues a évolué, permettant ainsi l’émergence progressive d’un environnement poreux et hybride au niveau linguistique et culturel.

Les théories sociales de l’apprentissage ont mis en évidence que l’apprentissage de la L284 bénéficie de l’interaction sociale entre l’apprenant et d’autres personnes. Néanmoins, le point de départ de l’interaction n’est pas une table rase et toutes les relations ne sont pas construites à partir de zéro dans le discours produit au cours de l’interaction (Vasseur, 2005). En s’appuyant sur les notions de « communauté », d’ « expérience partagée » et de « connaissance », la chercheuse montre qu’ « une certaine organisation sociale existe, sorte d’arrière plan pour le discours échangé, qui laisse apparaître une certaine disparité » (ibid. p. 98) Cette « disparité » s’exprime au niveau des particularités et des spécificités individuelles et des statuts socioculturels des partenaires. En fonction de ces variables, le cadre, c’est-à-dire le temps, l’espace, les potentialités de l’interaction, fournit un horizon minimum d’attente, instable et incertain, concernant les potentialités d’apprentissage de l’interaction. Ceci implique que les savoirs qui se développent varient en fonction des interactions sous-jacentes à tout apprentissage.

Dans la région du Banat, l’évolution historique du répertoire langagier et culturel des

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individus a eu prioritairement lieu dans un contexte d’interaction sociale intense et fréquente et les langues des minorités nationales sont encore vivantes dans la pratique quotidienne des personnes (dans le cadre familial, dans le voisinage, dans les organisations culturelles, etc.). Ces langues font encore partie du répertoire linguistique collectif actuel sans qu’elles fassent l’objet d’un apprentissage formel.85

À partir de ce répertoire l’apprentissage de l’anglais langue de circulation internationale bénéficiant d’un cadre très accueillant du point de vue de l’acquisition et du développement des langues-cultures est devenu prioritaire. L’analyse du corpus permettra de vérifier dans quelle mesure les stratégies d’apprentissage adoptées spontanément dans l’apprentissage informel sont transférées dans l’apprentissage formel.

Dans le contexte de toute interaction interviennent aussi les spécificités attitudinales du sujet lui même: son histoire, ses expériences marquent ses projets et son rapport avec l’enseignement des langues. Cela rejoint le concept des affordances individuelles de van Lier dans la mesure où les mises en relation sous-jacentes aux affordances d’apprentissage s’établissent ou non en fonction des spécificités individuelles et de l’environnement d’apprentissage. De ce fait, les affordances liées à l’interaction sociale sont génératrices d’apprentissage en fonction des spécificités de l’individu.

Selon Vasseur les éléments constitutifs de la personne « nourrissent les objets immédiats de sa participation et sous-entendent l’interprétation qu’elle se fait de la situation et du rôle qu’elle va jouer dans l’interaction qui se noue » (2005 : 87). Les rôles sont répartis par l’action, notamment par le type de tâche, telle qu’elle est perçue par les partenaires. Ces analyses posent la question des statuts et des positionnements distincts des partenaires de l’interaction dans l’environnement formel, non-formel et informel et de leurs effets sur le développement de l’apprentissage de l’anglais. Si la distribution des rôles est en partie prévisible dans l’environnement formel (l’élève/l’enseignant en situation scolaire, l’élève à la maison, etc.), le locuteur, l’apprenant en anglais dans ce cas, « adopte la plupart du temps le comportement que ses partenaires et les circonstances attendent de lui » (ibid.). La prise en compte de cet indicateur sera réalisée à travers l’analyse des données fournies par les questionnaires et les entretiens mais aussi dans l’analyse du 4e environnement, dans lequel je vérifierai l’évolution éventuelle des rôles interactionnels. Elle me permet aussi d’étudier dans quelle mesure l’apprenant se conforme aux attentes de ses partenaires d’interaction et de contexte. Cette analyse m’aidera aussi à repérer des changements imprévisibles de positionnement dans chacun des environnements. Certes, à l’école, les rôles sont établis et acceptés en avance, voire imposés, mais dans l’environnement non-formel et informel, les rôles sont plus flexibles. Dans l’environnement informel, l’apprenant peut décider de pas prendre ou non en considération ce que l’expert lui dit, il peut saisir ou non les affordances dans l’interaction avec l’expert, en fonction, par exemple, des expériences plus ou moins positives vécues dans la journée – la temporalité joue également un rôle dans l’actualisation ou non des affordances.

Toutes les interactions nous font évoluer parce que les partenaires engagés dans les

85 Je souligne pourtant qu’il y a encore des institutions scolaires (à partir de l’école maternelle et jusqu’au lycée) dans

95 interactions changent eux-aussi de perspective, de comportement ou de rapport face à la situation dans lesquels ils se trouvent. Comme Bateson le souligne « l’opération de communication est un apprentissage permanent de la façon de communiquer » (1981 : 134).

Les catégories sont instables et peuvent se redistribuer selon les activités pratiquées et les points de vue des sujets sur ce qu’ils construisent ensemble. Ces mouvements de redistribution de places, ces tensions, ces exigences discursives qu’ils génèrent entretiennent une relation fondamentale avec l’apprentissage. (Bateson, 1981 : 121)

L’analyse du corpus contribuera à mettre en évidence les interactions dans les divers environnements et à montrer leur évolution sur un continuum. Dans la construction de ce continuum, la médiation joue un rôle très important et je traiterai cette notion dans la partie suivante.

2.3.2 Les dimensions de la médiation sociale au sein des

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