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La création et la valorisation des situations d'apprentissage dans la perspective de Josephine Macalister Brew

des théories sociales de l’éducation

2.1.2 La création et la valorisation des situations d'apprentissage dans la perspective de Josephine Macalister Brew

Pour Brew comme pour Dewey, la notion de participation à une communauté représente un élément important dans la réflexion sur l’apprentissage, tant dans l’environnement formel que dans l’environnement informel, la communauté rassemble différents groupes d’âge et met ses membres dans des situations d'interaction et de collaboration qui facilitent l’apprentissage grâce au dialogue dans une visée socio-constructiviste.

Même si ses réflexions ne s’intègrent pas dans un cadre théorique traditionnel, Josephine Macalister Brew (1904-1957) a apporté un éclairage à la notion d'éducation informelle en associant l’éducation à des espaces nouveaux: « to the places where people already congregate, to the public house, the licensed club, the dance hall, the library, the places where people feel at home. » (1946 : 22), à des environnements situés en dehors de l’environnement scolaire qui présentent la particularité commune d’être des espaces sociaux de loisirs. L’éducation est ainsi rattachée à l’activité de groupe en dehors de l’école et facilitée par la qualité du climat dans lequel l’activité de groupe se situe « the places where people feel at home ». Comme nombre de chercheurs en éducation, elle souligne implicitement la part de l’affect dans le processus d’éducation et

57 d’apprentissage Elle anticipe ainsi les propositions plus récentes des didacticiens et des enseignants de langue étrangère en attirant l’attention sur l’effet stimulant d’un climat de confiance, dépourvu de tensions sur la prise de risque qu’impliquent la compréhension, l’expression, l’interaction en langue étrangère et l’adoption de stratégies efficaces de résolution de problème dans l’environnement scolaire comme dans l’environnement extrascolaire. En même temps, elle suggère implicitement le caractère inhibiteur d’un climat de stress, marqué par la crainte de l’erreur pour l’apprentissage d’une langue étrangère. Elle apporte un critère d’analyse complémentaire qui devra être pris en compte dans l’étude des représentations des collégiens présentée dans le dernier chapitre de la thèse. Dans le contexte des transformations actuelles qui ont lieu au sein de l'éducation, la lutte symbolique que les enseignants mènent pour stimuler l'attention de leurs élèves et pour les motiver, on peut se demander si ces propositions ne sont pas des solutions partielles à la baisse inquiétante de la motivation des élèves particulièrement observée en début du collège. On peut aussi se demander si le succès des espaces numériques d’apprentissage de l’anglais et des réseaux sociaux qui s’y développent en dehors des classes de langue ne résulte pas en partie du fait qu’il s’agit d’un espace qui échappe aux contraintes de temps, de rythme d’évaluation de l’environnement scolaire.

L’un des apports les plus significatifs de Brew est l'accent qu'elle met sur le potentiel éducatif et cognitif de toute activité humaine : « every human activity has within it an educational value » (1946 : 27) et par conséquent sur la portée éducative de toute activité située dans l’environnement informel. La vie quotidienne déploie une palette inédite de situations porteuses d'apprentissage qui ne sont pas toujours reconnues comme le montre l’absence de prise de conscience des savoirs linguistiques construits en dehors de l’école par les collégiens interrogés pour mon mémoire de Master.

L’intérêt de l’activité est d’autant plus important au niveau éducatif qu’elle fait appel au travail collaboratif au sein d'une communauté et que l’individu se trouve engagé dans des communautés multiples et hétérogènes au cours de son expérience quotidienne. Les travaux de Brew suggèrent que l’engagement de l’individu dans diverses communautés a pour effet de lui permettre de développer des savoirs et des savoirs faire pluriels et parfois incomplets. Dans la région du Banat, l’apport cognitif de l’appartenance et de la participation des individus à des communautés linguistiques extérieures à l'école est significatif à cause de l’environnement plurilingue de la région et de l’omniprésence de l’anglais. Les membres de la communauté familiale participent à des événement sociaux réalisés dans une des langues des minorités nationales, les membres de la communauté formée par les amis choisissent de participer à des concours dont la langue est l'anglais ou le français, les enfants sont inscrits à un cours de danse où l'enseignant est d'origine étrangère et il ou elle communique seulement en anglais.

À la différence du processus d’enseignement apprentissage dans l’environnement formel, ces activités sont limitées dans le temps et hétérogènes et les apprentissages linguistiques qui en résultent ces restent ponctuels, voir implicites s’ils ne sont pas mobilisés. Brew pose ainsi indirectement la question de la place des activités d’apprentissage effectuées dans le cadre de la communauté scolaire dans la prise en compte des apprentissages développés en dehors de son

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environnement. Malgré la diversité de ces communautés, de leurs objectifs et de leurs activités, le langage et notamment le dialogue entre les participants sont des outils communs à la plupart d’entre elles. Parmi les langues pratiquées, l’anglais occupe une place privilégiée dans le contexte plurilingue du Banat notamment dans les activités des communautés virtuelles pour les raisons mentionnées au chapitre I. L’analyse des interactions langagières dans le cadre du blog présenté dans le chapitre III permettra de repérer et d’évaluer les apprentissages linguistiques construits en s’appuyant sur la participation des élèves à une communauté virtuelle. Ces outils sont décisifs dans les collaborations dans le cadre des communautés.

2.1.3 Les interrogations sur les effets de l’apprentissage formel :

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