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RENTIÈRE À LA DIPLOMATIE ÉCONOMIQUE

118 National du Qatar par l’architecte Jean Nouvel

B. L ES REPRÉSENTATIONS DE LA DIPLOMATIE ÉCONOMIQUE Comme nous l’avons montré dans les paragraphes précédents, la diplomatie

2) L A FINANCE ISLAMIQUE : ENTRE OBJETCIF DE RENTABILISATION ET USAGE SYMBOLIQUE

Tout comme la diplomatie économique entreprise a été mise au service de l’objectif de sécurité et d’indépendance de l’émirat, la stratégie de visibilité du Qatar a bénéficié elle aussi de la puissance économique du micro-État. En effet, la recherche du rayonnement régional et international implique pour le Qatar la construction de son statut de puissance économique. Durant la période du règne du cheikh Hamad ben Khalifa Al Thani, celui-ci se tourne vers le renforcement des réseaux économiques financiers traditionnels par le développement de la finance islamique. Kaouther Jouaber-Snoussi nous en donne une définition :

« La finance islamique s’appuie sur un modèle d’intermédiation bancaire à taux zéro. C’est par conséquent une finance dite libre d’intérêt. Elle nécessite en outre l’adossement à toutes les transactions à un actif tangible tout en étant fondé sur le partage des profits et des pertes. Elle regroupe toutes les techniques qui permettent de mettre des fonds à la disposition d’un agent économique pour répondre à ses besoins à court ou à long terme, sans violer l’interdiction absolue de recevoir une rémunération sous forme d’intérêt, ni les autres principes fondamentaux édictés par le droit musulman. »513

Si la finance islamique repose sur des fondements nés au VIIe siècle, les principes théoriques et pratiques qui la gouvernent ont été formulés au cours de l’histoire récente du XXe siècle514

. La première banque islamique voit le jour en Égypte en 1960 sous les offices d’un économiste proche des frères musulmans, le docteur Abul Ala Maudi, afin de fournir aux commerçants et aux artisans égyptiens une alternative aux banques de l’État nassérien accusées d’être corrompues par les élites du gouvernement515

. Destinée à s’engager auprès de la communauté musulmane qui se sentirait marginalisée devant l’impiété du système financier

512AXELROD Robert M, Structure of Decision: The Cognitive Maps of Political Elites, Princeton University Press Princeton, NJ, 1976.

513 JOUABER-SNOUSSI Kaouther, La finance islamique, La Découverte, Repères Gestion, 2012, p 3

514 Sur ce point voir, KURAN Timur, Islam and Mammon: The Economic Predicaments of Islamism, Princeton, NJ: Princeton University Press, 2004.

515 ALLARD Patrick, BENCHABANE Djilali, La finance islamique : modèle alternatif, postiche ou pastiche ? , Revue française d'économie, 4/2010 (Volume XXV), p. 11-38.

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orthodoxe, la finance islamique offre la promesse de se conformer aux principes moraux et éthiques de l’islam dans la finance516

.

L’implantation de la finance islamique au sein des pays du Conseil de Coopération du Golfe fut dans un premier temps retardée par la législation britannique en vigueur dans la région ayant trait aux échanges économiques et financiers— particulièrement en Arabie Saoudite517

. C’est à partir de 1982, que la première banque islamique du Qatar voit le jour : la Qatar Islamic Bank. Depuis, l’émirat voit s’établir sur son territoire trois pôles financiers principaux dans le domaine : la Qatar International Islamic Bank (1991) ; la Doha Islamic Bank (2006) ; et la Al Rayan Bank (2006). Toutefois, il est à noter que certains produits de la finance islamique sont proposés par d’autres institutions financières que les banques d’État à l’instar d’Al Jazeera Islamic Company, First Finance Company, Islamic Financial Securities ou encore Investment House518. La croissance très rapide de l’émirat issue de l’économie de la

rente va constituer un levier par lequel la monarchie s’emploiera à développer le secteur de la finance islamique en dotant généreusement les banques et les institutions concernées. En 2006, la Qatar Islamic bank se serait employée à créer un fond d’investissement —islamique— Investment Bank of Qatar et l’aurait doté à hauteur d’un milliard de dollars519

.

En se développant très rapidement, le secteur de la finance islamique au Qatar va occuper une place de plus en plus importante dans les stratégies économiques du pays. Dans une première mesure, cela s’illustre au niveau national. Pour les qataris, la part de la pratique bancaire islamique aurait atteint 30 % des pratiques bancaires et financières conventionnelles générales au cours de l’année 2006520

, et, selon certains, le pourcentage aurait crû entre 40 et 45 % en 2012521

. Face à une réserve massive de capitaux, il est alors garanti que le secteur de la

516Dans ces fondements, l’islam favorise l’esprit commercial et l’initiative entrepreneuriale. Pour cela, il permet la prise de risque et avalise le principe de profit. Toutefois, la notion d’intérêt général recouvre une définition plus large que la définition donnée par les relations économiques, commerciales et financière conventionnelles. Il en découle cinq principes fondamentaux qui gouvernent l’ensemble des règles applicables dans le domaine : 1) l’Interdiction de l’usure (riba) ; 2) Le partage des profits et des pertes ; 3) L’interdiction de l’incertitude et de la spéculation ; 4) L’adossement à un actif tangible ; 5) L’interdiction de certains produits et activités. Voir JOUABER-SNOUSSI Kaouther, op. cit., pp 7-8.

517À partir de 1975, la première banque islamique en Arabie Saoudite est fondée à Jeddah. Au cours de la même année, l’émirat de Dubaï ouvre la Dubai Islamic Bank. Deux années plus tard, l’émirat du Koweit instaure la

Islamic Bank of Kowait, Enfin, il faudra attendre 1979 pour que le Bahrein suive ses homologues de la péninsule

arabique. Sur ce point, voir, WILSON Rodney, The Development of Islamic finance in the Gulf Cooperation

Council States, dans HELD David, ULRICHSEN Kristian, The Transformation of the Gulf : Politics, Economics and the Global Order, Routledge; 1 edition, 2011, pp 146-165.

518 Voir, Taib Research, GCC market report – market commentary, 6 Novembre 2006

519 Voir, KHAN Mansoor et BHATTI Ishaq, Islamic banking and finance: on its way to globalization", Managerial Finance, Vol. 34 Iss 10 pp. 708 – 725, 2008.

520 Ibid. pp. 708 – 725.

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banque et de la finance islamique prolonge son expansion dans l’avenir en maintenant un taux croissance considérable. Les investissements orchestrés dans le domaine de la finance islamique sont alors suivis d’effets patents au niveau national, que ce soit à travers la politique de modernisation de l’émirat ou dans le domaine commercial, en offrant aux importants excédents de liquidité de l’émirat des débouchés internationaux. En ce sens, des perspectives favorables semblent pouvoir se dégager pour ce type de finance au niveau national. Cette nouvelle orientation définie par la finance islamique offre également des retombées positives au niveau international, et bien que le micro-État ne soit pas leader dans le secteur, celui-ci s’est engagé vigoureusement dans cet instrument de puissance de la nouvelle finance internationale.

Par sa conformité aux préceptes issus de la charia et de la doctrine islamique qui façonnent sa métonymie éthique, la finance islamique a connu un développement spectaculaire depuis les années 1970. À la fin de l’année 2008, le volume général de la finance islamique mondiale atteignait 840 milliards de dollars laissant entrevoir une croissance des actifs à hauteur de 30 % au cours de la période 2002-2007522

. Tout comme l’émirat de Dubaï, afin de doper les investissements régionaux et internationaux dans le domaine de la finance islamique, le Qatar va se doter d’un gigantesque centre financier établi en zone franche : le Qatar Financial Centre523. Dans la pratique, la zone franche sur laquelle est constitué le centre financier offre un

champ d'application dissocié du droit civil général qui s’applique dans l’émirat. Celui-ci repose en substance sur les dispositions relatives à la Common Law en matière de finance, un héritage du protectorat anglais offrant un environnement fiscal avantageux destiné à favoriser les investissements de toutes parts.

En matière de produits financiers islamiques, la Qatar Financial Centre s’est doté en 2005 d’un règlement détaillé des opérations couvertes par le domaine de la finance islamique— Rulebook on Islamic Finance524

— revenant par différents chapitres sur les aspects de la conduite de la finance islamique (Chapitre 2) ; sur les politiques suivies et les procédures de contrôle (Chapitre 5) ; ou encore, sur les dispositions de l’organe de conformité aux préceptes de la charia, (Shari’a supervisory board, Chapitre 6). Afin de développer les marchés et de stimuler la croissance de la finance islamique, la Qatar Islamic bank a choisi de développer son réseau

522 ADIGBLI Koffigan E., La finance islamique s’intéresse davantage à l’espace UEMOA, IPS News Agency, 2010, cité dans, FALL OULD BAH Mohamed, Les réseaux de la finance islamique en Afrique, Politique

étrangère, 4/2010 (Hiver), p. 805-817.

523 En ce qui est de l’émirat de Dubaï, le Dubaï International Financial Centre va être également bâti dans une zone géographique de l’émirat présentant de nombreux avantages fiscaux stimulateurs d’investissement étranger.

524 Disponible à l’adresse suivante :

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hors du territoire de l’émirat par le rachat ou la participation financière à des institutions étrangères qui offraient déjà ce type de produit ou des « fenêtres islamiques »525

proposées par des banques conventionnelles : en Malaisie, au Liban, au Yémen, au Kazakhstan, en Arabie Saoudite, ou encore au Royaume-Uni via la European Finance House526.

La globalisation de l’économie a largement favorisé le développement de l’intérêt que portent les banques conventionnelles pour la finance islamique au moyen d’agences spécialisées dans le domaine, ou par des « fenêtres islamiques » intégrées aux autres produits financiers proposés. Patrick Allard et Djilali Benchabane en expliquent le phénomène :

« Outre la perspective de gagner des parts de marché auprès de la clientèle musulmane, les marges dégagées par la banque islamique stimulent l’intérêt des banques traditionnelles pour ce type d’activité. Plus compliquée et donc plus coûteuse pour l’investisseur que la banque traditionnelle, la banque islamique procure des opportunités de profit, sous forme de commissions associées au plus grand nombre de transactions engendrées, et surtout de rentes, grâce à la plus faible concurrence qui règne dans ce secteur où la clientèle est souvent captive en raison de ses exigences religieuses et exposée à des charges supplémentaires, comme prix à payer de la conformité à la charia. »527

Par la promotion des aspects éthiques sur lesquels la finance islamique reposerait, cette dernière est apparue au fil des années comme de plus en plus séduisante pour une partie de l’opinion internationale. Face à l’instabilité croissante du système économique et financier conventionnel, et notamment à partir de la crise économique de 2008, le secteur des banques et de la finance islamique s’est démarqué par sa capacité de résistance aux fluctuations de l’environnement économique international. La forme symbolique que revêt la notion de confiance, qui apparaît comme un élément clé dans la relation qui lie les individus entre eux ou bien encore les individus avec l’institution financière, caractérise pour certains la capacité de résilience de ce type d’institution. Il advient ainsi que la valorisation de ces relations de confiance ait permis au secteur de la finance islamique de faire croître significativement son volume, alors que dans le même temps le secteur conventionnel venait à décroître528

.

Fort de ce succès, la finance islamique va s’imposer pour certains comme un symbole de la « modernité musulmane dans la sphère économique »529

. En dépit des

525 ALLARD Patrick, BENCHABANE Djilali, La finance islamique : modèle alternatif, postiche ou pastiche ? , Revue française d'économie, 4/2010 (Volume XXV), p. 11-38.

526 The Report : Qatar 2008, Oxford Buisness Group, p 65. 527 ALLARD Patrick, BENCHABANE Djilali, art.cit.

528 Sur ce point, nous pouvons consulter : BARI Imane, BOUCHRA Radi, Au-delà de la crise. La finance islamique est-elle un moyen de régulation ? Éthique publique [En ligne], vol. 13, n° 2 | 2011, mis en ligne le 30

octobre 2012, consulté le 27 février 2017.

529 ALLARD Patrick, BENCHABANE Djilali, art.cit, nous retrouvons le même lien entre modernité musulmane et développement de la finance islamique ici appliquée à l’étude de cas de la Malaisie dans DELFOLIE David,

Le développement de la finance islamique en Malaisie : l’histoire d’un volontarisme d’État, Revue de la

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incertitudes et des critiques qui entourent pourtant celle-ci, en ce qui est par exemple de l’absence d’harmonisation des règles appliquées— liée à l’existence de différentes interprétations des sources islamiques prodiguées par les jurisconsultes islamiques—, les perspectives favorables semblent être porteuses d’intérêts à plusieurs niveaux pour les pays qui s’y emploient.

En somme, le développement de la finance islamique par le Qatar est porteur d’opportunités dans le cadre du déploiement de sa politique étrangère. Comme nous l’avons vu, en façonnant la perception d’un mode de régulation économique responsable et éthique au regard des traditions de l’islam, les usages de la finance islamique permettent à la fois d’accroître les perspectives économiques et financières du micro-État, mais surtout, de projeter une image extérieure de l’émirat, expression des représentations des acteurs décisionnaires qataris. En effet, en alliant modernité et tradition, l’usage de la finance islamique offre une traduction concrète de la stratégie de politique interne et extérieure que l’émirat développe depuis 1995. Cette caractéristique fait donc de l’usage par l’émirat de la finance islamique une ressource symbolique, définie par Guy Hermet, Bertrand Badie, Pierre Birnbaum et Philippe Braud comme « […] tout système organisé de signes, surchargé de significations, fonctionnant comme réactivation des codes culturels de comportement »530

. En d’autres termes, nous pouvons dire que l’usage symbolique de la finance islamique par le Qatar participe à l’élaboration de la politique de puissance de l’émirat en façonnant l’image renvoyée aux partenaires régionaux et internationaux, destinée à obtenir une meilleure maîtrise de son environnement extérieur.

L’accent mis sur la participation de la finance islamique à la poursuite d’une stratégie de puissance interroge dès lors sur la nature de la puissance offerte par le biais de la diplomatie économique au micro-État.

3)S

OFT

P

OWER VS

S

TRUCTURAL

P

OWER

L’association des pratiques de politiques économiques aux stratégies de politique étrangère du Qatar soulève en dernier lieu la question de la nature de la puissance qui est donc employée ici. Si nous savons que celle-ci sert à transformer un rapport de force défavorable, nous sommes également en mesure de penser, à l’instar des théories développées par Susan

530 Symbolique politique, dans HERMET Guy, BADIE Bertrand, BIRNBAUM Pierre et BRAUD Philippe, Dictionnaire de la science politique et des institutions politiques, Armand Colin; Édition : 7e Ed, 2010, p 289.

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Strange, que le développement de la puissance structurelle du Qatar fait prévaloir les intérêts et les stratégies du micro-État au-dessus de ses capacités de puissance relationnelle, bien que cette dernière forme de puissance soit privilégiée dans l’appréciation qui est faite de la politique étrangère qatarie.

Parmi ces travaux, nombreux sont ceux qui analysent l’utilisation d’une forme de puissance décelée au cours des années 1990 par le chercheur américain Joseph Nye : le soft power. Citons ici quelques exemples extraits de recherches attenantes à l’étude de la politique étrangère du Qatar :

« Thus the focus on Qatar offers a departure from a great power exercising any form of

power and demonstrates how a small country can punch above its weight by exerting soft power

influence and shaping the course of history in the Middle East »531

« Described as a “rising star” that “punches above its class,” Qatar’s diplomatic

initiatives and independent foreign policy stances represent a different type of soft power. Qatar has

hosted conferences, and in some cases negotiated agreements, in Sudan, Palestine, Lebanon and Yemen.

Qatar’s good relations with many diverse camps, backed by considerable nancial resources, form the

basis of Qatar’s soft power »532

« Déployant tous les leviers du « Soft power— l’aide économique, les investissements, la capacité à communiquer et à diffuser des informations, le rayonnement diplomatique et culturel…— le Qatar étend progressivement son influence dans le monde arabe en utilisant des moyens non coercitifs »533

Nous avons choisi, pour notre part, d’insister sur le rôle de l’environnement économique international dans la formation et la pratique de la politique étrangère du micro- État et son influence, dans le cadre d’une période marquée par l’accroissement de la mondialisation des échanges économiques sur la redéfinition du type de puissance exercée par des acteurs dépourvus ou faiblement dotés de moyens coercitifs. Pour ce faire, il nous faut préalablement revenir sur les différents éléments avancés par la recherche qui avancent le maniement d’un soft power qatari dans le but de compenser les carences structurelles liées à la condition du micro-État.

531 ANTWI-BOATENG Osman, The rise of Qatar as a soft power and challenges, European Scientific Journal, Special Edition, Vol 2, Decembre 2013, p 39.

532 RUBIN Lawrence, The Dubai initiative: a typology of soft powers in middle east politics. Working Paper, n. 5, Decembre, 2010.

533 MESSIHA Jean, TEULON Frédéric, BIGOT Guillaume, L’émirat du Qatar, un micro-État qui veut exister à tout prix, Working Paper Series, ou, L’émirat du Qatar, nouveau centre névralgique du monde arabe, Magreb-

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a) Du Soft Power au Subtle Power : les usages incertains des formes de puissance d’un micro-État rentier.

La lecture qui est proposée ici pourrait être résumée à la proposition suivante : le Qatar est un micro-État riche de ses ressources gazières mais demeure faiblement doté militairement ce qui incite l’émirat à équilibrer cette insuffisance en hard power au moyen du soft power. Les tenants de cette position, qui furent très influents dans les premières approches du travail que nous présentons ici, apportent indéniablement des éléments pertinents pour saisir la complexité qui entoure la formation et la pratique de la politique étrangère qatarie.

Le concept aujourd’hui extrêmement populaire de soft power fut introduit par Jospeh Nye en 1991 dans son ouvrage Bound to lead : The Changing Nature of American Power534, dans lequel le Professeur américain cherche à déterminer par quels biais les États-Unis

parviennent à maintenir leur leadership mondial. Il s’en suivra une multitude d’analyses par lesquelles les auteurs reprendront à leur compte le concept de soft power afin d’éclairer la politique étrangère d’autres grandes puissances535. Devant les multiples interprétations données

à la notion victime de son succès, Joseph Nye vint à déplorer « wide usage has sometimes meant misuse of the concept as a synonym for anything other than military force »536

. Pour l’auteur, le soft power se définit comme « the ability to affect others to obtain the outcomes one wants through attraction rather than coercion or payment »537. Selon lui, la capacité

d’exercice de la puissance dépasse aujourd’hui le seul cadre militaire pour s’organiser autour de la capacité d’un État à rallier autour de lui le plus d’acteurs possibles, d’absorber un maximum d’informations ou bien encore d’être en mesure d’imposer son agenda par la voie des organisations internationales par exemple.

Il s’en suit dès lors une partition de la puissance entre hard power et soft power. Si le premier accorde plus de poids à la capacité de contrainte, au pouvoir de coercition et dessine une position de commandement, celui-ci, pour Jospeph Nye apparaît comme moins efficace dans le contexte interdépendentiste de la société internationale contemporaine. Dans ce

534 NYE Joseph S., Bound to lead : The Changing Nature of American Power, Basic Books, 1991.

535 Sur cette question nous pensons notamment à la Chine et au travail de BRESLIN Shaun, The Soft notion of China’s ‘soft power’, Chatham House, 2011 ; à l’Union Européenne dans NIELSEN Kristian L, EU soft power and the capability-expectations gap. Journal of Contemporary European Research, v. 9, n. 5, 2013 ; ou encore du Soft Power Russe dans TAFURO Eleonora, Fatal attraction? Russia’s Soft power in its neighbourhood.

FRIDE, Policy Brief, n. 181, May 2014.

536 NYE Joseph S., The Future of Power, New York (N. Y.), Public Affairs, 2011, p. 81.

537 NYE Joseph S, Public Diplomacy and Soft Power, The Annals of the American Academy of Political and Social Science, 616 (2008), p 94.

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contexte, l’usage du hard power devient à la fois moins efficace et trop onéreux pour que les États modernes fondent exclusivement leur grammaire de politique internationale sur l’usage de