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1 L’expédition de Thibron et les luttes de pouvoir en Cyrénaïque

C’est en ces temps troublés de 323 que se placent les évènements de Cyrène qui vont plonger la région dans la guerre et l’assujettir à une domination étrangère305

. Tout commence en Crète où Harpale trouve refuge en 324 après avoir fui Athènes, accompagné, selon Photius qui reprend Arrien, de six mille mercenaires306. C’est là qu’il est éliminé par l’un de ses proches, peut-être le Spartiate Thibron qui s’empare de ses fonds, de ses navires et prend les mercenaires à sa solde. Avec son aide, des bannis de Cyrène et de Barca, τῶν ἐκ Κυρήνης καὶ Βαρκέων, présents en Crète, conçoivent le projet de réintégrer leur patrie307. Thibron, quant à lui, y voit l’occasion d’assouvir ses ambitions personnelles de conquête.

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Au moment d’être pris, Démosthène se donne la mort à Calaurie. Hypéride, pris à Égine, est mis à mort. Sur la personnalité et la carrière de Démade, cf. l’étude de BRUN 2000.

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WILL 1967 [2003], vol. 1, p. 31-32.

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La datation du début des opérations à Cyrène reste incertaine. Nous suivons la chronologie proposée par CRISCUOLO 2001, p. 152 qui place l’arrivée de Thibron en 324/3 et le début de campagne en 323 ; CHRISTIEN & RUZÉ, p. 325 . Contra LARONDE 1987, p. 249, préfère remonter jusqu’en 324 ; COUVENHES 2012b, p. 193.

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Photius, 92.Diodore, XVIII, 19, 2 parle de sept mille mercenaires et ne parle pas des exilés de Barca.

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Arrivés en Cyrénaïque en 324/3, Thibron et ses mercenaires s’emparent du port de Cyrène semant la panique dans la cité. Les Cyrénéens se voient contraints de trouver un accord avec lui. Ils acceptent de payer cinq talents et de participer aux frais d’expéditions futures. Dès lors, nos sources ne mentionnent plus les bannis qui l’accompagnent. Nous pouvons en conclure qu’ils ont réintégré la cité au moment des faits et qu’ils veillent à la bonne application des conditions dictées par Thibron.

Mais qui sont ces bannis ? Aucune de nos sources que ce soit Diodore ou Arrien ne fait allusion à l’origine sociale ou à l’appartenance politique de ces derniers. Le fait qu’aucun changement politique, voire constitutionnel, n’est apparent, A. Laronde propose d’y voir des « aristocrates » de tendance modérée, partisans du régime antérieur à 370-360 et renversé lors de la stasis mentionnée par Aristote308. Toujours selon A. Laronde, c’est au régime en place à partir des années 360 que revient l’écrasement de Barca et le contrôle sur les tribus du Sud ramenant les profits du grand commerce saharien vers Cyrène après la victoire sur Carthage. La guerre de Syrtique confère la puissance à un petit groupe de grands « aristocrates » au détriment des grands propriétaires qui se sont tenus à l’écart du mouvement ainsi que des paysans grecs de la chôra. A. Laronde considère que ces derniers ont été proches des Barcéens exilés comme eux et qu’ils ont dû former un petit groupe homogène qui voit, avec Thibron, l’espoir d’un retour309. La cité semble donc gouvernée au moment de l’arrivée de Thibron par un groupe restreint d’aristocrates, appelé les Mille, qui vient confirmer l’étroitesse du milieu aristocratique vers la fin du IVe siècle310.

Toutefois, le conflit n’en est qu’à son début. Il prend un nouveau tournant suite à une brouille entre le crétois Mnasiclès et Thibron. Le premier se range au côté des Cyrénéens et les engage à rompre avec le second. Dès lors, le conflit s’étend et se durcit. La politique engagée par les Cyrénéens semble, selon A. Laronde, conforme aux intérêts traditionnels des grandes familles. Ils s’en prennent au territoire de Barca et d’Euhespérides, alliés de Thibron et reprennent le port de Cyrène. Thibron est même défait lors d’une bataille où lui sont tués beaucoup d’hommes.

Avec l’arrivée des mercenaires recrutés par Thibron au cap Ténare, la guerre reprend de plus belle. Les Cyrénéens demandent l’aide des Libyens et des Carthaginois. La demande formulée auprès de ces derniers témoigne d’une politique en contradiction avec celle menée depuis les années 360 et peut être l’œuvre des bannis rentrés, maîtres de la cité et

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Aristote, Politique, VI, 4, 1319b.

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LARONDE 1987, p. 252.

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désireux de rétablir un régime plus modéré. Lors d’une bataille rangée, les généraux cyrénéens sont tués, Mnasiclès et d’autres prennent la tête de l’armée. Thibron, qui tient probablement la campagne, assiège le port. La guerre s’éternise et la pénurie qui touche la cité fait naître des dissensions au sein de la cité. La population, qui fait les frais de la guerre et des luttes de factions, est prête à écouter et suivre les démocrates.

Diodore, XVIII, 21,6

« … Χρονίζοντος δὲ τοῦ πολέμου Κυρηναῖοι μὲν σπανίζοντες τροφῆς ἐστασίασαν πρὸς ἀλλήλους· ἐπικρατούντων δὲ τῶν δημοτικῶν καὶ τοὺς κτηματικοὺς ἐκβαλλόντων οἱ τῆς πατρίδος στερηθέντες ἔφυγον οἱ μὲν πρὸς Θίβρωνα, οἱ δ´ εἰς Αἴγυπτον … ».

« … La guerre s’éternisant, des dissensions éclatèrent entre les Cyrénéens qui manquaient de vivres. Les démocrates eurent le dessus et chassèrent les possédants qui, écartés de leur patrie, se réfugièrent les uns auprès de Thibron, les autres en Égypte…»311.

Ces derniers, οἱ δημοτικοί, réussissent à s’imposer et à évincer les possédants, οἱ κτηματικοί . Une partie des possédants trouve refuge auprès de Thibron, certainement les modérés revenus avec lui de Crète, malgré la politique menée contre lui. Politique certainement imputée à la faction extrême partie chercher refuge et soutien auprès de Ptolémée en Égypte. Ces derniers parviennent à persuader Ptolémée de les ramener dans leur patrie. Nous sommes probablement en 322/1, lorsque des forces terrestres considérables conduites par Ophellas arrivent en Cyrénaïque. À cette annonce, les bannis réfugiés auprès de Thibron craignent probablement, à juste titre, une alliance entre ce dernier et les démocrates face aux forces déployées par Ptolémée. Ils tentent en secret et de nuit de changer de camp. Surpris, et probablement devenus encombrants, ils sont tous massacrés. Les démocrates qui détiennent le pouvoir dans la cité, redoutant un retour des possédants, décident, comme l’affirme fort bien Diodore, de faire cause commune avec Thibron et se préparent à la guerre contre Ophellas :

Diodore, XVIII, 21,7 « …Οὗτοι δὲ πείσαντες τὸν Πτολεμαῖον κατάγειν αὐτοὺς ἧκον ἄγοντες δύναμιν ἀξιόλογον πεζικήν τε καὶ ναυτικὴν καὶ στρατηγὸν Ὀφέλλαν· ὧν τὴν παρουσίαν ἀκούσαντες οἱ παρὰ τῷ Θίβρωνι φυγάδες, νυκτὸς ἐπιχειρήσαντες πρὸς τούτους ἀπιέναι λάθρᾳ, φωραθέντες ἅπαντες κατεκόπησαν. 311 Traduction GOUKOWSKY 2002 [1978].

Οἱ δὲ τῆς Κυρήνης στρατηγοῦντες δημοτικοί, φοβηθέντες τὴν τῶν φυγάδων κάθοδον, διελύσαντο πρὸς τὸν Θίβρωνα καὶ κοινῇ πολεμεῖν πρὸς τὸν Ὀφέλλαν παρεσκευάζοντο…».

« Ces derniers persuadèrent Ptolémée de les ramener dans leur patrie et revinrent avec des forces considérables, terrestres et navales, sous le commandement d’Ophellas. À la nouvelle de leur arrivée, les exilés réfugiés dans le camp de Thibron tentèrent de les rejoindre, de nuit et en secret. Mais on les surprit et tous furent massacrés ».

Redoutant le retour des exilés, les démocrates qui commandaient à Cyrène firent la paix avec Thibron et se préparèrent, en commun avec lui à mener la guerre contre Ophellas. »312.

Thibron vaincu, les Cyrénéens continuent à résister. Ptolémée se déplace alors en personne, afin de rétablir l’ordre : « Ἔτι δὲ τῶν περὶ Κυρήνην στασιαζόντων Πτολεμαῖος ἐπελθὼν καὶ πάντα καταστησάμενος ὀπίσω ἀπέπλευσε » (Photius, 92). C’est vraisemblablement à ce moment, vers 321, que Ptolémée promulgue le diagramma, connu sous le nom de « règlement de Cyrène » qui n’est autre qu’une loi cadre définissant les bases de la vie politique de la cité.

La première partie du texte est consacrée aux modalités d’admission dans le nouveau corps civique de la cité dont la constitution est oligarchique. Le diagramma admet parmi les citoyens non seulement les Cyrénéens de souche mais également les fils de femmes libyennes de la région située entre le Katabathmos et Authamalax, les fils de colons, ἔποικοι, des cités situées au-delà de la Thinitis313

, anciennes installations cyrénéennes. Ptolémée s’octroie également le droit d’intégrer de nouveaux éléments dans le corps civique (l. 1 à 5).

Le nouveau politeuma composé des « Dix Mille » doit recevoir en premier les bannis qui ont cherché refuge auprès de Ptolémée en Égypte durant les luttes civiles et qui vont être désignés par lui ( l. 6 et 7) « [Πολί]τευμα δ' ἔστω οἱ μύριοι· ὑπαρχόντωσαν δὲ οἱ φυγάδες οἱ ἐς Αἴγυπτον φυγόντες ǀ [οὓ]ς ἂν Πτολεμαῖος ἀποδείξηι… »314

. Le corps civique va également accueillir tous ceux qui détiennent une fortune équivalente au cens minimum fixé par le règlement à savoir vingt mines d’Alexandre. Celui-ci est calculé en prenant en compte la totalité du patrimoine détenu par le foyer : les biens de la femme viennent

312

Traduction GOUKOWSKY 2002 [1978].

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Selon LARONDE 1987, p. 349, il s’agirait de Thinitis aujourd’hui la localité de Tert, première d’une série de

khômai proches les unes des autres.

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IGCyr., n° 010800. Traduction DOBIAS-LALOU 2017. Voir également GOLINSKI M.A. 2016, p. 59-83. L’auteur

s’additionner à ceux de leur époux. Pour ceux qui sont créanciers, les biens des femmes ne doivent pas être inférieurs avec les intérêts, au montant des créances. Une commission désignée par les gérontes est en charge d’évaluer les biens. La première année, la citoyenneté est accordée sur la base d’évaluations passées (l. 7 à 12).

La seconde partie du texte concerne les principaux organes politiques de la cité. L’âge est le premier critère de sélection : tous les élus tirés au sort doivent être âgés de plus de cinquante ans.

Le conseil composé de cinq cents membres est élu pour deux ans, au terme du mandat, la moitié du conseil est renouvelée. Si le nombre de quinquagénaires parmi les Dix Mille ne permet pas d’atteindre les cent cinquante membres nécessaires à la reconstitution du Conseil, il sera complété par des quadragénaires (l. 12 à 19).

Les cent-un gérontes de la gérousia, élus à vie, sont nommés pour la première fois par Ptolémée. Le politeuma est en charge de procéder au remplacement des gérontes au fur et à mesure des décès et des défaillances. Les prêtres d’Apollon sont choisis parmi les gérontes n’ayant jamais exercé la prêtrise (l. 20 à 24).

Ptolémée se proclame stratège à vie. Cinq autres citoyens sont également choisis pour assurer cette fonction, parmi les plus de cinquante ans en temps de paix, et parmi l’ensemble du politeuma en cas de guerre (l. 26 à 31).

Le texte prévoit également de nommer neuf nomophylaques et cinq éphores n’ayant jamais exercé cette charge (l. 32 et 33). Ceux qui occupent une fonction publique telle médecin, pédotribe, maître de tir à l’arc, de cavalerie, de combat en armes ou de héraut au prytanée, ne peuvent exercer en même temps une magistrature accessible aux Dix Mille. S’il l’un deux est tiré au sort, il doit se démettre (l. 43 à 45).

Ptolémée s’attribue un rôle prépondérant dans les affaires de la cité. Durant trois ans, il exerce le pouvoir judiciaire et contrôle le retour des bannis et le règlement des contentieux liés aux luttes civiles. En effet, aucun banni ne peut être condamné sans l’avis de Ptolémée (l. 41-42) : « Φυγάδ>ε<ς δὲ μὴ κα[τα-] ǀ δικα[ζέ]σθων ἄτερ τῆς Πτολεμαίου γνώμης ».

Le reste du document est très mutilé et les restitutions proposées ne permettent pas de dégager un sens général au texte315. Différentes dispositions sont abordées, il est, entre autre, question de citoyens pratiquant la revente au détail de produits importés, passibles

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de privation de droits (?), de tailleurs de pierre ou portefaix, d’activité artisanale, mais également de biens (?) d’exilés (l. 46 à 72).

Tout citoyen qui attente aux décisions imposées par Ptolémée est passible de la peine capitale (l. 51).

Le texte se termine par une liste de trente-deux magistrats dont le grand prêtre, les douze stratèges, les neuf nomophylaques, les cinq éphores et les cinq nomothètes, sans doute chargés de rédiger et faire appliquer les lois dont il est question à plusieurs reprises dans le texte (l. 72 à 87). Parmi les vingt-neuf individus cités (trois cas de cumul de charge), A. Laronde reconnaît avec certitude quatorze noms et deux autres dont l’appartenance au milieu aristocratique ne saurait faire de doute, à savoir l’éphore Xénophantos et le nomothète Prôros fils d’Aristophôn. Ce sont donc seize magistrats sur les vingt-neuf qui sont issus du milieu aristocratique politiquement actif avant 324.

Certaines grandes familles n’apparaissent pas dans la liste dont celle d’Eubatas et de Damonax. Il ne faut pas non plus oublier que durant la guerre contre Thibron, ces familles ont payé un lourd tribut. D’autres bannis ne sont pas revenus : c’est le cas de Théodoros l’Athée qui ne retrouve le chemin de Cyrène que sous le règne de Magas316

.

Le caractère exclusif du règlement consacre l’aristocratie locale et le pouvoir est concentré aux mains des Anciens. Les organes de la cité exercent les mêmes fonctions qu’en temps de paix, à savoir avant les luttes civiles. C’est donc une sorte d’alliance qui s’est établie entre Ptolémée et l’aristocratie. Celle-ci accepte la tutelle lagide en échange de la restauration de ses pouvoirs. La garnison installée dans la cité et peut-être dirigée par Ophellas, permet à Ptolémée d’asseoir sa domination, mais également de soutenir « ses partisans » contre tout éventuel soubresaut. Seule évolution remarquable, l’élargissement du corps civique qui passe de mille à dix mille citoyens. Cet élargissement ne concerne cependant qu’une toute petite frange de la société, environ 10 %, si nous partons du principe que la population est estimée, selon A. Laronde, à cent mille personnes en 331 lors de la fondation par Alexandre de la cité d’Alexandrie d’Égypte317.

Ce règlement fait la part belle à l’aristocratie et écarte du pouvoir la majeure partie des Cyrénéens. Il ne peut donc qu’alimenter de nouvelles rancœurs à l’égard de l’élite. Le

politeuma, quant à lui, n’est certainement pas non plus à l’abri des divergences d’opinion.

Nous trouvons en effet trois tendances différentes dans la cité, celle des aristocrates extrêmes, certes minoritaires mais désireux d’accroître leur fortune et en quête de

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LARONDE 1987, p. 254.

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nouvelles entreprises d’expansion notamment vers le sud, les propriétaires terriens, modérés, hostiles à de telles actions et attachés à leur indépendance, et ,enfin, les démocrates qui savent mettre à profit les rivalités entre ces deux factions pour s’imposer, sans que la composition de leur groupe puisse être définie avec certitude.

L’esprit d’indépendance des Cyrénéens joue très certainement un rôle important dans la révolte fomentée en 313/2 comme le souligne A. Laronde. Mais parmi les trois tendances politiques présentes dans la cité depuis 321, laquelle est à l’origine de cette révolte ? S’agit-il des aristocrates désireux de revenir à la situation de 324 et qui tentent de secouer le joug de Ptolémée l’allié de fortune de 322/1 ? Est-ce l’œuvre des modérés qui tentent d’infléchir une politique trop radicale à leur goût ? Ou s’agit-il des démocrates qui profitent des tensions entre les deux autres factions pour mobiliser le peuple face aux inégalités socio-politiques ? En définitive rien ne permet de trancher, Diodore ne nous apportant aucune précision quant à l’origine sociale ou l’appartenance politique de ceux qu’il appelle les rebelles, οἰ ἀποστάντες. La mobilisation du peuple n’est guère difficile à obtenir, pour aucun parti lorsque celui-ci l’appelle à combattre pour la liberté et l’autonomie, et ce d’autant plus lorsqu’une garnison étrangère, marque de sujétion, est stationnée dans la cité.

Pour passer à l’action, les rebelles ont certainement profité des difficultés rencontrées par Ptolémée à Chypre, où son autorité est mise à mal par les rois. Ils assiègent la citadelle afin d’en déloger la garnison. Ptolémée tente dans un premier temps, vu le contexte extérieur, de temporiser en envoyant des négociateurs. Ces derniers sont mis à mort par les rebelles. Des renforts terrestres et maritimes sont finalement envoyés pour mâter la révolte avec à leur tête le roi Agis III de Sparte, au service de Ptolémée au moment des faits, et le navarque Épainetos. La cité est soumise. Ptolémée fait désarmer les Cyrénéens et les auteurs de la révolte sont envoyés à Alexandrie318. C’est à cette remise en ordre qu’A. Laronde attribue les monnaies d’or au type et nom de Ptolémée319

. Le calme revient pour un temps sous l’autorité d’Ophellas qui dispose dès lors d’une certaine liberté de manœuvre. Il tente dans les années qui suivent de créer un véritable empire africain320

. Tué par son allié syracusain Agathoclès, Cyrène sort affaiblie de ces entreprises, entraînant probablement un accroissement des déséquilibres politiques et sociaux. Ces facteurs ne sont peut-être pas étrangers aux nouveaux troubles signalés après la défaite ptoléméenne devant Salamine de Chypre en 306. Ces derniers perdurent jusqu’à l’arrivée

318 Diodore, XIX, 79. 319 LARONDE 1987, p. 356. 320 Diodore, XX, 40-42.

au pouvoir de Magas, exécutant des volontés lagides. Rien ne permet de déterminer la politique menée dans ce laps de temps et le degré de division qu’elle a bien pu susciter au sein de la cité. Le régime en place a été discuté et reste sujet à controverse entre différents auteurs notamment en raison d’un monnayage, attribué néanmoins par tous à la période troublée de 305 à 300. Il s’agit de monnaies d’une grande rareté, deux didrachmes attiques et d’un bronze portant la légende ΚΥΡΑΝΙΟΝ ΔΑΜΩ. Celle-ci a été interprétée comme une marque d’un gouvernement démocratique par S. Stucchi, qui reprend l’opinion de J. Machu, mais qui place ces pièces plutôt sous le gouvernement d’Ophellas. Cette hypothèse est remise en question par A. Laronde. Selon ce dernier, la formule Κυραναίον δάμω signifie seulement « monnaie (frappée à) et pour Cyrène au nom du peuple » et la mention du peuple n’aurait pas plus de teinte démocratique ou populaire que dans l’intitulé des décrets des cités grecques. Elle renverrait au corps civique en général321

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