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PORTEE ET LIMITE DES MODELES D’OFFRE DE TRAVAIL DANS LA COMPREHENSION DES RELATIONS

Section 1 : Les développements du modèle standard d’offre de travail

2.3. L’arbitrage entre fécondité et offre de travail

La croissance du coût du temps féminin suscitée par l’accroissement de leur potentiel de gain salarial est désignée par de nombreux auteurs comme l’une des causes principales du déclin des taux de fécondité observé dans la plupart des pays industrialisés depuis le milieu des années 70

(HOTZ et al., 1997). Cet argument prend appui sur le renouvellement de l’analyse économique de

la fécondité initié à partir des années 60 par la « Nouvelle Economie du Ménage » autour de BECKER.

2.3.1. L’interaction qualité/nombre d’enfant(s) et théorie économique de la fécondité

Les analyses traditionnelles apparaissent clairement inadéquates pour rendre compte du déclin de la fécondité observé sur longue période alors même que le revenu moyen des ménages connaît

une hausse sans précédent. Le schéma proposé par MALTHUS, qui fait dépendre positivement le

taux de croissance de la population à celui des revenus, semble remis en cause. L’observation en coupe instantanée confirme en effet l’existence d’une relation inverse : les ménages disposant des revenus les plus élevés sont ceux parmi lesquels on observe les taux de fécondité les plus faibles. Le cadre d’analyse économique standard de la décision de fécondité ne permet pas de rendre compte de cette relation. Dans ce cadre, la décision de fécondité est en effet décrite comme un choix de consommation où l’utilité marginale apportée par la naissance d’un enfant supplémentaire est comparée à celle issue d’un accroissement de l’ensemble de consommation. L’existence d’une relation négative entre les niveaux de revenu et de fécondité ne peut alors être expliquée, à moins de supposer que l’enfant est un bien inférieur. La nécessité de proposer une explication plus convaincante de cette relation incite alors BECKER (1960, 1981) à revoir les fondements d’une approche utilitariste de la fécondité.

Pour cet auteur, la fécondité peut être analysée comme toute autre décision de consommation, à condition de considérer l’interaction entre les deux composantes de cette décision, à savoir le nombre d’enfant et le niveau d’investissement réalisé pour chacun d’entre eux – définissant ainsi leur « qualité ». Le comportement de fécondité résulte dans ce cas d’un arbitrage entre le nombre d’enfants (n) et leur qualité (q), en plus de celui habituellement envisagé entre la présence d’enfant(s) et la consommation d’un panier de biens. Les enfants ne sont plus supposés être des biens inférieurs, mais peuvent être assimilés à des biens de consommation durables normaux (ou supérieurs).

L’utilité retirée de la présence d’enfant(s) dépend de leur nombre et de la qualité des services produits pour leur bien-être, supposée identique pour chacun. L’utilité du ménage est donc représentée par la fonction suivante, que l’on suppose quasi-concave :

U = U(n, q, C) (3.27)

L’originalité du programme d’allocation tient ici au fait que la contrainte de budget n’est pas linéaire, mais dépend multiplicativement du nombre d’enfant(s) et de leur qualité :

R = ΠEnq + ΠCC (3.28)

où R représente le revenu du ménage, ΠE est l’indice des prix des biens destinés aux enfants et

ΠC celui des biens consommés par les parents. Les prix cachés du nombre d’enfant(s) Πn et de

leur qualité Πq dépendent tous deux du prix des biens destinés aux enfants, mais ils sont

endogènes puisque les niveaux de n et q sont des variables choisies par le ménage – au-delà du minimum de subsistance.

BECKER montre qu’il est possible, en résolvant le programme d’allocation, de déterminer les prix cachés du nombre d’enfant(s) et de leur qualité, les deux termes étant interdépendants :

n Eq n U =λΠ =λΠ ∂ ∂ (a) q En q U=λΠ =λΠ ∂ ∂ (b) (3.29) C C U=λΠ ∂ ∂ (c)

(1) du prix relatif du nombre d’enfant(s) par rapport à leur qualité : la taille de la descendance sera accrue tant que le rapport des utilités marginales nombre-qualité sera supérieur à ce prix ( q n q n U U Π Π ≥ ).

(2) de l’utilité marginale de la taille de la famille relative à celle de la consommation : la taille de la descendance augmentera tant l’utilité de cet accroissement, pondérée par son prix, sera supérieure à l’utilité pondérée apportée par un accroissement de consommation ( C n C n U U Π Π ≥ ).

Ces conditions permettent de donner une interprétation raisonnable du lien négatif observé entre le niveau de revenu et celui de fécondité tenant alors à l’effet d’interaction entre le nombre et la qualité des enfants – repéré par le fait que Πn dépend de q et que Πq dépend de n. On voit ainsi

qu’une variation des choix du ménage concernant le nombre ou la qualité des enfants induit des changements endogènes de leur coût marginal : une hausse exogène du nombre d’enfants induit une hausse du prix caché de la qualité (équation 3.29(b)), qui concerne alors un nombre plus large d’enfants. Réciproquement, une hausse des dépenses réalisées pour chaque enfant (i.e. une hausse de leur qualité) produit un accroissement du coût associé à la naissance d’un enfant. BECKER

montre alors qu’une hausse exogène du nombre d’enfant(s) (resp. de leur qualité), peut être responsable d’une large réduction de leur qualité (resp. de leur quantité). Le déclin des taux de fécondité observé en dépit d’une hausse des revenus moyens des ménages ne résulte pas, dans cette perspective, d’une baisse du niveau des dépenses moyennes réalisées pour les enfants, mais de la forte croissance du niveau d’investissement réalisé pour chaque enfant.

On peut enfin souligner que les effets d’une variation de prix exogène sont décuplés par l’interaction mise à jour entre le nombre et la « qualité » des enfants :

• Une hausse du prix Πn induit un effet de substitution négatif sur le niveau de

fécondité, accru par son incidence négative sur le coût de la qualité. La demande de qualité croît, ce qui suscite une nouvelle hausse du prix du nombre d’enfant(s) (équation 3.29(b)), accentuant alors la baisse de la demande. Cette baisse produit une réduction du prix de la qualité, induisant une nouvelle hausse de la demande qualitative et une réduction du nombre, et ainsi de suite jusqu’à ce qu’un nouvel équilibre soit atteint. Aussi, on voit qu’une petite hausse du coût peut être responsable d’une large baisse du nombre d’enfant(s), compensée, si l’interaction est suffisamment forte, par une hausse de leur standard de vie.

• Une baisse du prix Πq exerce un effet négatif sur le taux de fécondité en raison de son

effet positif sur le prix du nombre d’enfant(s). On peut par ce canal apprécier l’effet attendu sur la fécondité d’un accroissement du niveau d’éducation des parents ou d’une amélioration de l’environnement culturel ou scolaire (HOTZ et al., 1997).

• Enfin, l’effet d’interaction entre le nombre et la qualité des enfants implique une décision de fécondité plus sensible à des variations de prix qui affectent le coût du nombre d’enfant(s) Πn qu’à des variations des prix associés à la consommation des

parents ΠC. L’influence des progrès de la contraception ou d’une réduction des coûts

de la maternité, qui affectent directement le nombre d’enfant(s), devient plus importante pour comprendre l’évolution de la fécondité que celle d’une hausse de salaire, qui agit sur le prix de la consommation des parents (HOTZ et al., 1997).

2.3.2. Le coût du temps féminin : un élément déterminant de l’arbitrage entre fécondité et offre de travail…

La croissance du gain réalisable sur le marché du travail est considérée comme l’une des raisons principales de la baisse de la fécondité observée dans la plupart des sociétés occidentales depuis le milieu des années 70. La hausse du coût d’opportunité du temps des femmes induite par la hausse de leur salaire constituerait, dans cette perspective, une incitation forte à choisir le travail au détriment de la procréation.

Le modèle développé par WILLIS (1973) examine cette question en rapprochant l’analyse de la

fécondité proposée par BECKER des modèles d’allocation du temps qui, comme nous l’avons vu

dans le premier chapitre, examinent l’arbitrage effectué entre la production domestique et le travail marchand. L’idée qui sous-tend ce rapprochement est que la forte consommation de temps induite par la prise en charge et l’éducation des enfants impose un arbitrage qui s’avère durable entre le niveau de travail offert sur le cycle de vie et la fécondité. Le coût d’opportunité du temps n’est donc plus seulement un élément d’arbitrage entre travail marchand et travail domestique, mais entre ici directement dans la décision d’avoir une descendance ou d’en limiter la taille. Dans ce contexte, l’accroissement du niveau moyen des salaires féminins – et donc du coût de leur temps – est l’une des causes principales de l’augmentation de la participation féminine au marché du travail, au détriment de la fécondité (CIGNO, 1991 ; HOTZ et al., 1997).

Suivons ici les lignes directrices de cette argumentation. Une croissance exogène du niveau de salaire potentiel féminin entraîne une hausse du revenu du ménage. Les conséquences sur l’évolution des dépenses destinées aux enfants sont cependant ambiguës puisqu’un effet revenu positif s’oppose, on l’a vu, à un effet de substitution négatif. Cependant, même si l’effet revenu domine (i.e. si les dépenses consacrées aux enfants sont accrues), le niveau de fécondité peut être réduit si la hausse des dépenses est absorbée par un accroissement de la qualité des enfants103.

WILLIS (1973) soutient que cette situation est probable parce qu’il semble tout à fait

invraisemblable que le niveau moyen des dépenses destinées aux enfants décroisse lorsque le niveau de vie des parents s’accroît104.

HOTZ et al. (1997) soulignent en outre que le poids relatif de l’effet revenu par rapport à l’effet de substitution est vraisemblablement plus faible lorsque le niveau de fécondité est déjà élevé, et/ou que la participation féminine au marché du travail est réduite. Ceci laisse attendre une influence négative de la croissance des salaires féminins particulièrement forte pour les naissances de rang élevé. Inversement, on s’attend à ce que l’effet revenu domine largement pour les femmes sans enfant (ou avec un nombre limité d’enfants) dont la participation au marché du travail est déjà importante105.

Le coût en temps de l’enfant apparaît ainsi une variable déterminante non seulement des choix de production de soins aux enfants mais aussi, en amont, du nombre même d’enfant(s). L’évaluation du coût d’opportunité de l’enfant doit en outre tenir compte des effets intertemporels attendus sur les gains salariaux futurs. En allouant du temps à la « production » d’enfant(s) et non à l’accumulation de capital humain, la décision de procréer suppose de renoncer à un accroissement potentiel des salaires futurs. Elle implique en outre d’accepter la dépréciation du salaire qui sera liée à l’interruption d’emploi suivant l’arrivée des enfants. La décision d’avoir des enfants, ou d’accroître leur nombre, doit ainsi tenir compte du coût complet des enfants, défini, en résumé, par la somme (JOSHI, 1990 ; CIGNO, 1991) :

103 L’effet sur la fécondité est en revanche clairement négatif si la qualité et le nombre sont des compléments, i.e. si l’accroissement de la taille de la famille n’entraîne aucune réduction de l’investissement moyen par enfant (CIGNO,

1991).

104 On peut également opposer à l’effet attendu d’une hausse de salaire des mères celui d’une hausse de salaire du père, comme le fait CIGNO (1991). Ainsi, si une hausse du salaire net paternel induit bien, comme celle du salaire féminin, une hausse du prix de la qualité et de la quantité – et exerce ainsi en théorie un effet ambigu sur la consommation, le nombre et la qualité des enfants – il est probable que l’effet revenu domine dans ce cas, au moins si la contribution du père au revenu familial est prépondérante. Dans ce cas en effet, la valeur du temps masculin est une petite part du coût de l’enfant, et la hausse de salaire induit plus probablement une hausse du prix relatif de la qualité.

105 Si cette argumentation explique le déclin des taux de fécondité, elle est aussi cohérente avec son ralentissement à travers les générations : le poids de l’effet revenu est d’autant moins important que la taille de la famille est grande. La baisse du poids de l’effet revenu a permis un ralentissement progressif du déclin de la fécondité pour les plus jeunes générations.

• Des dépenses directes en consommation et des transferts réalisés en direction des enfants ;

• De la perte directe de revenu salarial suscitée par la réduction de l’offre de travail ou par l’interruption d’emploi. Cette composante du coût de l’enfant dépend de la technologie mobilisée pour produire le bien-être des enfants. Il est réduit par la possibilité de substituer, dans la production domestique, des biens marchands à du temps, ou par la possibilité pour les partenaires d’un ménage de substituer leur rôle dans la production domestique.

• De l’ensemble des revenus salariaux potentiels futurs auquel la femme renonce

implicitement en investissant du temps dans la prise en charge des enfants et non dans l’accumulation de capital humain. Cet ensemble inclut aussi la baisse de salaire induite par la dépréciation de capital humain qui suit l’interruption d’emploi ou la réduction de l’offre de travail associées à l’arrivée des enfants106.

2.3.3. … et du calendrier des naissances

Le coût de l’enfant peut être minimisé par une gestion optimale du calendrier des naissances. Celui-ci devient à ce titre un élément clé de la planification réalisée par les femmes pour combiner constitution de leur famille et offre de travail.

2.3.3.1. Le modèle de Cigno (1991)

L’étude de la planification des naissances est particulièrement difficile en raison de la multiplicité des facteurs qui entrent en ligne de compte. Un certain nombre d’hypothèses très restrictives sont introduites pour parvenir à identifier des prédictions testables. Ces restrictions concernent autant la définition de l’ensemble des variables de décision, que celle du contexte des décisions.

L’analyse proposée par CIGNO (1991, 1994) permet d’éclairer de façon intéressante les liens entre le calendrier des naissances et les comportements féminins d’offre de travail. Le modèle suppose

106 Cette perte, nous l’avons déjà évoqué, peut être due à une « mobilité descendante » c’est-à-dire un retour à l’emploi à temps partiel ou à un poste inférieur, lié à un niveau de salaire inférieur à celui atteint avant l’interruption (MINCER, OFEK, 1982 ; ELIAS, 1990 ; JOSHI, 1990). On peut sans doute ajouter à cette liste la perte de revenu potentiel issu de la discrimination pratiquée par les employeurs dans leur programme de formation à l’encontre des femmes, dont les interruptions d’emploi réduisent le rendement (JOSHI, 1990).

que la date optimale pour commencer la formation de la famille dépend des variations sur le cycle de vie du coût d’une naissance en termes de ressources financières et de temps. Le cadre privilégié par CIGNO est déterministe – i.e. le ménage contrôle parfaitement les naissances et

prévoit les conditions du marché futur – et suppose alors un marché des capitaux parfait107. Le

calendrier optimal des naissances est alors celui qui minimise le coût des enfants ; il résulte de l’arbitrage entre les coûts en capital financier et le coût d’opportunité du temps féminin.

Les préférences du ménage sur le cycle de vie sont supposées représentables par une fonction d’utilité faiblement séparable :

    =

= = T 0 t T a t t t t t t(C ), v (q )B u U U (3.30)

où a et T correspondent à l’âge de la mère au mariage et à la fin de la période de fécondité, Ct au

niveau de consommation du ménage à la période t, Bt au taux de fécondité, qt aux dépenses

réalisées pour un enfant né à la période t, et vt(qt) à la satisfaction apportée par cette dépense.

U(.), ut et vt sont strictement concaves.

La contrainte de budget s’écrit :

[

]

= − − = + + = + + T a t t a t t a t a T 0 t t t tq C (1 r) A H w (1 r) B (3.31) où Ht = m – Bt ≥ 0 (3.32)

désigne l’offre de travail de la femme et wt = ω(Ka +

− = τ τ βt 1 a H ) (3.33)

107 La présentation de ce modèle déterministe est justifiée par les insuffisances des modèles qui envisagent des comportements stochastiques de fécondité. En présence d’incertitude, les ménages ne peuvent déterminer la date des naissances avec précision, mais sont simplement capables de déterminer, par leur méthode de contraception, la probabilité qu’une naissance ait lieu à une date donnée. De la même manière, ils sont incapables de connaître dès le mariage l’ensemble des conditions qui marqueront leur vie future. L’explication des comportements suppose alors de modéliser des plans d’action conditionnels tels que les actions de chaque période dépendent du nombre d’enfant(s) présent dans le ménage et de toute l’information disponible à cette période. Toutefois, une telle modélisation ne peut s’effectuer qu’à partir de simplifications drastiques. Par exemple, NEWMAN (1983) suppose que le revenu est exogène et donc qu’il n’y a pas de problème d’arbitrage entre l’offre de travail et la prise en charge des enfants. HOTZ et MILLER (1986) supposent, eux, que l’offre de travail des femmes est endogène, mais que leur taux de salaire est

aléatoire et donc non affecté par leur expérience sur le marché du travail. De plus, les parents ne peuvent ni emprunter, ni prêter sur le marché des capitaux, de telle sorte que la contrainte budgétaire est en fait définie comme une suite de budgets annuels. Une conséquence de ces simplifications est que ces modèles proposent des solutions où les naissances sont concentrées en début de mariage ou en fin de période de fécondité.

représente le taux de salaire. Celui-ci dépend, à chaque période, du stock de capital humain Ka

disponible à la date du mariage et de l’offre de travail des périodes précédentes. Aa représente

l’ensemble des ressources non salariales disponibles à la date a et r le taux d’intérêt. Une contrainte physiologique impose en outre que :

0 ≤ Bt≤ B t (3.34)

La séquence de solutions intérieures {Bt, Ct, qt, Ht} qui maximise (3.30) sous contrainte (3.31)

satisfait les conditions dynamiques : r ' u ' u ' u 1 t 1 t t− = + + (3.35) r ' v ' v ' v 1 t 1 t t− = + + (3.36) et (1 r) ) v / P ( ) v / P ( t t 1 t 1 t+ + = + (3.37) où Pt = qt + wt +

= τ + = τ τ − τ + βω T1 l t t ) r 1 ( H (3.38)

représente le coût complet de l’enfant à la date t (c’est-à-dire le coût incluant les dépenses financières nettes réalisées pour l’enfant, auxquelles sont ajoutés le revenu salarial et la croissance de capital humain auxquels la mère doit renoncer).

Les deux premières conditions indiquent que les dépenses doivent être distribuées dans le temps de façon à ce que leur utilité marginale décroisse au taux réel r (règles de RAMSEY-KEYNES). La

condition (3.37) indique quant à elle que si

[

(Pt+1/vt+1)/r

]

était inférieur à Pt/vt alors le couple

aurait intérêt à retarder la naissance jusqu’en t+1 et à prêter la somme épargnée au taux r. Si la relation est inversée, alors le couple a intérêt à emprunter en t pour anticiper la naissance prévue en t+1.

On voit ainsi que le « prix » des enfants est croissant avec le niveau du taux d’intérêt. Par ailleurs, pour un niveau de dépense donné qt, la valeur d’une naissance (vt(qt)) dépend de la période à laquelle ces dépenses sont effectuées, c’est-à-dire de l’âge de la mère et du rang de naissance de l’enfant. On considère que le prix de l’enfant Pt croît au même taux que les dépenses réalisées

pour l’enfant qt, c’est-à-dire que la perception des dépenses réalisées pour l’enfant est iso-

élastique dans le temps. L’évolution de qt dépend, elle, du rapport entre le taux d’intérêt et le taux

qt – et donc le coût d’opportunité d’une naissance – diminuent dans le temps (i.e. les parents

dépensent moins pour chaque enfant successif). CIGNO montre alors que dans ce cas, un report

de la naissance accroît la perte de revenu associée au renoncement à l’accumulation de capital humain, mais réduit la perte de capital financier. L’intérêt d’un report des naissances est donc

a priori

indéterminé et le profil des naissances est fluctuant108. Le calendrier des naissances dépend dans ce cas de la paramétrisation retenue pour les fonctions ut et

vt. Celle retenue par CIGNO (1991) le conduit à affirmer que les parents désirent avoir leurs

enfants relativement tôt et de façon rapprochée sur la période de fécondité.

2.3.3.2. Calendrier des naissances et coût du temps

Le modèle permet d’identifier les effets du coût du temps, mesuré par le salaire potentiel, qui dépend ici du stock de capital humain initial auquel est additionné celui acquis par la présence dans l’emploi. CIGNO distingue les effets – opposés – d’une variation du stock de capital humain

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