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L’application des principes de la biomécanique aux procédés stylistiques du texte

Chapitre 4 – Les apports de la biomécanique à l’expression vocale dans le slam de poésie

4.1 Théâtralisation de la parole amenée par la biomécanique

4.1.1 Développement technique de la parole en fonction des aptitudes corporelles et des

4.1.1.2 L’application des principes de la biomécanique aux procédés stylistiques du texte

Parmi les éléments ayant bénéficié de l’apport de la biomécanique, en dehors des mécanismes de l’appareil vocal énumérés précédemment, on comptait également l’ensemble des procédés stylistiques sonores et formels présents dans le texte initial, dont voici les plus importants:

169 Jacqueline Robin Ladouceur, «Constructing the "Revolutionary" performer: Democracy and

Dictatorship in the Theater of V.E. Meyerhold, 1898-1922», dissertation pour candidature de doctorat en Philosophie, États-Unis, Yale University, 2004, p. 201.

170 Consulter «Panpan! Spectacle expérimental de slam-théâtre» (Archivage vidéo), en annexe, de 00:06:26

 les figures liées à la modification des mots171, soit l’apocope, cet «effacement

symétrique en fin de mot172», laquelle est étroitement liée au joual québécois qui

imprègne le texte173.

 les figures de continuité phoniques174 (les plus fréquentes dans Panpan!), soit:

l’allitération175, cette «répétition de phonèmes consonantiques176»; l’assonance177,

cette «répétition de phonèmes vocaliques178»; la paronomase179, cette «association

de termes ayant des profils phonétiques proches180».

 les figures de construction181, soit: l’anaphore rhétorique182, cette «répétition, en

tête d’un groupe syntaxique (et éventuellement métrique), d’un mot ou d’un groupe de mots183», l’épiphore184, «symétrique de l’anaphore, la répétition se

faisant en fin de groupe185».

 les figures de tropes et de comparaisons186 et, plus précisément, d’analogies187,

soit: la métaphore188 et la comparaison canonique189, celles-ci étant «formées d’un

comparé (Cé = le thème), d’un comparant (Ca = le référent virtuel), et d’un motif [...], dont le signifié comporte des sèmes attribués au Cé et au Ca (propriétés

171 Catherine Fromilhague, Les figures de style, Paris, Éditions Nathan, 1995, p. 22. 172 Ibid.

173 Par exemple: «not’» au lieu de «notre», Strophe 1,dans «Panpan! [Texte original]», en annexe. 174 Catherine Fromilhague, Les figures de style, Paris, Éditions Nathan, 1995, p. 23.

175 Par exemple: «On en[t]erre le [t]in[t]amarre des prolé[t]aires qui s’font me[tt]re à mort et don[t] on

pel[t]e la [t]erre», Strophe 2, dans «Panpan! [Texte original]», en annexe.

176 Catherine Fromilhague, Les figures de style, Paris, Éditions Nathan, 1995, p. 23.

177 Par exemple: «Le s[a]disme est l[a] seule bande-son qui pl[a]fonne dans nos st[a]tions r[a]dio», Strophe

1, dans «Panpan! [Texte original]», en annexe.

178 Catherine Fromilhague, Les figures de style, Paris, Éditions Nathan, 1995, p. 23.

179 Par exemple: «Continent» et «Condiments», Strophe 2, dans «Panpan! [Texte original]», en annexe. 180 Catherine Fromilhague, Les figures de style, Paris, Éditions Nathan, 1995, p. 24.

181 Idem, p. 25.

182 Par exemple: «Parce que not’ génération, on est nés… Gligeants! On est nés… Buleux! On est nés en…

Dertals! On est nés en… on est néant!», Strophe 3, dans «Panpan! [Texte original]», en annexe.

183 Catherine Fromilhague, Les figures de style, Paris, Éditions Nathan, 1995, p. 27.

184 Par exemple: Panpan!, «Avec not’ fun on nous rend… frogne; avec not’ or on nous rend… dors; avec

nos fond on nous rend… fonce; avec nos bornes on nous rend… borgnes», Strophe 2, dans «Panpan! [Texte original]», en annexe.

185 Catherine Fromilhague, Les figures de style, Paris, Éditions Nathan, 1995, p. 28. 186 Idem, p. 56.

187 Idem, p. 73.

188 Par exemple: «À coups d’bastons, nos éclats d’consciences volent en suspension», Strophe 1, dans

«Panpan! [Texte original]», en annexe.

189 Par exemple: «Nos gouvernements nous coltinent comme des condiments dans nos continents», Strophe

logiques communes aux deux)190», à la différence que, «là où la comparaison

établit entre Cé et Ca un lien de ressemblance vérifiable – ou donné comme tel –, la métaphore établit un lien d’analogie symbolique.191»

 les figures doubles du langage192, soit: l’apostrophe193, cette «adresse à un

interlocuteur fictif194»; la semorcination195, cette figure qui permet de «rapporter

des propos qu’on attribue à son partenaire ou à son adversaire, est d’une grande efficacité, souvent polémique196» ; l’allégorie197, laquelle correspond «à la

métaphore in abstentia198», se retrouvant dans la représentation tant sur le plan

littéral199 que symbolique200.

L’ensemble de ces figures stylistiques se retrouvant initialement dans Panpan! se sont vues largement amplifiées par l’emploi des principes de la biomécanique, mais également en raison de l’esthétique du grotesque accolée au jeu. En effet, chacune de ces figures a été développée sur ses plans esthétiques et formels, l’interprétation vocale (et gestuelle) du performeur grossissant les effets déjà particulièrement stylisés de celles-ci; on remarquera, par exemple, la précision accrue quant à la prononciation des accents liés au joual québécois (apocope), l’accusation exagérée des sonorités liées aux allitérations et aux assonances contenues à l’intérieur du texte, l’allongement et la mise en évidence dans les figures de répétitions telles que l’anaphore rhétorique et l’épiphore, la démonstration (surtout gestuelle, mais également vocale) des comparaisons et métaphores contenues dans le texte, de même que l’accusation très explicite des moments du texte liés à l’apostrophe et à la paronomase. Évidemment, il ne s’agissait pas de créer des effets

190 Catherine Fromilhague, Les figures de style, Paris, Éditions Nathan, 1995, p. 73. 191 Idem, p. 74.

192 Idem, p. 104.

193 Par exemple: «Eille P’pa, comment tu veux qu’j’accepte le monde que tu m’laisses comme institution?»,

Strophe 2, dans «Panpan! [Texte original]», en annexe.

194 Catherine Fromilhague, Les figures de style, Paris, Éditions Nathan, 1995, p. 105.

195 Par exemple: «Et là tu t’dis: ‘mais quand est-ce, tu verras, la fin d’récréation?’», Strophe 1, dans

«Panpan! [Texte original]», en annexe.

196 Catherine Fromilhague, Les figures de style, Paris, Éditions Nathan, 1995, p. 106.

197 Par exemple: La figure du Poisson rouge, s’exprimant dans tout le texte de Panpan! à travers les

variantes de l’onomatopée «PAN!», dont l’allégorie est reprise dans la composition gestuelle de l’interprète lors des Leitmotivs. Pour mieux saisir l’implication de l’allégorie dans la création, consulter «Panpan! [tableau des figures archétypales et stéréotypées], en annexe.

198 Catherine Fromilhague, Les figures de style, Paris, Éditions Nathan, 1995, p. 119. 199 Ibid.

sonores uniquement dans le but d’intensifier les nombreux artifices déjà contenus dans le slam, mais bien de développer ceux-ci grâce aux apports pratiques de la biomécanique afin de mieux les employer à nourrir le propos et l’interprétation du texte poétique désormais fortement théâtralisé.

4.1.2 Travail d’interprétation du texte: dramatisation de la poésie, remaniement de la