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5 | Une annotation du corpus en relations discursives intégrant

5.1.3 Annotation du corpus

5.1.3.2 L’annotation en SDRT

L’analyse en sdrt de chacun des extraits du corpus s’est concentrée sur les

parce que-C et leur entourage immédiat. L’éventualité d’une analyse complète de

chaque exemple, option un temps considérée, n’a pas été retenue. Il y a à cela plusieurs raisons.

D’abord, le nombre limité de relations discursives reconnues par la sdrt (dont il n’existe pas de liste exhaustive), nombre limité mais en augmentation, au gré des travaux publiés (et des exemples analysés). Il eût été relativement aisé de multiplier les relations discursives, ne serait-ce qu’en s’inspirant des travaux de la lact : les types d’illocutions distinguées par cette approche sont suffisamment nombreux (de l’ordre de quatre-vingts, cf. (Cresti et Firenzuoli, 1999)), pour annoter la plupart de nos extraits. Mais la sdrt demande qu’il y ait, pour qu’une nouvelle relation puisse être acceptée, « evidence that it [la relation] affects the truth conditions of the elements it connects, and [that] these effects can’t be explained by other means » (Asher et Lascarides,2003, p. 145). Effectivement, pour quelques relations, Asher et Lascarides (2003) « provid[e] formally precise axioms which specify those effects ». Car les effets sémantiques, nécessaires pour valider l’intégration d’une nouvelle relation dans l’ensemble des relations reconnues, ne sont pas donnés pour toutes les relations proposées ; la relation d’Explication*, qui peut être utilisée pour annoter les parce que-C portant sur les actes de langage, ne reçoit aucune définition formelle, par exemple.

126 Chapitre 5 Une annotation du corpus en relations discursives intégrant la modalité construite selon deux dimensions (celles créées par la combinatoire des relations

subordonnantes et coordonnantes), n’est peut-être pas idéale pour représenter la

structure d’une conversation (c’est particulièrement vrai dans des extraits comme

75xad1CG_bonnet,61alh1CG_clans_pcq1ou91acs2CL_rythme_de_vie_pcq3, où plusieurs niveaux de conversation semblent se développer concurremment).

La segmentation La segmentation en unités discursives est basée sur une

ana-lyse macrosyntaxique préalable (cf. chapitre4). Les unités macrosyntaxiques iden-tifiées ont donc été, de façon quasi systématique, assimilées à des unités discursives élémentaires. Cette correspondance n’est pas (pratiquement) biunivoque, pour des raisons diverses. Les post-noyaux, pour ne pas multiplier les ude5, n’ont pas donné lieu à une segmentation en unité discursive (cf. section4.2.2), sauf si la segmenta-tion s’imposait, comme en (5.13), où le post-noyau, très développé, est lui-même segmenté :

(5.13) a. MS1 : et puis le jour où il y a eu ( justement ) { une | la } commerciale qui "euh" partait <+ "euh" mon frère m’a appelée > puisqu’ [ à l’époque <+ c’est mon frère qui avait repris { la | la } suite parce que mon père avait pris la retraite ] //

b. MS1 : [ et puis le jour où il y a eu justement une la commerciale qui euh partait ]_3 [ euh mon frère m’a appelée ]_2 [ puisqu’à l’époque ]_1 [ c’est mon frère qui avait repris la la suite ]_0 [ parce que mon père avait pris la retraite ]_p

(12ams1CG_travail) Les pré-noyaux ont bénéficié d’une segmentation plus systématique, motivée par leur importance dans la structuration du discours, en tant que pivot (Ho-Dac, 2007) ou comme élément cadratif (Charolles, 1997, 2009; Vieu et al., 2005). Ces pré-noyaux peuvent présenter une organisation complexe6, qui ne sera pas toujours traduite par une segmentation en ude, là encore pour faciliter la lecture et la construction des sdrs.

(5.14) a. CR1 :

et

puis si je peux faire durer < je ferai durer //

parce

que ( "enfin" ça dépendra de nos finances // ) je vais faire une

de-mande de congé parental //et puis après < ça sera suivant com-ment on se débrouille // sinon < normalecom-ment < en septembre <+

5. Nous pensions proposer pour chaque extrait une analyse complète en relations de discours ; segmenter et relier ces post-noyaux, principalement par des relations subordonnantes de type Commentaire ou Élab. d’E, paraissaient charger inutilement une sdrs déjà très complexe.

6. Cf. l’analyse du préambule par Danon-Boileau et al. (1991) et par Morel et Danon-Boileau (1998), dont la structure est donnée à la figure4.2, page109.

5.1 Le corpus 127 je prendrai que trois mois //

b. CR1 : [ et puis si je peux faire durer ]_1 [ je ferai durer ]_0 [

parce que [ enfin ça dépendra de nos finances ]_a [ je vais faire

une demande de congé parental ]_b ]_p [ et puis après ]_-1 [ ça sera suivant comment on se débrouille ]_-2 [ sinon normalement en septembre ]_-3 [ je prendrai que trois mois ]_-4

(12als1CL_congé_parental_pcq3) Le pré-noyau sinon ne serait de tout façon pas analysé comme une ude : il participe plutôt de la relation de Contraste identifiable entre la première ui de l’extrait et la dernière. Quant à normalement et en septembre, ces deux pré-noyaux apportent des informations différentes, et pourraient être distingués, toutefois la fusion de ces deux ude putatives n’est pas préjudiciable pour l’analyse discursive, laquelle se concentre sur des ude antérieures, aussi est-elle réalisée.

Les relations de discours et leurs arguments Afin de distinguer les

argu-ments des relations de discours, chaque unité est affectée d’un nombre ou d’une lettre, selon sa position relativement à la parce que-C . La parce que-C elle-même sera distinguée par un p et sera l’origine de la numération subséquente des unités environnantes ; les unités de discours antérieures recevront un nombre (positif), en commençant par 0 qui marquera l’unité immédiatement à gauche de la parce

que-C (l’épicentre habituel). Les unités postérieures à la parce que-que-C seront affectées

d’un nombre négatif, qui les distinguera des précédentes. Si la parce que-C est à son tour décomposable en ude, celles-ci seront affectées de lettres (minuscules), en commençant à a (et en omettant le p réservé à l’identification de la parce que-C ). Les unités en incises à l’intérieur de la parce que-C seront distinguées par des lettres majuscules, tirées de la fin de l’alphabet. L’exemple (5.15) illustre ces conventions, qui ont été adoptées afin de standardiser les annotations et d’en faciliter la lecture. (5.15) CS2 : [ mais bon ]_3

E : [ mais quand on n’aime pas l’eau ]_2 [ quand (XXXXXXXX)

forcé-ment beaucoup de sous ]_1

CS2 : [ ben c’est difficile ]_0 [ parce qu’ [ en fait ]_a [ en

Nouvelle-Calédonie ]_b [ bon tu as Nouméa ]_c [ une fois que tu sors de Nouméa ]_d [ ben tu as la forêt ]_e [ mais c’est le le [ comment dire ]_g c’est pas aussi riche euh que chez nous ]_f [ c’est-à-dire que nous ]_h [ on a la plaine ]_i [ on a la montagne ]_j [ on a ]_k [ chez eux ]_l [ c’est relativement plat ]_m [ tu as ces arbres euh ]_n [ un paysage ressemble ]_o.1

128 Chapitre 5 Une annotation du corpus en relations discursives intégrant la modalité

Relation Brève définition

Alternation relation de disjonction entre deux segments

Arrière-plan un segment fournit l’arrière-plan d’un autre

Attribution un segment (une proposition) est attribué à son producteur

But un segment est le but d’un autre

Commentaire un segment commente un autre segment

Conditionnel si Segment1 alors Segment2

Confirmationq un segment est identifié comme une demande de confirma-tion

Continuation deux segments appartiennent à un même bloc discursif

Contraste un segment fait contraste avec un autre

Correction un segment en corrige un autre

Élaboration un segment décrit un sous-événement ou un sous-état d’un autre

Élaboration d’Entité un segment décrit une entité présente dans un autre

seg-ment

Explication un segment en explique un autre

Explication* un segment explique pourquoi un autre segment a été énoncé

Fusion correction de la segmentation

IQAP un segment répond indirectement à une question

Narration une narration entre événements relie deux segments

Parallèle une construction parallèle relie deux segments

PQAP un segment est accepté comme une réponse partielle à une question

QAP un segment est accepté comme une réponse directe à une question

Résultat un segment exprime le résultat produit par un autre

Temp un segment exprime la localisation temporelle d’un autre, sans autre fonction discursive claire

5.2 Prise en compte de la modalité dans les relations discursives 129

E : [ ouais ]_W [ c’est assez monotone en fin de compte ]_X CS2 : [ au paysage d’à côté hein]_o.2 [ mais oui ]_Y

E : [ ah ouais ]_Z

CS2 : [ la beauté est quand même la plage et la mer ]_q [ enfin c’est la

mer ]_r [ en fait ]_s [ la beauté ]_t ]_p

E : [ ouais ]_-1

CS2 : [ alors la mer ]_-2 [ bon je veux bien aller un peu dessus ]_-3 [

mais ]_-4

(91acs2CL_rythme_de_vie_pcq3) Les relations de discours utilisées lors de l’annotation sont celles proposées dans la littérature. La plupart sont présentées dans (Asher et Lascarides, 2003), qui propose un glossaire de trente-sept relations (toutes les relations évoquées dans le texte ne sont pas reprises, cf. la relation Evidence (Asher et Lascarides,

1994a), mentionnée à la page 162, par exemple). D’autres sources sont disponibles : Prévot (2004), Roze (2013) et Atallah (2014) décrivent de nouvelles relations ou de nouvelles règles d’inférences utilisées ici.

Nous avons (délibérément) évité d’introduire de nouvelles relations, préférant parfois distendre7 des relations existantes. Il y a cependant des exceptions à cette règle.

Atallah (2014), qui s’intéressait aux relations de discours causales, a proposé de nouvelles relations (de type) Explication et Résultat, afin de décrire le plus précisément ses données (cf. section3.5). Pour des raisons identiques, la bipartition des relations d’Explication en sdrt (en Explication et Explication*, bipartition qui reflète la dichotomie opérateur–connecteur ou external–internal) ne nous a pas paru satisfaisante (cf. chapitre 1). Une troisième relation, pour le moins, devrait être rajoutée, qui permettrait à la sdrt de distinguer les relations engendrées par

parce que selon son domaine d’interprétation. Cette relation (de type Explication)

ne peut être la relation d’Explication_épistémique proposée par Atallah (2014), celle-ci ne permettant pas d’annoter toutes les configurations rencontrées.

5.2 Prise en compte de la modalité dans les