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Conséquence temporelle d’ Explication : (a) φExplication(α,β)⇒ (¬eα≺ eβ)

3 | Approche sémantico- sémantico-pragmatique

Axiome 3.8. Conséquence temporelle d’ Explication : (a) φExplication(α,β)⇒ (¬eα≺ eβ)

(b) φExplication(α,β) ⇒ (événement(eβ) ⇒ eβ ≺ eα)

Dans (3.5), où Explication est identifiée, la drt prédit eα ⊆ sβ, ce qui va à l’encontre des conséquences temporelles de la relation en sdrt.

3.4 Représentation du discours

Nous avons vu en 3.2.2 une définiton des sdrs14 dans laquelle les relations de discours reliaient des étiquettes assignées à des drs ou des sdrs, illustrant la récursivité de ces constructions. Et puisque les relations de discours de la sdrt peuvent être coordonnantes ou subordonnantes, elles imposent donc (contraire-ment aux structures « plates » de la macrosyntaxe fribourgeoise) une structure

hiérarchique au discours.

Contrainte de la frontière droite Depuis (Polanyi, 1985), la frontière droite (d’un graphe construit de gauche à droite et de haut en bas) symbolise les consti-tuants (les étiquettes) accessibles à de nouvelles relations discursives. La visuali-sation de la frontière droite est elle aussi facilitée sur les graphes : sur la figure 3.2

les seuls points d’attachement possibles pour un nouveau constituant sont πa, πb,

πe, πf, parce que situés sur la frontière droite. πc, πd n’y étant pas, ils ne sont pas disponibles. Dans l’exemple 3.6, les étiquettes correspondant à la frontière droite sont π0, π′′et π5 : ces étiquettes ne sont pas placées dans la figure 3.3a d’une fa-çon qui rendrait leur identification immédiate. Des propositions pour adapter la frontière droite aux dialogues ont été faites. Hunter et al. (2015), en particulier,

14. La Logics of conversation propose une définition formelle de la structure du discours :

Définition 3.3. Structure du discours (Asher et Lascarides,2003, p. 138) La structure d’un discours (ou sdrs) est un 3-tuple hA, F, LAST i où, :

• A est un ensemble d’étiquettes

• LAST ∈ A (LAST est l’étiquette du dernier segment ajouté à la sdrs) • F est une fonction qui assigne à chaque étiquette de A une sdrs (de

82 Chapitre 3 Approche sémantico-pragmatique

πa πb

πc πe

πd πf

Figure 3.2 – La frontière droite

proposent d’étendre l’ensemble des sites disponibles en y incluant le dernier énoncé (de chacun des échanges) de chaque participant d’un dialogue.

La mise à jour La procédure d’insertion d’un nouveau constituant dans la sdrs

en cours est relativement complexe et dépend du point d’attachement (de sa situa-tion dans la structure) et du type (coordonnant ou subordonnant) de la relasitua-tion réalisant ledit attachement. Les sous-procédures pour chacun des neuf cas possibles (premier constituant, attachement par une relation coordonnante/subordonnante au premier constituant, au nième, lequel est déjà attaché par une relation coor-donnante/subordonnante, etc.) sont décrites dans (Busquets, Vieu et Asher,2001, section 3.2.4) et schématisées dans (Prévot,2004, section 3.3.6).

Boîtes et graphes Il y a deux façons de représenter la structure du discours :

sous forme de « boîtes », à la manière de la drt, ou sous forme de graphes. Soit l’exemple suivant (un exemple récurrent dans cette théorie) :

(3.6) 1. Max a passé une agréable soirée hier. 2. Il a fait un merveilleux repas.

3. Il a mangé du saumon.

4. Il engloutit quantité de fromages.

5. Il a ensuite gagné une compétition de danse.

Sous formes de boîtes, les sdrs ressemblent beaucoup aux drs, mais la struc-ture hiérarchique est difficile à voir (figure 3.3a). Les graphes permettent de vi-sualiser la structure, et de vérifier en même temps l’analyse proposée en sdrt (il est plus simple de voir sur un graphe les incompatibilités structurelles résultant d’attachement de relations coordonnantes ou subordonnantes).

3.5 SDRT et relations causales 83 π0 π0 : π1, π′′ π1 : Kπ1 π′′: π2, π5, π π2 : Kπ2, π5 : Kπ5, Narration(π2, π5) π : π3, π4 π3 : Kπ3, π4 : Kπ4 N arration(π3, π4) Élaboration(π2, π ) Élaboration(π1, π′′ )

(a) sdrs sous forme de boîte

π1 Élaboration π′′ π2 Narration Élaboration π5 π π3 Narration π4

(b) sdrs sous forme de graphe

Figure 3.3 – sdrs de l’exemple (3.6) : boîte et graphe

3.5 SDRT et relations causales

La sdrt de (Asher et Lascarides, 2003) dispose de deux relations pouvant représenter l’apport causal d’une parce que-C , les relations d’Explication et

d’Expli-cation*. La relation d’Explication est définie et ses conséquences sont spécifiées (cf.

supra). Il existe en sdrt des relations causales dont les effets sémantiques ne sont

pas du niveau du contenu : ce sont les relations métalinguistiques. Dans (Asher et Lascarides,2003), ces relations, notées avec un « * » en exposant, ne sont pas aussi détaillées que celles du niveau du contenu. Plusieurs relations métalinguistiques sont proposées, dont Explication*, Explicationq* (son pendant interrogatif),

Résul-tat*, etc.

84 Chapitre 3 Approche sémantico-pragmatique Cet exemple, traduit de (Asher et Lascarides, 2003, p. 470), illustre donc la rela-tion subordonnante et véridique d’Explicarela-tion*. Explication*(α, β) est utilisée pour annoter les situations où Kβ explique pourquoi Locuteur(α) a le sarg associé à α. Les speech act related goals sont des intentions communicatives (des buts) qui sont conventionnellement associées à un certain type d’énoncé (le sarg d’une question est d’en connaître la réponse) ou que l’on peut récupérer du contexte discursif. Au mode impératif (de l’exemple 3.7) est associé un sarg de type faire faire, en l’occurrence faire exécuter une action par l’interlocuteur. Les effets sémantiques de la relation Explication* ont été proposés par Atallah (2014, p. 313), où cette relation a été renommée Explication_pragmatique :

Axiome 3.9. Explication_pragmatique Conséquence (Atallah, 2014, p. 313)

φExplication_pragmatique(α,β)→ cause(eβ, α)

La relation d’Explication* — ici Explication_pragmatique — établit un lien causal entre un acte de langage (d’où l’utilisation de l’étiquette « α », qui repré-sente l’acte de langage) et une éventualité (notée eβ).

Atallah (2014) a également proposé un nouveau type de relations causales, dites épistémiques. À la bipartition des relations causales de la sdrt de (Asher et Lascarides, 2003) — où les relations du niveau du contenu s’opposent à celles du niveau pragmatique —,Atallahsubstitue la tripartition de Sweetser (1990) (cf. chapitre 1). Nous illustrerons la relation d’Explication_épistémique par l’exemple suivant, que nous lui empruntons (op. cit., p. 327, exemple 8.28) :

(3.8) [“ La route moderne [(entre Mariana et Aleria),]_64 [au bas des col-lines,]_65 est probablement un tracé traditionnel,]_63 [car elle suit tout naturellement la limite du terrain ferme et du terrain alluvial]_66 [et l’Iti-néraire a pu choisir ce parcours :]_67 (WIK1_10)

Relation annotée : Explication_épistémique(63,[66,67])

La relation identifiée ici n’est pas la relation « classique » d’Explication : l’emploi de probablement montre que le locuteur « fait part de sa propre interprétation sur les origines de la route dont il est question » (op. cit., p. 327). Le segment de texte introduit par car vient justifier cette interprétation (cette croyance), d’où

Explication_épistémique(63,66:67)15. Les effets sémantiques de cette relation sont donnés par l’axiome suivant :

15. Nous reviendrons à la section5.2 sur la prise en compte de la modalité dans les relations discursives.

3.5 SDRT et relations causales 85

Axiome 3.10. Explication_épistémique Conséquence (Atallah, 2014, p. 332) φExplication_épistémique(α,β)→ cause(e β, e α) avec : [e α: penser(loc_α, Kα)] et : [e β : savoir(loc_β, Kβ)]

Le locuteur rapporte dans le segment α ses croyances, ce que traduit le prédi-cat penser. Le segment β explicite la source d’une telle croyance, ce que traduit le prédicat savoir. Les éventualités implicites ainsi reliées — penser que et savoir

que —, notées e

π, sont distinguées des éventualités explicites (de contenu), notées

eπ, lesquelles seraient des arguments possibles pour une relation d’Explication. Pour annoter des relations causales d’ordre logique, identifiées en présence d’alors, Bras, Le Draoulec et Asher (2009) ont proposé la relation de

Résul-tat_inférentiel. Atallah (2014) complète ce nouveau type de relation, considéré comme « un sous-type un peu particulier de relations épistémiques » (op. cit., p. 337), avec l’introduction de la relation d’Explication_inférentielle :

(3.9) [* Le programme Discoverer 2 de radar en orbite]_17 [(space-based ra-dar),]_18 [capable de repérer les cibles mobiles au sol était déjà entamé en 2001.]_19 [Développé sous la responsabilité de l’Air Force.]_20 [il est complémentaire du système SBIRS-Low,]_21 [car il fonctionne dans le ra-dar et non dans l’infra-rouge.]_22 (GEOP_3_effort)

Relation annotée : Explication_inférentielle(21,22)

La relation Explication_inférentielle relie deux segments décrivant les

connais-sances du locuteur. Ces connaisconnais-sances sont « fondées sur une implication dont

la valeur de vérité est démontrée » (Atallah, 2014, p. 338). En (3.9), répété de (8.39-b) (op. cit., p. 336), le fait que ces deux systèmes soient complémentaires dé-coule logiquement leurs caractéristiques, lesquelles sont décrites dans le deuxième argument.

Comme précédemment, l’axiome qui rend compte des effets sémantiques de la relation Explication_inférentielle utilise le prédicat savoir :

Axiome 3.11. Explication_inférentielle Conséquence (Atallah, 2014, p. 338) φExplication_inférentielle(α,β)→ cause(e β, e α) avec : [e α: savoir(loc_α, Kα)] et : [e β : savoir(loc_β, Kβ)]

La relation d’Explication_inférentielle se distingue d’Explication_épistémique par l’éventualité expliquée e

86 Chapitre 3 Approche sémantico-pragmatique la relation épistémique une croyance — soit un positionnement épistémique du locuteur de l’ordre du certain ou du probable, respectivement.

Relation causale Effets sémantiques

Explication φExplication(α,β) → cause(eβ, eα)

Résultat φRésultat(α,β) → cause(eα, eβ)

Explication_pragmatique φExplication_pragmatique(α,β)→ cause(eβ, α) Résultat_pragmatique φRésultat_pragmatique(α,β) → cause(eα, β)

φExplication_épistémique(α,β) → cause(e β, e α) Explication_épistémique avec : [e α : penser(loc_α, Kα)] et : [e β : savoir(loc_β, Kβ)] φRésultat_épistémique(α,β) → cause(e α, e β) Résultat_épistémique avec : [e α : savoir(loc_α, Kα)] et : [e β : penser(loc_β, Kβ)] φExplication_inférentielle(α,β) → cause(e β, e α) Explication_inférentielle avec : [e α : savoir(loc_α, Kα)] et : [e β : savoir(loc_β, Kβ)] φRésultat_inférentiel(α,β) → cause(e α, e β) Résultat_inférentiel avec : [e α : savoir(loc_α, Kα)] et : [e β : savoir(loc_β, Kβ)]

Table3.2 – Les différents types de relations causales en sdrt selon Atallah (2014, p. 344, table 8.1)

Les quatre types de relations causales retenues par Atallahsont donnés au ta-bleau 3.2, qui comprend également les relations de type Résultat. Les nouvelles relations proposées permettent de traiter des exemples épistémiques, où la re-lation causale s’établit entre connaissances ou entre connaisssance et croyance, exemples pour lesquels les relations Explication et Explication* — la relation

3.5 SDRT et relations causales 87

Nous verrons à la section 5.2, en nous appuyant sur les travaux de Verstraete (1998, 1999) et de (Gosselin, 2010) principalement, que la modalité épistémique n’est pas la seule à pouvoir être ainsi expliquée, et que la prise en compte des

croyances et des connaissances dépend de leur mode d’introduction en discours.

Nous proposerons alors notre propre jeu de relations causales, dont la tripartition reprendra celle d’Atallah (2014)16, avec toutefois des frontières un peu différentes.

16. En considérant que la relation Explication_inférentielle n’est qu’un cas particulier d’Explication_épistémique.