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. Les difficultés

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algré un développement, particulièrement conséquent les 20 dernières années, que nul ne peut nier tant sur le plan quantitatif que qualitatif, l’enseignement supérieur, dans de nombreux pays dits du Sud, connait de grandes difficultés. Elles sont dues à des causes souvent décrites : manque de crédits, part du PIB attribué à l’enseignement et la recherche souvent 4 fois inférieure à celle des pays du Nord, intérêt mitigé et parfois faible des gouvernants pour l’éducation et la formation, fuite de nombreux étudiants, enseignants et chercheurs vers des pays plus propices à leurs carrières, montée en puissance spectaculaire de la demande des jeunes face à des capacités d’accueil tant en hommes qu’en locaux qui ne suivent pas, salaire des enseignants particulièrement faible, programmes de recherche pas ou peu coordonnés…. Cette liste n’est pas exhaustive.

De fait, les universités africaines, prises en exemple, sont saturées et démunies. Déjà pleines à craquer, ces universités risquent de déborder. Certes, ceci est la preuve que l’éducation de base et l’accès au secondaire progressent, mais cette massification promet de se transformer en explosion des effectifs. De 400 000 en 2005, le nombre des étudiants dans les vingt pays d’Afrique francophones – Maghreb non compris – frôlera les 2 millions en 2015, ce qui représente une croissance de plus de 150 % dans des pays comme le Mali,

La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique •



le Cameroun, le Bénin et le Sénégal, ou comprise entre 90 % et 150 % en

Guinée, au Togo, au Gabon et en Mauritanie, selon Pierre-Antoine Gioan, auteur d’une étude sur l’enseignement supérieur en Afrique francophone publiée par la Banque mondiale (Gioan, 2007).

En l’absence de formations adaptées et en présence de filières professionnelles embryonnaires, les universités africaines risquent de devenir des usines à chômeurs : 25 % des diplômés de l’enseignement supérieur sont sans emploi, et 30 % des jeunes diplômés sont surqualifiés au regard de l’emploi occupé, souligne un rapport du pôle éducation de l’UNESCO de Dakar.

Néanmoins si l’on parle des débouchés pour les étudiants et en ce qui concerne les professeurs, il manque en Afrique notamment : en effet, il y a des centaines de milliers d’enseignants à former en urgence. Pour être plus précis, selon l’Institut de statistique de l’UNESCO (2011), à la veille de la Journée mondiale des enseignants en 2011, il manque au moins deux mil- lions d’enseignants supplémentaires pour atteindre d’ici 2015 l’objectif d’une éducation primaire universelle. Notons que ce ne sont pas que les pays du Sud qui sont déficitaires même si les actions doivent majoritairement les concerner (Afrique subsaharienne 1 115 000 professeurs supplémentaires) et que dire par voie de conséquence des études insuffisantes sur les besoins en professeurs du secondaire.

Quel mauvais calcul que de considérer, même économiquement, que la for- mation et le recrutement des enseignants ne sont pas une priorité absolue dans un pays en développement!

. Les avancées

Pourtant, on doit reconnaître que des efforts sérieux ont été réalisés : - Citons à titre d’exemple l’initiative NEPAD (Nouveau partenariat pour

le développement de l’Afrique) à partir de 2003 qui a proposé une série d’actions transversales comme la qualité de l’enseignement supérieur ou l’accès aux technologies de l’information et de la communication ou d’actions plus spécifiques à tel ou tel niveau de l’enseignement (pri- maire, secondaire, supérieur) afin de mieux répondre aux attentes de la société.

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Dans le propos qui nous intéressera ici, le NEPAD (www.nepad.org), en

séminaire, avait mis en évidence la nécessité de renforcer les capacités insti- tutionnelles dans le domaine de la pédagogie universitaire.

- Autre exemple récent : l’Union Africaine (UA), l’Union européenne (UE) et l’UNESCO s’assemblent à un regroupement d’universités de la côte ouest africaine. La liste des pays africains de cette association est très conséquente : Bénin, Burkina Faso, Cap-Vert, Côte d’Ivoire, Guinée, Guinée-Bissau, Mauritanie, Mali, Niger, Sénégal, Togo. Il s’agit de développer une plateforme de formation à distance, un réseau virtuel qui doivent desservir les pays mentionnés en s’appuyant sur un réseau déjà existant dans le bassin méditerranéen – le campus virtuel Avicenne – qui a été financé par l’Union européenne (d’où sa participation dans le projet) et développé par l’UNESCO.

Ce projet récent devrait être d’envergure puisqu’il réunit beaucoup de pays d’un coup pour une seule plateforme. Pour les pays associés au projet, c’est une chance très sérieuse de rendre la formation universitaire accessible, de faciliter la vie des étudiants, des professeurs et des chercheurs africains (Essono, 2010).

Autre exemple récent : depuis 2010, une initiative vise à persuader les pays du G8+5 à financer la création de 1000 postes de chargés de recherche dans les universités africaines. Ces programmes, facilitant l’accès à un enseignement scientifique de qualité, sont entrepris afin que les étudiants africains ne soient pas contraints de quitter le continent. Baptisée « Chaires académiques pour l’Afrique », cette création est financée par les membres du club des pays riches du G8 et les pays émergents participant désormais aux sommets, à savoir, le Brésil, la Chine, l’Inde, l’Afrique du Sud et le Mexique (+5).

Cette initiative s’inspire d’un programme canadien, vieux de dix ans, destiné à encourager les étudiants prometteurs à rester au pays. Dans le cadre de cette initiative, les titulaires de chaires africaines perçoivent 100 000 US $ chaque année, bien plus que le salaire moyen des enseignants de rang professoral dans la plupart des universités africaines.

En contrepartie, les universitaires s’engagent à préparer des étudiants en doc- torat, à assurer le mentorat de jeunes universitaires et à prouver la pertinence de leurs travaux de recherche pour l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement des Nations Unies (Afrique Avenir, 2011).

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- Autre exemple : d’une façon concrète, pour aider à répondre aux enjeux

posés, l’AUF (Agence universitaire de la Francophonie) propose des services aux étudiants et aux personnels à travers ses « campus numé- riques francophones ».

Ce réseau de campus numériques est conçu prioritairement pour l’accès aux TIC à des fins d’enseignement et de recherche dans les universités. Ces centres équipés mettent à disposition des étudiants des salles informatiques connec- tées à Internet, la possibilité de suivre des visioconférences, des formations à distance, d’accéder à des ressources scientifiques et techniques, etc.

Citons enfin l’initiative, en 2011, de la Banque africaine de développement qui va financer à hauteur de 12 millions d’euros, l’Université virtuelle africaine (UVA) pour renforcer sa capacité en créant de nouveaux centres ouverts d’en- seignement à distance et en mettant à niveau des centres existants (Afrique Avenir, 2011).

Par ces quelques exemples, nous pouvons constater que les pays du Sud bougent.

Malheureusement, malgré ces initiatives, les étudiants africains sont très nombreux à partir faire leurs études à l’étranger. Selon Afrique Avenir du 08-05-2011, ils sont les champions de la mobilité.

La décision de partir à l’étranger est souvent contrainte, en raison de l’absence de la spécialité choisie par l’étudiant, mais la principale motivation pour partir étudier à l’étranger reste la possibilité d’accéder à une meilleure formation. Par ailleurs, les étudiants diplômés à l’étranger peuvent aussi compter sur une meilleure reconnaissance internationale de leur diplôme. Ce sont des constats que l’on peut adoucir un peu en mentionnant que quelques pays africains accueillent eux aussi des étudiants étrangers par exemple l’Afrique du Sud, le Sénégal, le Ghana et au Maghreb, le Maroc.