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En préparation au lancement de la réforme LMD de l’enseignement supérieur marocain, prévu en 2003, les universités marocaines ont beaucoup investi dans l’équipement en technologies de l’information et de la communication (TIC), et ce, depuis l’année 2000 où le texte de loi de cette réforme a été publié. En

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la formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique

2004, le ministère de tutelle a lancé le projet de création du Campus Virtuel Marocain (CVM) et, dans ce cadre et dans l’esprit de l’autonomie de l’univer- sité, des Centres de Ressources Universitaires (CRU) sont maintenant créés dans toutes les universités marocaines. La mission principale des CRU est d’orienter les enseignants vers la conception d’activités pédagogiques utilisant les concepts, les méthodes, les techniques, les outils et les ressources de for- mation qu’offrent les TIC aussi bien en appui à l’enseignement en présentiel qu’en enseignement à distance. C’est ainsi que 40 spécialistes appartenant à toutes les universités marocaines (2 à 4 enseignants par université) ont été formés (Master Suisse « CoseLearn ») dans le domaine de l’enseignement à distance afin de créer un noyau de personnes ressources auprès de leurs collègues qui souhaiteraient mettre des modules de formation ou des cours en ligne. En même temps un appel à projets pour la création de ressources numériques a été lancé. Mais, jusqu’à maintenant aucune ressource numérique ne figure dans cette bibliothèque.

Un autre master qui a joué un grand rôle pour la formation à l’utilisation des TIC pour l’enseignement et la formation au Maroc est le Master UTICEF. Ce master, plus ancien que CoseLearn, a commencé en 2000 avant de changer de nom en ACREDITE en 2007. Ce master est financé à hauteur de 90 % par l’AUF pour les apprenants du Sud. Durant la période de 2000 à 2010, 19 promotions ont été diplômées. C’est grâce à ce master que 44 enseignants marocains ont été formés; le taux d’abandon était de 13,6 %. À titre compara- tif, dans le cadre de ce même master, 84 enseignants algériens ont été formés; 25 % ont abandonné la formation. Notons que seuls deux enseignants parmi les 44 (4,5 %) ont pu produire des ressources numériques dans le cadre des microprojets financés par l’AUF.

En parallèle à ces deux masters dont la période de formation est de longue durée (environ 14 mois avec un rythme de travail de 4 heures quotidienne- ment), certains enseignants ont préféré suivre des formations de courte durée (de 3 à 5 jours) dans le cadre des ateliers « Transfer » organisés par l’AUF. Ces ateliers ont été très largement suivis par les enseignants puisque plus de 200 enseignants de toutes les universités marocaines ont pu être formés (quatre fois plus d’enseignants que dans le cas des deux Masters CoseLearn et UTICEF/ACREDITE). Lorsque nous avons demandé aux enseignants qui ont suivi les ateliers « Transfer » de justifier leur choix par rapport aux formations master, ils ont évoqué deux raisons. D’abord, l’indisponibilité pour suivre un master de longue durée vu la densité du travail à l’université.

La formation des formateurs en TIC au Maroc •

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La deuxième raison est le manque de motivation vu qu’ils sont déjà titulaires

d’un diplôme supérieur qui est le doctorat. Par contre, ceux qui ont suivi l’un des deux masters ont motivé leur choix par la promotion dans la carrière ou par le souhait de devenir tuteur à distance après l’obtention du diplôme. Notons que l’ensemble des enseignants formés dans le cadre des ateliers « Transfer » ou des masters CoseLearn et UTICEF/ACREDITE ne repré- sente que 2 % de l’ensemble des enseignants de l’enseignement supérieur. Or, ces 2 % bénéficiaires de ces formations devaient former à leur tour les 98 % des enseignants restants, chose qui ne s’est pas produite.

D’après ce constat, est-ce qu’on peut dire que le Maroc a réussi à faire intégrer les TIC dans l’enseignement? Pour répondre à cette question, nous avons mené une recherche visant à mesurer le degré d’intégration pédagogique des TIC dans l’enseignement supérieur marocain dans deux établissements de l’Université Chouaïb Doukkali d’El-Jadida (Maroc). Cette étude sera étendue à d’autres universités marocaines dans le cadre d’un projet national, plus global, de recherche-action sur l’intégration. En plus de faire un état des lieux des utilisations actuelles des TIC par les enseignants, un objectif prospectif est recherché pour l’orientation de l’action à mener.

Quel est le niveau d’accessibilité des TIC pour les enseignants universitaires marocains? Quels sont leurs niveaux de maîtrise des TIC? Quelles utilisations en font-ils dans l’enseignement et l’apprentissage?

L’objectif principal de cette étude est d’identifier le degré d’intégration des TIC en pédagogie universitaire qui est l’un des deux objectifs principaux visés par l’introduction des TIC dans l’enseignement. Parmi les objectifs spécifiques, on note :

- Perception des enseignants universitaires quant à l’utilité des TIC; - Mesure du sentiment des compétences des enseignants face à l’usage

de quelques applications TIC (Word, Excel, PowerPoint, etc.); - Mesure du sentiment des compétences des enseignants face à l’usage

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la formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique

3. Méthodologie

Nous avons adopté une méthode quantitative basée sur un questionnaire avec échelle sous format papier. Les participants à l’enquête sont des enseignants de la Faculté des sciences et de la Faculté des lettres. Ces deux établissements, appartenant à l’Université Chouaïb Doukkali d’El-Jadida (Maroc), sont à accès ouvert.

Sur les 200 enseignants sollicités, nous avons reçu 78 réponses, ce qui re- présente un taux de retour de 39 %. Les données des questionnaires ont été analysées par la méthode de statistique descriptive en utilisant le logiciel SPSS version 10 pour Windows.