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C.2.c – L’économie paysanne semi autarcique et ses relations avec le marché

Perspective historique, confluences théoriques

II. C.2.c – L’économie paysanne semi autarcique et ses relations avec le marché

Les sociétés paysannes se caractérisent par une « autarcie économique orientée vers la consommation familiale qui ne distingue pas consommation et production : les surplus sont prélevés par l’autorité englobante et vendus sur le marché, le travail familial n’est pas comptabilisé » [Mendras, 2000].

Ce point est directement pris aux travaux de Tchayanov et Tepicht et s’oppose aussi au modèle du travail salarié dans les sociétés industrielles. L’origine de cette perspective revient à Tchayanov, qui a fondé son propos sur d’amples travaux statistiques menés dans les campagnes russes dans les années 1920. Tepicht a par la suite transposé et enrichi l’analyse à partir d’observations menées en Pologne, particulièrement utiles à notre travail.

La valeur du travail dans les sociétés paysannes européennes

Tchayanov a eu le courage, qui lui coûta un temps liberté et diffusion de ses travaux, de mettre en évidence l’existence d’une logique économique propre aux exploitations paysannes. Il montre que « les lois du capitalisme ne s’appliquent pas à la production agricole, ce qui n’est pas une surprise pour nous » [Robert, 1986 : 114] mais constitua à l’époque une petite révolution.

La manière d’appréhender et de comptabiliser le travail propre à l’économie paysanne ne peut être mieux exposée que par Tchayanov lui-même, lorsqu’il s’agit de décrire la logique d’auto- exploitation du travail du groupe familial paysan, en l’absence de toute notion de salaire :

« Nous savons que le travail du paysan, dans une exploitation à main-d’œuvre familiale, se distingue de toute autre activité en ce que la quantité de valeur qui revient à l’homme propriétaire de l’exploitation correspond à la quantité de travail physique qu’il a fournie. Or les dépenses en énergie physique sont loin d’être illimitées pour un organisme humain. Après une dépense relativement faible, indispensable à l’organisme et accompagnée d’un sentiment de plaisir, les dépenses ultérieures d’énergie exigent un effort de volonté et, plus le volume de travail fourni par l’homme à un moment donné est considérable, plus sont pénibles pour lui les dernières unités (les unités marginales) du travail dépensé. Par ailleurs, l’appréciation subjective de la valeur obtenue par ce travail marginal va dépendre de l’utilité marginale de cette valeur pour la famille exploitante. Et, comme l’utilité marginale décroît au fur et à mesure que croît la somme globale des valeurs qui entrent en possession du sujet tenant l’exploitation, à un certain point de la croissance du revenu provenant du travail, la pénibilité des unités de travail marginales dépensées sera égale à l’appréciation subjective des unités marginales de la somme obtenue par ce travail. […] Ainsi, toute exploitation à main-d’œuvre familiale possède une limite naturelle à sa production, limite qui est déterminée par l’équilibre entre l’intensité du travail annuel de la famille et le degré de satisfaction de ses besoins. » [Tchayanov, 1990 : 87-88]

L’auteur désamorce plus loin les risques d’interprétation hâtives de décisions de paysans en apparence dénuées de bon sens et pourtant explicables dès lors que l’on comprend leur stratégie :

« La même rémunération, en valeur objective, d’une unité de travail sera considérée tantôt comme avantageuse et tantôt comme non avantageuse par la famille paysanne en fonction essentiellement du point d’équilibre fondamental entre le degré de satisfaction des besoins et le degré de pénibilité du travail. Si l’équilibre fondamental n’est pas atteint dans les comptes prévisionnels, si l’acuité des besoins insatisfaits est encore grande, la famille exploitante est fortement stimulée pour élargir son travail et pour lui trouver d’autres emplois, en se résignant à une faible rémunération. ‘Dans le besoins’, le paysan se lance dans les entreprises les moins avantageuses à première vue » [Ibid : 94]

Tepicht, s’appropriant l’approche de Tchayanov pour la commenter et l’enrichir, explique à son tour : « Rejetant la division symbolique du revenu agricole en « rémunération des facteurs » respectifs, Tchayanov lui oppose la notion du revenu indivisible qui est d’après lui une rémunération du travail de la famille paysanne et rien d’autre » [Tepicht, 1973 : 31] : produit net, rente et intérêt du capital, catégories inséparables maniées par l’approche capitaliste, sont inadéquates pour rendre compte de la logique du système de production paysan [Ibid : 31]. Il ajoute, non sans une dose de cynisme :

« Ceux des économistes qui […] font le compte des ‘charges calculées’, à savoir la fameuse rémunération des facteurs, obtiennent parfois comme ‘salaire’ pour le paysan un déficit net, comme si le paysan, en s’occupant de ses bêtes, s’entêtait à défier la rationalité économique. Exemple instructif, non de la sottise ou de la philanthropie paysanne mais de l’erreur qui consiste à croire qu’il n’y a qu’une seule rationalité économique dans le temps et dans l’espace » [Ibid : 36]

Relevons la validité de cette comparaison, trente ans après sa rédaction lorsqu’il s’agit de mettre progressivement en évidence en Pologne la rude confrontation entre le référentiel de marché (organisé autour des valeurs et indicateurs propres au projet capitaliste, nous y reviendrons en troisième partie), dominant en terme de référentiel de politique publique et le référentiel paysan.

Poussant le raisonnement à l’extrême, l’économiste Georgescu-Roegen mettra en correspondance le maintien d’une main-d’œuvre agricole surabondante dans les zones rurales où la pression foncière est importante et l’existence même de cette économie paysanne. Dans ces conditions selon lui, la productivité marginale du travail devient nulle. Le mécanisme consiste alors en ce qu’il appelle splitting the job : « plusieurs personnes sont employées à une tâche qui, techniquement, n’en demande qu’une seule mais, craignant de se voir mettre en question, chacun insiste pour être considéré comme employé à plein temps » [Georgescu-Roegen, 1967, cité par Tepicht, 1973 : 35].

Cette observation, dont l’origine est au demeurant plus sociologique qu’économique, se montre elle aussi valide pour expliquer les comportements au travail dans nombre d’exploitations polonaises. Elle justifie et explique le maintien de ce qu’il est aujourd’hui (selon une logique capitaliste) coutume d’appeler « chômage caché dans le secteur agricole ». Selon la perspective adoptée, cette caractéristique paysanne peut être appréhendée positivement ou négativement. En tout état de cause, ces trois auteurs offrent les clés de compréhension du maintien de cette situation.

Afin de compléter cette description de la valeur du travail dans le modèle paysan, il nous parait indispensable de souligner un apport original de Tepicht, peu repris par la suite en tant qu’élément fondamental dans la littérature française consacrée au sujet : Mendras notamment n’a pas jugé utile de mettre en avant cette dernière caractéristique de l’organisation paysanne du travail. Nous la jugeons pourtant centrale pour achever de cerner la gestion familiale du travail. Les lignes qui suivent sont déterminantes pour comprendre non seulement l’organisation sociale mais aussi les clés de l’équilibre économique propre aux exploitations paysannes contemporaines en Pologne :

« Dans la plupart des fermes paysannes d’Europe, l’essentiel des travaux des champs est assuré par le chef de famille et par les membres de la famille en pleine force. Par contre, le service des étables, des porcheries et de la basse-cour est assuré par le travail à mi-temps des femmes, enfants, vieillards, plus les marges de temps disponibles du chef de famille, en somme par les ‘forces marginales’ de la ferme. On pourrait aussi les appeler non transférables puisque la même famille, dès qu’elle quitte son exploitation agricole, n’a plus recours à ces forces pour assurer sa subsistance. » [Tepicht, 1973 : 38]

Ces membres de la famille ne procureraient aucun revenu dans un autre contexte que celui de l’exploitation familiale et seraient dépendants des membres actifs du groupe familial et/ou des aides de l’Etat. En demeurant sur l’exploitation, actifs à leur rythme, ils procurent non seulement ce que Tepicht qualifie de revenu marginal à la famille, certes insuffisant mais bien utile mais aussi la quasi-totalité de l’auto-consommation alimentaire du groupe familial, qu’il convient d’ajouter au bénéfice global de la maisonnée.

Selon une logique où la rémunération du travail serait la norme, cette situation peut être appréhendée comme une situation d’exploité :

« Le « pater familias » se comporte […] en chef d’entreprise qui ne paierait pas ses travailleurs. L’exploitation familiale est-elle aussi l’exploitation de la famille, au sens marxiste du terme ? […] Certes, l’agriculteur a intérêt à faire travailler sa femme et ses enfants [et ses parents âgés]. Mais eux aussi. Car bien que travaillant sans salaire, en numéraire, ils ne sont en rien des prolétaires : ils ne font que mettre en valeur le patrimoine familial pour avoir la jouissance du résultat » [Robert, 1986 : 31]

La mise en commun des biens entre trois générations et la mutualisation de l’effort rend supportable, équitable, cette répartition des tâches au sein des membres de la famille qui, au demeurant, parcourent au fil de leur vie l’ensemble des statuts : jeune prêtant main-forte, décideur et force de travail (aux champs ou dans la maisonnée selon le sexe), vieillard partiellement dépendant mais auréolé par sa contribution passée au patrimoine familial.

L’économie paysanne se montre irréductible à l’analyse marxiste comme aux critères du capitalisme.

Tepicht fournit des observations qui nous permettent de mieux cerner les risques économiques liés au projet politique qui viserait à évacuer la main-d’œuvre en surnombre des exploitations polonaises, afin de les « rentabiliser », dans une logique (capitaliste) de rentabilité accrue des facteurs de production, travail compris : une fois ce projet mené à bien, « ce qu’il était possible de produire à l’aide des forces marginales, pour un gain marginal, requiert une toute autre estimation par la société (le marché), vu le caractère de la force de travail nécessaire

désormais pour ce genre de production. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, sur le plan des produits d’élevage, le paysan reste encore dans la plupart des cas compétitif par rapport à la grande ferme30. » [Ibid : 38]

Tchayanov et Tepicht divergent partiellement sur ce point : le premier, qui a bâti son propos de manière théorique à partir d’agrégats fournis par de grandes enquêtes statistiques, conçoit le surtravail comme un continuum de l’effort du même paysan à partir de son travail productif de base, effort entrepris ou limité selon les besoins de la maisonnée. Tepicht, plus empirique, propose une approche dualiste du travail productif et de la notion de surtravail argumentée grâce à la notion de main-d’œuvre marginale, qui demeure rentable du fait de « sa situation objective face à une économie englobante qui profite de sa faible mobilité professionnelle. » [Ibid : 40]

Dans la synthèse que constitue son modèle idéal-typique, Mendras glisse à notre avis trop vite sur cet aspect de la répartition intra-familiale du travail paysan : s’il décrit une division fixe au sein de la famille, ce n’est que pour mieux nous renseigner sur sa structure hiérarchique. Il n’établit pas de lien direct entre l’économie de l’exploitation et cette répartition du travail. Nos observations de terrain nous amènent à porter une attention plus importante à cet aspect : en l’absence physique d’une catégorie de main-d’œuvre (homme dans la force de l’âge employé aux grandes cultures, épouse et/ou retraités consacrés au soin aux animaux dans la cour de ferme, femmes, qui assument l’entière responsabilité du jardin vivrier), la fonction de la personne manquante n’est pas ou très partiellement seulement, assumée par les autres membres de la famille. Cette fixité de la répartition des tâches et son caractère non substituable, est telle que sa répercussion sur la construction de l’équilibre économique de l’exploitation et sur sa trajectoire productive ne peut être laissée à l’écart. Ainsi, nous complèterons notre recours au modèle

général de Mendras par les observations de Tepicht sur le rôle économique de la main- d’œuvre marginale, sans lesquelles il est difficile d’expliquer certaines trajectoires d’exploitations.

Insertion de l’économie paysanne dans l’économie englobante

Rappelons le principe fondateur de la définition d’une société paysanne proposée par Mendras d’après Redfield : il s’agit d’une société qui produit avant tout pour elle-même des denrées alimentaires, mais, contrairement aux sociétés décrites par Redfield ou par Sahlins [1972], une partie de la société (« globale ») qui l’héberge et ne produit pas de nourriture, dépend de la production paysanne pour satisfaire ses besoins alimentaires.

Dès lors, selon Mendras, il est indispensable à cette société englobante d’organiser le « prélèvement » d’une part de la production alimentaire paysanne. L’approche contemporaine de l’agriculteur-entrepreneur tend à donner le sentiment que celui-ci produit, de son plein gré, pour les besoins d’un marché auxquels il se consacre de son mieux. Il est passionnant d’explorer les écrits des analystes marxistes d’une part, non marxistes d’autre part, lorsqu’ils tentent de rendre compte des relations des exploitations paysannes avec la société englobante (parfois ramenée à la simple notion de « marché ») qui dépend d’eux.

Venons au fait : Mendras, honnête, propose la synthèse suivante, à travers laquelle il résume une évolution du processus de prélèvement aux conséquences semblables (les moyens politiques fussent-ils différents) dans toutes les sociétés industrialisées, capitalistes comme socialistes. Il 30

Pour Tepicht, la « grande ferme » n’était toutefois pas familiale mais collective, conformément au modèle communiste polonais

coupe ainsi court à une part de la dialectique qui l’opposa aux sociologues et économistes marxistes :

« L’industrie est arrivée à son plein développement en réduisant à néant l’autonomie de l’économie paysanne, en industrialisant certaines productions agricoles et en agençant les autres, demeurées paysannes, dans le système socialiste ou capitaliste » [Mendras, 1995 : 130]

L’auteur parvient ainsi à une conclusion comparable à l’analyse proposée par le syndicat agrarien polonais Solidarité Rurale, d’importance historique. L’obtention par celui-ci en 1972 de la protection de l’Etat pour les paysans était fondée sur la revendication de la valeur spécifique (politique, économique et technique) de l’agriculture familiale, par opposition à la collectivisation des structures. Il s’agissait d’une révolution conceptuelle dans le contexte polonais d’alors, puisque « l’argument essentiel avancé par le mouvement paysan pour justifier la forme familiale de l’exploitation était que, tout comme dans le capitalisme, l’exploitation était la seule garante du bon fonctionnement de l’agriculture et qu’elle était compatible avec le système socialiste » [Szurek, 1985 : 253]. Il s’agissait de revendiquer la validité du système de production paysan dans la société du moment, point de vue mu par l’intérêt paysan bien pesé, qui vise à maintenir coûte que coûte un statut privé et autonome. Les sociologues ruraux ont expliqué le maintien, pour les paysans, d’ une image positive et autonome d’eux-mêmes, par une représentation de leur pratique proche du statut d’entrepreneur indépendant, libre de ses décisions et guidé par le principe d’optimisation de ses résultats, qu’ils soient techniques ou économiques, masquant de cette manière la situation réelle de prélèvement permanent qui caractérise leur activité : c’est le recours à cette représentation positive qui justifie la posture de Solidarité Rurale et permet de consolider une revendication idéologico-politique identitaire qui est le réel moteur de son rôle politique [Szurek, 1985 : 250].

Ce qui nous intéresse ici n’est pas cette discordance entre le mouvement agrarien et l’analyse du sociologue mais leur convergence lorsqu’il s’agit de reconnaître la spécificité paysanne. Celle-ci demeure inchangée et valide, économiquement surtout, quelque soit le contexte politique, capitaliste ou socialiste. Ce constat, cette cohérence de point de vue, nous paraissent particulièrement puissants pour comprendre l’histoire paysanne polonaise.

Nous avons suivi Mendras dans ce propos, qui nous parait adéquat pour rendre compte, selon un référentiel endogène, des trajectoires d’exploitations paysannes polonaises ayant traversé successivement une période socialiste, puis une entrée fulgurante dans un système capitaliste : tenter de pénétrer la logique propre développée par les familles paysannes à travers ces aléas politiques nous a permis de conclure, anticipons un instant sur la présentation de nos résultats, à l’existence d’une stratégie de résilience semblable quelque soit le contexte politique. Elle vise à préserver en toute circonstance la capacité productive permettant de garantir l’auto- consommation familiale et par conséquent une logique productive diversifiée utile au pays. L’incorporation dans un contexte politique ou un autre n’a pas altéré une logique paysanne solide centrée sur la préservation de la capacité d’autonomie familiale. Ce phénomène corrobore le modèle de Mendras.

« Le paysan travaille la terre pour se nourrir : toute théorie de l’économie paysanne n’est que le commentaire de cette formule lapidaire » [Mendras : 38]

« Dans ‘la première société d’abondance31’, à quoi bon produire plus que ce qui est requis pour les besoins tels qu’ils sont traditionnellement définis, par le genre de vie imposé par la coutume ? Seule une incitation externe conduit à produire plus que ce que le système de production traditionnel fournit ou à adjoindre à ce système telle ou telle production supplémentaire que réclame le pouvoir englobant. Ainsi, celui-ci agit d’une part en poussant à l’intensification du système traditionnel et, d’autre part, en suscitant l’introduction de techniques et de productions nouvelles. » [Ibid : 123]

Entre les pays socialistes ayant maintenu une paysannerie (Pologne d’avant 1989, Chine…) et les pays capitalistes, seuls diffèrent dans cette perspective les moyens mobilisés par l’Etat pour inciter à ces évolutions. Aujourd’hui dans l’Union, étudier les évolutions à l’œuvre dans un secteur agricole polonais dominé par des petites exploitations qui maintiennent majoritairement une logique paysanne de préservation de la capacité d’autonomie technique et alimentaire, revient finalement à illustrer la violence sous-jacente à ce propos de Mendras. Qui se penche, à travers un référentiel endogène, sur la situation des exploitations paysannes, ne peut que l’éprouver.

En effet, pour le paysan, l’agencement des productions est déterminé d’une part par les potentialités agronomiques de son exploitation, par sa taille et par son niveau de capitalisation, d’autre part par les besoins de la famille. Le marché, lui, en impulse d’autres et l’insertion progressive de la production agricole dans le marché, au fur et à mesure qu’elle quitte la stratégie paysanne pour épouser celle de la maximisation des échanges, conduit souvent à une réorganisation partielle ou totale des productions.

Mendras glisse à notre avis aussi trop rapidement sur la nature et les effets de cette question technique de la répartition des productions, de ses déterminants et de son impact sur l’économie familiale et sur le milieu, tout comme il glisse trop vite sur les réorganisations de la production en fonction de la présence et de l’affectation de la main-d’œuvre familiale.

Valeur d’usage, profit : conséquences dans l’interaction avec la société englobante

Le système paysan est fondé sur la valeur d’usage des biens (produits ou échangés). L’argent est un moyen détourné, provisoire, d’échanger une marchandise produite sur l’exploitation contre une autre marchandise nécessaire à la famille, différente et de valeur ni supérieure ni inférieure à la précédente car elles ne sont en principe pas substituables. La notion de profit est absente.

« Par essence, une exploitation paysanne ne peut être ‘rentable’ au sens capitaliste du terme. Si elle l’est, c’est par hasard, car tel n’est pas le problème de l’exploitant » [Robert, 1986 : 33]

Dans le système capitaliste en revanche, les facteurs de production sont un détour matériel nécessaire pour passer d’une valeur en capital à une autre valeur en capital, supérieure si la transaction est réussie : la recherche du profit guide le processus.

La logique paysanne des transactions avec l’extérieur est fondée sur la confusion entre budget familial et budget de l’exploitation, un des éléments les plus frappants du système paysan.

Cette situation « a fortement contrarié les théoriciens du développement du capitalisme en agriculture et donné plus d’une insomnie à maint ministre de l’Agriculture prêchant pour la « modernisation » des exploitations agricoles […] Aujourd’hui encore la politique de développement de l’agriculture est largement

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