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Le modèle paysan polonais et ses trajectoire

IV. E.2.a – Autofourniture des intrants

A partir des données monographiques dont nous disposons, nous avons cherché à reconstituer une estimation chiffrée de la valeur des consommations intermédiaires autofournies par l’exploitation : fourrages (céréales, foin), fumure organique (figure 4).

Présenter ces résultats impose de fastidieuses mais indispensables précisions de méthode relatives à ces modalités de calcul.

- Les céréales non vendues ont été considérées comme entièrement dévolues à l’auto- production. Le volume de céréales auto-consommées par le bétail a été obtenu en multipliant la surface concernée par le rendement moyen annoncé par l’agriculteur lors de l’entretien. La valeur financière de cette production a enfin été obtenue en multipliant ce volume par le prix moyen des ventes de céréales sur le marché local (40 zł, moyenne empiriquement obtenue d’après les prix annoncés par les agriculteurs lors de l’ensemble de nos entretiens entre 2004 et 2006) : le choix de ce prix moyen est justifié par la volonté d’obtenir des valeurs indicatives comparables d’une exploitation à l’autre et d’une commune à l’autre.

- Nous ne disposions pas de données agronomiques sur la productivité des prairies permanentes des régions étudiées. Compte-tenu des données pédo-climatiques des régions concernées et du profil phytologique des prairies, nous avons établi cette productivité à 5,5 quintaux de matière sèche/hectare/an par analogie avec des conditions similaires évaluées en Lorraine51. La valeur économique du foin a aussi été évaluée de

manière empirique, d’après le prix moyen à la tonne proposé lors de ventes directes de foin polonais sur internet en 2007 (11 annonces, avec des valeurs échelonnées de 250 à 350 zl/t pour du foin de production non biologique)

- Compte-tenu du rendement céréalier et de l’absence d’usage de raccourcisseur, le rendement en paille a été estimé uniformément à 35 q/ha

- Nous avons de même adopté, faute de données systématiquement collectées lors des entretiens, une donnée uniforme pour la production de fumier pailleux, estimée à 6 tonnes/UGB, avec une valeur fertilisante de 6 unités d’azote/tonne.

Nous avons ensuite estimé la valeur économique de ce fumier selon le calcul suivant : d’après les 7 engrais azotés minéraux les plus couramment utilisés et leur prix (relevé en 2007), nous avons établi un prix moyen de l’unité d’azote minéral en Pologne. Cette méthode a permis d’associer un prix en złoty à l’unité d’azote organique (2,50 zlotys/UN), par analogie (indépendamment de considérations agronomiques sur le caractère plus ou moins assimilable de ces diverses formes d’azote par les cultures, qui nous auraient conduit trop loin…)

Compte-tenu des estimations auxquelles nous avons recours pour ces calculs, les résultats qui suivent doivent être maniés avec précaution et utilisés de manière indicative.

Figure 4 : Valeur de l’auto-production des intrants en złoty en fonction de la surface de l’exploitation (4 zł = 1 euro)

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D’après les travaux et conseils personnalisés de M. Sylvain Plantureux, Directeur de l’Unité Mixte de Recherche INPL(ENSAIA)-INRA Agronomie et Environnement Nancy-Colmar

Ce premier graphique montre, sans surprise, une assez bonne corrélation entre la valeur de l’autoproduction et la surface globale exploitée dans chaque exploitation. Quelque soit leur taille, les exploitations de notre échantillon mettent en œuvre les moyens nécessaires pour garantir une relative autonomie en matière de production fourragère et en matière de fertilisants organiques.

La taille de l’exploitation ne joue que peu sur cette logique paysanne d’autonomie agronomique, ce qui constitue une information importante quant à la stratégie des plus grandes exploitations de notre échantillon, qui demeure sur ce point conforme au modèle paysan d’autonomie.

Entrons dans le détail de ce résultat selon le système d’élevage. Le graphique suivant présente la valeur de l’autoproduction/UGB (en zl/UGB) selon la proportion de l’élevage porcin dans l’ensemble de l’élevage (figure 5).

Figure 5 : Valeur de l’autoproduction d’intrants par UGB selon la proportion d’élevage porcin dans l’ensemble de l’élevage

Le graphique montre que lorsque cette proportion est faible, c'est-à-dire dans le cas d’une dominante de l’élevage laitier, les valeurs de l’autoproduction sont assez variables, avec des valeurs parfois assez élevées. Au contraire, lorsque cette proportion est forte, en cas de dominante nette de l’élevage porcin, la valeur de l’autoproduction tend à diminuer : plus l’élevage est nettement spécialisé dans le domaine porcin, plus les éleveurs peinent à autoproduire les rations et doivent avoir recours à des achats complémentaires de céréales. En revanche, dans le cas de l’élevage laitier ou d’élevage mixte, les stratégies sont très variables et devront être discriminées plus finement en fonction de la nature et de la stratégie productive d’ensemble de l’exploitation.

NB : Quatre points se situent nettement au-dessus de la courbe et constituent d’une certaine

manière un artefact. Ils correspondent à quatre exploitations ayant pour point commun de se trouver dans une situation de transition, au cours de laquelle la capacité productive en matière d’élevage est très en-dessous du potentiel offert par la surface disponible. Par conséquent, la capacité à autoproduire la quasi-totalité des rations de ces élevages momentanément très peu intensifs, est très élevée. Les exploitations D6, K6 et K11 sont en cours de cession (père-fils dans deux cas, père-fille dans un cas) : après une phase de quasi-abandon de la production par le père âgé dans l’attente de l’installation d’un des enfants, le jeune repreneur est en cours d’organisation et s’apprête à relancer la production porcine (dans deux de ces trois cas, le repreneur aurait

préféré relancer aussi et surtout une production laitière mais l’entrée en vigueur des quotas laitiers européens au moment où le père avait limité cet élevage a « gelé » ce droit à produire sans espoir d’amélioration à court terme. Dans l’attente, c’est la production porcine prend la relève). Le quatrième point correspond à une exploitation père-fils sans femme (la mère souffre de la maladie d’Alzheimer, le fils n’est pas marié) : l’élevage est globalement très limité, la laiterie a cessé de collecter le lait (volume faible, qualité sanitaire insuffisante). Toutefois un projet de substitution par l’élevage porcin était en cours au moment de l’entretien.

- Même dans le cas d’une spécialisation importante en porc, les résultats recueillis lors de notre enquête montrent que le recours à l’autoproduction des rations animales et des fertilisants organiques est loin d’être nul et se stabilise dans la plupart des cas entre 1000 et 2000 zl/UGB (250 à 500 euros/UGB environ). Ceci distingue radicalement ces élevages du mode d’élevage porcin hors-sol pratiqué de manière intensive, tel qu’on l’observe dans le Benelux, au Danemark ou dans l’Ouest de la France. Dans ces systèmes polonais, le lien entre élevage et cultures demeure fort, même en cas de spécialisation porcine, comme nous l’avons déjà exposé. Ces systèmes plus spécialisés représentent une dérive adaptative du système paysan mixte à base d’élevage laitier et porcin, non une voie de spécialisation/intensification porcine caractérisé par une forte hétéronomie économique. Nous restons ici dans le domaine de l’étude de ce système paysans archétypal et de ses variantes.

- Au contraire, lorsque l’élevage laitier est fortement représenté dans l’exploitation, les cas de figure sont plus variables : certaines exploitations ont peu recours à l’autoproduction, avec soit des achats importants d’aliments (dans le cas des plus gros élevages), soit une extensification du système (dans le cas des élevages de moindre taille). Dans ce second cas, notre mode de calcul, qui accorde une plus forte valeur économique aux céréales qu’aux produits issus du pâturage (moins bien valorisés dans la sphère marchande), tend à minimiser une autoproduction qui reste réelle. En outre, nos calculs ne prennent en compte que les parcelles effectives de pâturage : les très petits élevages valorisent les espaces dérobés tels que les bords de chemins ou de champs, les vergers et bordures de jardin, sans doute sous-représentés dans notre estimation de la Surface Fourragère Principale (SFP) des plus petites exploitations. Enfin, nous avons rencontré des difficultés lors de l’enquête pour rassembler des éléments chiffrés sur la valeur économique et le volume de certains éléments de rations bovines parfois très composites (feuilles de betteraves ensilées, pommes de terre, navets fourragers cultivés de manière dérobée…). La valeur économique des rations autoproduites en cas de dominante laitière est par conséquent sous-estimée dans nos calculs.

La valeur économique de l’autoproduction/UGB est globalement plus importante en cas d’élevage laitier ou mixte, car ces exploitations valorisent mieux l’ensemble des espaces et des productions disponibles sur l’exploitation (sous-produits des cultures, cultures dérobées, espaces enherbés dérobés). Toutefois, les exploitations plus orientés vers l’élevage porcin maintiennent une activité non négligeable d’autoproduction des rations et du fumier pailleux et demeurent, de ce point de vue, conformes à la logique paysanne idéal-typique.

Cette autoproduction d’intrants contribue incontestablement à l’autonomie de l’exploitation. Son estimation économique demeure toutefois délicate, dans la mesure où ces

productions intermédiaires interagissent elles-mêmes avec les données économiques constituant le bilan économique final de l’exploitation, sans qu’il soit possible de les discriminer dans ce bilan.

Comparer par exemple la valeur de cette autoproduction avec la valeur des rations animales et des engrais minéraux achetés à l’extérieur nous renseignerait peu sur le bilan économique global de l’exploitation : les céréales autoproduites représentent un gain pour les ateliers d’élevage mais une perte en terme de ventes.

Les productions céréalières consommées par les ateliers animaux ont-elles-mêmes nécessité des intrants, certains autoproduits (fumier, une partie des semences), d’autres acquis : les premiers sont eux-mêmes inclus dans l’estimation globale de l’autoproduction, les seconds dans le résultat économique direct de l’exploitation, le rapprochement entre ces deux catégories de données présente par conséquent un biais délicat à surmonter.

Nous avons opté pour une comparaison entre la valeur brute de l’autoproduction des intrants et l’ensemble des charges effectives de l’exploitation. Une telle comparaison ne se fonde pas sur un lien direct entre ces deux catégories de valeurs : une part des charges (machinisme, semences, intrants chimiques) devrait elle-même être déduite de la valeur brute des intrants autoproduits, ce qui nous aurait poussé trop loin à la fois dans les modalités d’entretiens et dans le calcul. Par conséquent, cette comparaison ne doit être abordée qu’à titre indicatif, afin de confronter l’ordre de grandeur de la valeur de l’autoproduction à une donnée économique apparentée (figure 6).

Nous avons défini les charges de la manière suivante [Malassis, 1958 : 164]

Charges = intrants chimiques + semences + carburants + heures de machinisme louées + eau + électricité + fermages + charges sociales + impôts fonciers

(Nous avons ignoré les intérêts d’emprunts, l’amortissement du matériel et les frais vétérinaires, tous trois nuls ou très retreints dans la majorité des exploitation de l’échantillon).

Figure 6 : Valeur de l’autoproduction en % des charges effectives de l’exploitation Ce graphique offre l’aspect d’une courbe en cloche :

- Les plus petites exploitations (moins de 7 hectares exploités) disposent d’une surface insuffisante pour atteindre une autonomie fourragère complète et doivent avoir recours à

des achats complémentaires d’aliments du bétail, avec pour conséquence un accroissement des charges d’exploitation.

- Au contraire, une partie des exploitations de taille intermédiaire (7 à 20 hectares exploités) atteignent des valeurs de l’autoproduction importantes relativement aux charges : ces exploitations témoignent d’une stratégie paysanne poussée relativement loin, l’objectif d’autonomie fourragère et de lien cultures/élevage (fourrage et matière organique fertilisante) étant poussée aussi loin que possible pour réduire les dépenses intermédiaires liées à la production.

- Enfin, les plus grandes exploitations de notre échantillon (25 à 50 ha exploités) tendent à abandonner une part de cette stratégie d’autonomie, l’accroissement des flux financiers dans l’exploitation grâce aux ventes permettant le recours à des consommations intermédiaires plus importantes : intensification de l’élevage et hétéronomie économique vont de paire, dans une logique progressivement moins paysanne que marchande lorsque la taille de l’exploitation s’accroît. Le « point de bascule » entre la seconde catégorie d’exploitations maximisant l’auto-production et les exploitations amorçant une stratégie plus dépendante du marché, semble se situer autour de 16-17 ha exploités selon les données de notre échantillon présentées sur le précédent graphique.

Nos résultats montrent une moyenne de 16 hectares exploités dans notre échantillon, pour une valeur moyenne de l’autoproduction équivalent à 110 % des charges engagées. Soulignons à nouveau l’absence de lien entre valeur de l’auto-production et montant des charges : les charges incluent des intrants qui devraient être déduits de l’estimation de l’autoproduction puisqu’ils y contribuent (engrais minéraux, traitement phytosanitaires, semences, heures de machinisme, cotisations sociales, ont contribué par exemple à la production des céréales non vendues car consommées par le bétail). En terme de bilan net, le chiffre de 110 % est par conséquent surestimé : il indique néanmoins la nette priorité donnée par les exploitants à ces

production intermédiaires dans l’organisation globale des flux matériels et financiers de leur exploitation.

S’il apparaît délicat de bâtir un bilan économique net rendant compte de la contribution de l’autoproduction au revenu de l’exploitation, l’importance de cette contribution demeure indiscutable. Ces observations rendent compte, en tout état de cause, de la puissance de la stratégie d’autonomie technique et économique mise en œuvre dans ces exploitations paysannes.

IV.E.2.b - Autoconsommation

En matière de nature des aliments auto-produits sur l’exploitation comme d’habitudes de consommation, les observations menées dans notre échantillon sont d’une remarquable homogénéité dès lors qu’une ou plusieurs femmes sont présentes sur l’exploitation et se consacrent à cette activité.

Deux éléments d’analyse ont retenu notre attention : d’une part, nous avons cherché à caractériser qualitativement l’autoconsommation. Une présentation monographique de ces observations nous a paru illustrative, nous y viendrons dans quelques lignes. D’autre part, nous avons cherché à évaluer comment cette activité d’autoproduction pour les besoins alimentaires familiaux et plus largement pour l’ensemble des besoins matériels, contribue à l’équilibre économique de la maisonnée, nous présenterons les modalités et le résultat de ces calculs.

L’autonomie en légumes est assurée pour 75 % de la consommation annuelle, les mois de fin d’hiver nécessitant en général de recourir aux achats. La consommation de pommes de terre

est couverte par l’exploitation à 100 %, ainsi que les besoins en œufs, viande de volaille et viande porcine. Le bois n’est autoproduit que sur les exploitations disposant d’une parcelle de forêt paysanne (la plupart des exploitations de Knyszyn), de pâturage ou de berges de cous d’eau partiellement boisé : la moitié de notre échantillon d’exploitations dispose d’une autonomie en bois de chauffage.

Nous présentons ci-joint le détail des consommations de l’exploitation K15 (tableau 12). Les prix affectés aux produits correspondent aux prix de détail affichés sur le marché local au printemps 2005.Nous affecté à la charcuterie transformée un prix moyen au kg, évalué d’après le prix moyen d’un éventail de produits charcutiers sur le marché.

La famille se compose de 3 personnes (adultes). Cette autoconsommation équivaut à une économie d’achat alimentaire de 4 299 zl/personne/an, soit l’équivalent de 0,7 salaire minimum52

par personneou l’équivalent de 2 salaires minimum dégagés pour l’ensemble de la famille.

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Les indications collectées lors des entretiens et dans la bibliographie donnent, de manière très homogène, un salaire minimum mensuel de 500 zł/mois, soient 125 euros/mois environ dans cette région, considérée comme une des plus pauvres du pays.

Prix achat au

détail en zl Quantité Prix/an

Ail Kg 0,9 10 9 Aneth bouquet Kg 0,8 60 48 Betteraves Kg 1,5 60 90 Carottes Kg 1,85 60 111 Chou kg 2,5 10 25 Concombre kg 1,2 35 42 Courgettes kg 1 20 20 Fraises kg kg 8 15 120 Haricots verts kg 3,5 10 35 Oignons kg 2 50 100 Pommes kg 4 100 400 Prunes kg 5 5 25 Radis kg 1 10 10 Salade kg 1,8 100 180 Tomates kg 2 25 50 Pommes de terre kg 1 702 702 Cèpes kg 30 5 150 Charcuterie

cuisinée 4 porcs/an 1430 zl/porc 4 5720

Œufs /unités 0,3 1800 540

Volailles /unités 22 50 1100

Lait l 2 1460 2920

Bois chauffage m3/an 5 100 500

Total autoconsommation 12 897 zl/an

Poursuivons cette évaluation financière des avantages matériels procurés à la famille par l’exploitation, avec un extrait de la monographie de l’exploitation K4 :

[Knyszyn, entretien 4, 2004] L’exploitation dispose de 10,5 hectares, 4 vaches laitières et une truie-mère. 9 hectares sont consacrés aux cultures avec une rotation quadriennale, complétée de raves en culture dérobée. La fumure organique obtenue grâce à l’élevage sur paille est complétée de faibles quantités d’engrais minéraux, les traitements phytosanitaires sont restreints (0,5 passage/ha/an en moyenne sur l’ensemble de l’exploitation). Le chargement animal est faible (0,51 UGB/ha de surface fourragère) mais les rendements céréaliers sont relativement élevés pour la région (40 q/ha en moyenne pour le blé et le triticale). Les espaces présentant un intérêt environnemental particulier (prairies permanentes et forêt paysanne) occupent 42 % de la surface totale de l’exploitation.

Les charges intermédiaires représentent 43 % du produit brut de l’exploitation, la contribution des aides publiques (aides agricoles européennes) représente 21 % du produit brut tiré des productions (ou 30 % du revenu agricole final), le revenu agricole net est de 16 000 zl/an, soient 4 000 euros/an (ou 330 euros/mois) hors autoconsommation : autrement dit l’équivalent de 2,6 salaire minimum53. Les produits

alimentaires (bois de chauffage et de construction non comptabilisé) autoconsommés54 représentent en outre une valeur de 6700 zl/an, soient 1675 euros/an (140 euros/mois)ou l’équivalent d’un peu plus d’un

salaire minimum.

(Propos du chef d’exploitation) « Les petites exploitations n’ont pas vraiment d’avenir. Elles n’ont pas d’autres solutions que l’activité qu’elles mènent, car les familles n’ont pas d’argent pour faire autre chose. Je ne pense pas qu’il y ait un savoir particulier propre aux petites exploitations Je travaille et je n’ai pas d’argent. Mais qu’est-ce que je pourrais faire comme travail ? En même temps, je n’ai pas envie de changer de métier. On peut améliorer la vie ici. »

Cette exploitation fonctionne sur le modèle de l’exploitation de semi-subsistance. Le revenu financier est qualifiable de faible à modéré mais les besoins matériels de base sont couverts par l’exploitation. Il faudrait adjoindre à son bilan :

- l’autonomie énergétique (bois de chauffage forestier, correspondant à une valeur de 1000 zł/an (85 zł/mois) en équivalent-charbon)

- la possession d’un patrimoine foncier (même si la terre ne se vend pas, ce qui confère un caractère virtuel à cette estimation patrimoniale), l’exploitation correspond au moins, en terme de bilan net, à une absence de loyer et à la garantie permanente d’un toit.

Sans même tenir compte dans le calcul du bénéfice gratuit de ce logement, l’exploitation procure déjà 550 euros/mois à la famille (si l’on additionne le revenu agricole et les avantages matériels obtenus), soit l’équivalent d’un salaire moyen polonais par mois (ou

quatre salaires minimum par mois)

En estimant à 900 zł/mois (225 euros/mois) le loyer d’une maison de quatre pièces en zone rurale dans la commune, l’exploitation procurerait 2845 z1/mois soit l’équivalent de

5,7 salaires minimum/mois à la famille.

Son mode de vie demeure frugal : notre calcul théorique rend compte de

l’importante sécurité matérielle procurée par l’exploitation. Il n’en reste pas moins que la famille ne dispose que de très peu d’argent pour ses dépenses monétaires, son évaluation de son propre niveau de vie reste pour cette raison mitigée.

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A titre indicatif, le salaire de base est évalué à 125 euros/mois dans la région de cette exploitation 54 En valeur d’achat au détail, conformément à la logique « ménagère » qui justifie ces productions

Pour récapituler la structure économique de l’exploitation K4 : - Revenu net tiré des productions de vente :

- Produits alimentaires autoconsommés (estimés en valeur d’achat au détail) :

- Production de bois de chauffage pour la famille : - Absence de loyer :

2,6 salaire minimum 1,1 salaire minimum 0,2 salaire minimum 1,8 salaire minimum

TOTAL : 5,7 salaire minimum

= Bénéfice monétaire et en nature dégagé par cette exploitation de 10,5 hectares sans revenu complémentaire (ni salaire ni pension de retraite dans la famille)

- A une ou deux exceptions près, les habitudes d’autoconsommation et les volumes produits et consommés sont remarquablement constants : la « panoplie » des légumes de bases cultivés dans le jardin vivrier varient peu d’une famille à l’autre et d’une région à l’autre (betteraves, aneth, oignons, salades, tomates, céleri, carottes, persil, cornichons). En revanche, certains légumes et fruits plus rarement représentés sont ajoutés selon l’intérêt porté à ces cultures par la ou les femmes qui s’en chargent (haricots, fraises, maïs doux, tomates, chou, radis noirs et roses, fèves et pois, courgettes, céleri…)

Sans surprise, la contribution au revenu agricole des productions auto-consommées diminue

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