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Choix méthodologiques et démarche générale de la thèse

INTERMED Intermédiaires produits

Les matrices afférentes à chacun des cas sont présentées au cours de l’analyse réticulaire des projets. Le lecteur pourra retrouver ces tableaux dans le point 1.1. du chapitre 6 pour ERI (Cf. Tableau 42) et dans le point 2.1.1. du chapitre 7 pour Eonice (Cf. Tableau 53).

Cette matrice permet d’identifier la présence et la nature des différents groupes dans le réseau de même que le degré de développement de chaque pôle.

(b.) Identification de l’intensité des liens entre les pôles : la matrice d’adjacence

Dans un second temps, pour identifier les liens nouant chacun des pôles que ces liens soient formels ou informels, nous avons identifié les intermédiaires circulant entre ces pôles. En conformité avec notre grille d’analyse, nous nous sommes attaché à quantifier et qualifier les intermédiaires qu’il s’agisse d’objets (contrats, documents), d’argent (subventions, aides), ou

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d’humains à travers leur connaissance, leur savoir-faire, leur expérience ou encore leur amitié. Dès lors, la nature des liens entretenus entre ces différents pôles peut également être formelle ou informelle. La quantité et la variété des intermédiaires en circulation renseignent sur l’intensité des relations. Plus les intermédiaires sont nombreux et variés, plus les interactions sont nombreuses et donc les liens forts. L’identification des intermédiaires nous permet de déceler le degré « d’intégration du réseau » (Callon et al., 1995), c’est-à-dire le degré de convergence du réseau.

Dès lors, nous avons élaboré une matrice d’adjacence (Angrot et Josserand, 2003) permettant de positionner les intermédiaires circulant entre chaque groupe d’acteurs (Cf. Tableau 26). Une même matrice a été réalisée pour les différents types de relation et donc d’intermédiaires. De plus, nous n’avons pas pris en considération les relations orientées (les relations unilatérales), la matrice a donc été complétée de façon symétrique. Ainsi, si un contrat nouait le groupe A au groupe B, on plaçait un 1 dans les deux cases correspondant à leur intersection (colonne groupe A et ligne groupe B, et colonne groupe B et ligne groupe A). De plus, si un individu appartenant au groupe A échangeait directement des compétences et savoir-faire avec des membres du groupe B, un 1 a été rajouté dans les deux cases correspondantes. Ainsi, le cumul des différents intermédiaires entre les groupes d’acteurs ont permis d’identifier la multiplexité81 du réseau (Angrot et Josserand, 2003) et donc dans une certaine mesure de la force des différents liens dans le réseau.

Un exemple de cette matrice d’adjacence est présenté ci-dessous.

Tableau 26 : Matrice d’adjacence pour l’identification des liens entre les groupes

Groupe d’acteurs A Groupe d’acteurs B Groupe d’acteurs n

Groupe d’acteurs A 1+1

Groupe d’acteurs B 1+1 Groupe d’acteurs n

Cette opération a été réitérée au cours de l’analyse après chaque controverse identifiée dans le réseau. Il nous a ainsi été possible d’identifier la dynamique du réseau, comme explicitée dans le point suivant (l’analyse dynamique).

(c.) L’intégration des acteurs : à la recherche des dispositifs d’intéressement

En vue de connaître les raisons qui incitent les acteurs à se rassembler, nous avons cherché à

81 Angrot et Josserand (2003) expliquent que la mulitplexité du réseau correspond à l’existence de liens de nature

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identifier les dispositifs et les conditions d’intéressement. Nous avons dès lors recherché et codé les motifs et raisons fournis par les acteurs au cours des entretiens.

A l’issue de cette première analyse, il nous est alors possible d’opérer une première représentation de la morphologie du réseau pour chacun des deux projets. Nous avons privilégié deux formes de représentation graphique. La première est détaillée. Elle vise à montrer chacun des pôles, leur porte-parole et leurs intermédiaires. La seconde représentation est plus globale. Elle offre une vision synoptique du réseau en montrant ses nœuds et ses liens. Cette représentation graphique a été réalisée à l’aide du logiciel NETDRAW 6.1. dédié aux représentations graphiques des matrices d’adjacences, et fourni avec le logiciel UCINET élaboré par Borgatti, Everett et Freeman (2002) pour la représentation des réseaux sociaux.

 L’analyse dynamique

L’analyse dynamique permet de comprendre l’évolution de ce réseau en suivant sa trajectoire. L’objectif est de concevoir les raisons qui ont conduit au délitement d’un réseau dans un cas (Pupitre Virtuel) et à sa pérennisation dans l’autre (ENT Image).

A partir de la morphologie du réseau, nous retraçons sa trajectoire. Nous rappelons que pour les chercheurs de l’ANT, le réseau se consolide ou s’affaiblit en fonction des épreuves de forces qui s’engagent. Ces épreuves de forces sont retranscrites à travers les différentes controverses qui marquent le réseau. C’est pourquoi, la dynamique du réseau est obtenue en identifiant les controverses. Pour ce faire, nous rappelons les trois critères retenus pour désigner une controverse :

• elle se déploie dans le réseau et est saisie par les acteurs ;

• elle suppose des porte-parole qui la véhiculent ;

• elle est supposée laisser des traces dans le réseau socio-technique, elle s’ancre autour d’intermédiaires. Dès lors, une controverse n’a été retranscrite que lorsqu’elle laisse des traces, conformément aux préconisations de Latour (2006).

Par conséquent, afin de retracer les controverses nous avons identifié quatre « marqueurs » de la controverse :

• sa nature, c’est-à-dire le sujet sur lequel elle repose ;

• les acteurs qu’elle implique ;

• les intermédiaires dans lesquels elle s’ancre,

• et sa clôture éventuelle, c’est-à-dire les décisions prises par les acteurs afin d’identifier s’ils sont parvenus à trouver un compromis.

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Le suivi des controverses s’effectue donc en lien avec le suivi des intermédiaires. Il nous est ainsi possible de retracer l’augmentation ou la diminution du nombre d’intermédiaires circulant entre les acteurs. Le tableau suivant nous permettra d’identifier les éléments qui caractérisent les controverses du réseau.

Tableau 27 : Eléments de la controverse

Eléments de la controverse Présentation des éléments de la controverse Sujet de la controverse CONTROV 1 -SUJET Acteurs de la controverse CONTROV 1 - ACTE X- Intermédiaires (Supports de la controverse) CONTROV 1- INTERM Clôture de la controverse CONTROV 1 - CLOT

A l’issue de l’identification de chacune des controverses et de leur condition d’émergence et de stabilisation, son impact sur le réseau est présenté grâce à l’élaboration d’une nouvelle matrice d’adjacence. Il est donc possible de représenter graphiquement pour chacun des cas la transformation du réseau, grâce à une représentation graphique de la dynamique réticulaire depuis la formation du réseau jusqu’à sa stabilisation ou son délitement.

4.2.2.

Validité et fiabilité du codage

Nous précisons que nous n’avons pas eu recours à un double codage. L’analyse des données repose sur notre seule interprétation. Toutefois, conformément aux recommandations de Forgues et Vandangeon-Derumez (2003), nous avons pu assurer la stabilité et la fiabilité du codage, en effectuant plusieurs codages à intervalles de temps différents.

De plus, les analyses réticulaires présentées dans la formulation de nos résultats (Chapitre 6 et 7) reprennent le détail des points ici présentés et permettent au lecteur d’avoir les éléments en mains pour s’assurer de la véracité de l’analyse menée.

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4.2.3.

Logiciel informatique mobilisé

Parmi la vingtaine de programmes informatiques disponibles et adaptés aux besoins des chercheurs qualitatifs (MAX, NUDIST, QUALPRO, NVIVO, etc.), nous avons opté pour le logiciel ATLAS/Ti. Plusieurs raisons nous ont conforté dans ce choix. Tout d’abord, selon plusieurs auteurs (Hlady-Rispal, 2002 ; Miles et Huberman, 2003), ce logiciel constitue un atout précieux en ce qu’il permet de mieux organiser, codifier, rechercher et présenter les données. Pour Hlady-Ripsal (2002) « les meilleurs logiciels pour l’analyse qualitative restent peu connus des chercheurs de langue française. Il s’agit notamment des logiciels Atlas-ti et Nud.ist […] les systèmes de codification de Altal-ti et Nud.ist ont été développés à partir de travaux de spécialistes de la théorie enracinée» (ibidem, p. 152). La convivialité et la facilité d’utilisation du programme sont également des qualités de choix, selon Miles et Huberman (2003). De plus, notre démarche de codage étant itérative, nous avons privilégié ce logiciel pour sa flexibilité car il permet d’enregistrer le travail au fur et à mesure de la progression. L’utilisation du logiciel ATLAS/Ti a facilité cette démarche itérative entre données et littérature et la manipulation considérable des données issues des deux études de cas longitudinales. Enfin, la maîtrise de ce logiciel par plusieurs membres de notre laboratoire de recherche a facilité notre appropriation de cet outil82.

Nous n’avons pas exploité toutes les potentialités de ce logiciel ATLAS/Ti et notamment celle de « concepteur de théorie » (Miles et Huberman, 2003). Il nous a cependant permis d’assurer une démarche rigoureuse de traitement et de présentation des données, grâce aux programmes de codification et d’extraction.

82 A ce titre, nous tenons à vivement remercier Melle Cécile Ayerbe, Maître de Conférences à l’IUT de Nice, et

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