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Choix méthodologiques et démarche générale de la thèse

Encadré 5 : Exemple de guide d’entretien en phase approfondie

4. Que pouvez-vous me dire sur le fonctionnement de la technologie ?

4.2. Le codage des données

La codification est un moyen de forcer le chercheur à comprendre ce qui n’est pas encore clair (Allard-Poesi, 2003), en attribuant notamment des noms aux évènements et faits imprévus et en essayant de les regrouper (Miles et Huberman, 2003).

4.2.1.

L’élaboration des codes : une méthode itérative

Chapitre 4. Choix méthodologiques et démarche générale de la thèse

de coder les journaux de bord78. En effet, les journaux de bord intègrent une grande partie des messages électroniques reçus et envoyés par les sociétés, messages que nous avons également souhaité coder. Le codage du journal de bord a nécessité deux travaux préliminaires. Tout d’abord, afin de sélectionner les passages pertinents en lien avec notre question de recherche, un travail de surlignage des données du journal de bord a été opéré. Ce premier travail a permis de réduire le volume des données à coder. Nous avons ainsi identifié les « déchets » au sens de Miles et Huberman (2003), c'est-à-dire les passages sans rapport avec la question de recherche. Ensuite, nous avons clairement et intelligiblement retranscrit les notes parfois saisies sur le vif. Par ailleurs, une partie seulement des documents a été codée, ceux nous permettant de saisir directement le fonctionnement des projets en interne (le contrat de partenariat pour le premier cas, et le cahier des charges pour le second) et le fonctionnement des ENT en général.

Nous avons retenu comme unité d’analyse l’unité de sens. Cette unité correspond généralement à une portion de phrase, une phrase ou un groupe de phrases ou un paragraphe, supposé renvoyer à un événement, un incident, une cause ou une caractéristique du phénomène étudié. En d’autres termes, ce ne sont pas les mots eux-mêmes mais leur signification qui nous ont intéressé. Le processus de codage peut être représenté de la façon suivante :

Figure 12 : Processus de codage des données

78

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Miles et Huberman (2003) distinguent trois méthodes d’élaboration des codes :

• le codage préétabli. Cette méthode consiste en l’élaboration d’une liste de codes préétablie à partir du cadre conceptuel et liée aux questions de recherche, avant même le travail de terrain ;

• le codage guidé par un plan général. Cette méthode se fonde sur la création d’un plan général de codage mentionnant les principaux domaines dans lesquels les codes seront intégrés. Le plan de codage présente différentes « rubriques » qui servent de base à la réflexion dans lesquelles les codes seront intégrés ;

• le codage établi après coup. De nature inductive, cette méthode préconise l’élaboration des codes directement à partir des données collectées, afin de faire émerger les catégories des différents contextes d’études.

Notre démarche relève davantage de cette troisième approche. En effet, nous n’avons pas dressé de listes de codes avant le travail sur le terrain, afin de ne pas éliminer a priori certains thèmes. Le premier cas étant exploratoire, nous avons souhaité adopter initialement une démarche ouverte d’approche sur le terrain. Cette méthode de codage semble s’inscrire alors dans les méthodes enracinées (Glaser et Strauss, 1967 ; Corbin et Strauss, 1993). Toutefois, si nous avons élaboré un premier « codage ouvert » des données récoltées (dans le journal de bord, les entretiens et certains documents), nous les avons rapidement confrontées à des modèles théoriques. De là, de nouveaux codes ont émergé, des codes thématiques à partir notamment de la théorie de l’acteur-réseau. Le terrain n’est donc pas à l’origine de la formulation d’un cadre théorique, mais terrains et théories ont interagi. Nous avons donc suivi une méthode itérative de codage en suivant les préconisations de Walsham (1995), en restant ouvert aux nouvelles conclusions du terrain : « il y a un danger pour le chercheur qui serait de voir uniquement ce que la théorie suggère ce qui empêcherait les nouveaux problèmes potentiels et les pistes d’exploration » (ibidem).

Ainsi, le codage des données a été marqué par deux grandes étapes, retranscrites dans le tableau suivant :

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Tableau 23 : Les deux étapes de l’élaboration des codes

Période Activités Support Présentation des Résultats

ETAPE 1 Mai 2004 –

juin 2005 « Codage ouvert »

Données issues du premier cas exploratoire • Bases de données chronologique (Cf. Tableau 23) • Premières listes de catégories à partir de codes « in vivo » (Glaser et Strauss (1967) (Cf. Tableau 25)

ETAPE 2 Juin 2005-

juillet 2006

Révision des codes Elaboration de codes thématiques Revue de la littérature interactionniste (l’approche de l’acteur-réseau)

Elaboration des matrices (Cf. Tableau 26)

Ainsi, la particularité de notre codage est qu’il emprunte deux méthodes : dans un premier temps, la méthode de la Grounded Theory avec l’élaboration d’un codage ouvert (Etape 1), puis dans un second temps la méthode recommandée par Miles et Huberman (2003) avec la révision des codes et l’établissement des codes thématiques (Etape 2).

4.2.1.1. Etape 1 - Le codage de premier niveau : un codage ouvert

Un premier codage inductif sans a priori des observations, est réalisé afin de faire émerger une liste des caractéristiques du projet étudié. Ce codage suit la méthode du codage ouvert de Strauss et Corbin (1998). Nous empruntons de la Grounded Theory cette première étape de « codage ouvert » sans que l’ensemble de l’architecture de la recherche soit fondé sur cette approche. A ce titre, Hlady-Ripsal (2002) souligne que l’étude de cas qualitative peut emprunter de nombreuses facettes de la Grounded Theory, l’appliquer au plus près ou simplement s’en inspirer tout en apportant des réserves ou des ouvertures méthodologiques. Notre choix initial s’est inspiré de ce type de codage car il offre une méthode systématique d’analyse permettant d’isoler les thèmes émergents. Si les auteurs de cette approche conseillent de s’immerger d’abord dans les faits afin de ne pas « forcer » les données dans des catégories préconçues, ils préconisent paradoxalement de disposer au préalable d’une perspective, d’une sensibilité théorique qui aide le chercheur à voir les données pertinentes et les catégories abstraites significatives. Les écrits de Glaser et Strauss (1967) précisent qu’il existe « une différence entre un « esprit ouvert » et une « tête vide » […], que le problème n’est pas tant d’utiliser ou non la littérature existante, mais la manière de le faire sachant que les théories que les chercheurs ont en tête les influencent, de fait, de multiples manières » (ibidem, p. 56). Toutefois, tout en tentant de conserver l’ouverture qui permet l’adaptabilité

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(Kaufmann, 2003), une première revue de la littérature a néanmoins été réalisée concernant notamment les liens entre technologie-organisation, puisque la demande initiale des praticiens était une étude sur la conduite du changement. De plus, comme le préconise Kaufmann (2003), une question a guidé le codage ouvert : la place et le rôle des prestataires privés dans ces projets.

Ainsi, en suivant les techniques de codification de Strauss (1987) et Strauss et Corbin (1990), durant cette première phase d’analyse, nous avons nommé et catégorisé un phénomène à partir de l’examen des données. Celles-ci sont réduites à leur expression la plus simple, elles sont examinées de près pour être comparées entre elles, afin de distinguer les ressemblances et divergences (les données sont classées en ensembles et sous-ensembles selon leur similarité). A côté de chacun des entretiens retranscrits, une partie des documents collectés (les contrats et schémas directeurs) et des journaux de bord rédigés, nous avons apposé des « étiquettes » et une liste s’est progressivement établie. Une première liste de codes a été élaborée, contenant 52 codes. Les étiquettes ont alors été passées en revue, et une catégorie plus abstraite a été attribuée à plusieurs faits fortuits ou observations. Les données ont été fragmentées en divers « incidents » qui nous ont d’ailleurs permis d’effectuer la base de données chronologique (Cf. point 4.1.3.).

Nous avons regroupé ces incidents sous forme de huit catégories (codes ouverts) : la technologie, les acteurs du projet, les acteurs périphériques, les acteurs externes, l’organisation du projet, le contexte du projet, les stratégies des acteurs et les objectifs du projet. Il est apparu différents types de projets, matérialisés par différentes expérimentations allant des expérimentations simples (par convention) à celles plus longues (par appel d’offres). De plus, il est apparu une forte hétérogénéité d’acteurs dans leur nature (public/privé), dans leur rôle dans le projet (décideurs, porteurs, développeurs, intégrateurs, usagers pilotes, administrateurs), mais aussi dans et hors du projet (les acteurs au cœur du projet, les acteurs en périphérie du projet, et les acteurs externes au projet). Enfin, les stratégies des acteurs privés ont également été différenciées : en fonction de leur périmètre (stratégie au cœur du projet et à l’extérieur du projet) et de leur mise en œuvre (simplification de la technologie opposée à intégration de la technologie). Ainsi, pour chaque catégorie des sous-catégories ont été déclinées et décrites en fonction de leur dimension ou degré.

Le tableau suivant présente les « codes ouverts » identifiés, en précisant les catégories, les sous-catégories et les éventuelles dimensions ou degrés affectés à chaque sous-catégorie.

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Tableau 24 : Première élaboration des « codes ouverts »

Codes in vivo Sous-Catégories Degré - dimension

Sa forme Clé en main/intégrée

Ses composants Modulaires

Sa maturité Technologie expérimentée / technologie à

concevoir

Son expérience Faiblement/fortement expérimentée

Son interopérabilité Faible/forte

TECHNOLOGIE

(TECHNO)

Son évolutivité Faible/forte

Porteurs de projet Gouvernance

partagée Nouvelle/éprouvée

Les développeurs/intégrateurs

Les exploiteurs Partenaire/prestataire (fournisseur) Les usagers pilotes Satisfaction/non satisfaction

Motivation faible/forte Les acteurs du rectorat Les conseillers TICE

Les administrateurs Rectorat ou collectivité

ACTEURS DU

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