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1.3.2 mais une sous-utilisation de la dimension relationnelle de l’ANT

2. L E R ESEAU T ECHNICO E CONOMIQUE (RTE) : COMPRENDRE L ’ ISSUE DES PROJETS EN RETRAÇANT LA FORMATION ET LA DYNAMIQUE DU RÉSEAU

3.1. Les apports de l’ANT et sa portée pour notre recherche

3.1.1.

Les apports de l’ANT

Sans pour autant nous enrôler dans le « groupement » des adeptes de la sociologie de l’acteur- réseau et faire table rase des acquis des sociologies opposées à la sienne39, à l’instar de Grossetti (2006), nous souhaitons tirer partie de certains de ses fondements. C’est pourquoi, nous nous concentrons sur les idées des chercheurs du CSI, sans approfondir la rhétorique de la « refondation des sciences sociales » dont les derniers travaux du CSI font l’objet40.

En fonction de ces prérogatives, comme nous l’avons souligné précédemment, l’intérêt majeur de la théorie de l’acteur-réseau est d’apporter une réponse claire à la dichotomie entre organisation et technologie (impliquées par les approches déterministes) sans pencher d’un côté ou de l’autre (comme dans les approches structurationnistes notamment). Cette théorie propose une position intermédiaire en se focalisant sur le processus à travers lequel le réseau socio-technique est créé. Flichy (1995) et Gringras (1995) s’accordent à reconnaître à l’ANT « le mérite d’avoir éliminé toute hiérarchie ontologique entre les différentes catégories utilisées pour rendre compte du réel ».

De plus, cette approche conteste les modèles linéaires de gestion technologique qui établissent des phases étanches entre la conception, la mise en œuvre et prennent pour acquis les impacts

39 et notamment la sociologie classique. 40

Nous ne sommes pas en mesure, de par notre cœur de compétences qui se situent en gestion, et malgré nos lectures approfondies dans le domaine, de critiquer les théories sociologiques classiques antérieures, mais de simplement observer les controverses dont elles font l’objet. De même que nous refusons la vision binaire imposée par Latour dans son ouvrage de 2006, car il ne nous apparaît qu’aucun groupe ne revendique le titre de « sociologie de la société », et que plus de deux groupes sont au cœur des controverses.

Chapitre 2. L’approche de l’acteur-réseau au fondement de notre cadre conceptuel

supposés de la technologie. Elle n’envisage pas l’artefact comme un simple réceptacle et s’intéresse au contexte et aux situations précises de ces processus (Chambat, 1994). L’utilisation « pratique » de cette théorie semble montrer des avantages indéniables (Rorive et Rocher, 2003 ; Rocher et Rorive, 2004).

Plus précisément et concrètement, le point suivant présente et décrit les raisons particulières de ce choix, et leur articulation dans le cadre de notre recherche.

3.1.2.

La portée de l’ANT pour notre recherche

Nous avons choisi de mobiliser les préceptes méthodologiques et théoriques de l’approche de l’ANT afin de décrire pour ensuite mieux comprendre les mécanismes à l’œuvre dans la conduite des projets TI. Ce modèle nous semble porteur dès lors que l’on s’intéresse à la mise en œuvre de solution technique puisqu’il permet de comprendre « comment l’innovation est adoptée, comment elle se déplace, comment elle se répand progressivement pour se transformer en succès » (Akrich et al., 1988a, p. 15).

Le choix porté sur l’ANT provient en grande partie de notre objet de recherche. Pour justifier ce choix et au regard des développements déjà effectués, nous reprenons ici la portée de l’ANT en lien avec les caractéristiques des projets étudiés, à savoir : la prise en compte de l’hétérogénéité des acteurs, l’analyse de l’intégralité du processus de mise en œuvre, le lien entre TI et organisation. D’autres raisons, plus secondaires, seront exposées par la suite.

 La reconnaissance et la prise en compte de l’hétérogénéité des acteurs

Pour l’approche de l’ANT, toute entité n’est jamais prédéterminée à l’avance et indépendante des autres entités qui l’entourent. Une entité n’existe donc que par les relations qu’elle entretient avec les autres entités. C’est la raison pour laquelle les catégories de type social/technique, humain/non humain ne sont que le résultat des associations entre entités diverses et non des points de départ avec lesquels les chercheurs doivent travailler. Dès lors, n’importe quel acteur, entité, groupe d’acteurs, objet, qui est relié aux autres peut ou doit être pris en considération (toute la difficulté réside alors dans la délimitation des frontières du réseau pour le chercheur).

Dès lors, la retranscription des réseaux formés par chacun des projets étudiés, nous permettra tout naturellement de rendre compte de l’hétérogénéité des acteurs et objets impliqués dans le projet et d’identifier les conséquences de cette hétérogénéité sur la conduite et la réussite des projets.

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 La prise en compte de l’intégralité du processus d’innovation et l’interaction de niveaux disjoints

La théorie de l’acteur-réseau conduit à envisager les interactions entre le contenu de la technologie, son contexte d’implantation et les différents acteurs concernés (Rorive et Lisein, 2005) et ce, qu’il s’agisse du développement de la technologie ou de son usage. L’ANT permet de relier les niveaux de réflexion et d’investigation habituellement disjoints : macro- social et micro-sociologique. En effet, le niveau « macro » n’est ni en-dessous ni au-dessus des interactions, il vient s’ajouter à elles, comme une autre connexion qui les alimente et s’en nourrit. Selon Latour (2006), l’approche de l’acteur-réseau « s’efforce de rendre le monde social aussi plat que possible afin de s’assurer que l’établissement de tout nouveau lien deviendra clairement visible » (ibidem, p. 29). Dans la théorie de l’acteur-réseau, les localités passent à l’arrière-plan et ce sont les chemins, les moyens de transport qui sont mis en avant (Latour, 2006). Par conséquent, le chercheur doit s’efforcer dans un premier temps, de « localiser le global » ou « recontextualiser le contexte » en reliant, par le biais du réseau, tous les acteurs entre eux. Une fois de plus, le sociologue ne doit pas se substituer aux acteurs, auxquels il faut accorder « la capacité de définir l’échelle relative des mondes dans lesquels ils sont impliqués » (Latour, 2006, p. 268). Puis, dans un second temps, il s’agit de « redistribuer le local » en soulignant que toute interaction est ancrée dans une multiplicité d’autres lieux, notamment du fait des facultés cognitives permettant aux acteurs d’interpréter l’environnement dans lequel ils se situent.

L’approche de l’ANT nous permettra de retracer le processus de mise en œuvre, la conception de la TI, son lancement et son déploiement, en prenant en considération, tant le « contexte » institutionnel que local.

D’autres raisons ont motivé son choix, notamment la finesse de description qu’elle offre au chercheur.

 La finesse de la description du processus d’innovation proposée par l’ANT et la compréhension aboutie qu’elle permet

L’approche de l’ANT permet de (re)tracer et de décrire l’itinéraire du projet d’innovation technologique d’une façon tout à fait particulière, dans la mesure où elle implique de comprendre les bonnes raisons qu’ont les acteurs de faire ce qu’ils font, et donc de focaliser l’attention du chercheur sur les interactions des acteurs humains entre eux et avec les objets. Il

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suffit de suivre les interactions pour montrer la construction du réseau socio-technique, sans avoir recours à de grandes causes explicatives de type déterministe (motivation, pouvoir, confiance, culture, etc.). De plus, l’ANT impose de retranscrire le processus « à chaud », sans faire intervenir dans l’explication, les éléments qui ne furent connus qu’en fin de parcours. Les recommandations de Callon (1986) et Akrich et al. (1988a et b), nous poussent donc à faire preuve de suffisamment de tolérance et d’agnosticisme pour comprendre les décisions prises qui, sur le coup, semblaient acceptées par tous, et ne pas les considérer comme mauvaises après coup. Elle impose de suivre les acteurs sans se vouer à des explications déterministes.

En conformité avec les auteurs de l’ANT, nous nous attacherons à :

• suivre les acteurs au plus près ;

• retracer les relations les plus solides ;

• retranscrire les démarches de traduction.

3.2.

Sa mobilisation dans notre recherche : retracer le réseau et identifier

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