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Intégrer les trois modes d'interventions sanitai- sanitai-res

Saison des pluies

4. Les soins de santé primaires (SSP) en zones pas- pas-torales

4.5. Intégrer les trois modes d'interventions sanitai- sanitai-res

Le fonctionnement des soins de santé primaires en zone nomade exige la présence et le fonctionnement de structures sanitaires fixes. Il est irréaliste de penser organiser des SSP dont les AS nomadiseraient autour d'un support mobile lui aussi. Il faut des points fixes de référence et de permanence avec, si possible, un appui mobile. Les AS, les structures sanitaires fixes et les équipes mobiles constituent trois types d'interven-tions complémentaires ne pouvant se substituer les unes aux autres. Nous avons vu que même lorsque les structures fixes existent (Niger), elles sont largement sous-utilisées par les éleveurs. Quant à la couverture effective assurée par les équipes mobiles, elle est faible et très onéreuse. D'où la nécessité de développer un réseau d'AS nomades entre les dispensaires. Seuls les SSP permettront d'étendre la couverture sanitaire à un prix acceptable et seuls les AS, éleveurs eux-mêmes, accepteront de vivre les dures conditions des zones pastorales sahéliennes. Il est illusoire de penser que la mise à disposition des dispensaires de gros moyens encourageront les infirmiers à sortir fré-quemment en brousse. Un programme mettant l'accent sur l'accueil et la formation continue des AS au dis-pensaire, couplés à des sorties de temps en temps, a beaucoup plus de chances de réussir. Un réseau dense d'AS entre les dispensaires permettra d'étendre les soins de base, tout en resserrant petit à petit les liens entre les éleveurs et les formations sanitaires en place.

En ce qui concerne les vaccinations, une nouvelle approche impliquant les éleveurs eux-mêmes, au tra-vers des AS, est à rechercher, comme le programme d'action en 5 points du PEV le préconise. Dans un premier temps, on développera un réseau d'informa-tion en brousse via les AS éleveurs, capable d'infor-mer l'infirmier du dispensaire le plus proche. Ce der-nier sera le relais entre les AS et l'équipe mobile.

Celle-ci interviendra en collaboration avec l'infirmier et les AS afin d'identifier et de délimiter clairement la zone d'intervention. Les chefs traditionnels doivent également être impliqués.

FIGURE 6.9: L’agent de santé range et transporte matériel et médicaments dans des sacs de cuir spécialement conçus.

35 cm

Cloisonnement de cuir pour rangements des boîtes et flacons Cuir triple épaisseur Cuir double épaisseur

Plan

15 cm10 cm

60 cm

Cuir double épaisseur Poignée de cuir Lacet pour fermer le sac

FIGURE 6.10: Schéma d’un sac en cuir pour le transport du matériel et des médicaments de l’agent de santé

A supprimer ??

FIGURE 6.11: Les sacs de cuir s’adaptent parfaitement aux déplacements à dos de dromadaire

On s'emploiera à obtenir la participation active des éleveurs en leur demandant d'amener leurs enfants à certains lieux de vaccination (puits, route, village), afin de faciliter le travail des vaccinateurs.

Une meilleure compréhension de l'épidémiologie des maladies fréquemment rencontrées en zone pastorale devrait permettre de savoir dans quelle mesure des actions ponctuelles menées rapidement permettraient de circonscrire et d'arrêter la progression d'une épidé-mie de rougeole ou de méningite. Si tel était le cas, l'équipe mobile porterait surtout son effort sur la rapi-dité et la régularité des interventions appropriées dès qu'elles sont requises. L'AS tiendrait dans un tel pro-gramme le rôle important de relais entre les éleveurs et les services de santé, en temps qu'informateur et facili-tateur des interventions.

Les liens avec les AS et les infirmiers seront resserrés afin d'intégrer progressivement les vaccinations aux activités du dispensaire. Une telle intégration, visant à atteindre les éleveurs, pourrait se concentrer au début sur la vaccination antitétanique des femmes enceintes, au dispensaire. Par la suite, lorsque le réseau de secou-ristes éleveurs sera étendu et que les canaux de com-munication et de notification des cas se seront déve-loppés, des campagnes à plus grande échelle pourront être organisées avec l'introduction des vaccins nécessi-tant plusieurs injections. Par ailleurs, on peut espérer que, progressivement, les éleveurs viendront sponta-nément faire vacciner leurs enfants au dispensaire. Il est donc important d'intervenir en brousse et de déve-lopper les vaccinations dans les dispensaires locaux simultanément. D'autre part, étant donné que les servi-ces vétérinaires procèdent chaque année à la vaccina-tion des troupeaux en brousse, il serait utile de voir dans quelle mesure des interventions conjointes se-raient réalisables, afin de réduire les frais que de telles sorties engendrent.

CONCLUSION

Si l'on veut éviter que d'immenses régions arides im-propres à l'agriculture se dépeuplent et que les éle-veurs nomades grossissent le flot des ruraux qui vien-nent s'agglomérer dans les villes sans que celles-ci puissent leur offrir des emplois, il est grand temps d'ouvrir l'accès des différents services gouvernemen-taux aux éleveurs.

Dans de nombreux pays sahéliens, l'élevage est une source de revenus importante pour le pays. Aussi, une part du bénéfice qu'en retire l'Etat doit-il revenir aux éleveurs, pour améliorer leurs conditions de vie et leur offrir une situation qui les encourage à rester dans ces régions où seul l'élevage est possible.

Trop longtemps ignorées lorsqu'il s'agit de les faire bénéficier des soins de santé depuis longtemps dispo-nibles en zone urbaine ou agricole, il est temps de développer des stratégies adaptées à ces régions, d'au-tant que l'expérience montre que les activités

essentielles sont réalisables à un coût acceptable.

Le développement d'une telle stratégie implique une bonne connaissance du mode de vie des éleveurs, de leurs problèmes sanitaires et des caractéristiques épi-démiologiques des régions arides. Or, fort peu de données existent dans ce domaine. Un vaste champ de recherche reste ouvert. D'autre part, l'organisation et la gestion des soins telle qu'elle est pratiquée dans les villages ou les villes, ne peuvent être appliquées telles quelles. Une approche nouvelle adaptée aux condi-tions locales est à rechercher. Nous avons essayé d'en tracer quelques caractéristiques, afin d'aider ceux qui seront confrontés à ces problèmes.

REFERENCES SELECTIONNEES

Bernus E. Touaregs nigériens, unité culturelle et diversité régionale d'un peuple pasteur. Mémoires ORSTOM no94, Paris, 1981.

Harris D.R. Human ecology in savanna environments. London, Academic Press, 1980.

Hill A.G. Population, santé et nutrition au Sahel. London, KPI Ltd, Routledge et Kegan Paul, 1985.

Sandford S. Management of pastoral development in the third world. ODI, London. J. Wiley & Chicester, 1983.

Chapitre 7