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Création de conditions propices à l'apprentis- l'apprentis-sage

Morbidité ressentie

DIRECTIVES POUR LA FORMATION DES AGENTS DE SANTE COMMUNAUTAIRE (1)

1. Création de conditions propices à l'apprentis- l'apprentis-sage

(1) Cette annexe est adaptée de l'ouvrage intitulé L'Agent de Santé Communautaire, guide pratique, directi-ves pour la formation, directidirecti-ves pour l'adaptation. OMS, Genève, 1987. Voir également : Guilbert J.J.

Guide pédagogique pour les personnels de santé. Genève, 1990 (OMS, publication offset no 35, édition révisée); Abbatt, F.R. Enseigner pour mieux apprendre. OMS, Genève (en réimpression).

1. Création de conditions propices à l'apprentis-sage

1.1. Ce que doit faire l'enseignant

Avant le début de la formation, l'enseignant doit ap-prendre à connaître ses élèves. Il faut qu'il sache qui ils sont, d'où ils viennent et quelle est leur formation antérieure, tant scolaire que professionnelle. Par des moyens classiques, il doit vérifier ce que chacun sait déjà, par exemple sa capacité à lire et à écrire et ses connaissances en matière de soins de santé. De la sorte, l'enseignant sera mieux à même de s'adapter aux connaissances et capacités antérieures des élèves et à leur capacité d'apprentissage.

On peut imposer un minimum de qualifications pour l'admission des élèves au programme (par exemple, un niveau d'instruction primaire, la capacité de lire et d'écrire dans la langue vernaculaire, ou un âge mini-mum). Une façon de mieux connaître les élèves consiste à les faire parler eux-mêmes de leurs exp é-riences respectives. En même temps, les élèves peu-vent confronter leurs expériences et l'enseignant dé-couvre du même coup ce que les élèves attendent du programme de formation. Cette période d'adaptation ou d'orientation peut durer quelques jours, éventuel-lement plus.

L'enseignant a ensuite quatre tâches essentielles. Tout d'abord, il doit connaître parfaitement les tâches en vue desquelles les élèves vont être formés et il doit parfaitement faire comprendre à ces derniers ce qu'ils vont avoir à apprendre. Dans le présent ouvrage, les objectifs sont récapitulés au début de chaque module sous le titre Qu'allez-vous apprendre? de façon que l'élève sache exactement de quoi il sera capable après avoir étudié le module correspondant. Les autorités sanitaires et le corps enseignant peuvent fixer d'autres objectifs, s'il existe localement d'autres problèmes et

fonctions auxquels il convient de former les agents de santé communautaires.

L'enseignant doit ensuite décider de quelle façon pré-cise il va s’assurer que ses élèves ont bien appris ce qui était prévu. En général, on fait passer pour cela des épreuves, à la fin de chaque module et à la fin du stage global de formation. En règle générale, la meilleure façon de procéder consiste, pour l'enseignant, à sur-veiller les élèves (stagiaires) pendant qu'ils accomplis-sent telle ou telle tâche et à comparer leur façon de procéder avec une liste de contrôle établie avant le démarrage de la formation.

Demander à un élève d'expliquer oralement ou par écrit comment faire fonctionner un filtre à eau ou faire un accouchement ne constitue certes pas la meilleure façon d'apprécier sa capacité réelle à accomplir ces tâches.

En troisième lieu, l'enseignant doit réunir des condi-tions permettant à l'élève de pratiquer la tâche atten-due de lui jusqu'à ce qu'il soit capable de l'exécuter correctement; les conditions doivent être semblables à celles qu'il rencontrera dans son travail ultérieur. Pour chacun des ces objectifs fixés au début du module, l'enseignant doit préparer un exercice ou un certain nombre d'exercices différents permettant à l'élève d'apprendre à exécuter la tâche correspondante. Pour la plupart des actes ou groupes d'actes à effectuer, l'élève doit avoir la possibilité de les pratiquer à plu-sieurs reprises, aussi longtemps qu'il le faut, pour atteindre le niveau requis.

Ensuite, il faut que l'enseignant contrôle l'exécution de la tâche par l'élève par rapport à la liste établie au préalable et qu'il juge si le niveau d'exécution atteint est ou non acceptable. Si l'élève n'arrive pas à faire ce qu'on attend de lui, il faut que l'enseignant lui explique les raisons de son échec et lui offre de nouvelles occa-sions de s'entraîner.

Lorsqu'il a lui-même une certaine expérience de cha-que module, l'enseignant peut en principe dire s'il convient de modifier ou d'abandonner certains objec-tifs, d'en ajouter d'autres ou d'améliorer les conditions d'apprentissage mises à la disposition des élèves; en outre, il peut juger de la bonne adéquation des épreu-ves utilisées pour apprécier la performance des élèépreu-ves.

De la sorte, on peut améliorer le programme de forma-tion.

1.2. Les conditions d'apprentissage

On notera que l'exposé des objectifs fixés pour chaque module commence par la phrase: "Après avoir terminé l'étude du présent module, vous devriez être capable de..." C'est dire que l'accent est mis sur la capacité de faire quelque chose, de s'acquitter d'une tâche déter-minée et non pas tellement d'acquérir des connaissan-ces ou de les mémoriser. Certaines des tâches à ensei-gner sont simples, d'autres fort complexes. Seule une pratique répétée sous surveillance peut permettre aux élèves d'apprendre et d'atteindre un niveau acceptable de performance en référence aux normes admises. Il faut que l'enseignant connaisse les méthodes d'appren-tissage actif qui initient l'élève à faire, à exécuter l'ac-tion qu'on attend de lui.

Comme l'institution ou l'organisme qui assure la for-mation, il a notamment pour fonction de réunir les conditions permettant à la totalité des élèves de s'en-traîner sous surveillance jusqu'à l'obtention d'une maîtrise acceptable.

Le stage de formation, quelle qu'en soit la durée, doit consister pour l'essentiel en un cours pratique permet-tant aux élèves de s'entraîner concrètement à des fonctions de complexité croissante.

Une formation pratique de ce type doit se dérouler dans le cadre d'un centre de santé, d'une communauté ou d'un groupe de familles où les élèves puissent s'en-traîner sous surveillance. Cependant, il n'est pas tou-jours possible ou nécessaire, ni même souhaitable, de disposer pour la formation d'un véritable centre de santé, spécialement tant que l'élève n'a pas acquis la maîtrise des tâches élémentaires. Par exemple, l'ensei-gnant ne doit pas autoriser l'élève à s'exercer sur un malade ni sur toute autre personne, lorsqu'il com-mence à apprendre à faire une injection. Il peut, par exemple, lui demander de s'entraîner sur un objet comme une orange ou une balle en caoutchouc. Pour certaines autres tâches, les élèves peuvent s'entraîner les uns sur les autres, par exemple pour prendre le pouls, prendre la température, poser un bandage ou mener une enquête sur des problèmes de santé. Par suite, des salles de classe ou des laboratoires sont également nécessaires pour que les élèves puissent apprendre avant de commencer à travailler directe-ment avec des malades et leurs familles. Pour ce type de formation, il faut constituer des groupes de travail suffisamment peu nombreux pour que chaque élève ait la possibilité de s'entraîner aux tâches qui seront les siennes.

1.3. Du simple au complexe

En règle générale, il faut enseigner les tâches simples avant les tâches complexes. Au niveau communau-taire, des activités complexes en matière de soins de santé consistent en la juxtaposition de plusieurs tâ-ches. Le bon enseignant est capable de décomposer une activité complexe en éléments simples (tâches) et d'aider les élèves à procéder en sens inverse, c'est-à-dire assembler les éléments simples en activités com-plexes.

Si les élèves mettent plus de temps à apprendre les tâches simples, il faut prévoir un plus grand délai pour des activités complexes. Bon nombre de ces dernières exigent, pour être maîtrisées, une expérience profes-sionnelle effective après la fin du stage de formation.

Parfois, les élèves sont obligés de suivre plusieurs stages avant d'être capables de mener à bien de telles activités.

Les compétences acquises disparaissent progressive-ment si l'élève n'a pas l'occasion de pratiquer assez régulièrement. Il faut donc, lorsque les agents de santé communautaire retournent au centre de formation pour apprendre de nouvelles tâches, saisir cette occasion pour améliorer leurs compétences (recyclage) en leur donnant la possibilité de pratiquer de nouveau des tâches déjà apprises. Il est beaucoup plus facile et beaucoup moins long d'apprendre à refaire une tâche qu'on connaissait bien autrefois, mais qu'on n'a pas pratiquée depuis longtemps, qu'une tâche nouvelle.

Le système de formation doit, dans toute la mesure du possible, permettre aux stagiaires d'alterner les pério-des de pratique dans la communauté et dans les anten-nes sanitaires et les périodes d'apprentissage et de recyclage dans un centre de formation, avant de com-mencera à leur faire mettre la théorie en pratique.

1.4. Exemple d'une fonction complexe : collaborer avec d'autres secteurs de développement

Face à un problème, pratiquement personne n'est complètement désarmé : chacun peut faire quelque chose pour lui-même ou, par exemple, pour son en-fant. Il faut que l'ASC puisse apprendre à ceux qui l'entourent à faire davantage pour eux-mêmes. Mais l'ASC ne peut faire que ce qu'il a appris à faire, de sorte que, face à un problème dont il ignore la solu-tion, il doit rechercher l'aide de personnes compéten-tes. Si le problème est d'ordre pathologique, il s'adres-sera, par exemple, à un infirmier ou à un assistant médical : si certaines familles n'ont pas suffisamment à manger après une récolte médiocre, il pourra consul-ter le conseil de village, un fonctionnaire du dévelop-pement communautaire ou un fonctionnaire des servi-ces agricoles; autre exemple : en présence d'un puits pollué, il pourra être obligé de faire appel à un inspec-teur sanitaire ou à un technicien de l'assainissement.

C'est ce qu'on appelle le travail d'équipe. Cette façon de travailler est indispensable à cause de l'extrême diversité des problèmes de santé dont la solution

né-cessite le recours à des spécialistes. Pour faire sa part de travail, il faut que l'ASC comprenne en quoi l'ac-tion de ces autres agents communautaires peut contri-buer à améliorer la santé de la population et qu'il sache travailler avec eux de la meilleure façon possible.

Apprendre à travailler en équipe constitue un appren-tissage comme un autre. L'ASC ne peut apprendre à exécuter des tâches relevant du travail d'équipe que s'il acquiert une pratique réelle en travaillant effective-ment dans une équipe. Les enseignants peuvent aider les stagiaires en discutant avec eux de l'expérience qu'ils ont eux-mêmes acquise en travail d'équipe. Il faut donc que l'enseignant prévoie la possibilité pour ses élèves, en cours de stage, d'observer des équipes de santé au travail et d'exécuter eux-mêmes des tâches exigeant un travail d'équipe, aussi bien au sein d'une équipe de soins de santé que d'une équipe multi pro-fessionnelle réunissant, par exemple, des agents de santé, des maîtres d'école, des travailleurs agricoles et des spécialistes du développement communautaire.

L'enseignant doit, en outre, faire tout son possible pour qu'une partie de la formation se déroule avec des équipes avec lesquelles les stagiaires travailleront effectivement par la suite.

1.5. Développement des capacités d'apprentissage de l'élève

L'une des fonctions de l'enseignant est d'aider l'élève à devenir un autodidacte, c'est-à-dire quelqu'un qui soit capable de continuer à apprendre par lui-même sans le recours d'un enseignant, en étudiant dans des manuels et en apprenant par l'expérience. Pour cela, il faut que l'enseignant s'assure que chacun de ses élèves sait lire et écrire, suffisamment du moins pour pouvoir travail-ler avec des guides élémentaires. Il peut donc être nécessaire de vérifier cette aptitude à lire et à écrire avant le démarrage du stage ou au début du stage et il faut aider les élèves à rattraper le retard éventuelle-ment constaté sur ce point.

A cet égard, il faut que l'enseignant s'efforce tout particulièrement de familiariser les élèves avec le style adopté ici. Bien que ce style soit très simple, il risque de déconcerter de nombreux élèves. C'est ainsi que, très souvent, les phases commencent par un tronc commun et continuent par plusieurs branches. La phase qui suit illustre ce mode de rédaction :

« Les fonctions incombant à un enseignant sont multiples :

- être à la disposition des élèves quand ils ont besoin de lui, - définir correctement les objectifs de l’apprentissage, - préparer des aides pédagogiques,

- contrôler le travail des élèves, - suivre le progrès des élèves, - donner l’exemple, etc. »

tronc commun

branches

La méthode ainsi adoptée vise à éviter les longues phrases. Les enseignants constateront qu'une fois habitués à ce style, leurs élèves trouveront des textes tels que celui-ci très faciles à utiliser.

En plus de savoir lire et écrire, il faut que les élèves sachent compter. Plus précisément, ils doivent se servir de nombres dans leur travail, par exemple, pour faire des calculs, tenir des états statistiques élémentai-res et établir des graphiques. L'enseignant doit donc s'assurer que les élèves ont une connaissance suffi-sante de l'arithmétique élémentaire pour faire leur travail et pour continuer à apprendre par eux-mêmes.

De même, il faut que les élèves soient formés à inter-préter et utiliser les nombres correctement, à faire des calculs simples et à utiliser des paramètres statistiques élémentaires, tels que des taux.

L'enseignant ne doit jamais considérer comme allant de soi que ses élèves sachent suffisamment bien lire, écrire et compter; s'il ne leur donne pas une chance de s'améliorer, il ne doit jamais tirer argument de leur ignorance sur ce point pour les éliminer ou les recaler.

Les élèves doivent être capables d'exécuter les tâches attendues d'eux, tant sur le plan physique que sur le plan intellectuel. Il faut qu'ils aient la volonté d'ap-prendre et de bien faire. Une bonne santé est en outre indispensable pour qu'ils soient de bons élèves et de bons agents de santé, sans risquer de transmettre une maladie à d'autres élèves ou aux membres de la com-munauté.

Les élèves doivent prendre de bonnes habitudes et utiliser de bonnes méthodes pour étudier. Une façon d'apprendre à bien étudier consiste, pour l'enseignant, à leur confier la responsabilité d'une partie importante de la matière enseignée. L'enseignant doit leur ap-prendre à contrôler leurs propres progrès et à utiliser les ressources du centre de formation (livres, équipe-ment, autres élèves, enseignants, surveillants, agents de santé) quand ils ont besoin d'aide ou ont du mal à apprendre. En présence d'élèves au caractère indépen-dant, l'enseignant doit les encourager à apprendre par eux-mêmes en leur laissant une certaine liberté, spé-cialement au niveau de l'exécution. D'autres élèves sont de tempérament passif, attendent de l'enseignant

qu'il leur dise tout, c'est de cette façon qu'ils ont appris à l'école. L'enseignant doit toujours s'opposer à cette tendance. Il doit encourager ses élèves à agir par eux-mêmes et les récompenser lorsqu'ils adoptent cette attitude. Les élèves ne doivent pas être découragés par leurs erreurs commises, car c'est en se trompant qu'on apprend.

L'enseignant ne doit jamais oublier que l'apprentissage est un processus individuel : chacun peut avoir sa façon d'apprendre.

Il y a un autre type d'aptitude, qu'il faut absolument acquérir pour travailler efficacement : ce sont les apti-tudes à communiquer avec l'autre, en d'autres termes la capacité d'avoir des relations faciles, mais respec-tueuses et fermes avec les autres - qu'il s'agisse des individus et des familles, des chefs de la communauté et des autres agents des services de santé. En dévelop-pant ses aptitudes à communiquer, l'ASC devient mieux à même d'écouter attentivement les autres, de les encourager à dire ce qu'ils veulent et de surmonter tout sentiment de gêne ou de culpabilité en parlant d'un problème de santé personnel. Les élèves doivent pouvoir faire la distinction entre ce qui est important et ce qui ne l'est pas et ils doivent apprendre à se rap-peler les points importants dans ce qui leur est dit.

L'enseignant doit arriver à connaître ses élèves indivi-duellement en observant leur comportement pendant qu'ils travaillent en groupe et en s'entretenant avec chacun d'eux. Dans chaque exercice impliquant une relation entre les élèves et d'autres personnes (par exemple, d'autres élèves lors de discussions de groupe), des patients et des membres de leurs familles ou d'autres agents de santé, une fonction importante de l'enseignant ou du surveillant consiste à observer la façon dont chaque élève réagit et communique avec les autres et à donner à ceux qui ont des difficultés à communiquer davantage d'occasions de pratiquer.

L'enseignant doit réserver une partie de son temps à des entretiens individuels avec les élèves sur ce sujet.

Les élèves qui ont des difficultés sur le plan de la communication peuvent tirer profit d'une attention particulière, spécialement s'ils manquent de confiance dans leurs rapports avec les autres. Parfois, il faut qu'ils soient mis très progressivement dans des situa-tions qui sont pour eux une cause d'anxiété et de contrainte. L'enseignant doit faire en sorte qu'ils ne soient pas soumis à des contraintes excessives au premier stade de leur formation et les encourager en soulignant leurs progrès à communiquer avec d'autres.

Parallèlement, l'enseignant doit surveiller les élèves qui semblent trop confiants et établissent trop facile-ment des relations mais qui, peut-être, manquent de discrétion. Ces deux catégories d'élèves peuvent avoir des difficultés à acquérir l'aptitude à communiquer qui est indispensable à leur travail.

Parfois, il arrive qu'un élève éprouve de telles diffi-cultés à travailler avec les autres (par exemple, parce qu'il est trop agressif, ou replié sur lui-même) que les

enseignants et les surveillants sont amenés à constater que les fonctions d'agent de santé communautaire ne lui conviennent pas. Il arrive qu'on puisse former ce type d'élève à d'autres tâches relevant du domaine sanitaire, par exemple, à des travaux de laboratoire ou de maintenance.