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Inscriptions disciplinaires

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Cette th`ese s’inscrit dans plusieurs champs d’´etude, en sociologie et en histoire : ´

etudes de genre `a la crois´ee des ´etudes sur la contraception et l’avortement et sur les technologies reproductives, histoire et sociologie des sciences et des techniques et de l’industrie pharmaceutique, socio-histoire, sociologie de l’expertise et des pratiques professionnelles.

Elle se r´eclame premi`erement des ´etudes de genre, dans la mesure o`u elle permet d’interroger la mise en place d’une ´evidence autour d’une technologie ´

eminemment genr´ee. Dans la lign´ee des travaux historiques et sociologiques, en d´emographie et en sant´e publique sur la contraception, qui s’int´eressent `a la diffusion des diff´erentes m´ethodes et aux acteurs·trices impliqu´e·e·s dans cette diffusion (Leridon, 1987; Leridon et al., 2002; Bretin, 1992; Bajos et al., 2002; L¨owy et Weisz, 2004; L¨owy, 2011, 2012; Moreau et al., 2014), cette th`ese s’inscrit ´

egalement dans le d´eveloppement, depuis quelques ann´ees, de questionnements `a la crois´ee des ´etudes de genre et des questions de reproduction et de limitation des naissances (Bajos et Ferrand, 2004; Amsellem-Mainguy, 2007; Mathieu et Ruault, 2014; Ruault, 2017; Ventola, 2016, 2017; Thom´e, 2016, 2019; Claro, 2018; Rouzaud-Cornabas, 2019)22. Ces travaux ont notamment permis de questionner le caract`ere genr´e de la responsabilit´e contraceptive (Le Guen et al., 2015; Thom´e, 2016; Thom´e et Rouzaud-Cornabas, 2018; Thom´e, 2019; Rouzaud-Cornabas, 2019), et la naturalisation de cette responsabilit´e (Ventola, 2014, 2016; Ruault, 2015). Une attention aux rapports sociaux de sexe et `a d’autres rapports de pouvoir au sein des diff´erents champs que nous ´etudions est d´eploy´ee dans les diff´erents

pour d´esigner ce dispositif. 21. Arrˆet´e du 3 novembre 1972.

22. Ma th`ese a notamment b´en´efici´e de nombreuses discussions au sein du laboratoire Contra- ception&Genre, que nous avons fond´e en 2017, et qui r´eunit les jeunes chercheuses·eurs en ´etudes de genre qui travaillent sur la contraception, dans des perspectives et disciplines vari´ees (histoire, sociologie, d´emographie, ethnologie, sant´e publique). Je tiens ainsi `a remercier mes coll`egues du laboratoire junior pour la richesse de nos ´echanges au cours des trois derni`eres ann´ees, dont cette th`ese a grandement b´en´efici´e.

chapitres de cette th`ese. Dans la sph`ere de l’expertise comme dans la sph`ere professionnelle (m´edicale), au sein de la relation m´edicale mais aussi dans la sph`ere productive, comment ces rapports de pouvoir s’expriment-ils, pour in fine faire de la contraception un enjeu de genre tr`es marqu´e, et pour faire de la pilule une responsabilit´e naturalis´ee des femmes ?

En outre, les hormones dites « sexuelles » qui composent les contraceptifs oraux font l’objet d’une naturalisation qui vient r´eaffirmer la diff´erenciation des sexes biologiques. Les hormones « mˆales » et « femelles » permettent ainsi de r´eaffirmer, au niveau mol´eculaire, la distinction entre « hommes » et « femmes », et caract`eres « masculins » et « f´eminins », faisant des œstrog`enes et progestatifs qui composent la pilule un produit permettant de r´eaffirmer la fronti`ere entre corps de femmes et corps d’hommes (Oudshoorn, 1998; Gaudilli`ere, 2003; L¨owy, 2006). Plusieurs travaux sugg`erent toutefois que cette distinction entre hormones « femelles » et « mˆales » est assez peu pertinente pour comprendre les m´ecanismes et les ph´enom`enes biologiques qui sous-tendent ces mol´ecules, et que cette distinction rel`eve plus d’une id´eologie que d’une d´emarche scientifique (Oudshoorn, 1998; L¨owy, 2006; Fausto-Sterling et al., 2012; Jordan-Young, 2016). En cela, cette th`ese s’inscrit dans un champ d’´etude `a la crois´ee des ´etudes f´eministes ou de genre et de l’histoire et de la sociologie des sciences et des techniques, une tradition de recherche plus largement port´ee par la critique f´eministe des sciences (Keller, 1985; Martin, 1987; Fausto-Sterling, 2000; Fausto-Sterling et al., 2012; Gardey et L¨owy, 2000; Gardey, 2013; Gardey et Vuille, 2018; L¨owy, 2006; L¨owy et al., 2014; Jordan-Young, 2016). Elle interroge dans quelle mesure cette technologie qu’est la pilule et sa diffusion sont aussi construites comme des mani`eres de contribuer `a la « fabrique mol´eculaire du genre » (Gaudilli`ere, 2003).

Rejoignant un questionnement plus large d’histoire des sciences et des tech- niques, cette th`ese s’int´eresse `a la circulation des technologies contraceptives, `a leur production par les industries pharmaceutiques, `a leur circulation et `a leur r´egulation dans le cadre de march´es et, plus g´en´eralement, `a la trajectoire sociale de ces produits (Oudshoorn, 1993, 1994, 2003; Gaudilli`ere et Cassier, 2000; Gaudilli`ere, 2003, 2010; Gaudilli`ere et Thoms, 2013; Goodman et Walsh, 2001; Cassier, 2005; Bonah et Gaudilli`ere, 2007; Hauray, 2007; Chauveau, 2011; Ortiz-G´omez et Santes- mases, 2014; Ravelli, 2015; Sanabria, 2016; Rusterholz, 2017b, 2019; Olszynko-Gryn et al., 2018). Ce champ de recherche a notamment permis de mettre en ´evidence les nombreuses circulations entre scientifiques, int´erˆets industriels, acteurs·trices militant·e·s, pouvoirs publics, et consommateurs·trices. Si ma perspective n’est pas exactement celle de l’anthropologie du m´edicament (Goodman et Walsh, 2001; Whyte et al., 2002; Sanabria, 2009; Hardon et Sanabria, 2017; Ravelli, 2015), je

retiens de ces recherches l’id´ee de trajectoire d’une cat´egorie de produits, que l’on peut suivre dans diff´erents espaces pour rendre compte de leurs significations sociales pour tel ou tel groupe d’acteurs·trices.

Ma perspective rel`eve ainsi davantage d’un questionnement socio-historique qu’ethnographique (Noiriel, 2006; Lemercier et Zalc, 2007; Buton et Mariot, 2009).

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Etudier la gen`ese d’une norme renvoie en effet `a une d´emarche historique, qui reste toutefois attentive aux rapports de pouvoir qui contribuent `a d´efinir le cadre des pratiques contraceptives. `A la recherche des traces des acteurs·trices qui participent `a fa¸conner la norme contraceptive, cette th`ese repose ainsi sur des mat´eriaux qui sont plus familiers pour l’historien·ne (archives, r´ecits de vie et entretiens biographiques), mais qui sont analys´es dans une perspective sociologique, pour rendre compte du fa¸connement de pratiques et de repr´esentations sociales, de la l´egitimit´e qu’ont les acteurs·trices pour influer sur ces pratiques et ces repr´esentations.

Cette th`ese se rapproche enfin des travaux en sociologie de l’expertise, qui s’interrogent sur comment sont d´esign´es et identifi´es les expert·e·s, et comment leur expertise op`ere en lien avec d’autres acteurs·trices (Buton, 2006; Hauray et Urfalino, 2007; Boudia, 2008; Revillard, 2009; Paicheler, 2010; Pomi`es, 2015), ainsi que des travaux en sociologie des professions et de la m´edecine, qui s’int´eressent `

a l’affirmation d’une identit´e professionnelle, et aux rapports de pouvoir au sein d’une profession, par opposition `a et en lien avec d’autres sp´ecialit´es ou d’autres secteurs professionnels proches, ou encore aux pratiques prescriptives des m´edecins et `a leurs liens avec les industries pharmaceutiques (Freidson, 1970; Herzlich et al., 1993; Picot, 2005; Castel et Robelet, 2009; Greene et Podolsky, 2009; Greene et Watkins, 2012; Bloy et Schweyer, 2010; Bloy, 2011; Bloy et Rigal, 2012; Sismondo, 2013; Ventola, 2014).

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