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CHAPITRE 5 PRÉSENTATION DU CORPUS

5.1 Contexte familial : origines et rapports aux langues

5.1.3 Importance de la langue française pour les parents

Afin de compléter notre portrait du contexte familial, l’importance qu’occupent les langues française et anglaise pour les parents ainsi que leur rapport à la Charte de la langue française (Loi 101) ont été documentés dans les entrevues. Il est essentiel de souligner que ces informations sur les parents s’établissent uniquement au regard des souvenirs des participants.

En ce qui concerne le français, selon la grande majorité des participants (31 sur 37), les parents accordaient une importance quant à la bonne maîtrise de la langue. Cette importance se présentait néanmoins de manière diverse et variable. En effet, plusieurs participants soulignent que leurs parents – ou un de leurs parents – maîtrisaient bien, voire très bien, le français :

Je me souviens souvent de repas à la table, très jeune déjà, le dictionnaire était souvent sorti. Donc pour mes parents, c’était important d’utiliser les bons mots… le bon sens des mots […] Mais ma mère écrivait très, très bien, mais… mes deux parents finalement! Une très grande connaissance de la langue. (Laurence, Collège Vanier)

Une valorisation de pratiques culturelles en français était aussi présente dans la famille comme une manière de valoriser le français et d’améliorer les connaissances et les compétences linguistiques :

Elle me faisait sentir l’importance d’avoir un bon français puis je me souviens aussi qu’elle me disait « lis des livres, lis des romans, tu vas voir ça va améliorer ton écriture à coup sûr ». Fait que dès ma jeunesse j’ai commencé à lire […] Mais c’était pas une pression

constante de ma mère, mais je sentais que pour elle, c’était quand même assez important. (Justine, campus St-Lawrence du Collège Champlain)

Toujours dans un souci de maîtrise du français, des participants soulignent que leurs parents corrigeaient leur français : « Ils ont toujours incité à l’excellence si on veut. À pas se laisser aller puis à toujours... On apprend notre français, on l’apprend comme il faut, on l’écrit comme il faut. Oui, on se faisait corriger puis reprendre » (Julie, campus St-Lawrence du Collège Champlain). Pour d’autres, des règles face à l’usage adéquat du français étaient présentes dans la famille : « Mais pour eux autres, bien parler c’était important. Il y avait pas ″Tsé″, de ″genre″, de ″style full comme″. Ça existait pas chez nous » (Marie, campus St-Lawrence du Collège Champlain).

Plus encore, pour certains parents, l’amour de la langue française était présent dans la famille et était transmis aux enfants, ce qui éveillait une curiosité et un intérêt à bien maîtriser la langue :

Mes parents parlaient très bien [le français]. Jouer avez les mots, l’importance des mots, le mot juste, j’avais eu… ma mère m’avait donné, c’était de Pef, Le dictionnaire des mots tordus. Je devais avoir six ou sept ans… Puis c’était un plaisir de parler des petites billes puis des petits glaçons au lieu des petites filles puis des petits garçons. Ça, c’était un plaisir de changer la racine des mots. Pourquoi ? C’est quoi ? D’où ça vient ? Pourquoi c’est comme ça ? Pourquoi chat ça s’écrit avec un « t » ? Ah, parce qu’au féminin, ça va être chatte… Toutes les choses… « allumer la lumière, pas l’ouvrir ». La notion juste. Je me rappelle pas d’avoir été corrigée, mais si eux parlaient comme ça, moi je l’ai… c’est un calque dans le fond. Puis, je sais qu’au secondaire, il y a des gens qui pensaient que ma sœur et moi étions Françaises parce qu’on parlait bien. (Sabrina, campus St- Lawrence du Collège Champlain)

Le français était également considéré par certains parents comme une langue identitaire et culturelle dont les Québécois francophones devaient être fiers :

Chez nous, ça a toujours, toujours, toujours parlé français. Puis pour mes parents, mes parents sont de la génération du type qui font que le français, c’est excessivement important puis qu’il ne faut pas se faire envahir par l’anglais. C’est ce type de personnes, les personnes francophones très fières qu’il faut que tout soit en français. Fait que ça a été ça le discours pas mal toute mon enfance. (Pénélope, Collège Vanier)

Dans quelques cas (6 sur 37), les participants soulignent ne pas avoir de souvenirs que leurs parents manifestaient un discours explicite sur l’importance de la langue française. Pour certains parents, le français renvoyait principalement à la sphère scolaire. Il s’agissait donc d’une matière scolaire qui devait être réussie comme toutes les autres :

Je pense pas qu’il y avait vraiment une importance qui avait été définie. Ma mère, son importance, c’était vraiment que je finisse mon secondaire 5 avec des bonnes notes puis qui me fassent passer, avoir mon diplôme. Je pense c’était vraiment ça l’importance. Il y avait pas vraiment de défini sur les langues. Mais que j’obtienne mon diplôme d’études secondaires, c’était vraiment quelque chose qui était important. (Noémie, Collège Dawson)

Aussi, pour des parents, un discours sur l’importance de la langue française pouvait apparaître moins pertinent dans un environnement social et scolaire où le français constituait la langue principale :

Je pourrais pas dire qu’ils avaient une importance particulière, dans le sens que mes parents m’ont jamais parlé de l’importance du français comme langue parlée. Sans dire que c’était pas une bonne langue, ils m’ont jamais dit que c’était important de m’exprimer en français ou tout ça. J’ai parlé en français parce que j’avais pas le choix. Je connaissais rien d’autre que ça. Mais non, mes parents m’ont… ils étaient pas très… comment je pourrais dire ça ? Protecteurs de la langue française. Je peux pas dire pour quelle raison. Peut-être parce que, je veux dire, on habitait dans un endroit où est-ce que tout le monde parlait français puis c’était pas menacé comme on pourrait dire à Montréal. Là j’aime pas le mot « menace », mais bon. Donc c’était ça. Ils m’ont pas dit que c’était important, ils m’ont pas fait sentir comme de quoi le français était plus important ou moins important ici. Ils m’en parlaient pas vraiment. Ça a jamais été débattu chez nous. Puis ça a jamais été un point de discussion non plus. (Xavier, campus St-Lawrence du Collège Champlain)

Le tableau ci-dessous présente la synthèse de l’importance de la langue française pour les parents des participants.

Tableau 7.

Importance de la langue française pour les parents

Importance de la langue française pour les parents

Discours variés sur l’importance de la

langue française l’importance de la langue française Pas de souvenirs de discours sur

Nombre de

participants 31 6