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QUESTIONS, CADRES, OPTIONS

3. OPTIONS : HYPOTHESES ET OBJETS D’ETUDE

3.1. Hypothèses de travail

Notre première question de recherche porte sur l’identification des groupes sociaux qui dominèrent politiquement Naachtun au Classique terminal (phase Muuch). Le Groupe B de l’épicentre est sans conteste le secteur de Naachtun ayant connu le plus de modifications dans la seconde moitié du Classique, tant au niveau des espaces politico-cérémoniels que des ensembles résidentiels monumentaux associés. Dans ce groupe, le Complexe Sud est apparu comme celui s’étant développé le plus tardivement et c’est donc en son sein qu’ont été sélectionnées les unités d’habitat à fouiller. L’hypothèse de travail de départ (Tabl. 3.1 et 3.3) stipule que, comme le Groupe B lui-même, ce complexe s’est agrandi jusqu’au au Classique terminal pour accueillir plus d’habitants. Nous ne pouvons prétendre démontrer que, par le probable processus de contraction en Ma’ax 3 et Muuch, des habitants se soient effectivement déplacés de la Zone Sud de Naachtun pour s’installer dans ce Complexe Sud. Du moins est-il possible d’examiner l’hypothèse d’une hétérogénéité sociale au sein des unités du Complexe Sud. Enfin, un aspect important de l’identité des groupes sociaux dominant la cité lors de phase Muuch est leur réelle résidence urbaine stable dans le Complexe Sud, plutôt qu’une présence épisodique à des fins socio-politiques dans des unités construites pour « la façade somptuaire ». L’approche principale de ces hypothèses se fait de deux façons, d’abord par la documentation de l’histoire du Groupe B (Chap. 5), en particulier les ultimes réorganisations engagées à partir du Classique récent final et leurs possibles corrélations avec des évènements historiques ; ensuite par l’interprétation des résultats de fouilles de plusieurs unités d’habitat du Complexe Sud (Chap. 6 et 7), concernant les dynamiques de développement et les modalités d’organisation des espaces depuis la création des bâtiments jusqu’à leur abandon, tant au niveau architectural, fonctionnel que social.

Tout à fait centrale est la deuxième question de recherche qui vise à déterminer les degrés de prospérité de ces groupes sociaux dominants et leurs expressions matérielles. L’hypothèse, déjà mentionnée, d’une résidence urbaine effective entraîne d’emblée qu’il faille

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montrer la réalité d’activités locales diversifiées, quotidiennes, et d’une certaine façon florissantes, menées sur place dans les unités mêmes par ces familles résidentes. S’agissant des moments Ma’ax 3 et Muuch postérieurs en grande partie à la cité dynastique et monumentale, un essor d’activités de consommation, de production et de redistribution nous paraît devoir être recherché à Naachtun comme dans beaucoup de cités des Basses Terres à la fin du Classique récent et au Classique terminal. A l’image des ports et centres du Belize, les élites locales tardives devraient avoir développé des échanges à plus ou moins longue distance en s’insérant dans des réseaux inter-régionaux. Et parallèlement, l’hypothèse qu’il est intéressant d’évaluer concerne la séquence diachronique d’un investissement architectural intensif dans les résidences pendant un premier temps, suivi d’un désinvestissement au fur et à mesure que les autres activités se développaient. Pour traiter ces hypothèses (ainsi que celle de l’hétérogénéité sociale), un certain nombre d’éléments mobiliers a été sélectionné puis analysé quantitativement aux échelles spatiale, sociale et temporelle. Le Chapitre 8 présente l’analyse la plus détaillée, celle qui a porté sur les dépotoirs mis au jour au sein des unités d’habitat fouillées et qui les a comparés. Le Chapitre 9 propose des analyses transversales du mobilier classé par types d’activités à l’échelle du Complexe Sud et à l’échelle de Naachtun. Nous avons simultanément cherché à établir des indices quantifiés de prospérité mobilière permettant de réaliser des comparaisons, lesquelles se limitent à l’échelle du site de Naachtun dans le présent travail, bien que des pistes soient indiquées dans le Chapitre 10 pour de plus amples comparaisons.

La troisième question de recherche porte sur le rôle et les stratégies qu’adoptèrent les groupes sociaux dominants du Complexe Sud pour se maintenir, voire se développer, au Classique terminal, dans un environnement régional bouleversé tant du point de vue socio-politique qu’économique. C’est l’hypothèse selon laquelle l’un de ces groupes a dominé politiquement la cité post-dynastique qui nous a conduit à sélectionner l’unité d’habitat dite « Patio 28 » dans le Complexe Sud, non pas tellement en raison de sa taille (le Patio 30 voisin est probablement plus grand) mais à cause de sa localisation face au Complexe Central au bord sud de la Place Rio Bec et à côté de l’énorme Soubassement 6O-4. Nous avons proposé que les familles ayant habité ce quadrilatère, tel qu’il apparaissait quasiment fermé avant fouilles, dominaient le Complexe Sud, voire Naachtun, pendant au moins la phase Muuch, qu’elles étaient douées d’une forte cohésion sociale et économique et qu’elles auraient développé des pratiques de ségrégation vis-à-vis des autres unités. Pour des fouilles moins intensives que celles du Patio 28, quatre autres patios du Complexe Sud (Patios 31, 32, 33 Sud et 34) ont été sélectionnés à des fins comparatives pour leur taille plus modeste, leur

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voisinage vis-à-vis du Patio 28 et leurs positions jusque dans la périphérie du complexe. C’est dans chaque unité fouillée que les conditions locales de cohésion sociale, de fermeture et de ségrégation ont été évaluées, en lien avec la présence/absence de dépôts rituels de clôture qui apportent des informations essentielles sur les conditions de l’abandon final du Complexe Sud.

En croisant les informations portant sur les niveaux d’investissements architecturaux, la nature des aménagements et des dépôts spéciaux divers (sépultures, dépotoirs, rituels de clôtures), leurs évolutions dans chacune des unités d’habitat (Chap. 6 et 7), ainsi que les degrés matériels de prospérité et leurs types d’activités (Chap. 8 et 9), nous nous sommes attachés à cerner la structure de cet ensemble spatialement cohérent de groupes sociaux co-résidents, leurs rôles et leurs stratégies d’action dans le Complexe Sud de l’épicentre. Croisement et interprétations sont l’objet de notre Chapitre 10. Ces considérations doivent contribuer à une meilleure compréhension des divers processus en cours au sein des sociétés mayas des Basses Terres pendant la période de transition du Classique terminal, en ayant comme base de réflexion des critères objectifs susceptibles d’ouvrir un champ comparatif.

Il est bon de préciser que n’entrent pas dans le champ direct de nos recherches les mobilités de population internes à Naachtun entre les phases Ma’ax et Muuch, pas plus que les modalités générales de la subsistance agraire dans la périphérie de Naachtun, même si des indications ont été obtenues dans l’évaluation quantitative du mobilier. Nous ne prétendons pas non plus résoudre les questions concernant les formes sociales tardives des élites, le développement des maisons ou des factions politiques et le rôle que des lignages subordonnés pouvaient y jouer. Nous n’entrons pas dans le détail de la corrélation économique à faire entre échanges inter-régionaux et prospérité locale, même si des indications, là encore, ont été obtenues pour un traitement ultérieur de cette question. En particulier sur ces modalités économiques, nous accordons une certaine attention aux modes de redistribution somptuaires pratiqués à l’intérieur des complexes résidentiels.

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Tableau 3.3 : récapitulatif des hypothèses de recherche et de leur traitement dans le présent volume. Les approches et leurs échelles spatiales sont indiquées, ainsi que les principales parties de chapitres répondant aux hypothèses

3.2. Sélection des données des sondages et autres fouilles limitées à l’échelle du site En effet, dans le cadre du Projet Petén Norte-Naachtun, diverses opérations ont été

menées entre 2010 et 2014 afin de comprendre les dynamiques de développement du site, en particulier celles du Groupe B ; certaines se poursuivent puisqu’elles ont été intégrées au nouveau plan 2015-2018 du projet. Le travail de recherche présenté ici trouve son cadre dans les informations diachroniques fournies par ces opérations. Nous avons sélectionné celles qui ont été réalisées au sein de la Zone Sud (résidentielle) et du Groupe B (Tabl. 3.4). Il faut noter d’emblée que les données issues des autres programmes de sondages et de fouilles limitées sont à visées principalement chronologiques. Elles concernent tous les secteurs du site de

Questions de recherche Hypothèses de recherche

Fouilles et interprétation du bâti et des dépôts associés (Chap. 5, 6, 7) Analyses quantitatives du mobilier (Chap. 8 et 9)

Echelle spatiale Complexe Sud, Groupe B Chap. 5 : Groupe B Chap. 6 : Patio 28 Chap. 7 : Complexe Sud

Chap. 8 : Complexe Sud Chap. 9.1 : Complexe Sud Chap. 9.2 & 3 : Naachtun

Qui ?

Identification des groupes sociaux dominants et caractérisation de leurs modalités d’organisation

Fondation et agrandissement des complexes résidentiels Gr. B.

Contraction de l’habitat à

l’échelle du site et

hétérogénéité sociale dans le Complexe Sud

Résidence urbaine : présence stable et croissance 5 : Histoire du Gr. B par Epigraphie-Sondages 6.1. : Fouilles Patio 28 7.1-7.2 : Fouilles P. 31-34 7.4 : Comparaisons 6.2/7.3/7.4 : Transformations unités et démographiques /

8.1 : Volume et contenu des dépotoirs 8.2 : Comparaisons 9.1 : Activités domestiques Quoi ? Quantification de la prospérité matérielle Activités urbaines : consommation – production - redistribution

Intégration aux réseaux d’échanges inter-régionaux Désinvestissement dans l’architecture 7.4 : Sépultures 6/7 : Influences architecture Río Bec 5/6.2/7.3 : Faible activité constructive en Muuch 8/9 : Hypothèse marché urbain 9 : Activités économiques 8 : Mobilier exogène 9 : Echanges à longue distance / Comment ?

Rôles et stratégies des groupes dominants

Domination politique et cohésion socio-économique avec ségrégation sociale

Selon degré de cohésion-ségrégation, mode de départ: rituels de clôture indiquant le type d’abandon

7.4 : Scènes de réception, édifices de réunion, contrôle des accès, liens avec les espaces publics 7.4 : Dépôts d’abandon 8/9 : Hiérarchie socio-économique, distinction UH/Patio 28 9 : Marqueurs socio-politiques (biens prestige & réception)

/

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Naachtun. On en donnera ici une rapide vision d’ensemble, tout en citant les références aux rapports rédigés par le projet pour l’IDAEH.

Opération Secteur/ structure

d'intervention Année Type de fouilles

Données contexte général Données analyses quantitatives

Op. 18 Places Est et Río Bec 2010 Sondages oui non

Op. 19 Complexes Ouest, Central et Sud 2010 Sondages oui oui

Op. II.2 Zone Sud 2011-2013 Sondages oui oui

Op. II.2bis Zone Sud 2013-… Sondages oui oui

Op. II.3a Patio 28 (Complexe Sud) 2011-2013 Tranchées et sondages oui oui

Op. II.3b Complexe Sud 2011-2014 Tranchées et sondages oui oui

Op. II.4 Patios 21, 22 et 26

(Complexe Central) 2013-… Tranchées et sondages oui oui

Op. II.5 Groupe B (sépultures) 2013-… Fouilles fines oui oui

Op. II.6 Patio 6 (Complexe Ouest) 2014-… Tranchées et sondages oui non

Op. III.1 St. 6O-3, 6O-4 et 6O-5

(Place Río Bec) 2011 Tranchées et sondages oui non

Op. III.2a St. 5O-5 (Place Est) 2011-2013 Tranchées et sondages oui oui

Op. III.2b St. 5O-4 et Patios XXV-A

(Place Est) 2011-2013 Tranchées et sondages oui oui

Op. III.5b UH 5N-6 (Zone Sud) 2014-… Tranchées et sondages oui non

Op. III.7 St. 5O-2 (Place Est) 2013 Tranchées et sondages oui non

Op. III.7bis St. 5O-3 (Place Est) 2014 Tranchées et sondages oui non

Tableau 3.4 : récapitulatif des différentes opérations entreprises par le Projet Petén Norte-Naachtun dans le Groupe B et la Zone Sud

Nous avons également mené l’étude des assemblages mobiliers issus de nos fouilles dans l’épicentre au moyen d’une méthodologie d’analyse permettant de quantifier les volumes d’artefacts à diverses échelles, et ceci pour faciliter les comparaisons. La sélection des éléments de l’architecture, des dépôts et du mobilier obtenu dans les secteurs de nos propres fouilles, est justifiée au chapitre suivant (Chapitre 4). Ce dernier rassemble les arguments faisant pont entre les hypothèses du présent Chapitre 3 et les données à traiter dans les secteurs fouillés, ainsi que la méthodologie générale de notre propre travail.

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3.2.1. La Zone Sud

La Zone Sud correspond à tout le secteur « périphérique » compris entre les espaces monumentaux au nord (Groupes A, B et C) et les zones de marécages saisonniers (bajos) au

sud. Elle se prolonge vers l’ouest du site où elle est dénommée Zone Nord-Ouest (Fig. 3.7). Il s’agit d’un secteur d’une centaine d’hectares regroupant de nombreuses unités d’habitat, au caractère principalement résidentiel. Ces dernières correspondent à des structures isolées ou à des édifices réunis au sein de complexes désignés comme des UH (« unités d’habitat ») dans la nomenclature du projet (62 UH identifiées entre 2011 et 2014 pour la seule Zone Sud). De par leur proximité, une partie de ces UH forment des concentrations séparées par des espaces libres qui sont interprétés comme de probables zones de culture et de réserves d’eau, avec la présence d’aguadas et de canaux notamment. Ces zones libres servaient également à

l’extraction de pierre, comme le montrent les nombreuses carrières identifiées (Castanet et Purdue, 2014 ; Lemonnier et Cotom-Nimatuj, 2012 ; 2014 ; 2015 ; Lemonnier et al., 2013 ;

Purdue, 2015).

La Zone Sud a été étudiée de manière intensive dans le cadre de deux opérations à visée purement chronologique, dénommées Opération II.2 (Alvarado et Cotom-Nimatuj, 2013 ; Cotom-Nimatuj, Hiquet et Caal, 2014 ; Cotom-Nimatuj, Veliz et Hernandez, 2012) et Opération II.2bis (Hiquet, 2014 ; Hiquet, Gonzalez et Cano, 2015). Toutes deux ont comporté des sondages aux dimensions souvent réduites (2 m x 2 m) positionnés au centre des patios ou contre la paroi d’une structure de l’unité d’habitat (Tabl. 3.4). Entre 2011 et 2014, ce sont 61 sondages qui ont ainsi été implantés dans 30 unités d’habitat repérées lors de la prospection systématique du secteur (Lemonnier et Cotom-Nimatuj, 2012 ; 2014 ; 2015 ; Lemonnier et al.,

2013) (Fig. 3.9). Nous avons intégré à notre recherche l’ensemble des données matérielles provenant de niveaux stratigraphiques datés des phases Ma’ax 3 et Muuch, en plus des informations générales fournies sur les dynamiques d’occupation de ce secteur résidentiel.

De plus, il faut souligner qu’a débuté lors de la saison 2014 l’Opération III.5b visant à fouiller en intégralité l’UH 5N-6 et l’ensemble des sépultures s’y trouvant (Arredondo, Gonzalez, Goudiaby, 2015). Mais les données issues des études de mobilier associé étant encore en cours au moment de la rédaction, elles n’ont pas été intégrées à notre recherche.

3.2.2. Le Groupe B

Le Groupe B est l’un des trois secteurs monumentaux constituant l’épicentre du site de Naachtun avec les Groupes A et C. Comme on l’a vu, il est composé de deux places

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publiques, la Place Est et la Place Río Bec, et de leurs édifices politico-cérémoniels associés, ainsi que de trois complexes résidentiels formés de groupes à patio agglomérés, désignés comme les Complexes Ouest, Central et Sud (Nondédéo et al., 2013 : 125). Ce secteur paraît

avoir résulté d’une importante dynamique constructive qui s’est poursuivie tout au long de la période classique (Fig. 3.10).

Entre 2010 et 2014, chacun des ensembles formant ce Groupe B a été étudié au moyen de programmes de sondages stratigraphiques et de fouilles plus extensives, et certaines opérations se poursuivent encore actuellement (Tabl. 3.4).

3.2.2.1 La Place Est

La Place Est se présente comme un espace stuqué adjacent (à l’est) au Groupe A (à l’ouest). Le grand Complexe Ouest résidentiel du Groupe B la borde sur son côté oriental. La place en elle-même a été sondée en divers points au cours de l’Opération 18 (Rangel, Bonnafoux et Nondédéo, 2011), alors que les Edifices 5O-2 et 5O-3, situés à l’ouest, ont fait l’objet de fouilles limitées en 2013 et 2014, soit trois tranchées et trois sondages stratigraphiques23 lors des Opérations III.7 (Michelet et Quiñonez, 2014) et III.7bis (Quiñonez, 2015) (Fig. 3.11). Mais les informations les plus nombreuses proviennent des travaux entrepris dans la Structure 5O-5 qui domine la place au nord (Op. III.2a ; Nondédéo, 2012 ; 2014), ainsi que dans les espaces adjacents nord-est dénommés Patios XXV-A (Op. III.2b ; Escobar, Caal et Lemeur, 2012), et dans l’Edifice 5O-4 annexé à 5O-5 (à l’ouest ; Op. III.2b ; Perla, 2014). Ces opérations ont consisté en 13 tranchées et 11 sondages faits au sein des différentes structures, libérant les espaces intérieurs et précisant les dynamiques de construction de cet ensemble, que nous désignons par la suite l’Ensemble 5O-5 (Fig. 3.11 et 3.12). Il sera montré au Chapitre 5 qu’il s’agit du palais royal classique de la dynastie Suutz’.

3.2.2.2. La Place Río Bec

La Place Río Bec est un espace stuqué notamment délimité au nord par le Complexe Central et au sud par le Complexe Sud. La place est dotée de trois structures monumentales : la Pyramide 6O-3 à l’est, le Soubassement 6O-4 décentré au sud-ouest, et

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La distinction est ici faite entre une « tranchée », c’est-à-dire une fouille des niveaux jusqu’au niveau de sol le plus récent, avec notamment le dégagement de l’architecture, et un « sondage » qui correspond à la réalisation d’un puit traversant tous les contextes archéologiques, idéalement jusqu’à la roche-mère, ou à l’intérieur d’un bâtiment, jusqu’à la base de la construction. Les dimensions de ces différentes ouvertures n’entrent pas ici en ligne de compte pour faire cette distinction.

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l’Ensemble 6O-5 au sud. Certaines opérations du projet canadien antérieur ont concerné l’Edifice 6O-5, alors dénommé Structure 40A (Op. 2 ; Seibert, 2005), ainsi que la Place Río Bec (Op. 1 ; Rangel, 2005). En 2011, la place a été explorée par le biais de deux sondages réalisés dans le cadre de l’Opération 18 (Rangel, Bonnafoux et Nondédéo, 2011). Ces données préliminaires ont ensuite été complétées dans le cadre de l’Opération III.1 au moyen de trois tranchées et d’un sondage en lien avec 6O-3, ainsi que d’une ouverture effectuée au niveau de la façade ouest du Soubassement 6O-4 (Michelet et Nondédéo, 2012) (Fig. 3.11). L’Ensemble 6O-5, correspondant à l’Edifice 6O-5 et aux structures associées, a été exploré de manière plus intensive, d’abord le soubassement et les pièces ouvrant au nord par trois tranchées et quatre sondages (Opération III.1 ; Michelet et Nondédéo, 2012), ensuite les pièces ouvrant au sud et à l’est, adossées au soubassement de 6O-5, dégagées lors des opérations menées dans le Patio 28 (Fig. 3.12).

3.2.2.3. Le Complexe Ouest

Le Complexe Ouest, adjacent à la Place Est, est le plus important des trois complexes résidentiels du Groupe B. Dans le cadre l’Opération 19, en majorité les espaces identifiés (11/17) comme des unités à patio ont été sondés au moyen de 15 sondages (Nondédéo et al., 2011) (Fig. 3.11). En outre, l’Opération II.6, débutée en 2014, consiste en

des fouilles horizontales incluant la libération de bâtiments et des sondages réalisés dans le Patio 6, l’une des plus grandes unités du complexe (Perla, 2015) (Fig. 3.12). Mais les données précises concernant le mobilier de cette opération n’ont pas été prises en compte, leurs analyses étant toujours en cours.

3.2.2.4. Le Complexe Central

Le Complexe Central délimite au nord la Place Río Bec, en symétrique du Complexe Sud. Les sondages réalisés dans le cadre de l’Opération 19, au nombre de neuf, ont permis d’obtenir des informations d’ordre chronologique sur l’ensemble des unités à patio constituant le complexe (Nondédéo et al., 2011) (Fig. 3.11). Des fouilles extensives ont

également été entreprises dans la principale unité du Complexe Central, le Patio 22, ainsi que dans les Patios 21 et 26 adjacents. Celles-ci ont pour but de comparer les données obtenues avec celles issues des fouilles du Complexe Ouest (Patio 6) et du Complexe Sud (Patios 28, 31 et 34), afin de comprendre les dynamiques de développement des différents complexes. Au

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total, 13 tranchées et 18 sondages ont été réalisés en 2013 et 2014 dans les monticules sud et ouest (Opération II.4 ; Diaz et Gillot, 2015 ; Gillot, 2014) (Fig. 3.12).

3.2.2.5. Le Complexe Sud

Le dernier complexe du Groupe B borde la Place Río Bec au sud et se développe dans cette direction, avec une organisation des espaces construits un peu moins compacte, auxquels il faut adjoindre l’UH 6O-90 considérée comme une unité de cet ensemble bien qu’excentrée au sud-est. Deux sondages furent réalisés en 2004 au sein de ce complexe par l’équipe canadienne (Op. 1 ; Rangel, 2005). Dans notre projet, les fouilles entreprises dans le cadre de l’Opération 19 (Nondédéo et al., 2011) puis de l’Opération II.3b (Hernandez et al.,

2012 ; Sion, 2013) ont permis de sonder 17 des espaces identifiés au moyen de 18 puits stratigraphiques (Fig. 3.11). C’est au sein des unités de ce complexe que se déroulèrent les principales investigations de cette recherche de doctorat, sous la forme d’un programme de fouilles horizontales (Fig. 3.12).

Les travaux menés par le Projet Petén Norte-Naachtun ont pour objectif principal de chercher

à appréhender les modalités d’organisation socio-politique de la cité de Naachtun tout au long de son occupation lors de la période classique et de comprendre le rôle de cette entité politique dans le contexte régional des Basses Terres Centrales, notamment la nature de ses relations avec les supra-capitales rivales de Tikal et Calakmul et les conséquences de celles-ci sur le développement de cet établissement humain. C’est dans ce cadre que s’inscrit notre recherche, qui est centrée sur les dernières phases d’occupation du site.

Le chapitre suivant présente la méthodologie au sens le plus large des opérations de fouille et des analyses réalisées dans le cadre de notre recherche doctorale, dont l’objectif est la caractérisation socio-politique et économique des élites de l’épicentre de Naachtun au