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METHODES DE LA RECHERCHE

3. METHODE SELECTIVE DES ANALYSES DE LABORATOIRE, EN PARTICULIER QUANTITATIVES PARTICULIER QUANTITATIVES

3.1. Analyses quantitatives des dépotoirs du Classique terminal

Les fouilles réalisées dans les divers ensembles du Groupe B, ainsi que dans la zone résidentielle située au sud de l’épicentre, ont permis de mettre au jour un grand nombre de concentrations détritiques domestiques, mais seuls les dépotoirs du Complexe Sud ont été fouillés de manière spécifique.

3.1.1. Sélection des dépotoirs

Pour les analyses quantitatives exhaustives d’assemblages mobiliers du Classique terminal, 15 dépotoirs ont été sélectionnés. Il s’agit de dépotoirs et de zones de rejet sporadique localisés en grande majorité au sein du Complexe Sud (13/15), l’ensemble résidentiel dont l’occupation est la mieux connue de Naachtun (Fig. 4.5). Deux (sur 15) ont été sélectionnés à des fins de comparaison : une concentration de mobilier découverte lors des fouilles de la Structure 5O-4, au nord de la Place Est, et un dépotoir localisé dans un sondage réalisé à l’ouest de l’UH 6N-124 dans la Zone Sud du site. Ces différents dépotoirs sont chacun codés en lien avec la structure auxquels ils sont associés (Tabl. 4.3). Tous sont évidemment datés du Classique terminal.

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du dépotoir  Localisation  Situation spatiale  Type de fouille 

Estimation de la  proportion fouillée  6O‐4  Complexe Sud,  Patio 28   (extérieur ouest)  A l’arrière de la St. 6O‐ 7, contre la St. 6O‐4  Tranchée  1/3 (?) 

6O‐7 corredor  ComplexePatio 28   Sud, 

Au niveau du passage  surélevé entre la St.  6O‐7 et la St. 6O‐7bis 

Fouilles 

horizontales  Intégralité 

6O‐7 patio  ComplexePatio 28   Sud, 

Au pied de la plate‐ forme de la St. 6O‐7, au  nord de l’escalier  d’accès   Fouilles  horizontales  2/3 (?) 

6O‐9 Ouest  ComplexePatio 28   Sud, 

Angle sud‐est du patio  formé des Pièces 1 et 2  de la St. 6O‐9 

Fouilles 

horizontales  2/3 (?) 

6O‐5 Sud  ComplexePatio 28   Sud,  AngleSt. 6O‐5 Sud   sud‐ouest de la  Tranchée  1/3 (?), lié à « 6O‐7 patio » ? 

6O‐9 Est  ComplexePatio 32   Sud, 

Contre la façade de la  Pièce 3 de la St. 6O‐9,  de part et d’autre de la  porte  Fouilles  horizontales  Intégralité 

6O‐32  ComplexePatio 32   Sud,  Dansla St. 6O‐32  les décombres de  Tranchée  Intégralité 

6O‐16 Est  ComplexePatio 32   Sud, 

Dans l’angle formé des  Structures 6O‐16 Est et  6O‐17 

Tranchée  2/3 (?) 

6O‐15  ComplexePatio 31   Sud,  ContreSt. 6O‐15  la façade de la  horizontalesFouilles    Intégralité 

6O‐14  ComplexePatio 31   Sud,  AngleSt. 6O‐14  nord‐ouest de la  horizontalesFouilles    Intégralité 

6O‐42  ComplexePatio 33 Sud  Sud,  ContreSt. 6O‐42   la façade de la  horizontalesFouilles    2/3 (?) 

6O‐43 Est  ComplexePatio 34   Sud, 

Entre la paroi nord de  la St. 6O‐46 et la façade  de la pièce est de la St.  6O‐43  Fouilles  horizontales  Intégralité 

6O‐43 Ouest  ComplexePatio 34   B‐Sud, 

Contre la paroi sud de  la pièce ouest de la St.  6O‐43  

Fouilles 

horizontales  2/3 (?) 

5O‐4  PlaceEnsemble Est,  5O‐5 

Dans les décombres  extérieurs au nord‐est  de la St. 5O‐4 

Fouilles 

horizontales  Intégralité 

6N‐118  Zone124  Sud, UH 6N‐ Aud’accès à la St. 6N‐118   pied et sur l’escalier  Sondage 

Tableau 4.3 : localisation et conditions de fouille des dépotoirs et des zones de rejet sporadique étudiés

Ils ont tous été trouvés en contexte domestique près de résidences. Cependant, les trois premiers 6O-4, 6O-7 patio et 6O-7 corredor, proviennent de contextes directement associés à

un édifice de réception (6O-7). On verra que ce contexte particulier, bien que propre au Patio 28 résidentiel, induit des variations. L’étude du mobilier se fit à deux échelles spatiales différentes : celle du dépotoir en lui-même et celle de l’UH/Patio en réunissant tous ses dépôts

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sélectionnés, c’est-à-dire jugés assez abondants pour produire des données statistiquement valables.

3.1.1.1. Etude spécifique de chaque dépotoir sélectionné

Dans un premier temps, il s’est agi d’analyser chaque dépotoir individuellement afin de pouvoir les comparer entre eux chacun de ces faits archéologiques, à l’intérieur d’une même unité ou en provenance de deux espaces distincts.

A l’intérieur du corpus des 15 décharges domestiques datées du Classique terminal, une première sélection a été effectuée pour ne prendre en compte que celles dont le volume, défini par le nombre de tessons (voir plus avant), fut jugé suffisant pour être statistiquement fiable (Tabl. 4.4), c’est-à-dire comportant au moins 500 tessons identifiables datés du Classique terminal (Tessons CT ; voir plus avant). Et cela après avoir exclu des assemblages les déchets (tessons de moins de 2 cm), les fragments érodés (y compris les polychromes non identifiables) et les éléments dont la présence est considérée comme fortuite (types-variétés clairement rattachés aux complexes céramiques du Préclassique, Kuts’, et du Classique ancien, Balam). Les types-variétés du Classique récent (complexe Ma’ax) ont, quant à eux, été conservés car la production de la grande majorité d’entre eux, notamment les récipients domestiques, perdura lors de la phase Muuch de Naachtun (Patiño, 2015 : 492), à l’image de ce qui est observé dans le reste des Basses Terres (A. Chase et D. Chase, 2004 ; Forsyth, 1995).

Cette sélection a permis d’exclure de cette étape d’étude trois dépotoirs de faibles volumes, « 6O-5 Sud », « 6O-32 » et « 6O-15 », ainsi que le dépotoir « 5O-4 » dont le matériel présente une érosion très importante, plus de 30% des récipients n’ayant pu être identifiés (Tabl. 4.4). Les 11 autres dépotoirs contenant au moins 500 Tessons CT sont considérés comme bien conservés et « purs » du point de vue chronologique. En effet, entre 84% à 99% des récipients (NMR) identifiés au sein de ces assemblages ont pu être attribués à des types-variétés du complexe Muuch daté du Classique terminal (NMR CT, voir plus avant).

191 Dénomination 

dépotoir  Localisation 

Total 

Tessons  NMR total  Tessons CT  NMR CT 

Etude par  contexte  6O‐4 

Complexe Sud,  Patio 28 

(extérieur ouest)  2499  203  2233  201  oui 

6O‐7 corredor  ComplexePatio 28   Sud,  3960  286  3287  262  oui 

6O‐7 patio  ComplexePatio 28   Sud,  3465  210  2909  189  oui 

6O‐9 Ouest  ComplexePatio 28   Sud,  790  84  762  80  oui 

6O‐5 Sud  ComplexePatio 28   Sud,  113  25  86  24  non 

6O‐9 Est  ComplexePatio 32   Sud,  1555  186  1206  156  oui 

6O‐32  ComplexePatio 32   Sud,  629  53  365  45  non 

6O‐16 Est  ComplexePatio 32   Sud,  1095  130  910  126  oui 

6O‐15  Complexe Sud, Patio 31  134  93  non 

6O‐14  ComplexePatio 31   Sud,  2033  179  1290  161  oui 

6O‐43 Est  ComplexePatio 34   Sud,  1452  164  1077  152  oui 

6O‐43 Ouest  Complexe Sud, Patio 34  2497  244  2164  235  oui 

6O‐42  ComplexePatio 33 Sud  Sud,  915  98  715  89  oui 

5O‐4  PlaceEnsemble Est,  5O‐5  1215  75  499  48  non 

6N‐118  Zone124  Sud, UH 6N‐ 1026  92  585  79  oui 

Tableau 4.4 : détail des volumes de tessons et du Nombre Minimum de Récipients (NMR) céramiques par concentration détritique

Toutefois, afin de ne surcharger l’exposé de résultats, les études détaillées réalisées à l’échelle de chaque dépotoir ne sont présentées dans les chapitres consacrés aux analyses quantitatives (Chap. 6 et 7) qu’en ce qui concerne les UH/Patios 28 et 32, dont les six décharges montrent une variation significative, lorsque cela est signifiant du point de vue socio-économique. Dans la très grande majorité des cas, seuls les résultats des études portant sur les dépotoirs regroupés par unité (UH/Patio) seront exposés.

3.1.1.2. Etude des dépotoirs par unité (UH/Patio)

L’étape d’analyse suivante s’applique au regroupement des divers dépotoirs domestiques présents dans une unité sur des bases spatiales, ces dépotoirs étant alors considérés comme un ensemble rattaché à l’un des « patios » (UH/Patio). La réunion de ces

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différents faits permet de réintégrer ceux de faibles volumes au sein d’ensembles plus importants statistiquement valides (Tabl. 4.5). Seul le dépotoir « 5O-4 » n’a pu être rattaché à une autre concentration détritique et reste donc exclu de l’analyse, le matériel associé étant très érodé et son volume inférieur à 500 Tessons CT.

Les abondants assemblages ainsi constitués sont considérés comme clairement rattachés à l’occupation de la phase Muuch avec une proportion de récipients rattachés à des types-variétés du Classique terminal (NMR CT, voir plus avant) comprise entre 86% et 95% selon les unités.

Dénomination  regroupement 

dépotoirs 

Localisation  Total 

Tessons  NMR total  Tessons CT  NMR CT 

Etude par  UH/Patio 

UH/Patio 28  Complexe Sud  10827 807 9277 756  oui

UH/Patio 32  Complexe Sud  3279 369 2481 327  oui

UH/Patio 31  Complexe Sud  2167 188 1383 168  oui

UH/Patio 34  Complexe Sud  3949 408 3241 387  oui

UH/Patio 33 

Sud  Complexe Sud  915  98  715  89  oui 

Ensemble 5O‐5  Place Est  1215 75 499 48  non

UH 6N‐124  Zone Sud  1026 92 585 79  oui

Tableau 4.5 : détails des volumes de tessons et du Nombre Minimum de Récipients (NMR) céramiques issus de concentrations détritiques par unité

Etant donné l’homogénéité fonctionnelle des unités fouillées, à l’exception déjà mentionnée du Patio 28, ce sont les analyses réalisées à cette échelle des unités d’habitat qui seront principalement détaillées et discutées (Chap. 8 et 9).

3.1.2. Méthodes d’analyses quantitatives du mobilier des dépotoirs Muuch

L’analyse quantitative des assemblages mobiliers issus des dépotoirs du Classique terminal a permis de travailler à une échelle très fine basée sur des données concernant diverses catégories d’artefacts.

3.1.2.1. Le mobilier céramique

Dans le cas du mobilier céramique, ces analyses ont d’abord consisté en la détermination d’un Nombre Minimum de Récipients (NMR) pour chacun des dépotoirs, ces calculs permettant de travailler de manière plus fiable sur les proportions et leurs variations au

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sein des assemblages, qu’elles concernent les formes aussi bien que les types-variétés (Sion, 2010).

Pour définir le NMR, tentative d’estimation du nombre de récipients dont sont issus les tessons étudiés, nous avons révisé l’ensemble du matériel céramique issu des décharges sélectionnées. Nous avons déterminé le nombre de récipients par type-variété (voir ci-après), ainsi que leur forme en décrivant les tessons de bords au moyen de multiples critères26 (morphologie, diamètre, pâte, décoration…), tout en procédant aux remontages possibles (Bortot, 2007 : 23 ; Olson, 2001 : 103 ; Sion, 2010 : 33). Certains tessons de panse furent également pris en compte dans cette détermination du NMR dans les cas où des types-variétés avaient été identifiés sans qu’aucun bord ne puisse y être associé (Sion, 2010 : 33), chacun des types-variétés référencés par dépotoir correspondant donc au minimum à un récipient (Olson, 2001 : 104). Au final, par addition des résultats pour chaque type-variété, nous obtenons le NMR au niveau du contexte étudié. Le NMR, plutôt que le simple total de tessons, évite certains biais archéologiques et pondère mieux les données, de telle sorte que les caractéristiques physiques de certains récipients n’influent pas sur les proportions de chacune des catégories d’analyse. Par exemple, de par leurs dimensions et leurs épaisseurs, les grandes jarres de stockage représentent toujours une part substantielle des tessons céramiques étudiés sur les sites mésoaméricains, sans que cette proportion n’ait de rapport avec le réel poids quantitatif de ce type de récipients dans les assemblages (Olson, 2001 : 102).

En ce qui concerne la classification typologique des assemblages céramiques, nous nous sommes appuyés, à la suite, sur les résultats obtenus par les différents céramologues du

Projet Petén Norte-Naachtun, des travaux réalisés sous la supervision d’Alejandro Patiño

(Patiño, 2011 : 187-188) selon le système du type-variété (Smith, Willey et Gifford 1960). Dans un souci de clarté, nous avons préféré conserver les désignations espagnoles établies par A. Patiño pour les groupes et les types-variétés céramiques identifiés à Naachtun (présentées dans cette recherche en caractères italiques).

Dans le cas des analyses quantitatives réalisées au niveau de chacun des dépotoirs ou de leurs regroupements par unité, c’est le NMR CT (Nombre Minimum de Récipients du Classique Terminal) qui a été utilisé dans la majorité des cas comme base pour les calculs de

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Les techniques de fabrication mayas n’incluant pas le tour, certaines irrégularités peuvent exister au niveau des récipients et la multiplication des critères permet d’amoindrir le risque de comptabiliser séparément deux tessons provenant en fait d’une même céramique.