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Qui doit le faire ?

GÉRER LE PERSONNEL

Boucar NDIAYE

GÉRER LE PERSONNEL

Quand intervenir ?

La gestion du personnel est une affaire quotidienne, qui doit tenir compte de tous les impératifs, ceux liés à la mission première de l’aire protégée, mais également ceux liés au comportement même des agents. À aucun moment, il ne faut laisser un agent évoluer seul si un encadrement, un conseil, une prise en charge, s’avèrent nécessaires. La gestion du personnel ne se fait pas seulement à coup de planification ou de sanctions. Elle requiert une attention particulière et permanente afin de déceler le moindre problème avant même que celui-ci ait pris le pas sur le comportement de l’agent.

Ceci est important non seulement pour ce dernier mais également pour ses partenaires qui doivent compter mutuellement sur chacun d’eux, notamment en cas d’événements graves comme la rencontre avec des braconniers.

Qui doit le faire ?

Les rôles sont partagés. Toutefois, la responsabilité première est du ressort central (ministère, direction générale), qui définit le cadre général de l’action mais aussi les questions de statut, de rémunération et d’avancement, toutes choses qui doivent être prises en compte conformément aux normes légalement définies par les textes.

Au niveau décentralisé, il s’agit surtout de mettre en application les décisions politiques en matière de gestion des ressources naturelles. Le cas échéant, le responsable de l’aire protégée a, en plus, la charge d’impulser une dynamique organisationnelle qui permette à son équipe de s’exprimer efficacement.

La partie administrative de la gestion, comprenant la planification des tâches, peut être laissée à un collaborateur. Mais le conservateur doit toujours être parfaitement informé de l’état d’esprit de chacun de ses agents. À lui de les rencontrer au quotidien ou d’organiser des discussions à intervalles réguliers afin de pouvoir déceler un problème.

Comment s’y prendre ?

Les conditions de vie du personnel sont parfois très contraignantes. Or il est reconnu que « l’homme qui se rend au travail ne laisse pas ses soucis à la porte de l’atelier ou du bureau. Il est au contraire façonné par une multitude de facteurs qui jouent un rôle déterminant dans son travail » (Lacono, 2002). Dès lors, pour permettre une bonne exécution des tâches, il est utile de concilier l’économie et le social en rendant fluides les rapports avec le personnel et en obtenant sa confiance par :

- une aide sociale correcte des familles pour que les problèmes primaires puissent être résolus sans trop de difficultés :dans bien des cas, un service social fonctionnel peut prendre en charge le suivi des familles et le règlement des conflits mineurs. Ce service aura surtout un rôle d’appui-conseil.

- la garantie d’un minimum de logistique pour rendre faciles les déplacements et la communication : en livrant les hommes à eux-mêmes ou en les laissant dans de rudes épreuves avec des moyens et un soutien moral défaillants, le responsable prête le flanc à des critiques inutiles voire à un mépris qui peut engendrer la haine, la frustration et le découragement du personnel.

- l’assurance d’un cadre de vie adéquat sur le terrain :ce paramètre agit non seulement sur le moral mais aussi sur les performances physiques de l’agent. De ce fait, on doit se préoccuper de la qualité du logement, de l’approvisionnement en eau potable et en denrées. Un minimum de confort est requis dans les campements. Quant à l’alimentation, le problème se pose différemment selon que l’on puisse disposer d’un moyen de conservation efficace des aliments, ou que l’on soit en mesure de renouveler assez régulièrement les stocks. Les problèmes rencontrés à ce niveau sont immenses et sont à l’origine de troubles sanitaires récurrents et qui peuvent être graves pour le personnel qui vit en permanence dans des zones isolées en brousse.

- un soutien administratif et moral :si les tracasseries découlant des conflits liés aux restrictions à l’accès et à l’utilisation des ressources naturelles sont mal gérées politiquement et administrativement, elles pèsent sur le personnel. Tout agent qui agit conformément à ses obligations, d’une part, et, d’autre part, par amour du métier, souhaite servir selon l’éthique. La conscience qu’il aura d’avoir agi efficacement sera d’autant plus affirmée qu’il est soutenu par sa hiérarchie. Par conséquent, il n’est pas souhaitable, pour quelque raison que ce soit, d’abandonner le personnel face à la pression de la brousse ou à l’abattement moral (diffamation, affliction, mépris, négligence…) découlant d’une mauvaise décision de justice. Il faut jouer le rôle d’interface entre le personnel et les pressions extérieures.

- la prise des sanctions qui s’avèrent être nécessaires :lorsqu’il a une satisfaction ou une insatisfaction pour un travail rendu, le supérieur doit le signifier dans la probité et l’équité. Ce n’est pas parce que l’agent n’a pas réussi dans sa mission qu’il faut le blâmer. L’effort fourni déterminé par ailleurs par son niveau d’engagement (la volonté), est à apprécier. Toute décision du conservateur (félicitations, critiques, encouragements, remontrances, punitions et même le silence) doit être instructive. Il s’agit pour lui de choisir une stratégie en vue de rehausser le moral et d’accroître la motivation de son personnel. Le copinage, la ségrégation et la compromission sont à bannir. Mieux vaut faire prévaloir le droit et le mérite accompagnés d’une bonne communication.

- un renforcement permanent des capacités :la remise à niveau des performances permet de relever et de corriger les lacunes, de montrer au personnel les évolutions acquises ailleurs. En outre, pour faciliter la réinsertion au moment de la retraite, des formations qualifiantes et des perfectionnements au cours de la vie active sont nécessaires.

-la mise en place de mécanismes de facilitation de l’acquisition d’un logement :un toit pour chaque famille.

-l’assurance d’une retraite bien rémunérée.

En zone tropicale, la quasi-totalité des aires protégées se localisent dans des endroits éloignés des centres urbains, difficiles d’accès, avec des conditions de subsistance austères. Presque toutes les commodités de la ville y sont absentes : eau courante et potable, électricité, téléphone, etc.

Pour garantir la pérennité de la biodiversité et des fonctions écologiques (protection, production, récréation, culture…) des aires protégées, le personnel de base est appelé à consacrer la majeure partie de son temps à la brousse.

Selon le site, l’organisation, les équipements et les infrastructures nécessaires pour les activités sont déterminés en fonction des conditions écologiques. Mais ils doivent permettre au personnel de valoriser convenablement toutes ses capacités. Sous ce rapport, une bonne rentabilité du travail de terrain nécessite de la part du gestionnaire :

- la détermination du profil approprié pour chaque type d’activité,

- la définition des stratégies à adopter en privilégiant la participation de tous. À ce niveau, l’opinion des différents acteurs est toujours intéressante, même si on ne peut tenir compte que des propositions et suggestions pertinentes. Une planification détaillée, mais flexible et légère, peut être facilement compréhensible et réalisable.

- une bonne capacité d’écoute, de la patience et de la souplesse, mais sans faiblesse,

- une bonne aptitude à savoir convaincre et comprendre, afin d’être en mesure d’utiliser les hommes au moment opportun et à bon escient. La prise en compte du poids des opérations dans leur succession est un atout.

- l’assurance de conditions d’hébergement optimales en brousse. Il s’agit de se soucier du repos, de la quiétude et du loisir du personnel. Le stress doit être combattu et l’alimentation améliorée. Si des moyens peuvent être disponibles pour aider les agents à améliorer leur quotidien, il ne faut pas les en priver par principe.

- l’organisation d’un service social chargé des familles du fait de l’absence prolongée et répétitive

GÉRER LE PERSONNEL

du personnel de son foyer. Certains cas de maladies, d’indigence, de dépravation, de conflits et d’autres urgences comme les décès et les accidents, sont à gérer systématiquement et raisonnablement.

- une auto évaluation régulière pour redresser les mauvaises tendances.

Pour aller plus loin :

AnonymeStatut du personnel de la Direction des Parcs nationaux du Sénégal.

LACONO, G. (2002) Gestion des ressources humaines, défi du temps, défi du territoire, défi de la complexité, défi de la responsabilité.Paris, 280 p.

WEISS, D. (2005) Ressources humaines. 3èmeédition. Paris, 805 p.