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Qui doit le faire ?

GÉRER UNE ÉQUIPE

Seydina Issa SYLLA, Ibrahima DIOP, Patrick TRIPLET, Nathalie TRIPLET

Comment s’y prendre ?

Il faut d’abord rappeler les rôles dévolus à une équipe chargée d’une aire protégée :

- appliquer la réglementation en vigueur en organisant, si nécessaire, des opérations de police, - connaître parfaitement la zone à surveiller en particulier ses limites,

- contribuer à élaborer et à appliquer le plan de gestion, - gérer les différents aspects de l’aire protégée,

- répondre aux différentes attentes en matière d’interventions,

- organiser des sorties sur le terrain, pour la gestion des milieux, voire des suivis scientifiques.

Un agent d’une aire protégée doit donc :

- intégrer l’importance qu’il y a à surveiller et à communiquer sur les valeurs naturelles de son site, - comprendre ce que signifie être agent d’une aire protégée et bien mesurer l’importance de son rôle, - veiller aux ressources naturelles et culturelles de la zone qui lui est assignée. Il a la responsabilité de mettre en œuvre différentes activités dans l’aire protégée. Ses fonctions incluent la surveillance, éventuellement l’accueil des visiteurs et la maintenance des installations.

- tout faire pour prendre soin des aires protégées, pour les soustraire à toute action néfaste, pour participer à l’éducation et à la transmission de l’importance du site,

- faciliter le lien entre les populations locales et l’aire protégée,

- bien connaître le site, se sentir à l’aise dans l’accueil du public, savoir parler aux populations locales, mais également aux autorités, aux scientifiques,…

- toujours avoir des relations franches avec les voisins de l’aire,

- connaître et savoir identifier les principales espèces animales et végétales présentes sur le site et disposer de certaines connaissances sur le fonctionnement des écosystèmes,

- recueillir des informations permettant de prévenir ou de constater une infraction, - contrôler les différentes personnes utilisant l’aire protégée,

- rechercher et constater les modifications et les détériorations affectant le milieu.

Un aspect méconnu : les agents artistes

À gauche, Insa Ngom , agent du parc national des oiseaux du Djoudj, en compagnie de Pate Diallo, devant les réalisations du premier : un Pélican, un Crocodile et une tête de Phacochère. Ces statues sont réalisées en papier et carton.

GÉRER UNE ÉQUIPE

L’équipe autour du conservateur La composition d’une équipe peut prendre la forme suivante :

- service chargé des opérations de lutte anti-braconnage, - service de la conservation de la biodiversité,

- service de la gestion durable des ressources naturelles, - service de l’écotourisme et de la valorisation économique - service de l’information et de l’éducation à l’environnement, - service administratif et comptable.

Le conservateur a besoin d’un adjoint qui peut le seconder pour certaines tâches, voire en prendre en charge lui-même. Le tandem conservateur aguerri – conservateur adjoint « apprenti » constitue la meilleure façon de former les conservateurs de demain. Cela permet à de jeunes conservateurs potentiels d’acquérir l’expérience qui manque souvent à leurs connaissances, et de pouvoir profiter très largement de l’expérience du conservateur en place. Le conservateur tire profit de la présence d’un jeune adjoint en actualisant ses connaissances et en apprenant, le cas échéant, de nouvelles techniques. Il s’agit donc d’un avantage réciproque à travailler ensemble.

Sur le plan administratif, un agent secrétaire-comptable permet aux deux précédents de s’occuper de l’essentiel : la gestion du site et de l’équipe. Son rôle, souvent ingrat, est pourtant de toute première importance car il doit au quotidien collecter les informations administratives nécessaires à l’établissement des bilans et surtout il doit veiller à ce que les dépenses n’excèdent pas la somme qui a été allouée pour l’année. Dans certains cas, il doit veiller à la vente des billets d’entrée dans l’aire protégée et s’évertuer à faire la promotion du parc.

L’équipe d’agents peut se composer essentiellement de gardes, ce qui est particulièrement souhaitable dans les zones les plus sensibles. Dans un nombre de plus en plus élevé d’aires protégées, une équipe scientifique est mise en place ou tout au moins, des agents marquant des dispositions pour un volet de la connaissance, prennent celui-ci en charge, par exemple, les dénombrements réguliers des oiseaux ou les inventaires floristiques. L’acquisition des connaissances, si importante pour bien gérer porte, selon des protocoles validés, sur le suivi de la faune, de la flore, mais également sur le relevé des niveaux d’eau ou de tous les facteurs physiques et biologiques permettant d’ajuster la gestion à la réalité du terrain.

Sur les sites ouverts au public, l’équipe a la tâche de vérifier que le règlement intérieur, s’il existe, est respecté par tous, pour des raisons de conservation de la nature mais également pour des raisons de sécurité des personnes. Le règlement doit être affiché à l’entrée de manière bien visible afin que nul ne puisse l’ignorer.

Une partie des visites guidées peut être encadrée par des agents spécialisés ou faire l’objet d’une sous-traitance avec les populations locales qui peuvent ainsi en sortir des revenus. Enfin, le conservateur a soin d’intégrer dans son équipe un « monsieur bricolage », réparateur des véhicules en panne, mécanicien de moteurs (y compris de bateaux), de pompes, de groupes électrogènes, de panneaux solaires.

Les fonctions d’un agent des aires protégées

Un agent des aires protégées doit être polyvalent. Outre ses missions de surveillance, il participe aux différents aspects de la vie du site. Le tableau ci-dessous fournit les fonctions qui peuvent être attribuées aux différentes catégories d’agents (tableau I).

La reconnaissance des agents

Le port de la tenue officielle est obligatoire sur le site. Elle permet aux visiteurs de distinguer les agents du personnel civil et est également une preuve de l’autorité dont les agents sont investis. Il est de la responsabilité du conservateur de veiller à ce que chaque agent dispose de ses effets et les utilise à bon escient. Tout manquement doit trouver remède, soit par la commande d'effets vestimentaires au niveau supérieur, soit par des mesures prises par le conservateur qui, faut-il le rappeler, doit en toutes choses montrer l'exemple.

Conservateur Conservateur adjoint Agent de terrain Suivi de l’évolution des milieux et des espèces

animales et végétales

Surveillance du territoire et police de l’environnement

Organisation du planning et définition des opérations

Exécution Exécution

Mise à jour des connaissances juridiques Recherche des nouveaux textes et

Animation, sensibilisation auprès du public Définition des objectifs et des priorités

Aide à la décision Application Document de planification (plan de gestion) Coordination de la

rédaction et de

Hygiène et sécurité Définition et contrôle

des règles, organisation des procédures de secours et d’évacuation

Contrôle des règles Application

Activités administratives (planning de travail, planification des congés, gestion du budget), Évaluation annuelle des agents, et propositions de promotions selon les cas

Tableau I :fonctions pouvant être attribuées aux différentes catégories d’agents

Que faut-il savoir pour gérer une équipe ?

Une équipe est constituée d’individus. Chacun possède des facteurs innés : sexe, hérédité, aspects morphologiques. On ne change pas les facteurs innés.

Par contre, l’individu possède également des facteurs acquis provenant de la famille (elle influence et construit l’individu), de l’école, de la religion, de la culture. Ces facteurs favorisent la construction de l’individu qui profite également de sa propre expérience.

Cet ensemble de facteurs innés et acquis ainsi que l’expérience constituent l’histoire personnelle de l’individu mais également sa personnalité qui évolue sans cesse en raison de son expérience personnelle et professionnelle. Dans sa relation avec son équipe, le conservateur doit prendre en considération la personnalité de chaque agent afin d’en obtenir les meilleurs résultats.

L’une des activités essentielles du conservateur est de communiquer. Dans toute communication orale, le poids des mots représente 30 % du message. Il faut toujours s’assurer de la cohérence verbale mais aussi non verbale du message.

Si le non-verbal dit le contraire du verbal, le collaborateur va sentir qu’il y a non-cohérence.

GÉRER UNE ÉQUIPE

Il est conseillé de toujours être attentif au vocabulaire employé notamment pour éviter les mauvaises interprétations de la part des collaborateurs. Il faut également ne pas hésiter à faire des notes de services pour atténuer les interprétations.

Motiver ses collaborateurs.

Pour être motivé, il faut s’engager, adhérer. La motivation est un processus, pas un état. L’aire protégée a ses valeurs, ses finalités, ses projets et des objectifs définis pour chaque collaborateur. Les objectifs sont dictés par la hiérarchie mais les agents doivent se les approprier, y adhérer sinon il n’y a pas de motivation. Si on ne retrouve pas quelque chose dans le projet dans lequel on se reconnaît, on n’est pas capable de se l’approprier. Le conservateur doit être le moteur de l’esprit d’équipe. Son succès est lié à la motivation qu’il va insuffler.

Pour le conservateur une des activités les plus difficiles est de fixer des objectifs à un collaborateur. La cohésion de l’équipe se mesure par le partage des objectifs de la mission assignée. Tout objectif doit être :

- simple, - mesurable, - accessible, - réaliste,

- temporalisé (situé dans le temps).

Si l’agent est intéressé, il peut mobiliser de l’enthousiasme sur le projet. Derrière la motivation vient logiquement la participation.

Entretenir les relations avec l’équipe

Il faut s’assurer que le personnel a compris ses fonctions et peut remplir ses missions sur une base annuelle qui peut donner lieu à des rapports intermédiaires.

Organiser des réunions régulières avec le personnel, de préférence au moins une fois par semaine permet de préciser le travail demandé, de vérifier si les missions ont été bien comprises et réalisées, de vérifier si chaque agent est au mieux de ses possibilités. Il faut, par ailleurs, s’assurer que les efforts de chacun sont bien déployés et de manière coordonnée avec le reste de l’équipe.

Sortie d’une équipe afin de définir le travail à réaliser(P. TRIPLET)

Une tâche importante est de bien répartir les membres de l’équipe en fonction des différentes missions à remplir en fonction des nécessités du service et d’éventuels imprévus.

Enfin, il faut vérifier régulièrement que les contrats du personnel non rattaché à l’État ne viennent pas à échéance.

Le conservateur doit se rappeler qu’il est la clé d’une bonne gestion du personnel et doit s’assurer que chacun travaille en ayant conscience qu’il fait partie d’une équipe. Il doit pour cela rester ouvert à des idées nouvelles ou à des propositions d’amélioration de pratiques relatives à la façon de travailler.

Créer un climat de confiance dans lequel les membres de l’équipe se sentent libres de partager leurs opinions permet à l’aire protégée de mieux remplir encore ses missions. À ce propos, il convient de reprendre et de s’approprier les différents principes rappelés par Herrera (2001) :

• Respect des personnes. Chacun des membres de l'équipe a été choisi pour la contribution qu'il peut apporter à la réalisation des objectifs fixés. Par conséquent, son niveau et son grade professionnel importent peu ; il mérite le respect et doit lui-même respecter les autres membres de l'équipe.

• Confiance dans les capacités des membres de l'équipe. Il faut être confiant dans les capacités de chacun des membres ainsi que dans ce qu'ils pourront apporter et dans leur capacité à tenir leurs engagements.

• Partage des aptitudes et des connaissances. En raison du caractère multidisciplinaire de l'équipe, chacun des membres de celle-ci doit transmettre ses propres connaissances et aptitudes aux autres membres, et doit acquérir au contact des autres membres les aptitudes et les connaissances qui lui manquent.

• Participation active. L'équipe doit créer une dynamique de groupe qui permette à chacun de ses membres de participer activement aux travaux. Tout membre d'une équipe qui ne participe pas est de trop. On n'a pas besoin de lui.

• Chacun doit se sentir solidaire de l'équipe et être conscient que celle-ci compte sur lui. Chaque membre de l'équipe doit prendre conscience que le succès ou l'échec ne dépend pas seulement de lui, mais dépend de l'ensemble des membres et de chacun d'entre eux. D'où la nécessité d'apprendre à faire confiance aux autres.

• Chacun doit veiller à faire sa part du travail. Si le succès ou l'échec dépendent de chacun des membres de l'équipe, il incombe à chacun de veiller à faire sa part du travail sans compromettre la performance de l'équipe.

• Nécessité d'un animateur apte à diriger les travaux. Toute équipe, quel que soit son degré d'autogestion, a besoin d'un animateur capable d'assurer la conduite des travaux, qui sache concilier les différents principes susmentionnés et qui assure la liaison entre l'équipe et les instances dirigeantes de l'aire.

Pour aller plus loin :

DUDLEYN., MULONGOYK. J., COHENS., STOLTONS., BARBERC.V. & GIDDAS. B. (2005) Towards Effective Protected Area Systems. An Action Guide to Implement the Convention on Biological Diversity Programme of Work on Protected Areas. Secretariat of the Convention on Biological Diversity, Montreal, Technical Series, no.18, 108 p.

HERRERAJ. (2001) Gestion participative, travail en équipe et aptitude à diriger, conditions indispensables du succès des entreprises du XXIèmesiècle. Document multicopié trouvé sur internet, 7 p.

GÉRER UNE ÉQUIPE

Action Date /

15 juillet Mise en place d'un dispositif de protection contre les espèces végétales invasives flottantes

Fermeture quand la cote atteint la hauteur minimale de 1,04

Rester en contact avec le PN Diawling afin d'alterner les années avec des niveaux normaux et des niveaux bas pour freiner le développement végétal Vérification des

vannes

Trimestriel Vérification du bon fonctionnement, graissage Information de l'OMVSsi problème détecté Préparation du

décompte du 15 janvier

10 décembre Mise en place des pancartes Tracé des trajets équipes

Vérification des pirogues, repérage des marigots Suppression de la végétation flottante si nécessaire Dénombrement du

15 janvier

14 janvier Constitution des équipes

Vérification du matériel optique et des moyens de locomotion Fermeture du plan

Organiser une réunion de concertation en début de saison et du mois d'avril avec les partenaires exploitant le plan d'eau

Gestion de la végétation arbustive

Mai-juin Coupe des Tamaris et des Prosopis selon un plan pluriannuel

Vérification de l'état de développement de la végétation invasive

Octobre à janvier Passage en pirogue dans les marigots, vérification de la présence, de l'abondance et du risque d'obstruction des marigots

Vérification de l'état

Novembre-avril Supprimer tout élément non prévu et vérifier l’absence de danger et solidité de la construction ; pose d'écrans de Typhas partout où nécessaire

Suivi de la

biodiversité du parc

Toute l'année Mise en place d'un personnel spécialisé Création d'une base de données Suivi du

fonctionnement de la station biologique

Toute l'année Contrôle des travaux et du matériel

Mettre en place un responsable avec une équipe de soutien

Nettoyage des sanitaires de l'embarcadère

Quotidien

ANNEXE

Annexe 1:exemple de fiche de programmation de tâches du conservateur et des