• Aucun résultat trouvé

1 « Penser à soi pour soi par soi-même »

SINE 2010 Femmes

Base = réponses complètes (n=268) Eff. % % Vous voulez être indépendante 200 75% 61% Vous avez le goût d’entreprendre ou le désir d’affronter de nouveaux défis 157 59% 41% Vous avez une idée nouvelle de produit, de service ou de marché 87 32% 13% Sans emploi, vous avez choisi de créer votre entreprise 72 27% 20% Vous avez une opportunité de création ou de reprise 38 14% 25% C’est la seule possibilité pour exercer votre profession (exemple : avocat, médecin …) 24 9% 11% Vous avez dans votre entourage des exemples réussis d’entrepreneurs 21 8% 9% Vous avez la perspective d’augmenter vos revenus 22 8% 25% Sans emploi, vous y êtes contrainte 3 1% 4%

*Plusieurs réponses possibles

Source : enquête Mompreneurs Landour Champ : collectif des Mompreneurs au 31/08/13

La seconde question vient enrichir ce premier tableau. On peut bien entendu se montrer critique quant à la formulation de l’item relatif aux valeurs, choisi par 56 % des répondantes. Il renvoie toutefois au bain entrepreneurial identifié un peu plus haut et vient également indiquer un probable désaccord avec l’univers salarial fréquenté. En tête des attentes, davantage choisi, l’exercice d’une activité indépendante est perçu comme le moyen d’équilibrer vie professionnelle et vie personnelle pour 59 % des répondantes.

178 Source : enquête SINE 2010, disponible

http://www.insee.fr/fr/methodes/sources/pdf/Questionnaire_auto_entrepreneurs.pdf, page consultée le 07/11/14. Compte-tenu de la récence des créations des Mompreneurs, je reprends ici uniquement les scores relatifs aux créatrices de 2010. La question n’est pas posée de manière identique auprès des auto- entrepreneurs, je me contente ici de reprendre les chiffres sur le champ des créateurs classiques.

Tableau 24. BÉNÉFICE(S) PERÇU(S) DE LA CRÉATION D'UNE ACTIVITÉ INDÉPENDANTE

Q11. A l’origine, créer une activité indépendante, cela signifiait avant tout pour vous…*

Base = réponses complètes (n=268) Eff. %

Équilibrer votre vie professionnelle et votre vie personnelle 159 59%

Exercer une activité qui corresponde à vos valeurs 151 56%

Exercer le métier de vos rêves 65 24%

Changer de style de vie 41 15%

Exercer des responsabilités auxquelles vous n’aviez pas accès salariée 30 11%

Exercer une activité sans contraintes 23 9%

Pouvoir vous consacrer pleinement à vos enfants 13 5%

Autre 7 3%

*Plusieurs réponses possibles

Source : enquête Mompreneurs Landour Champ : collectif des Mompreneurs au 31/08/13

Cette quête d’équilibre fait également écho à la question de la conciliation soulevée un peu plus tôt, en particulier si l’on se remémore la part importante de mères d’enfants en bas âge.

* * *

Ainsi, les Mompreneurs sont moins bien ancrées dans l’emploi salarié que l’image sociale qui est construite autour de la catégorie ne le mettait en scène. En parallèle, si la naissance ne joue pas le rôle de déclic qui lui est stratégiquement accordée dans la mise en identité sociale de la catégorie, la prise en charge d’enfants, souvent très jeunes, n’est pas neutre. Les questions qui approchent la thématique du temps permettent d’affiner la présence, en particulier de ces mères, auprès de leurs enfants et la façon dont l’articulation des temps de vie et tout particulièrement du temps professionnel et du temps parental semble peser dans leur entrée dans l’indépendance.

3. Une présence importante auprès des enfants

179

Il ne m’a pas été possible d’investiguer plus avant la question des pratiques parentales au sein de l’enquête quantitative conduite au sein de l’association. Soucieuses de valoriser le « poids

économique », pour reprendre leur expression, des Mompreneurs dans la société française, les

membres de l’association avec lesquelles j’ai collaboré avaient d’emblée poser comme condition de ne pas se centrer sur la question des enfants pour investiguer le « portrait-robot des Mompreneurs », leur « vécu en tant que cheffe d’entreprise, donc comment elles en sont venues à créer, comment ça

179

La notion de présence est ici à entendre dans son acception commune, concrète, et ne fait pas référence à la dimension plus morale que déploie Marc Bessin dans ses travaux sur les présences sociales et leur dimension genrée.

se passe et les attentes dans l’activité » et « leurs attentes envers l’association »180. Au cours de nos échanges, la question des enfants est systématiquement présentée comme subsidiaire ; le peu de questions que j’ai maintenues a d’ailleurs suscité l’agacement de plusieurs femmes qui n’ont pas manqué de m’en faire part directement. C’est par exemple le cas de Nicole, femme de 46 ans dont la fille unique vient de passer le bac et qui me dit au cours de son entretien organisé deux mois après la conduite de l’enquête : « j’étais à côté à chaque fois et en plus ça m’a choquée parce que je trouvais

qu’on reproduisait toujours le même cliché, les Mompreneurs couche-claviers ».181

Toutefois, ces questions informent sur un investissement temporel important de ces femmes auprès de leurs enfants. Une question de signalétique posée en fin de questionnaire sur le mode de garde des enfants indique par exemple que 51 % des Mompreneurs interrogées déclarent garder quotidiennement elle-même leurs enfants, une proportion similaire chez celles qui ont au moins un enfant de moins de 3 ans (48 %). 34 % déclarent également que les enfants sont principalement scolarisés mais qu’elles les récupèrent ensuite à la sortie à 16h30182, 29 % disent que les enfants sont scolarisés puis pris en charge à l’étude après l’école (qui ne s’arrête que rarement après 18h).

Tableau 25. MODE(S) DE GARDE DES ENFANTS

Quels sont les moyens auxquels vous avez quotidiennement recours pour faire garder votre ou vos enfants ?

Base : réponses complètes (n=268) Eff. %

Vous-même 138 51%

Votre / vos enfants vont à l'école et vous les prenez en charge à la sortie, vers

16H30 92 34%

Votre / vos enfants vont à l'école et vont ensuite à la garderie, l'étude 78 29%

Leur père 76 28%

Les grands-parents de votre / vos enfants 73 27%

Une crèche 47 18%

Vos enfants n'ont plus besoin d'être gardés 34 13%

Une assistante maternelle agréée 41 15%

Un(e) babysitter qui s'en occupe de la sortie de l'école à votre retour 21 8%

Une nounou à domicile 16 6%

C'est l'un de vos enfants qui prend en charge ses frères / soeurs 5 2%

Autre 13 5%

Source : enquête Mompreneurs Landour Champ : collectif des Mompreneurs au 31/08/13

180 Extrait du journal de terrain, notes prises pendant une réunion téléphonique du 26/03/13 entre la

présidente de l’association, sa coordinatrice, une des membres et moi-même.

181

Nicole C., 46 ans, mariée, 1 enf., EURL en 2009, commerce textile, ex-cadre.

182 L’enquête a été menée avant la réforme des temps scolaires intervenue dans certaines agglomérations en

La question formulée ici est imparfaite (il manque en effet des précisions quant à l’âge des enfants, dont je ne dispose pas de manière solide, ou encore le temps de garde effectivement pris en charge) et le traitement statistique que j’ai pu opérer est très incomplet (il faudrait par exemple reconstituer des chaînons et des cumuls entre les différentes modalités). Les comparaisons avec d’autres enquêtes, mieux conçues et outillées, sont donc difficiles à manier et demandent des interprétations qu’il convient de considérer avec les plus grandes précautions. C’est la raison pour laquelle je me contente ici de souligner, d’une part, la forte prise en charge des mères elles-mêmes dans la garde des enfants (51 % contre 36 % par exemple dans les données de l’Enquête Famille et Employeurs, considérant toutefois uniquement la garde du premier enfant au cours de sa première année (Stefan- Makay, 2009)), mais une présence déclarée du père (28 %) et des grands-parents (27 %) également importante : les Mompreneurs semblent avoir davantage recours à des gardes intra-familiales, et donc vraisemblablement gratuites, et moins à des tiers tels qu’une crèche (18 %, au-dessus toutefois des références de l’enquête EFE) ou encore une assistante maternelle agréée (15 %).

Cette hypothèse est corroborée par la question relative à l’organisation des horaires : au sein des créatrices effectives, interrogées sur la façon dont elles modulent leur emploi du temps, 46 % disent s’organiser en fonction des horaires de leurs enfants, quitte à retravailler le soir et/ou le week-end. 26 % disent dégager des horaires que je qualifie de traditionnels qu’elles complètent par du travail le soir et le week-end, tandis que 29 % semblent avoir un temps professionnel plus limité, la moitié annonçant toutefois 7h de travail en journée et l’autre affirmant organiser son emploi du temps complètement en fonction des horaires des enfants, sans signaler d’autres compléments temporels. Soulignons que, chez celles qui disent être le principal mode de garde de leurs enfants, la part de celles qui s’organisent complètement en fonction de leurs enfants passent à 20% ; elle grimpe à 50% pour celles qui complètent cette organisation par du travail le soir et le week-end.

Documents relatifs