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La vitesse de diffusion d'un mouvement scientifique

Encadré 1.2 Histoire d’un label

2. La Géographie théorique et quantitative en France et dans l’Europe francophone : état des connaissances

2.2. Une dynamique temporelle au centre des controverses

2.2.2. Les facteurs d’émergence identifiés

Dans le contexte de l'après Mai-68, qui a mis en cause les autorités mandarinales et qui a été plus largement propice à l’action contestataire (Orain, 2014)30, d’une morphologie du champ

scientifique bouleversée par le nombre et le rajeunissement, de progrès techniques favorisant un projet de renouvellement scientifique, comment s’est produite cette émergence selon les auteurs ? Dans son rapport sur la New Geography en France réalisé assez tôt après l’émergence du mouvement en Europe francophone, R. Brunet31 (1976) consacre de manière extrêmement

synthétique un point entier de son texte aux « moteurs et [aux] freins » de cette émergence et du développement du mouvement. Les différents points développés résument bien ceux mis en avant par la grande majorité des autres auteurs. Il comptabilise huit moteurs pour expliquer cette émergence, que nous regroupons en cinq points :

1) Le rejet des vieilles pratiques avec d’une part l’impasse de l’accumulation de monographies et d’autre part une lassitude à l’égard d’une géographie générale aboutissant à des typologies sans principes,

2) Une pression (indirecte) de l’étranger et des autres sciences humaines avec une indifférence devenue impossible face aux progrès conceptuels et méthodologiques venus du monde anglo- américain et des autres sciences humaines,

3) Des besoins nouveaux :

- le besoin d’un traitement rigoureux d’une masse croissante de données, et l’existence d’outils nouveaux (calculatrices, ordinateurs) pour les traiter,

- le besoin de vérifier des interprétations et des raisonnements : « on ne croit plus les chercheurs sur parole »,

4) Un effet de mode positif par les convergences d’efforts qu’il assure.

30 Comme le souligne par ailleurs P. Claval ou d’autres, Mai-68 n’est pas forcément l’origine du mouvement

théorique et quantitatif.

31 D’ailleurs, R. Brunet présente ainsi son texte lors d’un entretien début 2014 :

« J'avais eu du plaisir à montrer à nos amis londoniens, en compagnie de Philippe Pinchemel, que mon édito de l'Espace Géographique remarqué par Peter Gould n'était pas un simple feu de paille. » (Brunet, entretien, 16/04/2014). Lors d’une intervention à une journée de l’Association de géographes français le 17 mai 2014, consacrée à la géographie française de la décennie 1970, il a affirmé se retrouver dans ses analyses de l’époque.

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Par opposition, il identifie neuf freins que nous avons regroupés en cinq catégories : 1) Une formation française peu propice :

- des géographes majoritairement littéraires, - une tradition historiciste et idiographique,

- une faiblesse traditionnelle des concepts et des préoccupations épistémologiques, 2) L’isolement dans lequel sont restés trop de géographes peu soucieux de s’informer sur les progrès, le vocabulaire et les concepts des autres sciences, dont les acquisitions sont cependant susceptibles d’inspirer bien des nouveautés,

3) Des essais antérieurs infructueux comme l’avortement des efforts dans le domaine de la géomorphologie,

4) La faiblesse des moyens à disposition :

- du matériel, des crédits et des techniciens en nombre insuffisants,

- la faiblesse de l’apport réel de nombreuses études étrangères de géographie quantitative et théorique, face à l’énormité des moyens engagés,

5) Une méfiance envers :

- une géographie fondée sur le traitement de données fournies par le pouvoir,

- le néo-positivisme et une géographie technocratique, qui de ce fait peut paraître vouée au service du pouvoir, et de sa reproduction : mais cette critique politique, justifiée en partie par la pratique de la new geography, oublie que l’outil est neutre, qu’il peut être utilisé pour l’amélioration des connaissances quelles qu’elles soient, et mis au service d’idéologies différentes ; et au service de la critique, qu’il peut considérablement conforter.

Nous avons rendu compte de la totalité de ce dernier point (Brunet, 1976, p. 42) pour deux raisons : premièrement, montrer qu’à presque chaque « frein », R. Brunet, très proche du mouvement théorique et quantitatif, associe un contre-argument pour justifier le malentendu supposé au sein du champ disciplinaire ; et, deuxièmement, souligner le contexte dans lequel cet argument est soulevé puisque R. Brunet fait référence dans les points 8 et 9 de son texte aux réticences exprimées par d’autres nouveaux géographes qui fondent à ce moment-là les revues EspacesTemps (1975) ou encore Hérodote (1976) et qui adressent ce type de critiques à la géographie théorique et quantitative. R. Brunet dresse une présentation exhaustive et précise des différents paramètres qui interviennent dans l’émergence du mouvement de la « new geography », déjà esquissés dans son article paru dans l’Espace géographique en 1972 intitulé « Les nouveaux aspects de la recherche géographique: rupture ou raffinement de la tradition ? ». Ce rapport de R. Brunet connaît néanmoins une diffusion beaucoup moins large que la plupart des autres productions (et principalement les manuels) qui traitent cette question de manière beaucoup moins précise et systématique.

Par ailleurs, trois autres facteurs ont été largement développés par la suite : 1) des « anomalies » associées à la conduite d’une géographie classique à référence rurale dans un monde urbain, 2) une forte croissance des effectifs d’étudiants et d’enseignants chercheurs, 3) l’influence de l’étranger et des autres disciplines. Premièrement, d'après une lecture kuhnienne de l'histoire des sciences longuement développée dans sa thèse, O. Orain (2009) affirme que l'émergence de la nouvelle géographie (dont la géographie théorique et quantitative fait partie mais n’est pas la seule

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constituante) résulte d'une série d'anomalies qui ont « mis en question les capacités explicatives du paradigme classique ». Il indique que s'est produit à la fin des années 1960 un « sentiment de lassitude cognitive » de la part des jeunes géographes en faisant référence en particulier à des témoignages d'Henri Chamussy (1997) sur l’histoire du groupe Dupont et de Maryvonne Le Berre (1988) sur son propre itinéraire. L'un des déclics aurait été le refus de « la reproduction des recettes traditionnelles à l'occasion de leur travail de thèse », ce qui est par ailleurs implicitement évoqué par R. Brunet dès 1976. O. Orain (2009) rappelle d’ailleurs les diverses expressions d’un « malaise » durant les années 1960 ; ainsi, P. Claval écrit dans son Essai sur l’évolution de la géographie humaine :

« Il existe un malaise de la géographie actuelle ; je l’ai éprouvé comme bien d’autres ; j’en ai tant parlé avec mes collègues […] » (Claval, 1964, p. 9).

O. Orain (2009) montre que ces états d'âme sont l'un des symptômes de la fin de validité du paradigme classique. Il indique également que la géographie théorique et quantitative, par ses caractéristiques, pouvait séduire ces jeunes géographes qui « étaient beaucoup plus sensibles à la raison scientifico-ingénieuriale et aux considérations épistémologiques nourries de Bachelard et de Piaget, qu’on leur avait enseignées à la fin du secondaire ». Selon le même auteur, la non- nécessité de pratiquer le latin en géographie avait permis à des personnes issues de « math élem » et de milieux modestes de s'inscrire en géographie. R. Brunet a peu évoqué le fait que certains n’étaient pas forcément de purs littéraires. Par ailleurs, pour expliquer la grogne des jeunes géographes qui arrivent en masse, P. Claval (1998), ainsi que J.-F. Staszak (2001), ont souligné le fait que la géographie française des années 1960 n’était « pas assez scientifique ». Parmi des arguments moins souvent explicités, figure le décalage entre les objets de prédilection de la géographie et les problèmes du monde contemporain. Ainsi, un jeune assistant de Reims, Alain Reynaud, publiait en 1976 un pamphlet intitulé « La géographie entre le mythe et la science » où il relevait les difficultés de la géographie classique à rendre compte de l’état du monde, en même temps que les contradictions internes à la doctrine officielle. Des décennies plus tard, J.-F. Staszak affirme également que si la géographie classique « pouvait traiter du monde rural et des sociétés traditionnelles, au sein d'un espace fragmenté et rendu opaque par la difficulté des transports, elle n'était pas à même de rendre compte d'un Monde bouleversé par l'urbanisation, la tertiarisation des sociétés, la révolution des transports, et, plus récemment, la mondialisation » (Staszak, 2001, pp. 96-97).

Deuxièmement, plusieurs auteurs mettent en parallèle l'émergence de la géographie théorique et quantitative avec la transformation morphologique de l’université, liée à une considérable augmentation des effectifs d’étudiants puis d'enseignants à la fin des années 1960. Ils s’appuient notamment sur des textes ou graphiques de M.-C. Robic (1989) sur l'évolution démographique du champ de la géographie française, nourris de la réflexion de P. Bourdieu (1984) et qui voyaient dans l’augmentation des effectifs de « nouveaux arrivants » un agent de modification des rapports de pouvoir dans le corps enseignant et un puissant motif à susciter des « stratégies de subversion ». D. Pumain affirme que « la « révolution théorique et quantitative » en géographie correspond en effet sociologiquement à l’arrivée massive d’une nouvelle génération » (Pumain, 2010, p. 168) et dans son article, elle fait plusieurs fois référence à cet élément. Par

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ailleurs, il est nécessaire de s’intéresser aux facteurs mis en avant dans les manuels qui, comme nous l’avons indiqué, bénéficient généralement d’une large diffusion. Ainsi, P. Claval a également souligné cet argument en le corrélant à l'augmentation des effectifs d'étudiants, implicite souvent dans les autres textes. À ce critère purement quantitatif, l’auteur ajoute la jeunesse des effectifs : « en 1968, les quatre cinquièmes des enseignants ont moins de huit ans d'expérience universitaire » (Claval, 1998, p. 322) et leur âge ainsi que leur formation récente justifient pour l'auteur une sensibilité plus importante « au malaise que connaît la géographie » par rapport à leurs « aînés ». Il insiste sur l'importance de la « croissance accélérée des effectifs [qui] rajeunit la discipline et lui insuffle énergie et aspirations nouvelles ». L'une des causes des crispations viendrait notamment du fait que les structures ne s'adaptent pas aussi vite qu'il le faudrait à l'évolution des effectifs. Il prend alors et une fois encore comme repère Mai-68 pour expliquer la résistance au changement de professeurs qui auraient cadenassé l'ensemble dans une « profession [qui] reste contrôlée par un petit nombre de collègues qui se méfient des idées nouvelles » (Claval, 1998, p. 324). L'auteur remarque néanmoins qu'en plus des jeunes enseignants favorables à un renouvellement de la géographie, certains professeurs l'étaient également, comme le soulignent par ailleurs de nombreux autres auteurs :

« Nombre de professeurs sont, comme Dollfus, favorables à un aggiornamento profond de la discipline : certains sont déjà en poste depuis des années, Pinchemel par exemple. D’autres viennent de prendre la direction de départements, comme Brunet, d’achever leur thèse, comme Armand Frémont, ou sont en train de la rédiger, comme Georges Bertrand. Aucun ne s’impose cependant encore comme un leader incontesté de la nouvelle génération. » (Claval, 1998, p. 335)

C'est donc bien en partie un contexte démographique qui permet l'émergence de la géographie théorique et quantitative. Mais ce contexte est largement franco-français puisque nous savons que les effectifs dans les universités belges et suisses sont globalement stables à ce moment-là, ce qui n’a pas empêché la géographie théorique et quantitative de s’y développer — et il n’a pas eu de telles conséquences dans d’autres domaines scientifiques.

Troisièmement, les rapports avec les autres disciplines et avec l’étranger sont deux facteurs mis en avant par la plupart des historiens de la discipline pour rendre compte de l’émergence de la géographie théorique et quantitative en Europe francophone. En ce qui concerne les autres disciplines, R. Brunet signale « la collaboration [des géographes] avec des ingénieurs de l’aménagement et des économistes, dont certains travaux théoriques ou appliqués ouvraient de nouveaux horizons […] et l’aide de mathématiciens orientés vers les sciences humaines » (Brunet, 1976, p. 40). D. Pumain et M.-C. Robic indiquent le début de relations entre mathématiques et géographie dans ces années-là, indiquant un léger retard de cette dernière par rapport à d’autres disciplines :

« Un ensemble d’événements convergents permet de dater aux années 1970-1972 un tournant significatif dans la géographie française. Démarre alors, et alors seulement, cette rencontre de deux cultures jusque-là à peu près séparées que des historiens des relations entre mathématiques et sciences humaines ont suivies dans l’après-guerre français pour toutes les disciplines, psychologie, économie, linguistique, histoire et géographie. » (Pumain, Robic, 2002, p. 125)

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Cette information est également largement diffusée dans les différents manuels comme celui de P. Claval (1998) qui affirme notamment que :

« Les mathématiques sont mieux faites qu'au début du XXe siècle pour rendre compte des

subtilités des réalités sociales. L'amélioration des procédés de calcul rend aisé l'emploi d'algorithmes jusque-là jugés trop lourds. » (Claval, 1998, p. 93)

Pour expliquer ce rapprochement entre mathématiques et géographie, certains soulignent le rôle important des réformes engagées en France en 1968 et 1969. Toujours dans son manuel d'histoire de la géographie, P. Claval affirme notamment que la réforme d'Edgar Faure permet par exemple que le cursus de géographie comprenne « une initiation à la statistique, aux mathématiques, à l'informatique, à l'économie et à la sociologie utiles à la géographie » (Claval, 1998, p. 327). C'est l'époque où s'ouvrent des centres de calcul dans les universités et au CNRS, qui deviennent accessibles aux spécialistes de sciences humaines.

De nombreux auteurs évoquent la sensibilité des acteurs de la géographie théorique et quantitative à l'informatique sans toutefois véritablement développer l'idée, pourtant très probable, selon laquelle les progrès de l’informatique auraient favorisé le développement de cette géographie. Nous l’avons vu, R. Brunet indique rapidement parmi les moteurs de l’émergence « l’existence d’outils nouveaux (calculatrices, ordinateurs) » (Brunet, 1976, p. 41), ce qu’évoque également plus tard P. Claval en affirmant l’existence « de moyens nouveaux pour maîtriser les séries statistiques de plus en plus riches que livrent les recensements » dans un contexte où les « jeunes adoptent les méthodes expérimentales que l'on pratique dans les laboratoires » car ces mêmes jeunes géographes souhaitent « valoriser leur discipline par un travail plus scientifique » (Claval, 1998, p. 309) — ce qui est également communément admis par les auteurs. Ces derniers soulignent le rôle de l'informatique qui permettrait de « manipuler les données pour les synthétiser, et surtout de les passer au crible de traitements statistiques d'une grande complexité, de manière à faire apparaître des structures, des liens ou des régularités dissimulés » (Staszak, 2001, p. 100). Opposant de la géographie théorique et quantitative et promoteur de la géographie culturelle, ce dernier ne semble pas remettre en cause l'usage de l'informatique et des mathématiques et le justifie même. Il s'agit donc là d’un consensus entre partisans et opposants du mouvement.

Concernant l'étranger, ceux qui ont réalisé des publications scientifiques sur le mouvement citent comme vecteurs de diffusion des idées les États-Unis, la Grande-Bretagne, la Suède et le Canada :

« Pour les membres du futur réseau théorique et quantitatif, c’est la découverte d’un nouveau continent – l’état des recherches anglo-saxonnes – qui a catalysé les énergies, provoquant une sorte de défi intellectuel et social (le sentiment d’un retard inadmissible par rapport aux États-Unis) à relever. » (Pumain, Robic, 2002, p. 128)

« Le rôle de référence que jouent initialement les développements de la « New Geography » née aux États-Unis et en Suède vers le milieu des années 1950. » (Pumain, Robic, 2002, p. 138)

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Cet argument est répandu et repris dans les manuels tels que celui d’Antoine Bailly et Robert Ferras, participants actifs de la nouvelle géographie (pas seulement la géographie théorique et quantitative) puisqu’ils indiquent que « la volonté de modéliser, d'expliquer et d'élaborer des lois [est] venue du monde anglo-saxon (États-Unis, Grande-Bretagne, Suède, Canada) » (Bailly, Ferras, 1996, p. 37). Comme l'affirme par exemple P. Claval (2001) dans son manuel d'Épistémologie de la géographie publié trois ans après son Histoire de la géographie (1998)32, « les

jeunes collègues [envoyés] comme coopérants dans les universités du Québec [auraient été] fascinés par les analyses factorielles qu'ils voient mises en œuvre par leurs collègues canadiens ou américains » (Claval, 2001, p. 197). Non seulement R. Brunet, au milieu des années 1970, mais aussi D. Pumain et M.-C. Robic, au début des années 2000, proposent des analyses convergentes :

« Ce mouvement est né de l’action conjuguée, d’une part de quelques chercheurs confirmés, de formation traditionnelle […] d’autre part, de jeunes chercheurs avides de pratique scientifique et qui sont allés outre-Atlantique (USA et surtout Canada, rarement en Grande- Bretagne) suivre des stages de longue durée » (Brunet, 1976, p. 40)

« Pour nombre d’individus, par le livre33 ou par le témoignage sur la révolution anglo-

saxonne (telle l’intervention de Bernard Marchand lors des Journées Géographiques de 1970), la médiation de géographes ayant transité par le Canada ou par les États-Unis a créé le déclic pour entrer en conversion. » (Pumain, Robic, 2002, p. 129)

La multiplication des manuels d’origine anglophone, parfois traduits en français, représente aussi un élément très important pour les auteurs. Par exemple, D. Pumain et M.-C. Robic ont montré que l’influence anglo-américaine s’était en partie opérée par la lecture d’ouvrages et de manuels en anglais venant d’un mouvement antérieur de « 15 ans » à celui qui était en train d’émerger en France :

« Ce faisant, au-delà de la mathématisation, la découverte des manuels anglo-saxons en 1970 introduisait à une science différente car, assis sur une « révolution quantitative » déjà ancienne de 15 ans et sur une expérience de « géographie théorique », ils allaient au delà de l’initiation technique. Ils proposaient d’une part des mises en ordre inédites de la matière géographique, telles la formalisation « point-ligne-surface » du manuel de P. Haggett34, la

synthèse didactique de deux décennies de recherche sur l’organisation spatiale35 ou encore

l’ouverture à l’étude des systèmes urbains36, et, d’autre part, des mises en forme

épistémologiques structurées, d’inspiration positiviste, où dominaient la modélisation37 et le

modèle explicatif nomologique. » (Pumain, Robic, 2002, p. 129)

Mais c’est surtout la traduction de ces ouvrages en langue anglaise qui aurait considérablement facilité la diffusion de la géographie théorique et quantitative en Europe francophone :

32 Ces deux manuels ont été réédités à plusieurs reprises.

33 Racine J.-B., Reymond H., 1973, L’analyse quantitative en géographie, Paris, Presses

Universitaires de France.

34 Haggett P., 1965, Locational Analysis in Human Geography, Londres, Arnold, 339 p. [traduction par Fréchou H.

(1973), L’analyse spatiale en géographie humaine, Paris, Armand Colin, 390 p.]

35 Berry B.J.L., Marble D. (eds) (1968), Spatial Analysis, Englewood Cliffs, Prentice Hall.

Abler R., Adams J.S., Gould P. (1971), Spatial Organization. The Geographer’s View of the World, Englewood Cliffs (New Jersey), Prentice Hall.

36 Berry B.J.L., Horton F. (1970), Geographic Perspectives on Urban Systems, Englewood Cliffs (New Jersey), Prentice Hall. 37 Haggett P., Chorley R. (1967), “Models, paradigms and the new geography”, in Chorley R., Haggett P., (eds), Socio-

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« La traduction de quelques ouvrages fondamentaux (Berry, Haggett) […] a facilité l’apprentissage et la manifestation de la recherche, qui s’exprime désormais dans de nombreuses revues » (Brunet, 1976, p. 40)

« Le pas de la traduction a même été franchi, avec la publication chez A. Colin de deux auteurs phares de la New Geography, B. Berry38 et P. Haggett. Le responsable de collection, P.

Pinchemel, a contribué lui-même à la diffusion de leurs analyses, présentant par exemple au stage de statistiques d’Aix-en-Provence (Pinchemel en 1971) les conclusions tirées par un autre Américain, P. Gould39, sur les avancées décisives de la Nouvelle Géographie. »

(Pumain, Robic, 2002, p. 129)

Les auteurs de manuels tels qu’A. Bailly et R. Ferras (1997), comme beaucoup d'autres, insistent eux aussi sur le rôle de la traduction du manuel Locational Analysis in Human Geography de P. Haggett (1965) en français par Hubert Fréchou, et pour sa publication à l’initiative de Philippe Pinchemel en 1973. Ce rôle aurait été fondamental dans l’émergence et le développement du mouvement quand la barrière linguistique était importante.

Les facteurs d'émergence du mouvement théorique et quantitatif (et plus globalement de la Nouvelle Géographie) ont été largement identifiés40 et non seulement ils font l’objet d’un

certain consensus mais surtout ils bénéficient d’une analyse bien assise. Dans notre travail, nous nous appuierons sur cette analyse qui nous donne les éléments de contexte nécessaires pour débuter notre étude du mouvement théorique et quantitatif, qui se veut une analyse spatio- temporelle de la constitution d’un collectif d’acteurs se reconnaissant d’un même mouvement.

Après avoir souligné les différents obstacles à l’émergence du mouvement théorique et quantitatif en géographie européenne francophone mais surtout ses moteurs, décrivons rapidement comment les différents auteurs de cette histoire de la discipline ont qualifié cette émergence.

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