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27 EXAMEN DETAILLE DE L'OUVRAGE

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LIVRE I.

Chapitre 1.

Dans ce préambule, Aristote ne mentionne qu'un procédé de raisonnement;

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'enthymème qui correspond au syllogisme de la dialectique. Il passe sous silence l'exemple qui est la forme

rhétorique de l'induction. Aristote a découvert et le premier fait la théorie du syllogisme.

Sa "Rhétorique" sera par les théories de la démonstration et de la réfutation, par la distinction des lieux communs et des lieux spé­ cifiques, par l'énumération et la classification de ces espèces dans les trois genres oratoires, une oeuvre de logique.

Aristote s'efforce de montrer l'analogie de la Rhétorique et de la Dialectique. Rhétorique et Dialectique sont dans le même rapport avec la Science. L'enseignement et la démonstration scien­ tifiques se tirent de vérités nécessaires, qui s'imposent à la raison en tous temps et en tous lieux. Les démonstrations dialec­ tiques et rhétoriques se fondent sur des vérités d'opinion. Vérité pour la science, probabilité pour rhétorique et dialectique.

Quand Aristote constate que tous les hommes s'ingèrent ou de discu­ ter en questionnant une thèse ou de la soutenir, il parle de Dia­ lectique. Quand il constate que tous se croient en état d'accuser ou de se défendre, il parle de l'éloquence judiciaire. C'est de cette dernière observation qu'il va conclure la possibilité de tracer une méthode en rhétorique. Il lui suffira de rechercher les causes de ces réussites pour trouver la méthode dont la "technè" a précisément pour fonction de poser les principes. Remarquons qu'Aristote procède selon la méthode expérimentale. Il part de faits d'observation pour inférer des règles générales.

Le procédé le plus efficace de la démonstration, celui qui forme comme le corps de la persuasion, c'est

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'enthymème. Aristote reproche aux anciens rhéteurs de n'en rien dire.

Il leur reproche également de dénombrer et de distinguer les par­ ties du discours afin de montrer comment on peut les employer à capter la faveur des juges.

Aristote, lui, lorsqu'il s'intéresse à 1'arrangement des parties, c'est en les considérant du seul point de vue logique, celui de

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' argiamentation et des preuves subjectives et objectives.

Enfin, dernier reproche adressé aux anciens: ils ont surtout porté leur attention sur le genre judiciaire. Or, le genre délibératif est dans l'ordre moral et l'ordre politique d'une quali­ té plus haute. Les questions dont il traite intéressent davantage l'ensemble de la communauté et l'auditeur y défend mieux l'indépen­ dance de son jugement.

Notons qu'Aristote, ici, devrait reconnaître que la pré­ dilection des précurseurs siciliens pour le genre judiciaire fut déterminée par les révolutions politiques; ils n'en jetèrent pas moins les fondements de la théorie du vraisemblable.

L'auteur résume ce développement en disant que seule est technique la démonstration par l'enthymème. Il ajoute qu'une seule et même faculté naturelle permet d'appréhender la vérité de la science et la vraisemblance de la Dialectique et de la Rhétorique.

Aristote montre ensuite l'utilité de la rhétorique: - 1° Le vrai a plus de force persuasive que le faux; c'est donc

à tort, à cause de leur ignorance technique, que les plai­ deurs ayant raison sont vaincus par des adversaires qui ont tort.

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Tous les hommes ne sont pas capables de recevoir les démonstra­ tions et l'enseignement de la science. La Rhétorique permet à ces profanes d'en approcher les propositions en passant par les notions communes, les opinions courantes. Elle sert ainsi à ce que nous appelons la vulgarisation.

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La Rhétorique met en état de persuader les contraires.

Aristote, qui ne voudrait pas être confondu avec les sophistes et les immoralistes, prévient tout malentendu en disant que l'on

ne doit pas conseiller indifféremment une action bonne ou mauvaise, ni persuader de choses immorales; mais il faut prévoir l'argumen­ tation de l'adversaire afin d'être à même de la réfuter.

Des caractéristiques énoncées, Aristote conclut que la Rhétorique est moins l'art de persuader, que de découvrir tout ce qu'un cas donné comporte de persuasif. La Rhétorique distingue le persuasif réel et le persuasif apparent. Ce préambule suffit à montrer l'intérêt et la nouveauté de l'ouvrage. La Rhétorique y apparaît comme un art logique.

Chapitre II.

Ce second chapitre contient toutes les définitions fon­ damentales du traité.

La Rhétorique même est définie comme la faculté de dé­ couvrir spéculativement tout ce qu'un sujet donné comporte de persuasif.

Les moyens de persuasion ou preuves sont ou extra-techniques ou

techniques. Les extra-techniques ne sont pas procurés par l'orateur, ils préexistaient à sa démonstration: témoignages, aveux sous la torture, écrits, etc...

L ' orateiir peut les utiliser; il ne les invente pas.

Les preuves techniques sont de son invention, il les trouve grâce à la méthode et les présente par le moyen du discours, c'est-à-dire de son argumentation.

Ces preuves techniques sont de trois sortes:

- le caractère de l'orateur c'est-à-dire non sa personnalité mo­ rale mais l'impression que par son discours il fait siir son audi­

toire. Cette impression a toujours un grand poids et dans les cas douteux, elle emporte la balance. Mais il faut qu'elle soit pro­ duite par le discours: une prévention de l'auditoire ne compte pas.

- la disposition dans laquelle l'orateur met l'auditoire, dispo­ sition qui dépend des passions que l'orateur émeut en leur coeur.

- le discours qui démontre ou paraît démontrer en faisant sortir la vérité ou ce qui paraît l'être des raisons persuasives impli­ quées dans chaque cas donné.

Les preuves logiques ou objectives seront expliquées dans le livre I, chapitre 3 à I

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et dans le livre II, chapitres 18 à

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. Les preuves subjectives et morales feront l'objet des chapi­ tres de 1 à

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du livre II.

Les raisonnements qui servent à la démonstration réelle ou apparente sont 1 * exemple et 1 * enthymème. Ils équivalent, le premier à l'induction, le second au syllogisme de la Dialectique. Le persuasif* est croyable ou immédiatement c'est-à-dire par lui- même ou immédiatement, c'est-à-dire parce qu'il semble démontré par des raisons médiatement persuasives. L'individuel étant indéter­ miné, la "teclinè" ne considère pas ce qui est persuasif pour un

individu, mais pour un groupe d'individus ayant tel ou tel caractère. Dans 1'enthymème, certaines prémisses, par trop évidentes, doivent

être sous-entendues.

Il n'y a qu'un petit nombre des syllogismes de la rhétorique qui soient nécessaires. Ils sont en grande majorité vraisemblables. Les syllogismes nécessaires ont des prémisses nécessaires; les vraisemblables ont des prémisses vraisemblables.

Quand Aristote définit le vraisemblable - ce qui se produit le plus souvent - cette formule n'est pas absolue, mais relative; elle

signifie que pour une chose pouvant être autrement qu'elle n'est, le vraisemblable est dans la relation du général au particulier. Les syllogismes de la rhétorique ne se fondent pas seulement sur des prémisses vraisemblables, mais aussi sur des indices.

L'indice est une chose qui par rapport à une autre est dans la

relation ou du général au particulier, ou du particulier au général. Il y a comme pour les prémisses d'enthymèmes, des indices non né­ cessaires qui n'ont pas de dénomination particulière, et des indices nécessaires.

L'exemple n'offre les relations ni de la partie au tout, ni du tout à la partie, ni du tout au tout, mais seulement les rapports de la partie à la partie ou du semblable au semblable.

Il est soumis à deux conditions: les deux termes doivent appartenir au même genre et le terme cité en exemple doit être plus connu. Aj?istote fait ensuite une discrimination très importante entre les enthymèmes de la rhétorique.

Certains sont de son domaine; mais il en est qui sont du domaine d'autres arts.

Les prémisses de la rhétorique sont les lieux communs ou éléments : les prémisses des autres sont des lieux spécifiques ou espèces.

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