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81 limitée du concept qu'il y a la preuve d'une sédimentation de la

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notion qui implique la consolidation du permanent.

Une fois le phénomène vocabulaire rendu rigoureux, la démarche de l'esthéticien se trouve engagée sur le plan des choses. Dès lors, son procédé relève de la stricte méthode baeonienne:

exeimen de cas clairs, choix systématique de ces cas, variation, présence et absence des caractéristiques.

Pour résoudre les problèmes esthétiques. Bayer préconise 5 démar­ ches méthodologiques,

1°) l'étude des époques critiques où toute la technique admise est attaquée, détruite et reconstruite. Tous les problèmes repris sur d'autres fondements sont transposés dans d'autres modes: c'est la naissance d'ime catégorie esthétique.

2°)

l'étude des écoles. De maître à disciples, les constances se prononcent, l'hétérogénéité se limite; ce que le maître dit à peine, les disciples secondaires prennent soin d'y insister. Ensuite dans l'oeuvre du maître, le souvenir du procédé permet avec certitude à l'esthéticien de déceler les traces par quoi s'est produite la catalyse.

3°) l'examen des séries par les moyens précis d'ime stratégie réductrice et la tactique articulée d'une méthode d'einalyse - permet d'étudier les variations stylistiques en fonction de n'importe quel facteur (historique, géographique, technique,

etc.,). Par exemple, on obtient des groupes plus serrés de mensuration

1) avec n statues d'un même auteur qu'avec n statues d'auteurs différents

2) avec n statues d'une même école qu'avec n statues d'écoles différentes

3) avec n statues d'tm même rôle iconographique qu'avec n statues de rôles différents

4) avec n statues d'un même rôle monvunental qu'avec n statues de rôles différents

5) avec n statues d'tine même échelle qu'avec n statues d'échel­ les différentes.

4°) à l'application des grands nombres pour l'étude esthétique du chapiteau dorique par exemple.

5°) la recherche du crucial c'est-à-dire un changement d'accent causé par la transposition des valeurs et Bayer cite entre

autres exemples "la salteirelle et la pavane changent leur esthé­ tique et la renversent du pour au contre selon qu'on les pré­ sente sous la chaleur moelleuse des archets ou dans l'aigrelet­ te saveur des cordes pincées"; l'aspect est ici fonction d'une instrumentation, la technique révèle ses effets.

Ces démarches permettent d'envisager un problème esthéti­ que d'une façon complète, de le replacer dans son contexte lorsqu' il est résolu et de mettre en lumière les relativités.

Ceite étude a le grand mérite d'ouvrir les arcanes de l'esthétique tout en évitant le piège des digressions vides dans lequel tombent bien des auteurs contemporains. Je crois qu'elle s'avérera d'une très grande utilité.

ETUDE HISTOR

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La vue panoramique que propose cette 1ère partie est fatalement très incomplète; elle nous permettra cependant de faire le point avant de poursuivre cette étude en orientant nos réflexions vers le but particulier que nous nous sommes assigné.

En fait, tous les efforts en directions multiples des penseurs que nous venons d'évoquer se ramènent à la recherche émou­ vante qui fut et vraisemblablement sera toujours le problème-clef de l'humanité: le problème de la connaissance dont la connaissance artistique n'est qu'un aspect particulier.

Précisons qu'il faut ici entendre le vocable "connaissance" dans le sens le plus large et le plus complet, et qui peut - je

pense - se définir encore à notre époque par la notion d'intuition bergsonienne, c'est-à-dire par "l'unité indivisible de la conscience fusionnant toutes ses fonctions lorsque - de toute son âme - l'homme tend à pénétrer tin objet". Cette notion d'intuition bergsonienne - relativement récente - est le mode selon lequel nous nous exprimons. Il va de soi que si le problème de la connaissance s’est toujours posé aux hommes, les solutions qu'ils ont cru pouvoir lui apporter

semblent varier selon le moment, le lieu et la nature des individus. Donc, au cours des siècles, diverses tendances n'ont pas cessé de s'opposer: recherche de la vérité absolue opposée à la

recherche se plaçant sur le terrain de la doxa; prétention à l'unité de la vérité opposée à la reconnaissance d'une vérité multiple;

subjectivité opposée à objectivité; transcendant opposé à empirisme. Ces oppositions résultent - me semble-t-il - de la com­ plexité de la pensée humaine et du fait que chaque philosophe accorde la primauté à l'une ou l'autre tendance au lieu de recon­ naître la coexistence d'attitudes d'égale valeur.

Ces oppositions - qui paraissent irréductibles - nous conduisent à des apories multiples parallèles à celles que signale Monsieur

le Professeur Decoster dans son cours d'Encyclopédie de la Pédagogie. Ces apories, ici également, faussent indiscutablement les données du pr ob1ème,

Essayons - dès lors - de le poser en évitant ces contra­ dictions apparentes. Nous pouvons sans courir grand risque d’erreur, commencer par ramener les diverses tendances de la pensée humaine à 2 attitudes: dogmatisme et relativisme.

Si avec Pythagore règne le dogmatisme du Nombre, c'est chez Platon que nous trouverons le meilleur exemple de cette atti­ tude d'esprit.

Ce que Platon cherche à communiquer, c'est une science absolue, ce sont les normes absolues du Bien et du Beau qu'il désire attein­ dre. Pour lui, l'existence de principes immuables se traduit par la recherche d'un archétype idéal.

De leur côté, les conceptions relativistes selon lesquel­ les les hommes doivent se limiter à chercher le préférable, à éla­ borer la vérité au fur et à mesure de lexor Histoire sont multiples. L'étude potirsuivie par les Sophistes se développe dans une perspec­ tive d'humanisme relativiste. L'idée d'historicité nous l'avons

souvent rencontrée notamment chez Montaigne, chez Hegel, chez Comte, chez Taine.

C'est ce relativisme enfin qui sera poussé jusqu'à l'extrême dans la théorie subjectiviste de 1'Einfühlung.

Mais diviser ainsi les conceptions des penseurs entre dogmatisme et relativisme est encore arbitraire.

Le plus grand nombre d'entre eux a saisi - qu'examinée d'un peu

plus près - la réalité est infiniment plus complexe et - dès l'école de Milet - nous trouvons le constat du dualisme, la balance pen­

chant tantôt vers le dogmatisme, tantôt vers le réalisme.

Xénophane de Colophon émet une conception relativiste mais il réalise le caractère incomplet de la connaissance sensible

et il recherche un autre élément: la pensée logique rationnelle. Pour Harménide, il y a coexistence entre pensée logique et opinions avec cette différence que la première est la voie de la vérité immuable et, parfaite et les secondes sont commandées par la coutume et par l'expérience confuse des sens.

Bien que Socrate réalise l'approche de plus en plus serré de la vérité par la pensée logique, sa totale indépendance de

pensée l’éloigne d'une attitude dogmatique.

Même Platon - qui représente de prime abord le dogmatisme concep­ tuel par excellence - relève les deux aspects de la connaissance fortement liés et conciliés par la notion de participation, ce qui justifie son jugement: "Mon idéalisme est vin réalisme".

Cette conciliation nous la trouvons chez Plotin, chez Saint Thomas et chez bien d'autres encore.

Si Kant refuse de se prononcer sur le Beau en soi, il

désire voir des rapports harmonieux régir les sens et l'entendement. Il ne nie pas l'intuition sensible mais il cherche à en ériger le contenu en propositions valables.

C'est au fond - mais sous une autre forme - le but de l'esthétique psychométrique qui - partant de données expérimentales multiples - cherche à dégager des lois esthétiques.

Si l'âge de l'esthétique développée nous oriente - avec chaque école - vers un déterminisme particulier, nous sentons déjà chez Lalo, chez Focillon, l'idée qui se dégagera des oeuvres de Bayer à savoir que la multiplicité des facteurs en cause s'oppose à la rigueur de tout déterminisme.

Peu à peu, l'aporie qui consiste à opposer dogmatisme et relativisme nous apparaît comme un obstacle s ' aimenuisant, ces 2 conceptions n'apparaissant plus comme incompatibles.

D'ailleurs, si l'on revient au point dônt nous sommes partis, c'est-à-dire la recherche de la connaissance en général dont la connaissance artistique n'est qu'un cas particulier - le vrai pro­ blème n'est pas celui du dogmatisme et du relativisme mais bien -

et ce n'est dès lors plus un problème - l'étude des deux attitudes éternelles de l'homme devant le monde extérieur et intérieur.

1®) l'esprit systématique de construction intellectuelle dû à la pensée logique rationnelle.

2°) l'esprit d'observation du monde et d'expérience dû à la con­ naissance sensible.

A ce propos, j'aimerais rappeler les panneaux qui ser­ vaient d'introduction au Palais International de la Science à l'Ex­ position

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