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LA RHETORIQUE ROMAINE

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39 bien qu’à démontrer. C'est la condition même de son efficacité

3. LA RHETORIQUE ROMAINE

Avant d'abandonner la "Rhétorique", voyons ce qu'y appor­ tèrent les Romains.

Dès l'origine, les Romains furent amenés à faire quelques réflexions à propos des effets meorveilleux qu'on voyait produire par la parole dans les assemblées publiques. On constata qu'un certain apprentis­

sage par l'exemple et par la pratique n'était pas inutile. Si aux époques primitives, chaque orateur possède sa propre rhétorique, CATON fut le premier à commtmiquer les observations qu'il avait faites pour son compte, mais il ne nous reste presque rien de ses textes. Signalons toutefois l'idée de l'antimodèle reprise par Montaigne "Les Sages ont plus à apprendre des fols que les fols des Sages".

CICERON

Cicéron, lui, fournit le matériel technique. Il veut arracher la jeunesse à la conception sophistique de la rhétorique selon laquelle celle-ci consiste à apprendre des règles et à s'en servir. Il voudrait asseoir la formation de l'orateur sur la philo­ sophie, l'histoire et le droit. Cicéron possédait d'ailleurs lui- même cette universalité de connaissances dont il a fait dans ses écrits un devoir de l'orateur.

"A mon opinion, dit-il, nul ne peut espérer être un orateur, au vrai sens du mot, à moins qu'il n'acquiert une connaissance de

toutes les sciences et de tous les grands problèmes de la vie.

Il doit être familier avec la rhétorique, l'éthique, la psychologie, les sciences navales, la géographie, l'astronomie et surtout l'his­ toire, la jurisprudence et la philosophie. L'histoire en liant le présent au passé, présente de nombreuses illustrations et fournit des arguments à la rhétorique.

De Oratore.

Cette oeuvre que l'on peut considérer comme la réforme de l'enseignement de la rhétorique, se conçoit comme un appel de Cicéron à la jeune génération l'invitant à imiter les exemples que

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Cicéron lui propose et à tendre vers une large et noble culture. C*est le deuxième livre qui nous apportera le plus d’enseignement. Pour Cicéron comme pour Aristote, il existe 3 genres oratoires: le judiciaire, le délibératif et le démonstratif.

a) l^e_ge^nre_jud^c^a^re^: Cicéron admet l'existence de trois ressorts à la persuasion: le probare, le conciliare, le movere.

- le probare prouve la vérité de ce que l'on affirme à l'aide d'arguments, de lieux et de preuves. Le lieu doit être général et on en tirera les arguments particuliers à la cause pour terminer par une conclusion en rapport avec le lieu.

Les preuves sont fournies, tel que chez Aristote,

- par le sujet: témoins, attestations, lois, tortures, serments - par l'orateur: - l'invention sur l'influence des règles de

- l'art

- l'élocution brillante.

Remarquons que comme chez Aristote, Cicéron y joint le plaire et l'émouvoir sous la réserve que ces effets résulteront du discours et qu'ils constitueront des preuves de l'invention.

- le conciliare étudie la façon de concilier la bienveillance des auditeurs. Ce qui concilie la bienveillance, c'est la dignité de notre caractère, ce sont nos actions louables, les considérations qu'inspire notre vie.

D'autres qualités: la douceur de la voix, l'air du visage, l'aménité de la parole... accentuent l'effet à produire.

- le movere essaye d'éveiller chez les auditeurs toutes les émo­ tions qui sont utiles à la cause. Pour cela, il faut éprouver pour son compte les émotions que l'on veut soulever chez les autres.

A côtés de ces trois fondements de la persuasion, il existe d'autres techniques propres à obtenir le succès, ce sont la réfutation des argxjments de l'adversaire et la disposition des lieux.

Cicéron réfuté:

- en ruinant les bases sur lesquelles repose l'argumentation adverse.

découlent pas des prémisses.

- en opposant des preuves contraires de plus de poids.

- en provoquant un sentiment contraire chez le juge que celui produit par l'adversaire.

Cicéron dispose les lieux en rassemblant toutes les données établies par la cause pour les disposer suivant l'ordre classique: exorde, narration, confirmation, réfutation, péroraison.

b ) l;e_genre_d^l^b^ra t^f_j^

Selon Cicéron, il n'y a pas lieu de développer des pré­ ceptes à part pour le genre délibératif. Pour donner un avis stir les choses publiques, l'essentiel est de d'abord connaître la

chose publique. Il faut connaître l'esprit de la chose publique de la cité et parce que cet esprit change souvent, le discours lui aussi devra souvent changer de caractère.

c ) ^e_genre_d^mo^n^trajtif.

Les lieux relatifs au blâme et à l'éloge se retrouvent chez Aristote comme chez Cicéron, On y voit l'énumération des dif­ férentes formes de vertus ainsi que la remarque svir la prééminence des vertus sociales qui ont l'avantage de rendre à autrui plus de seirvices que les vertus individuelles.

Ajoutons que Cicéron a mis ses principes en application. Ses oeuvres d'éloquence judiciaire sont un modèle de par:

- la préparation du plaidoyer.

- l'argumentation aussi habile qu'abondante appropriée à

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'auditoire.

- son imagination, sa verve, son esprit, - son style souple.

L'orateur politique fut moins heureux. Ces oeuvres dénotent: - une étroitesse de vue.

- une variabilité des buts et des interventions. - des préoccupations personnelles.

+ + +

Nous arrêterons là cet aperçu général de la Rhétorique. Nous y reviendrons largement dans la

Je

partie de ce travail. De plus, sans vouloir déjà présager de la synthèse qui se dégagera par la suite, nous pouvons néanmoins - sans greind risque de nous tromper - supposer que la Rhétorique nous apportera des solutions efficaces dans les conséquences méthodologiques que nous tirerons de cette petite étude et qui représentent - somme toute - notre but essentiel dans le domaine de la pratique de l'enseignement.

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IV.- A_R_I_S_T_0_T^E___E_T^__L_A^_^P_0_E_T_I_g_y_E.

Il est hautement probable qu'Aristote ait écrit un

"traité du Beau". Diogène Laërce le dit (lV,l); Aristote le laisse entendre (Métaphysique, XIII,

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).

Il ne nous reste plus toutefois qu'un fragment d'une oeuvre assez longue "La Poétique" dont nous relèverons encore quelques idées.

Dans le domaine de l'Esthétique, Aristote s'exprime avec originalité et sans détour: "Pour lui, l'Art est production".

La création artistique procède de l'instinct plastique et de la recherche de l'expression émotionnelle.

L'Art est essentiellement une imitation de la nature; il tend le miroir de la réalité. Il y a chez l'homme un plaisir à imiter qui fait défaut - semble-t-il - aux animaux inférieurs. Cependant, l'art se propose de représenter non l'apparence extérieure des choses, mais leur signification interne car c'est là ce qui fait leur réalité et non l'affectation et le détail extérieur.

Par conséquent, il est inexact de dire qu'Aristote ait défini l'Art "tme imitation de la nature". Il insiste, au contraire, sur le fait que l'Art est toujours au-dessus ou au-dessous d'elle:

"La différence entre la comédie et la tragédie, c'est que celle-ci veut peindre les hommes meilleurs et celle-là plus vicieux que nous

dénaturer la nature, de rabaisser ou d'exalter l'homme: c'est xine Imitation corrective, une transposition.

Une des fonctions les plus importauntes de l'Art consiste pour Aristote dans la "catharsis".

L'exposé principal de la théorie d'Aristote concernant la purga­ tion de passions a été perdu. Cependant, elle est énoncée à propos de la musique dans la "Politique" et à propos de la tragédie dans la "Poétique". Cette "catharsis" consiste dans une sorte de purga­ tion de l'élément passionnel: les émotions accumulées en nous

sous la pression des contraintes sociales et susceptibles d'éclater soudain en une action fatale pour la société se déchargent innocem­ ment dans l'excitation qu'elles reçoivent au théâtre, par exemple:

(Poétique ch. VI, 1449, 28).

Cette "purgation des passions" est une véritable cure médicale de l'âme par quoi celle-ci se soulage d'une surabondance de force af­ fective, en déchargeant, dans le spectacle de vaines images, les impulsions trop violentes qu'elle ne peut ou ne doit, pour maintes raisons, exercer dans la vie réelle.

En conclusion, nous retiendrons de la "Poétique" que pour Aristote :

- 1° L'Ar t est produc tion.

- 2° L'Art est une imitation corrective de la nature, une trans­ position.

- 3° L'Art exerce une fonction cathartique.

V.- D^U_^__N_E^0^-^P_L_A_T_0^N_I^|_M_E____A____M_0_N_T_A_I_G_N_E.

1. PLOTIN

(205

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) occupe xine place singulière; il est à la fois l'aboutissement de l'antiquité et l'axirore de la philosophie moderne. 1°) Un élément nouveau apparaît dans l'esthétique de Plotin; à côté de l'objectivisme se dresse un élément d'intériorité spirituelle, de cogitation active.

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