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Epida : un espace de représentation des modalités d’enseignement

4. Représentation des spécificités de la Technologie

4.3. Epida : un espace de représentation des modalités d’enseignement

Si l’on associe les deux systèmes d’analyse développés ci-dessus pour rendre compte du pilotage d’un curriculum et des modalités pédagogiques de sa mise en œuvre, on peut créer un espace de représentation selon deux axes : un axe produit – processus qui porte l’opposition entre les visées éducatives des curriculums disciplinaires caractérisant leurs fondements et leurs organisations d’un point de vue épistémologique et un axe individuel-collectif qui porte la variable « inter-relationnel » caractérisant plus spécifiquement la dimension pédagogique de la mise en œuvre et des pratiques scolaires. Nous avons nommé EPIDA cet espace de représentation des enseignements en fonction de ces deux dimensions :

 un axe valorise les enjeux éducatifs, instructifs des enseignements, et le registre épistémologique ;

 l’autre valorise les méthodes pédagogiques de mise en œuvre et le registre pédagogique.

Catégorie Enseignement traditionnel Enseignement expérientiel

coopératif

Connaissances notionnelles formalisées, instrumentales

(savoir-faire),

Savoirs en acte inhérents à l'expérience Par écrit , dicté, leçon-exposé Par une pratique réelle (authentique)

Attitude et comportement

attendus

Discipline et respect de l'ordre, l'écoute, le silence...

Autonomie, prise d'initiative induite par l'activité, par les

projets

Supports matériels

Support écrit, vidéo, livre, cahier

Grandeur réelle : projets authentiques Exercices d’application, Exercices ( résolution de problèmes) Expériences à vivre La mémorisation mécanique,

apprentissage par cœur

raisonnement, pragmatique, esprit critique Enchaînement dans les

apprentissages réinvestissement des expériences antérieures Incontournable, détenteur du savoir en jeu détenteur de l'autorité

L’évaluation Sommative (systématique) Formative

Rivalité et concurrence Individuel

Prof expert, guide , personne ressource coopération, collaboration nécessaire Modalité de construction des savoirs Procédés pédagogiques mis en œuvre Rapport à l'enseignant Rapport aux autres élèves

Tableau 1 : Critères de distinction entre des méthodes traditionnelles et des méthodes d’enseignement expérientiel coopératif

Dans cet espace on peut faire figurer différents types d’enseignement analysés selon ces deux dimensions

Les critères de distinction des méthodes d’enseignement portent sur différents aspects. Le tableau suivant (tableau 1) présente la synthèse de ces distinctions entre forme scolaire coutumière et enseignement expérientiel coopératif.

Ainsi la figure 9 distingue ces deux types d’enseignement et situe également l’enseignement expérientiel individuel.

La grille, ainsi élaborée, pourrait nous servir d’analyseur de certains enseignements ou moments d’enseignement, en fonction des deux dimensions mises en évidence.

Processus Produit individuel collectif Pédagogique Enseignement traditionnel Enseignement expérientiel coopératif É pistémologique Enseignement expérientiel individuel aucun échange échange très ponctuel groupe coopération ponctuelle équipe : coopération dans la durée

Figure 9 : Situation de trois types d’enseignement sur l’espace de représentation EPIDA

En ce qui concerne la Technologie au collège, nous avons vu que la partie réalisations, au moins dans sa forme prescrite, est fondamentalement centrée sur les expériences techniques et sociales de ou des élèves au cours des réalisations sur projets. La pédagogie mise en place, à travers la notion de scénario, est une pédagogie du projet. L’ensemble des activités proposées dans ce cadre est en relation avec le monde réel, celui des pratiques d’entreprises. Nous pouvons repérer, par conséquent, dans cet enseignement, et particulièrement dans les réalisations sur projet, certaines caractéristiques de ce que nous avons appelé l’enseignement expérientiel : travail en équipe, démarche du projet ; l’enseignant assure le guidage et se constitue comme ressource auprès des élèves.

Sur l’axe qui focalise la mise en œuvre pédagogique, qui porte la variable « inter-relationnel », ces réalisations prescrites sont localisées sur la partie « collectif ». Le degré d’inter-relation est au plus fort lorsque la collaboration est nécessaire pour réaliser le projet ou la tâche. C’est le cas

pour les scénarios, en cycle central et dans les réalisations sur projets en cycle d’orientation. Mais l’enseignant peut constituer des groupes afin de parer à des contraintes techniques, par exemple une seule microfraiseuse pour toute la classe. Les contraintes d’équipement, amènent l’enseignant à diviser la classe et à mettre en groupes des élèves pour utiliser le même engin. Ce groupe constitué peut être une occasion d’échange et d’entraide sans pour autant qu’il y ait coopération. Ce type de recours au groupe est davantage piloté par une gestion rationnelle du matériel que par une modalité visant l’interaction comme processus.

Par ailleurs si l’on compare cette partie « réalisations » de la Technologie prescrite, à d’autres disciplines ou à d’autres configurations de l’éducation technologique dans son histoire, on note l’opposition entre ce que Lebeaume (2000) distingue par « méthode globale » et « méthode syllabique ».

Cette partie « réalisations » de la Technologie au collège peut donc être située dans le quatrième quartier de l’espace de représentation EPIDA comme sur la figure 10.

Réalisations sur projet équipe de projet Processus Produit Collectif Pédagogique Épistémologique Individuel technolgie de l'information travail individuel

Figure 10 : Situation sur l’espace EPIDA des deux ensembles d’activités constituant le curriculum de Technologie

En ce qui concerne les unités de technologie de l’information, elles sont, nous l’avons vu, centrées sur le « Produit », pilotées par un référentiel de savoir-faire notionnels et procéduraux associés aux usages de l’ordinateur, exigibles à la fin de chaque unité. L’apprentissage gradué et simultané y est privilégié. Dans ces moments l’élève travaille seul et l’évaluation est sommative. Le fait de travailler sur un poste d’ordinateur ne change rien ou peu. En effet, la seule différence, est que l’élève n’est pas soumis complètement à l’autorité du maître (l’homme) mais répond

également aux attentes de l’ordinateur (machine) en fonction du logiciel. Ce sont donc des consignes précises et des procédures que l’élève exécute individuellement, sous forme d’exercices, du plus simple au plus composé, et dont les réponses sont intégrées à l’ordinateur. Les attentes sont en terme de compétences dont l’évaluation systématique rende compte de la performance de l’élève.

Dans l’espace de représentation EPIDA, ces unités de technologie de l’information sont donc situées dans le premier quadrant. (cf. figure 10)