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Les caractéristiques du « vrai cours »

Chapitre 4 : Exemple d’utilisation des grilles d’analyse et des représentations graphiques

2. En cycle central

2.1. Les caractéristiques du « vrai cours »

C’est par opposition au cours de Technologie et pas de façon intrinsèque que ces caractéristiques des « vrais cours » sont exprimées.

2.1.1. Une posture d’écoute

Au fil de leur scolarité, les élèves apprennent à respecter une sorte de « contrat scolaire » : se conformer à des règles et des attitudes est un gage de leur « bonne scolarité ». C’est tout un ensemble d’attitudes que les élèves ressentent comme obligatoires dans les moments du « vrai cours ». L’écoute, le silence, le regard en direction du tableau semblent être des attitudes exigées implicitement. La position « assise » fait aussi partie de ces exigences. D’une façon générale, les élèves ressentent ces contraintes comme une absence d’autonomie et d’initiative.

Chercheur : Qu’est-ce qui revient dans les trois cours que tu viens de citer c’est-à-dire les maths et l’anglais et la Technologie ?

RNIC1-0934 : Bah ce qui est pareil… en anglais on passe un certain temps assis, et… euh… on est en permanence avec le professeur ce qui fait qu’on regarde le tableau et on écoute ce qu’il dit… par contre en Technologie… ce qui est différent par rapport aux autres matières parfois on est debout… on fait les activités… on n’est pas libre mais… on est plus autonome… responsable… quand on fait un projet par exemple.

Les rares fois où le cours de Technologie fonctionne comme un vrai cours c’est pendant les séances de structuration que les élèves appellent « correction ». En effet, c’est la posture de l’enseignant et les relations qu’il entretient avec les élèves qui donnent un caractère fort à ces séances :

RCEL2-1535 : () Le professeur, corrigera qu’à la correction, là on l’entendra parler comme un vrai cours… on prendra des notes comme un vrai cours… Mais sinon, on va se servir des machines et tout ça… On fait la fabrication.

2.1.2. L’écrit

Dans ce que les élèves appellent le « vrai cours », l’écriture systématique des leçons et l’apprentissage par cœur sont des caractéristiques fortes. Les exercices, par leur récurrence, occupent une place importante dans la caractérisation des disciplines par les élèves.

RCEL2-51 : Non l’espagnol c’est du parlé ! parler et après on écrit… l’espagnol c’est un vrai cours ! Chercheur : C’est quoi un vrai cours pour toi ?

RCEL2-52 : C’est de l’oral, de l’écrit, des exercices

Chercheur : D’accord la Technologie pour toi ce n’est pas un cours ?

RCEL2-53 : Si c’est un cours mais pas un vrai… enfin c’est pas un cours dans le premier sens pour moi

Le recours au cahier ou au livre prend une place importante. Dans la plupart des matières, les leçons sont écrites par l’élève et rangées dans un cahier. Ce support sert essentiellement à la révision pour les contrôles mais aussi pour permettre à certains parents de voir et de contrôler ce que font leurs enfants.

Chercheur : Qu’est-ce qui est pareil entre ces cours ?

RCLE2-09 : Il y a un professeur avec nous, eh… on va… enfin… en physique et en maths on va faire un cours sur notre cahier… alors qu’en Technologie ça ne va vraiment pas être un cours… ce sont des feuilles à remplir qui… pour… comment… pouvoir montrer… par exemple là on travaille comme si c’est une vraie entreprise donc pour montrer ça… comment ça se passe et nous on va mettre en œuvre.

34 (cf. annexe 1, volume 1)

Certains élèves évoquent cependant des disciplines (SVT, physique) qui fonctionnent un peu différemment, avec des expériences. Les expériences en physique et en SVT sont des applications de ce qui a été vu en cours : comprendre le volcan, voir les organes d’une grenouille. Ces expériences ne sont donc ressenties que comme des enclaves dans un contrat disciplinaire qui reste basé sur l’écrit.

Chercheur : Comment tu arrives à dire qu’en physique c’est des cours à apprendre et en même temps tu dis : « pour les expériences, il faut du raisonnement ! »

RCEL2-08 : Bah… on fait les deux… c’est-à-dire que à la base du cours on met en pratique Chercheur : Veux tu me donner un exemple ?

RCEL2-09 : Un exemple qu’on a fait… bah… des expériences on en a fait plein… les combustions on les a faites devant nos yeux pour voir tout ce qui était produit, la combustion du carbone qui donne le dioxyde carbone après… enfin. (inaudible)

Chercheur : Quelle relation ont ces expériences avec le cours de sciences physiques… qui est à apprendre par cœur ?

RCEL2-10 : Bah, comme on a quelque chose de visuel, ça nous parle plus, je trouve… après on le refait à l’écrit, mais comme on l’a vécu… on retient mieux

Si les élèves évoquent sur cet aspect un certain rapprochement entre SVT, physique et Technologie, c’est pour préciser ensuite la différence. En Technologie, les expériences sont empiriques, à l’initiative des élèves, il ne s’agit ni d’attendre un résultat conforme au cours (texte), ni d’une application d’une loi.

RCEL2-11 : Les SVT, mais les expériences sont plus des activités en SVT… c’est-à-dire c’est un truc en plus, je dirai… c’est une partie du cours on schématise etc. comme en physique…

Chercheur : Qu’est-ce que tu schématises ?

RCEL2-12 : Bah, il n’y a pas longtemps on a fait des expériences sur le volcan, donc on a pris un tuyau, et on a mis du ketchup (sourire)…on a rempli… on a mis un comprimé effervescent pour qu’il y ait des gaz et voir la pression comment ça montait dans un volcan en fait… on a vu ça.

Chercheur : Est-ce qu’il y a d’autres cours où tu fais des expériences ?

RCEL2-13 : Bah, la Technologie ce n’est pas des expériences qu’on fait mais… moi je n’appelle pas ça des expériences

Chercheur : Pourquoi ce ne sont pas des expériences ?

RCEL2-14 : Parce qu’après enfin… on fait pas ça et on reschématise pas ce qu’on a fait… parce qu’on n’a pas le temps, on ne réécrit pas un cours après, la Technologie ce n’est pas un cours comme les autres.

2.1.3. La chronologie des apprentissages

Les élèves ressentent une chronologie imposée entre les chapitres de cours : les chapitres sont ordonnés, les leçons doivent être apprises d’un cours à l’autre. Si un cours n’est pas bien saisi, cela va certainement poser un problème quant à la poursuite de la progression.

En sciences physiques et en SVT, les élèves perçoivent un passage par des apprentissages théoriques avant des expériences, ce qui peut correspondre à une méthode d’enseignement déductive.

RCEL2-05 : Avant tout pour que ça soit une expérience bien et tout… il faut apprendre beaucoup le cours en fait… si on l’apprend pas super-bien, si on le connaît pas parfaitement on pourra pas avancer bien dans tout ce qui est bilan de combustion qu’on a fait à ce chapitre-là, ça nous sert maintenant pour ce qu’on fait maintenant… il faut se souvenir sinon on peut pas aller plus loin

Cette chronologie est cependant nuancée selon les disciplines : les élèves distinguent certaines disciplines selon qu’il existe ou pas un lien logique entre une séance et la suivante. Ainsi en maths les chapitres sont considérés comme ordonnés alors que c’est moins le cas en Français.

RCEL2-06 : Dans les autres matières on peut toujours… même si… les maths non… mais tout ce qui est français si on a pas le chapitre d’avant, on peut très bien faire le chapitre suivant sans problème c’est complètement différent que là ça se suit vraiment.

Cet autre élève pense que les cours sont généralement ordonnés d’une façon précise : RELI4-2036 : () c’est toujours par étapes enfin toujours les choses par étapes

Chercheur : par exemple ?

RELI4-21 : Bah ...si on commence une leçon on ne va pas commencer par le milieu et finir par le début, c’est dans un ordre précis

Chercheur : Donne-moi un exemple de cours RELI4-22 : Un exemple de cours ?

Chercheur : Oui

RELI4-23 : Le cours de mathématiques, on commence par ...faire des fractions et on finit par… (sourire) c’est difficile de donner un exemple comme ça

Chercheur : Pour toi

RELI4-24 : pour moi il y a différentes étapes avant d’arriver à la fin ...vraiment au sujet qu’on veut

2.1.4. Des activités individuelles

À écouter les élèves, le travail scolaire dans la majorité des matières est individuel. Les élèves travaillent « seuls ». Bien qu’ils se trouvent dans un espace commun avec plusieurs de leurs pairs, chaque élève sait qu’il doit faire tout et tout seul.

RVIC1-64 : Bah, ça dépend des matières il y a le français, les maths, et l’anglais, SVT, l’histoire-géo, je pense, à faire tout seul, et le reste : la techno, il y a plusieurs à faire l’activité, le sport c’est sport collectif il faut être en équipe, le dessin… bah… pour les maquettes il faut être à plusieurs.