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3 Le garçon ordinaire de la Chambre dans la société à l’époque moderne

3.1 Quel statut socio-économique dans la société d’Ancien Régime ?

3.1.1 Le cadre de vie et l’interpénétration des sphères privées et curiales

3.1.1.2 Environnement relationnel et domestique

Le voisinage à travers les sources

Nous n’avons aucun exemple se rapportant à l’environnement d’un habitat réellement choisi par l’officier. Les cas relevés de transmission par héritage ne relèvent pas d’un choix personnel ; de même l’attribution de dons de places ne se constitue pas entièrement du chef de l’officier tout au moins pour le choix de la localisation et du voisinage. ll semblerait encore que les conditions d’installation hors du Grand Commun coïncident avec une logique de regroupement de la commensalité.

Manifestation des bienfaits du roi, le brevet de place est également une façon d’encourager les officiers à s’installer dans les villes et villages liés à la cour. La procédure habituelle passe par le surintendant des bâtiments du roi, qui après concertation avec le roi délivre les dons de terrains. Si l’officier n’a pas la chance d’obtenir un brevet, il doit alors se tourner vers les détenteurs de ces brevets qui

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peuvent en toute liberté lui vendre un don de place. Le marché est recherché et les terrains se vendent entre 1685 et 1710 dans le vieux Versailles entre 20 et 80 livres par toise, mais sont beaucoup plus abordables dans le nouveau quartier du Parc- aux-Cerfs :

« En revanche, dans le nouveau quartier du Parc-aux-Cerfs, encore peu construit, les prix ne dépassaient pas une livre par toise. Sous Louis XV, les terrains non lotis du Parc-aux-Cerfs se vendaient 2 à 20 livres par toise. Mais ceux du centre de la ville étaient bien plus élevés : en 1769, une place à bâtir située rue Royale fut achetée 80 livres par toise616 ».

Les sources consultées ont ainsi pu faire état des officiers commensaux ayant bénéficié des dons de places (chapitre 2.2.1.1) et indiquent également la manière dont ce groupe s’inscrit dans l’environnement relationnel de la paroisse. Sans surprise, il semble que ce soit d’autres commensaux qui fassent partie du voisinage proche. Laurent Basire est loti d’un terrain donnant sur la rue des Tournelles, dans le quartier du Parc-aux-Cerfs617, « contenant 21 t de profondeur sur 11t de large tenant d'un costé au Sieur Magontier de l'autre aux Sieurs Lagrange et Margerit, et par derrière aux Sieurs La Vienne et Quentin ». Les prénoms ne sont pas précisés mais il s’agit sans doute de François-Quentin de La Vienne, valet de chambre du roi en 1671618, de Jean Quentin, premier valet de garde-robe et de Touchebois de Lagrange, garçon ordinaire de la Chambre. On ne se risquera pas toutefois à avancer d’hypothèses sur les Magontier en raison du nombre important d’officiers portant ce patronyme. Si l’on s’en tient aux estimations de Paul Fromageot619, le terrain aurait dû coûter environ 231 livres à l’officier si celui-ci n’avait pas été gratifié du don.

À Choisy-le-Roi, la famille Filleul obtient également des brevets de place à bâtir. Thomas Filleul est alors concierge du château de Choisy. Deux des brevets mentionnent le nom des propriétaires des parcelles voisines. Il s’agit du sieur de

616 Bouvier (Alix de), op. cit., p. 22, d’après Fromageot (Paul), « Les propriétaires versaillais au temps

de Louis XIV », p. 31 et « Les propriétaires versaillais au temps de Louis XV », Revue de l’histoire de Versailles et de Seine-et-Oise, n°2, 1900, p. 111-112.

617 A.N., O1 30 f. 223v, 30.XI.1686, don de place. 618 A.N., O1 15, f. 294, 01.VII.1671, retenue sur décès. 619 Voir note 33.

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Gilet, écuyer, du duc d'Estissac et du sieur Pillot620, commis aux bâtiments du roi. La qualité des personnes mentionnées est précisée dans un document notarial621 qui concerne la vente aux enchères des propriétés de la famille. Le jardin est adjugé pour 3 510 livres à l’une des filles de Thomas Filleul, Madeleine-Victoire Filleul, et se compose de :

« 15 toises de superficie (…) distribué en 4 quart de potager avec platte bande au pourtours planté d'arbres fruitiers en éventail, en espalier et à plein terre avec treillage et un puit revêtu de maçonnerie, commun avec l'hôtel d'Estissac, le tout tenant d'une part à droite à l'hôtel des Menus plaisirs, d'autre part à gauche à l'hôtel d'Estissac, par derrière au S. Hazon et par devant sur la rue du potager ».

Le second brevet622 indique les noms du sieur Tiphaine623 et de la veuve Prieur624 dont nous ne savons rien, mais qui sont probablement issus de familles commensales en raison des préférences accordées dans le cadre des cessions de terrains visant à ordonnancer le nouveau village de Choisy.

Tout comme les officiers du règne précédent, les Filleul vivent dans un espace fortement influencé par la commensalité. « Pierre Regnier, jardinier de la maison de l'étendoir, faubourg Saint-Éloi à Choisy (…) et Jean-Claude Bonsergent, portier de la maison dite Le gouvernement » font partie de l’environnement relationnel de Joachim Filleul et de sa famille625.

620 A.N., O1 95, p. 129, 25.IV.1751.

621 A.N., MC/ET/XXXIII/591, 24.IX.1772, licitation des Petites écuries de Madame, du Petit Choisy, de deux jardins et d'un terrain.

622 A.N., O1 97, f. 280-282, 27.X.1753, « le Roy étant à Versailles voulant donner au sieur Thomas Filleul concierge et garde-meuble de son château de Choisi, une nouvelle marque de la satisfaction qu’elle ressent de ses services, elle luy a accordé et fait don d’une seconde place à bâtir au village de Choisi (…) tenant d’un côté à luy même, et d’autre au sieur Tiphaine et à la veuve et héritiers Prieur (…) ».

623 Un certain Jacques Tiphaine est chantre de la musique de la chapelle entre 1706 et 1733, date de son décès (A.N., O1 50, f. 83, 12.VIII.1706).

624 Peut-être s’agit-il d’un membre de la famille de Jean-Baptiste Prieur, garçon ordinaire de la chambre, mais il ne peut s’agir de sa mère. Jean-Baptiste épouse en 1778 Marie-Marguerite-Julie Moreau fille de Charles-Hubert Moreau, premier secrétaire des affaires étrangères et de Jeanne- Nicole Gallemant. Le registre de mariage mentionne « Jean Baptiste Prieur, garçon ordinaire de la chambre et attaché aux affaires étrangères, originaire de St Eustache de Paris, fils majeur de défunt Jean Ysaac Alexandre Prieur, bourgeois de Paris, et Elisabeth Famin, domiciliée au dit St Louis depuis plus d’un an » (A.D. des Yvelines, BMS 1112508, 24.IX.1778, f. 45v). Un site de généalogie indique qu’Élisabeth Famin décède le 13 mars 1772 à Paris, paroisse Saint-Germain-de-l’Auxerrois (Archives de Paris, sans mention de cote précise).

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L’étude des quelques dons de place traduit un voisinage ancré dans le monde de la commensalité et mériterait d’être liée à l’examen des orientations de l’état souverain dans le choix de l’ordonnancement urbain. L’assignation de terrains aux officiers de la Maison du roi favorise par le regroupement l’entretien de liens propices à une cohésion sociale ouvrant sur une dynamique d’ascension. Mais il serait prématuré de tirer des conclusions sur la réflexion politique de telles attributions et des stratégies urbaines royales, sans une étude globale des dons de places.

Par ailleurs et afin de compléter la vision de la place du garçon ordinaire dans la société d’Ancien Régime, l’étude du cadre de vie domestique cherche par une approche intimiste à cerner les personnalités sur la base des inventaires après décès. Les intérieurs peuvent également de cette façon apporter des éléments éclairant sur le statut social des garçons ordinaires.

Ce que nous disent les intérieurs

On s’attachera dans cette partie plus précisément sur le mobilier et les décors intérieurs témoins du quotidien et d’un mode de vie. Le choix s’est porté sur cinq inventaires après décès en raison de la précision des éléments de décors et parfois de leur bibliothèque. En revanche, la période comprise entre 1663 et 1730 n’est malheureusement pas représentée, aucun inventaire n’étant suffisamment détaillé. Les Filleul sont encore à l’honneur dans cette partie. Deux des inventaires complètent ainsi le propos introduit sur l’interdépendance entre cadre privé et professionnel et reprennent les inventaires après décès d’Antoine Balligant et de Joachim Filleul, auxquels on a associé l’examen de l’inventaire de son frère Louis, concierge de la Muette.

Au Grand Commun : simplicité du décor et milieu socio-culturel médian

L’inventaire après décès de François Anthoine, père de l’officier évoqué dans le même chapitre et logé au Grand Commun, est effectué en 1732626 à la requête de

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sa veuve Marie-Anne Dadolle. L’inventaire précise un contrat de mariage non commun en bien peut-être parce qu’il s’agit d’un second mariage. Le mobilier semble assez commun hormis la mention d’une tapisserie « verdure de Flandre », mais on regrette que l’inventaire ne s’attarde guère sur une description plus détaillée :

« (…) un grand lit complet (…), un autre de serge bleu aussy complet (…), une couchette avec sa housse de serge verte (…), un sopha de six pieds couvert de tapisserie en étoffe de soie (…), un bureau de marqueterie (…), neuf chaises de salles (…), trois chaises et un fauteuil (…) » composent les pièces principales de cet intérieur parisien627.

L’inventaire fait également état, outre des ustensiles ménagers, fontaine, vaisselle d’étain et d’argent, ainsi que de tableaux appartenant à l’inventaire de Marie-Antoinette Didier628, première épouse du sieur Anthoine. On recense ainsi deux tableaux de scènes de chasse peintes sur toile représentant « un chien en arrêt sur une perdrix », et une levrette, cinq tableaux et estampes sans description plus détaillée, et « un tableau représentant des fruits ». On remarque également deux portraits du sieur Anthoine, l’un sur toile, et l’autre en cire, « enfermé dans une niche de bois de chêne ». La présence de vaisselle en argent et en étain est difficile à interpréter, aucun dénombrement précis ni valeur n’étant précisés. Si par ailleurs la vaisselle en étain et en argent figure dans un échantillon de foyers issus de toutes catégories sociales629, la qualité et le nombre de pièces sont néanmoins réservés à

l’élite pour cette dernière.

En revanche, on s’étonne du nombre de livres recensés, cent quarante si l’on en croit l’inventaire, « dont 8 concernent le dictionnaire Demoury » mais dont la majorité est déclarée être « chez le vieux Didier à Saint-Germain », premier beau- père du défunt et ancien chef du gobelet du roi. Le milieu social de sa mère, Marie Dadolle630 nous aurait peut-être aidés à comprendre la présence de tant d’imprimés dans une famille issue d’un milieu modeste.

D’autres « effets appartenants à la succession de feue sieur Antoine outre ceux compris au dit récollement » mentionnent un portrait de la princesse de Conty

627 La maison se situe pour mémoire rue Saint-Denis, paroisse Saint-Leu-Saint-Gilles. 628 Inventaire de Marie-Antoinette Didier fait par Delange à Saint-Germain, le 20.IX.1730.

629 Pardailhé-Galabrun (Annick), op. cit., p. 307 : « Posséder un service complet en argent avec assiettes, plats et récipients de toutes sortes, couverts et gobelets, est un luxe, à la portée des seuls privilégiés ».

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ainsi que « deux estampes garnies de ver blanc représentant le cardinal Fleury, et l’autre une veüe ». Si les estampes n’ont pas d’intérêts majeurs, le portrait de la princesse de Conty interpelle, car il s’agit d’une huile sur toile d’une valeur plus importante et dont la facture présuppose peut-être un lien, mais la conjecture est impossible à confirmer par ailleurs et la présence de ce portrait restera une énigme.

Un intérieur chiche émancipé de la sphère curiale

Le second inventaire, celui d'Antoine Balligant de Saint-Quentin631 effectué en 1743, témoigne d’un intérieur usé et moins entretenu que l’ensemble mobilier précédent. Le notaire insiste à plusieurs reprises sur l’ancienneté des biens de l’appartement de la paroisse Saint-Honoré :

« Dans une chambre : Trumeau de glace « dans sa moulure cintré de bois sculpté doré », commode en bois de palissandre, six chaises en bois à la capucine632, garnis, et crins couverts de vieilles tapisserie à l’éguille paille ; un grand fauteuil bergère en bois sculpté à rouleau garni de crin avec son carreau rempli de plume, le tout couvert de damas verd (…). Dans un petit cabinet attenant : une table de bois de chesne sur son pied de biche garni d’un vieil tapi de drap vert (…), deux tabourets couverts de vieille tapisserie fond bleu, deux chaises formées de paille, quatre petits tableaux estampes représentant sujets de dévotion dans leurs monture de bois garnis de verres blancs un petit tableau de mur de porte peint sur toille représentant paysage dans sa bordure de bois sculpté doré (…). Dans une autre chambre en suite une vieille commode de bois de noyer (…), deux estampes représentant l’une de feu M. le Duc et l’autre M. le cardinal Dubois garnis de leur gorge et rouleau de bois noircy, un tableau peint sur toille représentant paysage dans sa bordure doré (…) ».

On note par ailleurs, outre l’absence de livres, la faible quantité de décor mural tels estampes ou tableaux.

Trois exemples socio-culturels ascendants : les frères Filleul et Charles-Auguste Tortillière

Les deux inventaires suivants concernent les frères Filleul, déjà évoqués en raison de la présence du roi et de la famille royale lors de l’établissement de leur

630 Nous ignorons tout du milieu dont est issu Marie Dadolle, épouse de Jean-Michel Didier.

631 A.N., MC/ET/XCV/171, 04.XI.1743, inventaire après décès d'Antoine Balligant de Saint-Quentin. 632 Le bois à la capucine est en bois naturel ciré.

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contrat de mariage. L’inventaire après décès de la seconde épouse de Louis Filleul de Besne, dressé en septembre 1777633, contraste avec l’impression chiche qui se dégageait de l’intérieur d’Antoine Balligant.

Louis Filleul est logé au château de la Muette, et plusieurs pièces réservées à l’usage du roi sont exclues du récolement. La communauté de biens avec la dame défunte est l’occasion de découvrir les centres d’intérêts du couple. La bibliothèque dispose de « cinquante volumes traitant de différents sujets et histoire ; vingt-quatre autres volumes reliés de veaux dont le dictionnaire de Bayle et de Trévou ». L’ensemble est estimé respectivement à 32 et 48 livres tournois. Le mobilier se compose :

« d’un canapé, huit fauteuils, quatre chaises et deux bergères de différentes étoffe (…), quatre petits fauteuils en cabriolet en noyer rempli de crin, couvert de velours bleu et blanc et un petit tabouret couvert de velours d'Utrecht rayé cramoisi et blanc » mais également d’une table tric-trac « de bois de marqueterie garni de ses dames et cornets ».

On imagine aisément le cercle familial et amical se réunir. La présence dans une armoire de la chambre de « café bourbon, café moka, de chocolat, de pain de sucre » confirme cette impression. Annick Pardailhé-Galabrun634 relève dans son étude sur les foyers parisiens les mêmes constances. La présence de nombreuses tables, chaises, fauteuils et tables de jeu témoigne de l’importance des réunions et du lien social qualifiés de « rites essentiels de la sociabilité » en compagnie de « sa famille ou des amis, (…) des parents ou des voisins ». L’habitat traduit ici le désir de représentation d’un rôle social. Sans pour autant évoquer « une stratégie de pouvoir635», l’ouverture sur la communauté traduit le prestige social dont la famille est revêtu.

La cave regorge de vins « rouges et blancs de Bourgogne, vin de champagne blanc ; vin de liqueur de Malaga et autres poirées avec les carafons et autres crus » estimés à plus de 1000 livres, ce qui suggère d’un certain statut social.

Un seul tableau peint sur toile représente le portrait d’un enfant. On remarque également un petit buste de Louis XV « sous son bloque de verre blanc ».

633 A.N., MC/ET/XXXIII/632, 10.IX.1777 inventaire après d’Adélaïde Barbe Farcy. 634 Pardailhé-Galabrun (Annick), op. cit., pp. 302-314.

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Le quatrième inventaire décrit avec précision le mobilier des logements de Joachim Filleul effectué en 1788636. L’inventaire étonne au premier abord par son format. Il ne s’agit pas ici d’un simple document comme la plupart des inventaires dressés mais d’un registre relié en cuir qui comporte également les scellés et les expéditions. Le nombre de biens est si important qu’il m’a fallu vérifier qu’il ne s’agissait pas de biens appartenant au domaine de Choisy ; la présence de deux mentions explicites637 a bien confirmé qu’il s’agissait de biens personnels. Le contenu de l’inventaire donne une idée du mode de vie de l’ancien concierge du château de Choisy. Ce dernier possède un quart de loge à l’opéra638, signe social de l’intégration à un monde cultivé qui rassemble noblesse, gens de finances et bourgeoisie aisée. Il bénéficie par ailleurs de plusieurs grâces dont la première est de loger dans une pièce dépendante du bâtiment de l’aile neuve, sans toutefois être encore en charge de la conciergerie. À la date de l’inventaire, Joachim Filleul est présenté comme « Messire Joachim Filleul Baugé, Ecuyer, garçon ordinaire de la chambre du Roy et ancien concierge de Choisy-le-Roy », confirmant ainsi qu’il n’exerce plus cette dernière charge. De même, « En procédant est comparu maître Sylvain Barnabé Lardy procureur de dame Marie Dupoy, veuve de Joachim Baugé Filleul, lequel a présenté un état des meubles donné par le Roy au sieur Filleul Baugé, dont la jouissance a été réservée à sa veuve ». L’inventaire concerne l’appartement situé dans le château de Choisy, la maison dite du Gouvernement

636 A.N., MC/ET/XXXV/1349, 11.XII.1788, inventaire après décès de Joachim Filleul.

637 « Et après qu'il ne se soit plus trouvé aucune pièces occupées par le sieur Baugé, nous sommes rentrés en la sale au premier étage servant d'antichambre ou était la dame veuve Filleul Baugé ». La mention confirme que tout ce qui est avant ce passage comprend bien l’appartement et l’inventaire des biens du sieur Baugé décrit plus tard dans le manuscrit, y compris les remises, écuries, lingerie, billard, caves et offices. L’autre mention est la suivante : « nous nous transporterons heure présente au château siz en ce lieu en l’appartement ou est décédé le dit sieur filleul et autres maisons et lieux en ce bourg par luy occupés à l’effet d’aposer nos scellés sur ces meubles et effets, coffres et armoires bureaux et autres et de procéder à la description des meubles et effets en évidence à la conservation des droits de la suppliante (…) ».

638 A.N., MC/ET/XXXV/1349, 11.XII.1788, inventaire après décès : « Quittance signée de la motte, datée du 30 mars 1788 portant reçu de la somme de 375 livres pour un quart de loge à l'opéra du côté du roi, au cinquième numéro 6, pour l'année seulement ».

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ainsi que la petite maison du faubourg Saint-Éloi connue sous le nom de l’étendoir639 qui pour cette dernière ne comporte aucun bien notable640.

L’appartement de Choisy est au premier étage et donne sur la petite cour de l’écurie. Le sieur Baugé et son épouse ont plusieurs domestiques641. On y trouve des pièces signifiantes qui confirment un statut social confortable et plaisant. La profusion d’objets et de mobilier renforce l’impression d’un cadre de vie agréable et tourné vers la société, le salon de compagnie réservant notamment une table de tric-trac et une bibliothèque fournie. L’extrait suivant, quoique un peu long, est signifiant et traduit parfaitement l’intérieur du concierge et garçon ordinaire :

« Dans le salon : 2 chaises de velours d'Utrecht avec leur coussin garnis de crins, 10 fauteuils couvert de damas cramoisy garny de leurs coussins couverts de pareils damas, remplis de plumes de duvet ; une bergère pareille avec son coussin, un canapé à trois places garny de crin couvert de damas cramoisy garny de trois coussin remplis de crin, un écran dans son bois peint en blanc garny de damas cramoisy le tout prisé ensemble de 400 livres. Une commode et dessus de marbre de breche d'Alep avec ornement et ses mains et entrées de cuivre doré, garny de deux tiroirs dont le premier en compartiment, prisée 120 livres ; une serinette642 surmontée d'une figure chinoise prisée