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Conditions de réalisation

Les entretiens ont été réalisés avec une diversité de profils, des paysans qui n’assistaient pas aux réunions, des leaders de villages, des leaders de communautés, puis des leaders plus visibles au sein de ces organisations. Dans la mesure du possible, nous avons privilégié les entretiens individuels, sauf lorsque les personnes insistaient pour réaliser les entretiens à plusieurs (deux personnes maximum). Nous étions parfois au même endroit pour plusieurs jours et, en dehors des situations d’entretien, nous partagions également le quotidien des paysans. Ainsi, « le temps du quotidien (et d’un quotidien aussi bien domestique que professionnel du fait que nous vivions parmi nos enquêtés) était donc un temps d’apprentissage permanent, parsemé de révélations quand une expression revenait sans cesse jusqu’à ce que nous réalisions son importance »176. Ce quotidien a permis également de réorienter et d’ajuster nos questions au fur et à mesure.

Nous avons réalisé un guide d’entretien (entretiens semi-directifs), que nous avons par la suite adapté177. Nous commencions les entretiens par une question large sur l’histoire personnelle des enquêtés. Puis, nous avons orienté nos questions sur l’histoire de leur organisation, les causes défendues ou les manières de les défendre (« vous pouvez m’expliquer ce qu’est une zone humanitaire » « qu’est ce que ça signifie lutter pour le territoire »). Nous mentionnions ensuite, si les enquêtés ne le faisaient pas avant nous, les liens internationaux, la question des droits de l’Homme et le rôle de la solidarité internationale au niveau local. Si certains enquêtés avaient été à l’étranger, nous leur demandions alors de nous raconter leurs rencontres et leurs ressentis sur ces voyages. Nous évoquions par la suite les relations politiques de l’organisation paysanne, ses relations avec l’État colombien, avec l’armée et avec les institutions, avant d’aborder leur positionnement sur les dialogues de paix.

Ce guide nous a permis d’identifier différents types d’enquêtés, puisque certains d’entre eux continuaient l’entretien et abordaient l’ensemble des axes, tandis que d’autres racontaient plutôt leur histoire personnelle. Certains entretiens, notamment les

176 SIMEANT Johanna, « Localiser le terrain… »,Op.cit., p 135. 177 Voir annexe n°3 qui présente le guide d’entretien.

premiers, ont davantage une valeur informative ; nous avons par la suite réajusté nos questions et réalisé des entretiens plus compréhensifs.

À l’écoute des entretiens, nous avons prêté attention non seulement à ce que répondent les enquêtés mais également à la manière dont ils répondent, leurs hésitations, leurs rhétoriques, les mots utilisés, et ce qu’ils ne disent pas. Par exemple, nous nous sommes notamment penchée sur l’usage du « je », du « nous » et du « eux » dans les différents entretiens. De même les recours aux mots « peuple », « territoire », « résistance » ou encore « néolibéralisme » ont tout particulièrement retenus notre attention.

L’identification de différents profils et différentes perceptions de la solidarité

Si la majorité des enquêtés abordent facilement leur histoire personnelle et évoque les grandes lignes (avec plus ou moins de détails et de justifications) de leur organisation, les « traces » de la solidarité internationale sont à l’inverse difficiles à identifier. De manière générale, ce sont les leaders des zones humanitaires et les leaders de l’ACVC qui détaillent plus facilement ces acteurs, alors que pour le reste des membres- que nous avons dénommés « membres implicites » dans la mesure où ils ne sont pas engagés directement dans l’organisation mais constituent la base revendiquée par celle-ci – évoquent la solidarité internationale comme un tout relativement flou. Les entretiens permettent ainsi d’identifier différents profils d’enquêtés que l’on peut retrouver dans les deux organisations paysannes.

Figure n° 2. Différents profils d’enquêtés

Profils des paysans

ACVC Communautés Afro-descendantes

Membres implicites de l’ACVC (habitants des villages)

Membres implicites du

« processus » (habitants des zones humanitaires)

Leaders locaux dans les villages Membres actifs des conseils communautaires

Coordinateurs régionaux, équipes de terrain et membres de l’équipe technique

Leaders des conseils communautaires

Leaders historiques à l’origine de l’organisation

Leaders politiques et direction générale de l’association

Leaders ancestraux de la région à l’origine du processus de retour

Jeunes leaders et leaders en dehors du Cimitarra

Jeunes leaders plus diplômés

Selon les profils d’enquêtés, nous pouvons ainsi identifier deux types d’entretien. Les entretiens réalisés avec les acteurs qui présentent les deux premiers profils (membres implicites, membres actifs et leaders locaux) portent surtout sur l’histoire de la région et la localisation des luttes collectives. Ils prennent parfois la forme de témoignages, comme nous le verrons dans un premier temps. Les entretiens réalisés avec le reste des paysans sont plus approfondis dans la mesure où nous avons pu aborder l’ensemble des questions de notre grille d’entretien. Les enquêtés vont au-delà de leur histoire personnelle (voire l’évince) pour expliquer leur mobilisation et leurs revendications. Ces entretiens prennent alors parfois la forme « d’entretiens-discours », ce que nous détaillerons dans un second temps.

L’entretien-témoignage

Sollicités pour des entretiens, certains enquêtés envisagent alors cette interaction comme un moment pour raconter « leur histoire ». Il suffit parfois d’une seule question pour que ces derniers racontent leur récit, dans lequel se mêlent événements personnels et expériences collectives. Ces entretiens témoignent dans tous les sens du terme.

Tout d’abord, ces entretiens témoignent d’un certain rôle assigné au chercheur, assimilé ici à un témoin qui récolte cette parole pour dénoncer, raconter, expliquer, sensibiliser, etc. Michel Agier aborde les enjeux de la récolte des données dans des contextes de crises (des entretiens dans des camps de réfugiés) et invite à une réflexion sur l’anthropologie des prises de parole178. Il rappelle qu’une prise de parole a son contexte, ses enjeux et peut prendre diverses formes. Ils nous assignent une place particulière179 et attribuent également un rôle à l’entretien en tant que tel. Certains font par exemple des appels « à la solidarité internationale » au cours même de l’entretien, en désaxant la relation d’interaction puisqu’ils s’adressent, en regardant l’enregistreur, à d’autres acteurs, comme ce paysan du Curvaradó :

« Si cela arrive en France, ce serait important que tous les Français soutiennent notre processus, parce que sans l’aide des internationaux nous ne serions plus sur notre territoire, et donc pour continuer notre processus nous devons compter sur cette famille, que nous avons également à l’extérieur et c’est vous, c’est une famille que nous avons dans nos cœurs, parce qu’elle nous a servi de soutien et nous a aidé dans ce processus et nous comptons sur vous, merci »180.

Certains éléments de langage traduisent également « les traces » d’un passage international ou de commissions d’enquête, notamment lorsque les paysans ne parlent plus seulement des lieux en les désignant par leur nom d’usage mais précisent leur localisation avec leurs noms administratifs, ou lorsqu’ils détaillent précisément (nombre, heure, jour, nom des personnes) certains faits. L’identification de certains faits marquants est notable dans certains villages ou dans les zones humanitaires. Raconter sa trajectoire personnelle en faisant écho à ces faits collectifs, même si ces événements n’ont pas toujours pas été vécus directement par les enquêtés, permet d’exister dans ce collectif et de se reconnaître dans une certaine identité de village, de zone humanitaire ou encore d’organisation. Ces entretiens témoignent par conséquent d’une reconstruction

178 AGIER Michel, « La force du témoignage. Formes, contextes et auteurs des récits de réfugiés » in LE PAPE Marc, SIMEANT Johanna, VIDAL Claudine, Crises extrêmes. Face aux massacres, aux guerres civiles et aux génocides, Paris, La découverte, Coll Recherches, 2006, p 151-168.

179 De nombreux chercheurs ont évoqué cette situation d’étrangeté dans leurs travaux sur les ONG quand ils sont assimilés aux membres d’ONG qu’ils étudient par les populations locales; comme le rapporte Johanna Siméant : « Enfin, le fait d’être nous-mêmes pris en permanence pour des membres d’ONG ou « des internationaux » fut une bonne leçon quant à la façon dont les populations locales percevaient ONGistes, membres de coopération ou des Nations Unies », SIMEANT Johanna et al, Guide de l’enquête globale…Op.cit, p 17.

collective et d’un exercice collectif autour de ce que signifie la mise en mot et la parole. En Colombie, Michel Agier montre que les histoires individuelles doivent faire sens dans le cadre d’un récit collectif afin d’obtenir une certification d’un statut de victime, de déplacé181.

Ainsi, ces récits peuvent être analysés comme le produit des divers positionnements des individus et comme le résultat de la situation d’entretien elle- même. En effet, selon Olivier Fillieule le « récit de vie constitue un instrument primordial pour rendre compte du réseau continu d’interprétations subjectives qui guident la conduite des individus, pour autant que les raisons d’agir sont d’abord analysées en tant qu’elles nous renseignent sur le travail d’ajustement, à chaque étape de la carrière, entre une décision subjective et les contraintes objectives ; deuxièmement, que la manière dont les motifs sont formulés dans le cadre et au moment de l’entretien est aussi le produit des règles du jeu en vigueur dans le contexte où ils s’expriment »182.

Nous pouvons ainsi noter des différences importantes entre les militants qui ont déjà été sollicités pour raconter leur histoire ou qui valorisent la portée du témoignage, et les autres qui n’ont jamais eu ce rapport et qui ne mettent pas en valeur les mêmes faits. Ces derniers expriment des réticences dans l’entretien car ils ne pensent pas être en mesure de « dire ce qu’il faut », ou évoquent des sujets plus proches de leurs réalités à la fois géographique et présente, en évinçant parfois le passé et en évoquant plutôt leurs productions agricoles par exemple. Ces entretiens concernent des enquêtés plus éloignés des organisations collectives, et nous renseignent ainsi sur le travail réalisé au sein de ces organisations paysannes. De même, les enquêtés qui refusent l’enregistrement ou sont plus réticents à l’entretien sont également des personnes qui ne font partie de l’organisation et qui ont peu de connaissance de ces actions collectives.

L’entretien-discours

Parler d’entretien-discours est une formule relativement antinomique si l’on suit la conception de Pierre Bourdieu, pour qui toute situation d’entretien est une situation de production d’un discours183. En effet, « les lois qui régissent la production des discours

181 AGIER Michel, « La force du témoignage… », Op.cit.

182 FILLIEULE Olivier, « Propositions pour une analyse processuelle… », Op.cit., p 205.

183 Cela ne sous-entend pas que les entretiens témoignages ne constituent pas des discours. Cependant, émettre un discours est un objectif plus clairement incorporé par les leaders qui de par leur définition se font les porte- parole des organisations.

dans la relation entre un habitus et un marché s’appliquent à cette forme particulière d’expression qu’est le discours sur soi ; et le récit de vie variera, tant dans sa forme que dans son contenu, selon la qualité sociale du marché sur lequel il sera offert – la situation d’enquête elle-même contribuant inévitablement à déterminer la forme et le contenu du discours recueilli »184. La présentation de soi et la production de soi, très présente dans les entretiens-témoignage, tend à prendre une autre forme dans les entretiens-discours. Ces paysans cherchent à évoquer le collectif, les causes défendues par l’organisation, la trajectoire de celle-ci, etc. mais la manière dont ils abordent les questions révèle aussi leurs propres trajectoires.

Les acteurs créent du sens au cours des entretiens et réajustent leurs comportements passés, gomment certains conflits au niveau de l’organisation et tentent de laisser apparaître une revendication comme cohérente. Les recommandations relatives à l’illusion biographique185 nous apprennent par ailleurs à tenir à distance ces reconstructions a posteriori de leurs trajectoires et de leurs actions. Or, ce qui nous intéresse n’est pas tant de savoir si ce que disent les acteurs correspond à leurs trajectoires personnelles et à la trajectoire de l’organisation, mais surtout de comprendre comment et pourquoi ils ajustent leurs discours. L’apport majeur de ces entretiens- discours est que les acteurs locaux ont les capacités de comprendre le rôle de chaque acteur international, d’orienter leurs revendications d’une certaine manière pour se faire comprendre et pour peser sur ces diverses interactions. Ils savent présenter leur lutte et polir un langage plus radical si besoin. Ils savent également faire usage de leurs diverses identités : celle de victime, de paysan et d’afro-descendant. Ils relaient ainsi leurs causes de différentes manières et utilisent la situation d’entretien de diverses façons.

Pour les paysans, la situation d’entretien est une manière de valoriser leur lutte puisque parler de leur internationalisation est une façon de montrer que celle-ci est légitime et qu’ils ne sont pas seuls à défendre leurs idées. Aborder les liens de solidarité internationale constitue une occasion pour ces dirigeants de montrer leur force de

184 BOURDIEU Pierre, Raisons Pratiques. Sur la théorie de l’action, Paris, Ed du Seuil, 1994, p 87. En évoquant la réalisation des biographies et des parcours de vie, il explique que « la situation d’enquête qui, selon la distance objective entre l’interrogateur et l’interrogé, et selon l’aptitude du premier à « manipuler » cette relation, pourra varier depuis cette forme douce d’interrogatoire officiel qu’est le plus souvent, à l’insu du sociologue, l’enquête sociologique, jusqu’à la confidence, au travers enfin de la représentation plus ou moins consciente que l’enquête se fera de la situation d’enquête, en fonction de son expérience directe ou médiate de situations équivalentes (…) et qui orientera tout son effort de présentation de soi, ou, mieux de production de soi » (p 88).

185 BOURDIEU Pierre, « Annexe 1. L’illusion biographique », in BOURDIEU Pierre, Raisons Pratiques. Sur la théorie de l’action, Paris, Ed du Seuil, 1994, p 81-89.

persuasion, leur capacité à rayonner au-delà de leur territoire et de montrer leurs alliés. Ils mettent alors surtout en avant les soutiens politiques ou le fait que d’autres collectifs luttent également pour la même cause à l’étranger. Puis, à d’autres moments, évoquer la solidarité internationale donne l’opportunité à ces paysans de montrer les besoins financiers de ces zones marginalisées et, ainsi, de rappeler qu’il est nécessaire de continuer à investir dans la protection des droits de l’Homme. En définitive, c’est une manière d’exposer les nouveaux enjeux à venir et l’importance que revêtent ces liens pour les organisations paysannes dans le contexte colombien. Ils insistent alors plus amplement sur les questions de développement et sur l’urgence humanitaire.

Enfin, parler de ces alliés constitue parfois pour certains leaders, un aveu des limites locales, notamment des faiblesses du financement structurel des organisations paysannes. Il est alors délicat d’aborder ces questions car elles sous-entendent des décalages entre la lutte locale et la solidarité internationale. Parler des soutiens internationaux signifie une certaine perte d’autonomie de la résistance paysanne sur son propre territoire. Pour certains leaders, c’est aussi reconnaître que quelques « gros bailleurs » sont indispensables pour continuer la lutte pour l’autonomie territoriale. Ils tendent alors à minimiser leurs relations et à recadrer l’entretien vers leur lutte politique dans le cadre national.

Ces entretiens nous ont ainsi permis d’identifier les efforts discursifs des acteurs, sans pour autant les réduire à leur portée stratégique, en les replaçant dans un contexte cognitif particulier. Nous pouvons ainsi identifier des décalages entre la base sociale des organisations et leurs leaders, mais aussi entre les discours exprimés au niveau local et ceux exposés par les leaders paysans. Ces écarts permettent de comprendre le rôle de l’organisation en tant que structure qui travaille et donne une cohérence au collectif.

Nous avons par conséquent tenté à partir de situations d’entretiens de retracer les évolutions des causes paysannes défendues par ces deux collectifs. La principale difficulté tient à saisir à un moment précis – celui de l’enquête – le caractère évolutif des idées défendues par une organisation. Les différents positionnements des acteurs au sein de l’organisation mais aussi la manière dont ils appréhendent leurs luttes passées et leurs trajectoires nous renseignent sur ces évolutions.

Encadré n°4. Saisir les évolutions des revendications paysannes

Comment saisir les évolutions des revendications au sein des organisations paysannes ?

Une des questions qui a animé les débuts de notre recherche porte sur les causes paysannes et leurs évolutions. La question des droits de l’Homme et celle de la défense de la terre étant souvent liée dans les discours, nous avons souhaité saisir les liens qu’effectuent les paysans entre ces deux thématiques et saisir comment ils passent de l’une à l’autre. Les paysans rencontrés se mobilisent-ils pour les droits de l’Homme face aux menaces qu’ils reçoivent ? Ou bien pour la terre dont dépend leur existence ? Veulent-ils tous dire la même chose derrière le slogan « droit à la vie, droit au territoire » ? Il nous a semblé difficile d’évaluer la dimension évolutive des revendications, étant donné les différentes contraintes de l’enquête. Elles sont au nombre de trois.

La première contrainte concerne le temps de l’enquête. En effet, notre recherche s’effectue à un moment précis, et à une période où les organisations paysannes ont une certaine maturité. Les paysans mettent par conséquent en avant leurs causes « actuelles ». La deuxième contrainte est liée au caractère dérangeant de cette question. Les leaders paysans sont peu enclins à faire apparaître les conflits internes dans la définition des causes de l’organisation ou les tensions qui pourraient potentiellement nuire à leur image. Enfin, la troisième contrainte porte sur les réinterprétations a posteriori, étant donné que les acteurs justifient leurs engagements passés au regard de leurs engagements présents.

Ces questions (pourquoi vous mobilisez-vous ? Pour la terre ou pour les droits de l’Homme ? Quels liens faites-vous entre ces deux causes ?), régulièrement posées au cours des entretiens, ne semblent jamais apporter de réponse « satisfaisante ». Nos questions sont soit incomprises (« je ne comprends pas la question »), soit évincées des conversations (« là n’est pas la question »), ou encore les enquêtés répondent brièvement : « nous luttons pour tout cela ».

Or, que nous apportent réellement ces réponses sur nos enquêtés et leurs organisations, et plus largement sur le débat autour des droits de l’Homme ? En replaçant ces questions dans la situation d’enquête, plusieurs réponses peuvent être apportées.

Tout d’abord, les enquêtés qui avouent ne pas comprendre le sens des questions sont en général des membres de la base sociale des organisations sans responsabilité particulière. Ils répondent souvent qu’ils se mobilisent pour « leur vie et leur territoire ». Nos questionnements sont en réalité totalement inadaptés à des enquêtés qui ne conçoivent pas la différence entre la défense de leur vie (l’intégrité physique) et de leur terre (dont dépend leur survie économique). Le débat sur les différentes interprétations des droits de l’Homme ne se pose pas en ces termes pour les populations locales. Puis, en interrogeant plutôt les leaders locaux et en observant leurs réactions, on peut noter certaines convergences entre ceux qui revendiquent l’importance des conditions matérielles d’existence des paysans et insistent sur la question de l’accès à la terre et ceux qui insistent plutôt sur le fait que la représentation politique est une des voies pour garantir les droits des habitants. Cependant, d’autres leaders ne sont pas toujours en accord avec ces formulations, ce qui nous a permis d’identifier en partie les lignes de fractures et de débats au sein même des organisations. Enfin, les principaux leaders des organisations ont clairement identifié le débat sous-jacent de notre questionnement et englobent dans leurs réponses toutes leurs revendications sous le terme droits de l’Homme. Ils retracent aisément (et