• Aucun résultat trouvé

Les paysans colombiens que nous avons rencontrés évoluent dans un contexte particulier, à la fois marqué par les violations des droits de l’Homme et par une situation économique et sociale difficile qui ne leur permet pas de vivre, selon eux, une vie digne sur leurs terres. Cependant, si ce contexte est éminemment présent dans leurs revendications, ils ne sont pas pour autant prédéterminés par celui-ci. En effet, ils ne sont pas seulement dans une posture d’attente d’une aide qui viendrait de l’international, ils cherchent à agir selon leurs moyens et le sens qu’ils accordent à leurs actions. Ils ne sont pas non plus calculateurs, au sens où ils agiraient en toute connaissance de cause (et de conséquences) et chercheraient à se mobiliser en fonction de l’aide internationale proposée. Aspects cognitifs et pragmatiques s’imbriquent ainsi dans les relations que les acteurs locaux entretiennent avec leurs « partenaires » internationaux. Les subjectivités des acteurs sont alors à prendre en compte en même temps que les aspects plus pratiques de l’action collective.

La construction des solidarités internationales est un échange d’idées mais aussi un échange de personnes. Dans cette perspective nous nous rapprochons de la sociologie pragmatique131 qui s’attache à rendre compte des faits sociaux à travers les pratiques d’acteurs.

Exprimer la cause : les aspects discursifs

La sociologie de l’action collective et celle de la solidarité internationale ont en commun un intérêt pour les causes. La cause de l’action collective est celle qui réunit les revendications d’un collectif, doléances et demandes qui s’adressent à des destinataires tandis que la cause de la solidarité internationale est celle qui motive une action de soutien, d’aide, d’accompagnement ou un projet de développement. Ces causes peuvent converger mais elles peuvent aussi s’exprimer de différentes façons. Les injustices vécues par les paysans seront formulées de différentes manières selon qu’elles sont exprimées au sein de l’organisation collective (il s’agit alors de faire corps à partir de

131 Sur l’importation du pragmatisme en France, nous nous référons plus généralement aux travaux de Romain Pudal. PUDAL Romain, « Enjeux et usages du pragmatisme en France (1880-1920). Approche sociologique et historique d'une acculturation philosophique », Revue française de sociologie, vol 52, 2011, p 747-775 ; PUDAL Romain, « La sociologie française est-elle pragmatist compatible ? », Tracés. Revue de Sciences humaines, n°15, 2008, disponible en ligne, consulté le 17 Juillet 2016. http://traces.revues.org/613

perceptions individuelles), adressées à des institutions colombiennes (les revendications font alors écho aux droits des paysans reconnus par l’État par exemple), ou bien dirigées vers des acteurs internationaux (il s’agit dans ce cas de se faire comprendre par des interlocuteurs qui peuvent ne pas connaître le contexte local). Ces discours sont par conséquent cadrés, selon la personne qui prend la parole, et selon les destinataires.

Par le biais de ces « cadres d’interprétations » les paysans peuvent ainsi rendre compte de leur lutte à différents niveaux de mobilisation et à des acteurs très divers. La notion de cadres a été développée par Erving Goffman qui les définit comme des schèmes d’interprétation qui permettent aux individus de « localiser, percevoir, identifier, étiqueter »132 des situations.

Transposés à l’action collective, notamment par David Snow et Robert Benford133, les cadres servent à mobiliser plusieurs personnes autour d’une même cause, mais aussi à rallier d’autres participants. Ils permettent ainsi d’aborder la construction sociale des injustices. Les cadres doivent par conséquent faire sens (entrer en résonnance) pour les mobilisés. Au cours de notre travail, nous reviendrons à une vision moins stratégiste des différents cadrages que réalisent les paysans pour analyser plus précisément les raisons de ces différentes façons d’exprimer la cause paysanne. Nous suivons la critique que Daniel Cefaï adresse à l’analyse de Snow et Benford en pointant deux biais : celui qui consiste à faire des acteurs des individus psychologisants et celui qui consiste à les transformer en stratèges134. Pour éviter le premier biais, il convient de considérer que les cadres ne sont pas seulement des schémas de pensée mais aussi des schémas d’interaction dans des situations soumises à des contraintes diverses (la langue, le contexte, les compétences des acteurs à formuler les problèmes de telle ou telle manière, etc.). Pour parer au deuxième biais, il s’agit de replacer les acteurs dans leurs contextes, puisqu’ils ne sont en aucun cas omniscients et que leurs actions ne se résument pas à une évaluation des ressources disponibles. Daniel Cefaï propose ainsi de revenir au sens

132 GOFFMAN Erving, Frame analysis. An essay on the organization of experience, Londres, Harper and Row 1974, p 21.

133 SNOW David, ROCHFORD Burke, WORDEN Steven, BENFORD Robert, « Frame Alignment Processes, Micromobilization and Movement Participation », American Sociological Review, n°51, 1986, p 464-48 ; SNOW David, BENFORD Robert, «Framing processes and social movements: an overview and assessment » Annual Review of Sociology, vol 26, 2000, p 611-639.

134 CEFAÏ Daniel, TROM Danny (dir.), Les formes de l’action collective. Mobilisations dans les arènes publiques, Ed de l’EHESS, Coll. Raisons Pratiques, 2001.

goffmanien135 des cadres d’interprétation pour comprendre en situation comment les acteurs entrent en interaction avec d’autres acteurs, et comment ils agissent et s’expriment en fonction des situations et des interlocuteurs « à travers les contraintes du milieu et les aléas de la rencontre »136.

De même, Lilian Mathieu rappelle que ces cadres ne sont pas nécessairement cohérents137. Au contraire, les contradictions et les malentendus doivent nous intéresser : en tant que débat suscité autour des valeurs et idées défendues par les organisations paysannes et en tant que cadrages d’une même cause par différents acteurs. Les cadres permettent d’identifier les conflits, tensions, négociations, et compromis autour des causes138, que celles-ci aient pour but la mobilisation ou bien la constitution d’un partenariat avec une ONGI ou une OI. L’engagement collectif, autour d’une mobilisation ou autour d’un projet de développement ne se réduit pas à un accord autour d’une cause ; par conséquent, il convient de comprendre les processus interactifs de cadrage, c’est-à-dire la manière dont ces cadres sont construits, discutés, transformés, remplacés,…

Ces cadres sont identifiables dans les différents discours produits pour et par les collectifs qui cherchent à rendre compte de leurs luttes. Les discours traduisent une manière de formuler des revendications locales diverses et ainsi de rassembler différentes manières de percevoir le monde. Ils traduisent également la manière dont les paysans adaptent, en pratique, un discours à leur interlocuteur. Se pencher sur ce que disent les acteurs de leurs revendications et de leurs causes « ne signifie donc pas qu’il faille se contenter d’enregistrer des points de vue ou de les traduire dans un vocable savant. Pas davantage, ne s’agit-il de considérer que les acteurs ont raison de dire ce qu’ils disent : l’objet est de considérer qu’ils ont des raisons de le dire – des raisons liées aux contradictions réelles de leurs pratiques »139.

Nous verrons que cette pratique dépend de nombreux éléments, de la place de

135 La sociologie d’Erving Goffman s’intéresse à ce qui se passe quand deux individus au moins se rencontrent. Goffman se penche sur les formes prises par ces interactions, sur les règles qui se mettent en place ainsi que sur les rôles de chaque acteur. L’originalité de Goffman est qu’il interroge les interactions comme un objet de recherche en soi. Cf. NIZET Jean, RIGAUX Natalie, La sociologie de Erving Goffman, Ed La Découverte, Coll. Repères, 2005 ; GAMSON William, « Le legs de Goffman à la sociologie politique», Politix, vol 1, n°3, 1988. 136 CEFAÏ Daniel, Pourquoi se mobilise t-on ?... Op.cit., p 29.

137 MATHIEU Lilian, « Rapport au politique, dimensions cognitives et perspectives pragmatiques dans l’analyse des mouvements sociaux », Revue française de science politique, vol 52, no 1, 2002, p 75‑100.

138 CEFAÏ Daniel, TROM Danny (dir.), Les formes de l’action collective…Op.cit.

139 BARTHE Yannick et al., « Sociologie pragmatique… » Op.cit., p 187. Les auteurs font ici référence à CALLON Michel, RABEHARISOA Vololona, « La leçon d’humanité de Gino », Réseaux, vol 17, n° 95, 1999, p 197-233.

certains leaders dans l’organisation, de leur connaissance des luttes collectives, de leurs capacités personnelles et de leur héritage militant, etc. Les master frame, qui seraient des cadres dominants, des formulations reprises par divers acteurs qui exprimeraient la cause de la même manière, sont à prendre en compte seulement si on les déconstruit pour comprendre leur genèse et leur utilité. Ces cadrages plus larges des luttes paysannes permettent de rallier divers collectifs qui se sentent représentés par ces causes, mais relèvent aussi parfois de choix avant tout pragmatiques des organisations paysannes face à des demandes de financements, des appels à projet, ou tout simplement dans le fait de rendre plus lisible un langage « indigène » en langage international. À ce sujet, Lilian Mathieu critique la tendance à autonomiser la lutte de sens par rapport à d’autres enjeux clés dans la mobilisation tels que la lutte pour la représentativité, pour la reconnaissance, pour les ressources, pour la visibilité, etc. Le débat autour du sens est indissociable de celui lié à d’autres aspects plus matériels et contextuels pour comprendre la mobilisation. « Au lieu de chercher à déterminer les « critères » au moyen desquels le groupe « doit » être défini et les « frontières » qu'il « faut » lui donner pour obtenir un objet palpable et bien délimité (ce qui revient le plus souvent, on l'a dit, à enraciner le groupe dans l'ordre de la pure détermination technique et de la division technique du travail), on peut alors tenter de rendre compte de la forme prise par le groupe en interrogeant le travail de regroupement, d'inclusion et d'exclusion, dont il est le produit, et en analysant le travail social de définition et de délimitation qui a accompagné la formation du groupe et qui a contribué, en l'objectivant, à le faire être sur le mode du cela-va-de-soi » 140. En effet, étudier la construction des causes, c’est comprendre le travail des organisations paysannes, à la fois réceptacle des différentes subjectivités des paysans et représentatif d’une lutte collective.

Si l’on pense à la construction de ces discours et aux différents cadres qui interagissent, il faut aussi concevoir que ces cadres véhiculent des représentations qui sont reçues, perçues et intériorisées de diverses manières selon les acteurs. Par conséquent, la manière dont les leaders cadrent la cause de l’organisation paysanne a un effet sur la base sociale et sur l’organisation en elle-même. Il est ainsi pertinent de comprendre comment les organisations s’approprient, importent et exportent des idées et des valeurs, et redéfinissent ainsi leurs revendications. Cependant, les acteurs locaux ne

140 BOLTANSKI Luc, Les Cadres: La formation d’un groupe social, Paris, Les Editions de Minuit, 1982, p 51- 52.

sont pas totalement perméables aux discours de leurs leaders et interprètent une réalité sociale à partir de leur expérience, de leur histoire et de leur contexte local. Ainsi, c’est aussi dans les pratiques les plus quotidiennes que l’on peut observer la construction de ces causes, notamment à travers les évolutions locales que ces relations internationales engendrent. Les discours sont ainsi une des composantes de la mise en mots des revendications.

Interagir avec d’autres acteurs : observer les interactions

Les paysans colombiens ont besoin d’une aide internationale, que celle-ci soit financière, logistique ou encore politique (notamment pour être reconnus comme légitimes ou être visibles), pour continuer à se mobiliser. Or, ces interactions répétées avec la solidarité internationale ont des effets sur les revendications. Pour comprendre ce qui se passe au cours de ces échanges, il s’agit d’identifier ces moments de rencontres. On remarque qu’il ne s’agit que très rarement d’une rencontre entre des paysans démunis d’un côté et des acteurs internationaux de l’autre.

On peut identifier trois scenarii de rencontres physiques entre ces acteurs. La première configuration est celle de la venue d’un acteur international sur le terrain, directement dans les villages, afin de constater une situation ou mettre en œuvre un projet. Deuxièmement, l’action inverse est celle du déplacement d’acteurs locaux qui rendent visite à l’étranger à diverses ONG et organisations internationales pour les sensibiliser à leurs situations et obtenir des soutiens divers. Troisièmement, il existe aussi, entre ces deux types de rencontres, des échanges qui se concrétisent à Bogotá. Les leaders paysans s’y rendent pour rencontrer les responsables des ONG et OI qui possèdent des bureaux nationaux dans la capitale colombienne. Enfin, au-delà de ces rencontres physiques, il faut ajouter des interactions non physiques mais qui induisent également des échanges, perceptibles à travers les courriers que s’envoient mutuellement les acteurs, à travers les transferts de technologies, d’informations, de matériels, ou les communiqués où les acteurs internationaux apportent ouvertement leur « solidarité » aux acteurs locaux.

Il ne s’agit ainsi pas d’une rencontre entre « deux mondes », celui des villages reculés des campagnes colombiennes et celui des bureaux des ONGI qui mettent en place des stratégies de développement. Pour réaliser ces rencontres physiques ou non,

plusieurs acteurs réalisent l’interface entre ces milieux si différents. En effet, au sein de l’Association paysanne de la vallée du fleuve Cimitarra, nous avons très vite remarqué que certains leaders sont responsables des « relations internationales » et qu’ils disposent de compétences particulières qui leur permettent plus facilement de se faire comprendre et de comprendre le discours des ONGI et des OI. Les communautés afro- descendantes de Jiguamiandó et Curvaradó échangent peu de manière directe avec leurs partenaires et soutiens internationaux, mais peuvent compter sur une ONG colombienne de défense des droits de l’Homme, la Commission Interéclesiale de Justice et Paix, un allié au niveau national qui relaie la situation des communautés. On désignera par conséquent ces acteurs comme des intermédiaires, « dont les compétences, les ressources et la légitimité leur permettent de «traduire» (au sens de M. Callon) des connaissances, des savoirs, des registres de légitimité entre des univers organisationnels ou sociaux qui doivent (ou désirent) travailler ensemble mais ne recourent pas aux mêmes registres d’intelligibilité. »141.

L’existence de ces intermédiaires sous-entend que les organisations paysannes se sont adaptées à d’autres types d’interactions, et qu’elles ont développé de nouvelles compétences pour exprimer leurs besoins et pour comprendre leurs interlocuteurs internationaux. L’internationalisation des causes paysannes n’est donc pas sans effet sur les structures organisationnelles locales.

Ces aspects plus « pratiques » de la construction de la solidarité internationale doivent être compris avec les aspects plus cognitifs développés précédemment. En effet, dans ces rencontres, les contraintes de l’action collective côtoient les perceptions que les acteurs ont de leurs causes. Dans la lutte pour le territoire, les paysans échangent ainsi leurs visions du monde, leurs manières de percevoir leur action collective et leurs émotions. Ces dernières prennent racine dans un contexte particulier. Ce contexte est à la fois celui du Magdalena Medio et celui du Chocó, celui d’une fin du conflit armé dans le pays (avec la principale guérilla), et celui d’une remise en cause du modèle néolibéral par d’autres collectifs au niveau international. Tout cela est observable au niveau local et d’un point de vue micro, c’est ce que nous souhaitons démontrer.

Les causes défendues par les organisations paysannes tendent également à politiser

141 NAY Olivier, SMITH Andy, « Les intermédiaires en politique : médiations et jeux d’institutions » in NAY Olivier, SMITH Andy (dir.), Le gouvernement du compromis Courtiers et généralistes dans l’action politique, Paris, Economica, 2002, p 47-86, disponible en ligne, consulté le 14 mai 2016, p 1-21, p 14. La notion d’intermédiaire et ce rôle au sein des organisations paysannes seront l’objet du chapitre 6.

les enjeux liés à leurs terres, à leur vie, et à la manière dont les acteurs locaux conçoivent leur métier et leur mode de vie sur leurs territoires. Dans le contexte colombien où les dialogues de paix ont en partie permis d’interroger la situation des campagnes, les paysans tentent de lier les injustices économiques, sociales et foncières, les violations des droits de l’Homme pendant et en marge du conflit armé, ainsi qu’un modèle de développement qui ne leur correspond pas. Or, remettre en cause le système politique et économique colombien – souvent d’une manière qui est considérée comme « radicale » – n’est pas toujours une position reprise par les acteurs internationaux qui tentent, pour certains, d’apaiser les tensions pour (re)construire une société en paix. À différents niveaux de revendication, on observe des jeux de langage et de perceptions, qui amènent les acteurs locaux à gommer la radicalité de leurs propos pour entrer en interaction avec d’autres acteurs. En effet, les organisations paysannes ont mis en place des alternatives locales (avec et sans le soutien international) en dehors des actions de mobilisation collective pour créer de nouveaux liens avec l’État. Les organisations paysannes sont par conséquent investies dans diverses activités politiques 142 au niveau local et national, mais participent également d’une redéfinition de la politisation des liens de solidarité qu’elles entretiennent.

Par conséquent, il est question de comprendre ces collectifs dans leurs diverses activités de défense de leur territoire. Si certaines situations ne relèvent pas strictement du registre de l’action collective (sous-entendu protestataire et conflictuelle), elles comportent néanmoins une dimension collective et revendicative. Au cours de toutes ces situations, les paysans entendent défendre leur vision du monde et protéger leurs territoires. Cela va plus loin, lorsque décider d’habiter et de vivre dans des zones de conflit est, en soi, une action collective à haut risque143. Au cours de ces actions, qui relèvent pour certaines du strict quotidien des acteurs locaux, on peut percevoir des traits d’internationalisation, même auprès d’acteurs qui ne circulent pas. Analyser ces différentes actions nécessite d’articuler une temporalité d’observation courte (celle de l’action collective, celle des rencontres ponctuelles), et une plus étendue pour des actions qui ne sont compréhensibles que sur le plus long terme (les évolutions de discours ou les évolutions organisationnelles).

142 MATHIEU Lilian, « Rapport au politique,… », Op.cit. ; LAGROYE Jacques, « Les processus de politisation », in LAGROYE Jacques (dir.), La politisation, Paris, Belin, 2003, p 359-372.

143 Au cours d’un premier chapitre nous présentons plus précisément ces différentes dimensions de l’action collective locale et l’importance de la dimension territoriale et collective des causes paysannes.

L’idée que des acteurs différents puissent, par divers mécanismes, définir une action commune nous semble ainsi intéressante pour appréhender la solidarité internationale. Celle-ci n’est pas réductible à un accord autour d’une cause, mais met en jeu des acteurs qui évoluent également selon des pratiques particulières. Étudier la construction des solidarités internationales sous-entend donc d’étudier la construction des causes (en tant qu’idée qui motivent ces relations), la construction des relations (c’est-à-dire les échanges entre acteurs), et ainsi étudier les pratiques et les résultats de ces échanges solidaires (comprendre sur le long terme, comment des échanges ponctuels deviennent des solidarités).

Il convient par conséquent de comprendre ce qui se passe dans ces interactions. Comment des acteurs se lient-ils ? Comment se comprennent-ils ? Se comprennent-ils vraiment ? Comment des acteurs si différents, – des acteurs locaux qui raisonnent à partir de leur contexte, et des acteurs internationaux mûs par un désir de solidarité mais aussi par d’autres contingences – parviennent-ils à s’identifier comme « suffisamment similaires » ? Ces réflexions nous amènent à développer notre thèse principale, celle d’une attribution de similarité entre les acteurs locaux et internationaux. Nous pouvons dès lors préciser la problématique et les hypothèses de recherche qui ont guidé notre travail.

L’ATTRIBUTION DE SIMILARITE POUR CONSTRUIRE LA