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La construction d’un récit commun des luttes Au cours des entretiens, on remarque que les enquêtés font souvent référence au

mêmes faits, et qu’ils les présentent parfois de la même manière. Ces récits témoignent ainsi d’une réflexion collective autour des événements passés, un sentiment d’appartenance à la communauté qui est régulièrement rappelé par des pratiques concrètes.

Une réflexion collective source d’une narration commune

Les membres des organisations paysannes évoquent tous des événements qu’ils jugent fondateurs dans leur mobilisation, des épisodes de violence, de lutte, de rassemblement, des victoires d’actions collectives mais aussi des faits violents marquants. Au cours des entretiens, les paysans entrecroisent ainsi leur histoire personnelle et l’histoire du mouvement, l’histoire

du village ou de leur communauté. De cette manière il est possible d’identifier des épisodes clés, représentatifs d’une construction commune que les paysans se sont appropriés.

Figure 4. Les épisodes clés de l’histoire commune racontée par les enquêtés

Récits dans le Bas Atrato Récits dans le Magdalena Medio Les violences de 1997

La violence du déplacement

Les difficultés du retour au début des années 2000

La constitution des zones humanitaires Les épisodes de résistance comme l’arrachage des cultures de palme africaine des entreprises

La création de nouvelles zones de biodiversité

Les questions sécuritaires et difficultés économiques récentes

Les marches paysannes de 1996 et de 1998

La création de l’ACVC

La constitution de la zone de réserve paysanne

La mise en place des premiers projets productifs

La persécution judiciaire de 2007 contre les leaders de l’organisation

L’obtention du prix national de la paix en 2010 et la mobilisation pour la paix à Barrancabermeja

Les nouveaux projets de production agricole

Les récits sont plus ou moins détaillés, plus ou moins personnalisés, mais la majorité des personnes interrogées, qu’elles soient membres ou leaders évoquent ces différentes étapes. La constitution de ce « récit commun » de lutte et de persécution contribue à donner une cohérence à un collectif. Ces mises en récit263 opérées par les leaders paysans s’appuient sur des mythes communs et sur des références glorifiées qui mettent en avant le partage d’une identité et d’une histoire commune aux paysans. La construction de représentations collectives s’articule autour d’un double récit, celui des violences subies et celui des luttes communes. Premièrement, les violences occupent une place importante dans ces récits locaux, qui sont inscrits dans un contexte national où la violence revêt une symbolique forte dans l’histoire colombienne. Les mythes autour de la violence, alimentés par des massacres, la découverte de charniers, les disparitions forcées, et la peur ambiante contribuent à nourrir les perceptions des habitants de ces zones touchées par le conflit. Deuxièmement, face à cette situation, les paysans mettent en valeur leur résistance dans ces contextes, pour réaffirmer leur existence et leur réaction face à ces violences. En prenant la mesure de ces imaginaires qui se

263 Sur la question de la mise en récit nous nous référons à Anselm Strauss et à Paul Ricoeur. STRAUSS Anselm, Miroirs et masques, Paris, L’Harmattan, 1992 ; RICŒUR Paul, Temps et récit. Tome 3, Paris, Le Seuil, 1991.

rapportent tant à l’espace (le territoire) qu’au temps (l’histoire), on identifie les mécanismes de constitution des identités collectives. Ces imaginaires constituent le socle de référence commun au groupe264.

Le fait d’avoir pu suivre la réinstallation de plusieurs communautés dans les bassins riverains de Pedeguita y Mansilla et de La Larga Tumarado nous a permis de comprendre l’avancée du processus collectif dans les bassins de Curvaradó et de Jiguamiandó. En effet, dans les zones humanitaires plus anciennes de ces deux bassins, on peut remarquer que les habitants racontent leur passé de la même manière, autour d’une dichotomie entre l’avant et l’après déplacement. Au-delà de ce que la rupture biographique signifie en terme de traumatisme psychologique chez les habitants des zones humanitaires, la similarité de ces manières de raconter renvoie constamment à une histoire collective et à un sentiment d’appartenance au groupe. Cette répétition de la rupture du déplacement, et la quasi-routinisation des récits témoignent aussi de l’importance du travail de collectivisation des mémoires. En effet, ces communautés ont été obligées de « se raconter » pour chercher une protection, auprès des ONG, mais également dans leurs démarches pour obtenir des mesures provisoires de la part de la Cour Interaméricaine des Droits de l’Homme (CIDH). Plusieurs ONG ont d’ailleurs joué un rôle pour mettre en mot ce récit commun, en insistant sur l’expérience du déplacement, rupture évidente pour tous les habitants de ce territoire. Les références à « l’avant » déplacement servent à justifier le besoin de retour car en se souvenant du bien vivre et de la vie avant le déplacement, les habitants expriment et nourrissent un retour paisible sur leurs terres. Henry Ramirez, prêtre et militant des droits de l’Homme dans cette région, a travaillé sur l’histoire de ces communautés avant 1997 et constate que « le passé est tellement idéalisé qu’on se rappelle rarement les tragédies vécues à l’époque, ou peut-être est-ce que le vécu du déplacement forcé est tellement plus fort que l’on oublie ce qui s’était passé avant ? »265 . La vie avant le déplacement est idéalisée dans la majorité des récits, comme par exemple celui d’un habitant de la zone humanitaire de Camélias (Curvaradó) qui s’interrompt au cours de l’entretien, pris par l’émotion :

264 CHARAUDEAU Patrick, « Identité linguistique, identité culturelle… », Op. cit.

265 RAMIREZ SOLER Henry, Les zones humanitaires du Curvaradó et Jiguamiandó Chocó, Colombie. Une expérience de résistance civile, Mémoire pour le Master en Sociologie, EHESS, sous la direction de Gilles Bataillon, 2009, p 25.

« Regarde, ça c’est un chaos pour nous, en tant qu’êtres humains et en tant que paysans du bassin du Curvaradó. Nous, nous vivions une vie très tranquille et heureuse jusqu’en 1996. Nous étions drôles, nous étions heureux. Les afro avec les métis, nous vivions comme si nous étions une seule personne. On partageait. Mais en 1996 par ici, là ça a été… ».266

Une autre habitante évoque avec nostalgie le paysage de la région avant le déplacement :

« Moi je vivais dans le Curvaradó, et de là du Curvaradó on est venus par ici, parce que par là tout était vierge, ici il n’y avait personne à qui dire bonjour. Ça c’était de la forêt vierge, de la jungle, et vous ne trouviez que des animaux. Des animaux de toutes sortes, des oiseaux, des dindes, des perdrix, des quadrupèdes, la biche, le cochon sauvage, le lion sauvage, le paca …ils nous passaient même entre les jambes quand on marchait. Le poisson, vous mettiez les bananes plantains sous le feu pour cuisiner, et quand il n’y avait pas de viande, alors quelqu’un allait et pêchait un petit poisson. Aujourd’hui vous ne trouvez même pas une sardine, parce qu’ils ont tout détruit. Il y avait beaucoup de ruisseaux, sur le fleuve La Mère, il y avait plein de petits ruisseaux, la Cristalline, nous nous l’appelions Eauclaire, mais quand les chilapos267 sont arrivés, ils l’ont appelé Cristalline. Et comme ça c’est resté. Mais tout ça s’est détruit. Ils ont tout détruit. Et en peu de temps, tous ces ruisseaux, les sources d’eau en déroute… ».268

L’ « après » est vécu comme un traumatisme, avec tous les changements de paysage, les deuils et les difficultés quotidiennes. La période « en dehors » (afuera) du territoire, qui correspond au déplacement, n’est pas racontée, elle est évincée des témoignages et les récits reprennent leurs cours au moment du retour sur le territoire. Cette ellipse se retrouve également dans le récit des habitants plus jeunes des zones humanitaires, bien que parfois le déplacement constitue la partie la plus importante de leur vie. Finalement ce qui est « raconté » est toujours l’histoire de présence sur le territoire, une manière de rappeler le lien qui unit la communauté à sa terre, mais aussi d’évoquer seulement les moments où la communauté a existé et existe en tant que telle, et de gommer les trajectoires personnelles pendant le déplacement. Bien que les

266 Entretien avec un habitant de la zone humanitaire de Camélias, Curvaradó, novembre 2013.

267 Les chilapos désignent les paysans métis qui sont arrivés dans le département du Chocó, et qui se sont ensuite mélangés aux habitants noirs. Ils se sont appropriés progressivement leurs cultures, au point de se considérer comme étant de « culture afro ».

enquêtés aient vécu à des temporalités différentes et dans différents endroits, le récit met en commun les lieux −le territoire collectif−, et les temporalités −le départ et le retour.

Entretenir un sentiment d’appartenance par des pratiques concrètes

Au-delà des discours sur la mémoire, c’est dans les pratiques concrètes des membres des organisations que nous pouvons identifier l’importance de ce travail de construction d’un vécu commun. La construction de monuments, le travail collectif autour de la mémoire, ou des œuvres culturelles sont des moyens de construire des représentations collectives et d’affirmer un sentiment d’appartenance. La mémoire sert à la fois de souvenir du passé (pour lutter contre l’oubli et accompagner le deuil), et à la fois de valorisation des luttes (pour rappeler l’urgence présente et donc l’importance de continuer à s’organiser).

La mémoire est rendue visible par la construction de monuments symboliques, souvent au centre des villages, qui ont ainsi la double fonction de recueillement et de réunion. Ces « monuments » ancrés sur le territoire marquent également une appropriation de l’espace par les paysans longtemps déterritorialisés.

Le monument placé au centre du village de Puerto Nuevo Ité, où se trouvait la coopérative communautaire détruite par les paramilitaires dans les années 1990, allie devoir de mémoire et valorisation du passé commun des luttes. La stèle centrale porte l’inscription « Notre histoire de résistance » ; il s’agit d’une sorte d’ode aux habitants du village, qui valorise leur résistance. On peut y lire « nous sommes nés pour bâtir les chemins et semer l'espoir de la conscience de la communauté, [celle] qui construit la résistance pour le bonheur de tout ceux qui ont été victimes, et sommes victimes des puissants » puis plus loin « des cendres de Puerto Nuevo Ité et de l’obstination de ses habitants pour rester sur le territoire [...] ce port et ses habitants continuent aujourd’hui de résister de manière organisée »269. En partageant une douleur commune, et en attribuant à ses habitants une caractéristique de résistance, la communauté prend conscience d’elle-même, et se forge un destin commun. Aux côtés de cette stèle, on trouve un mur de la mémoire avec les photos des disparus et des personnes assassinées. Des dessins peints sur le monument retracent l’histoire du village, avec les différentes phases des violences : bombardements, reconstruction, bombardements, puis de nouveau reconstruction et au centre du village est représentée une petite maison où est inscrit « ACVC ». Ces peintures témoignent d’une activité collective

réalisée par des villageois autour de la mémoire et donnent une impression d’horreur et de résistance puisqu’à chaque phase le village est reconstitué et compte chaque fois plus de maisons. Placés au centre du village, ce monument et la stèle mêlent hommage aux victimes et valorisation de l’identité collective du village, c’est aussi un lieu de réunion et de rassemblements, où tous les habitants se retrouvent pour discuter des futures actions collectives.

Photo n°1. Le monument de la mémoire de Puerto Nuevo Ité, Cimitarra

Photo n°2. Réunion autour du monument de la mémoire, après la grève agraire de 2013, Puerto Nuevo Ité, Cimitarra

Source : Mathilde Allain, 2013.

La construction de ce passé commun a également pu être observée dans les interactions entre les communautés nouvellement retournées sur leurs terres dans le Bas Atrato et l’ONG CIJYP qui les accompagnent dans ce processus de retour. En se rappelant les faits, les communautés effectuent un travail collectif de souvenir, dans lequel la parole de chacun construit l’histoire qu’ils partagent tous. Ces exercices de mémoire servent aussi à inscrire des dates, des noms, des lieux pour être en mesure de savoir témoigner, pour constituer un récit commun, que tous pourront raconter et auquel ils pourront s’identifier. C’est l’exercice auquel s’est livrée la communauté de La Madre dans le bassin La Larga Tumarado, avec l’aide de l’ONG CIJYP. En octobre 2014, plusieurs familles des terres collectives de ce bassin riverain de Curvaradó décident de retourner sur leurs terres. Déplacées depuis 1997, ces familles sont lasses d’attendre une procédure de retour spécifique et une réparation de la part de l’Unité des Victimes et de l’Unité de Restitution des Terres270. Retourner sur les terres d’où elles ont été chassées

270 Ces deux unités qui dépendent du ministère de l’Intérieur et de l’Agriculture sont en charge des procédures de restitution des terres pour les paysans déplacés, ainsi que de l’indemnisation des victimes. Cependant, avant tout « retour » sur leurs terres, l’unité doit effectuer un long diagnostic pour identifier les vrais propriétaires, et pour garantir la sécurité des personnes qui retournent sur leurs terres. Or, dans cette région aucun diagnostic n’a été effectué, en raisons des lenteurs administratives, mais aussi en raison de la difficulté d’identifier les tenants des titres collectifs. Les fonctionnaires en ont conclu que les conditions sécuritaires ne sont pas réunies pour effectuer ces procédures. Pendant ce temps aucune solution n’a été trouvée pour ces déplacés, dont très peu bénéficient d’une aide d’urgence.

est avant tout une décision économique, elles souhaitent pouvoir cultiver de nouveau. L’ONG propose alors à la communauté une activité de mémoire pour réunir les différentes familles. Cet exercice sert d’apaisement et de reconstruction du collectif pour une communauté qui a perdu ses repères.

L’activité consiste à dessiner sur un bout de tissu la manière dont chaque habitant se représente son territoire. Certaines personnes dessinent le territoire tel qu’elles s’en souviennent avant le déplacement, en replaçant leur habitation et leurs cultures, d’autres le dessinent tel qu’il est dans le présent, en dessinant les campements précaires, tandis que d’autres paysans dessinent le territoire tel qu’ils veulent qu’il soit, en insistant sur la nature, les cultures, les sources d’eau et les fleuves. Chaque habitant a ainsi sa propre manière de se représenter ce territoire, des envies distinctes et une façon de l’exprimer271. Par la suite, en cousant les différents morceaux de tissus (qui représentent différentes visions du territoire), les habitants forment un grand drap symbolisant un tout (la mémoire et le territoire) composé des visions de chacun. Après cette activité, les membres de la communauté abordent leur futur. L’accompagnant de l’ONG insiste sur le fait que la mémoire est une construction collective, à laquelle chacun (enfant, jeunes, hommes, femmes, anciens) participe. Cette construction collective est rendue palpable, à travers la création d’un drap, et plusieurs paysans insistent pour conserver cette œuvre de tous. Ils décident ainsi de placer cette œuvre dans une maison de la mémoire, qui sera construite à l’emplacement de la première cabane de fortune. Certains habitants veulent que cette maison devienne un espace de réunion pour la communauté.

Après tant d’année de déracinement, l’inscription territoriale est essentielle pour ces habitants. Les activités de mémoire telles que celles-ci permettent d’apaiser les tensions, de réunir et de constituer un premier bien commun272. Cette activité a permis de faire exister le collectif puisque ce jour-là les habitants se sont exprimés en tant que « communauté de La Madre » et non en tant que familles déplacées.

271 Pendant cette activité, nous avons eu l’occasion de discuter avec plusieurs paysans en demandant ce qu’ils ont dessiné, ce que cela représente pour eux, et comment ils perçoivent ce retour sur leurs terres. Les réflexions qui suivent sont extraites des notes du journal de terrain. Octobre 2014, La Larga Tumarado, Chocó.

272 De nombreux travaux sur les victimes montrent ainsi que parler de soi est un premier pas pour exprimer des traumatismes avant de constituer des mobilisations de victimes. Les activités de mémoire en Colombie donne la possibilité à des déplacés de se retrouver, et de se réconcilier avec leur territoire mais elles permettent également aux paysans de se sentir victime pour pouvoir par la suite revendiquer collectivement. Ce n’est pas un hasard si dans les équipes qui accompagnent les communautés afro-descendantes il y a à la fois des psychologues et des avocats. BROQUA Christophe, FILLIEULE Olivier, « Act Up ou les raisons de la colère » in TRAÏNI Christophe, Emotions... mobilisation!!, Paris, Les Presses de Sciences Po, 2009, p 141-167.

Photo n°3. Un membre de la communauté de La Madre dessine son territoire pendant une activité de mémoire, La Larga Tumarado, Chocó.

Source : Mathilde Allain, 2014.

Photo n°4. Le résultat de l’activité de mémoire des habitants de La Madre, La Larga Tumarado, Chocó.

Ces représentations collectives s’expriment aussi à travers des actes culturels, comme ce fut le cas lors d’une pièce de théâtre créée et jouée par les membres du conseil communautaire de Nueva Esperanza (Jiguamiandó) dans laquelle les paysans représentent leur histoire et les deux moments avant/après le déplacement sont clairement identifiés273.

En arrivant à Nueva Esperanza, les membres du conseil nous présentent leur pièce de théâtre dans la maison de santé du village.

La terre est personnifiée par un habitant et est au centre de l’œuvre. La scène représente le territoire. Dans la première partie, l’acteur est entouré de paysans qui représentent chacun une activité (agriculture, pêche, commerce, etc.), tandis que d’autres représentent les animaux et les plantes. Ce premier temps est relativement long, et met en avant l’abondance de la nature et l’harmonie des relations entre les hommes et leur environnement. La deuxième partie, celle du déplacement, se fait dans un silence complet. Les acteurs représentent des familles qui partent en courant et sortent de la scène. Le territoire est alors envahi par l’arrivée des entreprises, les paysans imitent alors une grue et font des bruits qui agressent le personnage qui symbolise la terre. Tous les acteurs reviennent sur scène en paysans, et se réunissent autour de la terre, l’entourent pour la protéger, et forment un cercle uni, symbolisant la communauté. Un des leaders sort alors de son rôle d’acteur pour lire une liste des revendications du village.

Tant la trame de la pièce que la mise en scène rendent compte des réflexions collectives puisque les paysans se sont demandés ce qu’ils voulaient raconter, et comment ils souhaitaient faire passer leur message. En racontant ils ont ainsi donné une existence à ce collectif (ce qui a suscité en interne des réflexions sur le sens de leur histoire commune), mais ils ont également décidé de le montrer, de se représenter devant un public ; c’est-à-dire de projeter vers l’extérieur cette histoire commune et cette identité collective. Entre rhétorique discursive apprise pour transmettre une histoire commune et créer la communauté, et perceptions ressenties par tous, les récits renforcent l’imaginaire collectif par des biais narratifs.

273 Observations participantes novembre 2013 dans le village de Nueva Esperanza, Jiguamiandó. Retranscription des notes du journal de terrain. Les villageois jouent ce jour-là pour montrer la pièce à l’accompagnante de