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La création collective : auteur pluriel et co-auteur

Chapitre 1 : De l'auteur individuel à la création collective

3) L'empreinte personnelle du co-auteur

Nous estimerons que la participation à l'intentionnalité collective et la signature par le biais d'un crédit sur l’œuvre sont les termes définitoires du co-auteur, sachant que les crédits permettent déjà de les hiérarchiser. Dans la troisième partie de ce chapitre, nous déterminerons comment ces deux critères – surtout celui de la participation à l'intentionnalité collective – se renforcent dès que le co-auteur laisse des traces spécifiques à sa participation dans l’œuvre et que sa personnalité laisse une empreinte par un usage personnel des propriétés artistiques d'une œuvre. Dans son approche théorique et juridique des œuvres d'art contemporain, Nadia Walravens a fait état d'un nécessaire retour à l'intentionnalité et à une

Television Motion Pictures : The Latest WGA Provisions and Overscale Suggestions [pdf en ligne],

WGA.org, 2002, disponible à l'adresse https://www.wgaeast.org/wp-

acception subjective de l'originalité139. En effet elle estime à juste titre que son acception

objective, renforcée par les cadres légaux actuels, tend à atténuer le droit moral sur l’œuvre et à rapprocher la propriété intellectuelle des œuvres de l'esprit du droit industriel, notamment par une confusion de la notion d'originalité avec celles de nouveauté, de choix et de travail sur l’œuvre, sans prendre en compte la façon dont l'auteur utilise les potentialités expressives de l’œuvre pour exprimer sa subjectivité. Bien sûr l'auteur des séries télévisées est une personne morale, à savoir la chaîne, et sur le plan juridique les co-auteurs employés ont un droit moral très faible. Pour cette raison nous rejoignons l'opinion de Nadia Walravens, pour qui il faut recourir, non pas à une notion d'originalité, mais plutôt à la notion plus souple de « l'empreinte personnelle ». S'il est difficile de dire qu'un co-auteur donné mit en place un style ou une originalité personnelle dans Lost, il est indéniable que certains laissèrent une empreinte personnelle. Dans cette partie du chapitre, nous examinerons comment un scénariste peut laisser une empreinte personnelle au sein du auteur pluriel, ce qui les fait sortir de l'aliénation de l'individu dans le processus industriel de production.

Cela dépend tout d'abord des méthodes de travail. Si les scénaristes des quatorze premiers épisodes de Lost eurent individuellement la possibilité de faire preuve d'originalité car ils écrivaient seuls, le renforcement ultérieur de la dynamique collective fait que cette originalité se trouve grandement limitée ensuite. Cette évolution des méthodes de travail explique également le renouvellement de l'équipe durant les deux premières saisons. Ainsi des scénaristes assez réputés comme David Fury (qui aime aussi réaliser ses épisodes) semblent avoir du mal avec l'écriture en binôme : après Walkabout (S01E04), Solitary (S01E09) et

Special (S01E14), il écrit pour la première fois en binôme avec Brent Fletcher Numbers

(S01E18), signant sa dernière contribution, probablement due à sa difficulté à partager l'écriture d'un épisode. Dans son essai sur sa participation à Lost, Javier Grillo-Marxuach explique que son propre départ était motivé par l'évolution du workflow qui permit à Carlton Cuse et Damon Lindelof d'avoir une main-mise plus ferme sur le processus de création. Suite à cela il se sentit de plus en plus aliéné du processus créatif et son empreinte personnelle ressortait trop du collectif (« à plusieurs reprises on me fit remarquer que ma voix individuelle, en tant que créateur d'histoires, de personnages et de dialogues, devenait trop idiosyncratique pour la direction que prenait la série »140), raison pour laquelle il finit par

139 Nadia Walravens, op. cit

140 Javier Grillo-Marxuach, « The Lost Will And Testament Of Javier Grillo-Marxuach » [essai en ligne], The

Grillo-Marxuach Experimental Design Bureau, 24 mars 2015, [accessible à l'adresse]

démissionner. Cet exemple montre bien dans quelle mesure l'application de méthodes de travail personnelles sont difficiles à mettre en place pour les scénaristes. Cela est différent pour d'autres savoir-faire ou du moins certains aspects de leur travail. Ainsi dans les commentaires les acteurs font état de techniques de répétition très différentes selon leurs méthodes respectives. Par ailleurs il y a des cas particuliers dans l'agencement au sein du collectif : Edward Kitsis et Adam Horowitz, qui ont toujours travaillé exclusivement ensemble au cours de leur carrière, forment une équipe juridiquement inséparable contre leur gré. À l'extrême opposé Elizabeth Sarnoff préfère changer régulièrement de binôme : elle travailla avec onze scénaristes différents au fil des cinq dernières saisons141, notamment avec

des scénaristes en herbe, ce qui lui permit probablement d'avoir une autorité un peu plus forte au sein du binôme en s'appuyant sur sa supériorité hiérarchique. Ces différences entre Edward Kitsis & Adam Horowitz et Elizabeth Sarnoff témoignent bien que des scénaristes peuvent avoir des méthodes de travail personnelles, dans la mesure où elles ne vont pas à l'encontre de la dynamique du groupe.

Par ailleurs le scénariste peut laisser des traces de sa personnalité sur l’œuvre, notamment en s'inspirant de son propre vécu et de ses expériences. Bien sûr les scénaristes en haut de la hiérarchie ont davantage de liberté à ce niveau : nous avons déjà signalé l'affinité de Lindelof avec la chanteuse Patsy Cline, qui recouvre une signification personnelle liée à sa relation avec sa mère. Nous avons d'autres traces de cette inspiration biographique : dans le commentaire audio de Ab Aeterno (S06E09), Melinda Hsu Taylor signale que la scène où Richard Alpert va voir le médecin pour demander un remède contre la pneumonie pour son épouse est inspirée d'une histoire qui est arrivée à sa mère142. De même dans le commentaire

audio d'Exposé (S03E12), Edward Kitsis et Adam Horowitz expliquent qu'ils font porter à Ethan un T-shirt de l'Université de Wisconsin car il s'agit du lieu où ils se sont rencontrés143,

une anecdote qu'ils racontent dans un podcast144. Cela montre comment le vécu d'un scénariste

particulier peut influencer l'écriture du scénario, le poussant à laisser des empreintes de sa personnalité sur l’œuvre collective. De manière générale, le background d'un co-auteur – au- delà de la simple inspiration biographique – est déterminant dans sa contribution sur la série. 141 Christina M. Kim, Carlton Cuse, Damon Lindelof, Drew Goddard, Greggory Nations, Brian K. Vaughan,

Kyle Pennington, Paul Zbysewski, Melinda Hsu Taylor, Jim Galasso et Edward Kitsis & Adam Horowitz. 142 « [Cette scène] était plus ou moins inspirée de quelque chose qui est arrivé à ma mère quand elle était

enfant. Elle avait une sœur cadette qui avait la pneumonie. On l'envoya chercher le docteur, dans la pluie tombante, et elle avait ce sentiment – à seulement dix ans, sa sœur avait six ans –, cette pensée : « si je cours assez vite, je peux sauver ma soeur », et elle ne pût le faire » ; Melinda Hsu Taylor, « Commentaire audio de

Ab Aeterno (S06E09) » dans Lost, op. cit. saison 6, disque 3.

143 Adam Horowitz et Edward Kitsis, « Commentaire audio de Exposé (S03E14) » dans Lost, op. cit., saison 3, disque 4. voir ill.35.

Penchons nous de nouveau sur les exemples de Elizabeth Sarnoff et Edward Kitsis & Adam Horowitz. Elizabeth Sarnoff est la seule scénariste féminine qui reste durablement sur la série. La production télévisuelle est une industrie très masculine : il suffit de regarder la proportion d'hommes et de femmes dans tous les domaines pour s'en apercevoir145. Elizabeth

Sarnoff a déjà travaillé sur Deadwood (HBO, David Milch, 2004 – 2006), un anti-western brutal où les personnages féminins sont majoritairement des prostituées, une série qui comporte également des personnages extrêmement sombres et tragiques ou pathétiques. De même Lost est une série très masculine et Elizabeth Sarnoff semble habituée à être une des seules femmes dans la salle de scénaristes. Nous pouvons inférer que son passage sur

Deadwood fut très formateur dans sa perspective sur les questions de genre dans ce type de

fiction. En effet, les épisodes de Lost co-écrits par elle témoignent dans un premier temps d'une certaine affinité avec les personnages féminins, comme si elle était enfermée avec Christina M. Kim dans les questions de genre pendant la deuxième saison146. Ses coordonnées

de genre ont ensuite moins d'impact dans le choix des épisodes qui lui sont attribués. Elle écrit tout de même deux épisodes sur Kate, le personnage féminin le plus indépendant de la série, sachant qu'elle aime les espaces de non-droit qui permettent de développer des personnages féminins plus forts. En dehors de cela elle écrit surtout des personnages masculins très sombres et manipulateurs (Benjamin Linus, Sawyer et John Locke/l'Homme sans nom), sortant des considérations associées à son appartenance de genre pour déployer ses affinités personnelles pour les personnages sombres dans les lieux de non-droit. Elle semble particulièrement fascinée par la Purge, le génocide de la Dharma Initiative par les Autres, qui ne cesse de revenir dans les épisodes qu'elle écrit. Un co-auteur peut même laisser son empreinte sur un épisode qu'il n'écrit pas si la pertinence de son background l'appuie. Ainsi Edward Kitsis et Adam Horowitz ont beaucoup travaillé sur des locker shows147 au début de

leur carrière ; cela peut sembler anecdotique, sachant que Lost n'est pas du tout dans la même veine. Pourtant dans Cabin Fever (S04E11), il y a une scène où Locke adolescent se retrouve enfermé dans son casier (« locker ») et Edward Kitsis, en voyant là la seule opportunité de faire valoir son expérience, parvient à convaincre Elizabeth Sarnoff de décorer le casier avec un autocollant Geronimo Jackson, son groupe fétiche148, laissant ainsi une empreinte de leur

145 Quelques séries comme Orange Is the New Black (Netflix, Jenji Kohan, 2013 –) ou Girls (HBO, Lena Dunham, 2012 – ) ont renversé la tendance, mais la télévision reste un médium assez masculin.

146 The Hunting Party (S02E11) est un épisode centré sur un personnage masculin avec un regard féminin, sémiotisé par la position dans laquelle Jack enferme Kate en refusant de la laisser les accompagner malgré ses aptitudes de fugitive et de traqueuse, alors qu'il demande à un Sawyer convalescent de les accompagner. 147 Il s'agit des séries destinées à un public adolescent, comportant surtout des personnages adolescent et leurs

drames personnels en milieu scolaire.

personnalité sur un épisode pour lequel ils ne sont même pas les scénaristes.

La contribution des co-auteurs est signalée par la présence d'un crédit qui précise le savoir-faire d'affiliation ; seulement les co-auteurs ne sont pas nécessairement cantonnés à un savoir-faire précis. Certains font preuve d'une polyvalence qui témoigne que l'appartenance au collectif prime parfois sur l'expertise dans un domaine : les co-auteurs ne sont pas enfermés dans une spécialité technique, mais peuvent s'essayer à d'autres compétences. À l'exception du co-créateur J.J. Abrams pour Pilot (S01E01-02), jamais un scénariste de Lost ne s'est essayé à la réalisation, mais d'autres membres du collectif le firent sous la tutelle de Jack Bender : l'opérateur caméra Paul Edwards prend ainsi les rênes du tournage pour la première fois sur What Kate Did (S02E09) et réalisa dix épisodes. Les monteurs Stephen Semel et Mark J. Goldman s'essayèrent également à la réalisation et le premier fit même un caméo comme détracteur de Stephen King dans la scène du club de lecture de la séquence pré- générique de A Tale of Two Cities (S03E01). Le choix de confier la réalisation d'un épisode à un co-auteur qui n'est pas réalisateur de profession montre que l'appartenance au collectif et l'adhésion à l'intentionnalité collective prévaut parfois sur une expertise professionnelle. Cela ne permet pas nécessairement au co-auteur de faire preuve d'originalité dans plusieurs domaines, mais tend du moins à sortir l'individu d'une aliénation fonctionnaliste courante à la télévision.

Par ailleurs, des marques de la personnalité se font parfois pressentir d'une manière qui peut sembler discrète, mais est bien réelle si on y paie attention. Dans un podcast, Damon Lindelof et Carlton Cuse transmettent la question d'un fan qui se demande pourquoi le style de peinture de Desmond et celui de Tom, le peintre et père d'Aaron, sont tellement semblables. Ils expliquent que le peintre réel des tableaux et fresques apparaissant dans la série est toujours le réalisateur Jack Bender, l'auteur réel de ces deux peintures149. Le fan en

question s'est aperçu de la cohérence de style entre les peintures avant même que celles-ci ne soient authentifiées comme appartenant au même peintre. Le style de Jack Bender est donc parfaitement reconnaissable et identifiable. Seulement l'authentification du style est ce qui permet de relier ce style à une personne réelle. Si Damon Lindelof et Carlton Cuse n'avaient pas authentifié les peintures de Jack Bender dans leurs podcasts, on aurait pu observer cette cohérence de style sans être en mesure de la rattacher à un artiste. Par ailleurs, il ne s'agit pas tant ici du style d'un co-auteur au sein d'un auteur pluriel, mais bien d'un style singulier propre

03:52].

149 Carlton Cuse et Damon Lindelof dans ABC, The Official Lost Podcasts, op. cit., le 20/04/2007, [19:20 – 20:25]. voir ills. 9, 41, 42.

à une œuvre créée individuellement faite pour apparaître dans la série. La question devient autrement plus complexe lorsqu'il s'agit d'authentifier l'origine de certains motifs dans des œuvres créées par autant de co-auteurs, et de démêler les multiples influences qui se superposent et s'agencent pour former un style collectif (si paradoxale que cette formulation puisse paraître). Ainsi ces marques de l'individualité ont parfois davantage trait à une complicité ou à une signature ludique, qu'à une réelle affinité esthétique. Par exemple, lorsque la quinzième publication du comics Y : The Last Man150 de Brian K. Vaughan, scénariste de

Lost pendant les troisième, quatrième et cinquième saisons, apparaît dans l'épisode 316

(S05E06), il s'agit davantage d'une reconnaissance ludique de la paternité de Brian K. Vaughan sur la série télévisée et le comics, que d'une réelle intertextualité propre à Brian K. Vaughan entre le comics et la situation narrative de l'épisode.

En dépit de l'harmonisation esthétique nécessaire à la télévision, les co-auteurs peuvent laisser une empreinte personnelle sur l’œuvre, même si ces traces sont souvent ponctuelles et discrètes. Ces traces d'empreinte personnelle et effets de signature doivent rester dans les propriétés esthétiques définies par le groupe, sinon elles peuvent léser la cohérence esthétique de l’œuvre et entrer en contradiction avec le principe de participation à l'intentionnalité collective, comme le montre l'exemple de Javier Grillo-Marxuach. Ce principe de participation à l'intentionnalité collective prime sur ces marques d'empreinte personnelle ; comme le dit Matthew Fox, l'interprète de Jack Shephard, lorsqu'il parle de ses discussions avec Lindelof sur la caractérisation de Jack, « la narration filmique est une expérience qui repose sur la collaboration d'un scénariste, d'un réalisateur et d'un acteur. Et cela fonctionne mieux lorsque le tout est plus important que la somme des parties »151. Cette

souplesse de la création collective fait qu'il faut se plonger dans des analyses complexes et détaillées pour saisir l'empreinte personnelle d'un co-auteur dans le collectif.

Ainsi ces affinités peuvent être motivées par le lien entre une histoire créée et une expérience passée du scénariste, comme pour Melinda Hsu Taylor et la scène de Richard avec le médecin dans Ab Aeterno (S06E09). Elle peut être motivée par le passé professionnel des scénaristes comme pour Edward Kitsis & Adam Horowitz et la scène du casier dans Cabin

Fever (S04E11). Ces affinités peuvent aussi tenir en elles-mêmes et renvoyer aux qualités

propres du co-auteur. Pour ce qui est des scénaristes, elles renvoient majoritairement aux histoires, à la caractérisation des personnages, aux paroles des dialogues et au découpage des scènes et séquences. Damon Lindelof signale lors du Comic Con de San Diego en 2007 que, 150 Brian K. Vaughan [scén.], Pia Guerra [dessin.], Y : The Last Man [comics], Los Angeles, Vertigo, 2002-2008 151 Matthew Fox dans ABC, The Official Lost Podcasts, op. cit., podcast du 03/04/2006, [04:10 – 04:30]

de même que les spectateurs, chaque scénariste de l'équipe a une préférence pour un personnage donné152. L'affinité la plus identifiable de Lost est celle de Edward Kitsis et Adam

Horowitz pour Hurley, sachant encore une fois que l'unité de ce binôme est un cas à part qui facilite cette analyse. Il est plus difficile de procéder à une affinité authentique pour des collaborations plus courtes ou des scénaristes qui, comme Elizabeth Sarnoff, changent plus régulièrement de partenaire d'écriture mais aussi d'affinités pour ses personnages. Edward Kitsis et Adam Horowitz écrivirent cinq des sept épisodes sur Hurley (Everybody Hates Hugo (S02E04) ; Dave (S02E18) ; Tricia Tanaka Is Dead (S03E10) ; The Lie (S05E02) ; Everybody

Loves Hugo (S06E12)), sachant que Numbers (S01E18) était déjà en cours de développement

lors de leur arrivée sur la série, et que The Beginning of the End (S04E01) est un épisode de début de saison, que Damon Lindelof prend traditionnellement en charge. Le spectateur avisé peut même observer un effet de bouclage dans la relation entre ces deux scénaristes et ce personnage, en s'appuyant sur les titres des premier et dernier épisodes sur Hurley écrits par eux (Everybody Hates Hugo (S02E04) et Everybody Loves Hugo (06E12)), comme pour signaler la fin du trajet du personnage pris en charge par eux. La présence de leurs crédits pour l'écriture de ces épisodes permet une identification aisée, ce qui n'est pas toujours le cas.

Si chacun a des affinités, celles-ci peuvent être changeantes. Celles de Damon Lindelof varient beaucoup (« je peux fluctuer à n'importe quel moment en fonction de ce qui se passe dans ma vie »153). Ainsi durant toute la première saison il s'identifie à Claire car,

comme lui à ce moment, elle est jeune parent. Renvoyant à son propre rôle de showrunner, il s'identifie plus durablement à Jack dans sa délicate position de dirigeant hypersensible et à Locke parce qu'il est en quête de spiritualité et ne sait pas dans quelle direction mettre sa foi154. Ainsi il y a bien des affinités pérennes entre un scénariste et un personnage, mais celles-

ci peuvent fluctuer selon les trajectoires que prennent certains personnages, selon des situations voire des scènes précises avec lesquelles un scénariste s'identifie, de même qu'un spectateur aura son ou ses personnages favoris. Nous pouvons donc observer des temps de contiguïté scénariste/personnage ou des affinités situées qui impliquent parfois des lectures précises, qui rendent difficile d'éclairer totalement la genèse du texte. Par ailleurs nous pouvons inférer que souvent les scénaristes crédités sur un épisode ont une affinité avec le personnage central à ce moment donné qui explique en partie l'attribution de l'épisode. Nous 152 cf. ABC, The Official Lost Podcasts, op. cit., édition spéciale Comic Con du 2 août 2007 et diagramme

faisant correspondre scénaristes et personnages en annexe.

153 Damon Lindelof dans ABC, The Official Lost Podcasts, op. cit., podcast du 06/02/2006, [16:20 – 17:20]. 154 Idem.

pouvons tout de même émettre au moins une réserve pour les scénaristes en herbe qui se voient souvent confier l'écriture d'un épisode sans qu'une affinité ne motive cette attribution, comme par exemple l'épisode Maternity Leave (S02E15), qui fut confié aux assistants de l'équipe Dawn Lambertsen-Kelly et Matt Ragghianti. Les deux écrivent le premier scénario de leur carrière sur Lost, une expérience relatée dans le magazine officiel de la série155. Outre

l'éventuelle contiguïté métaphorique entre leur première expérience d'écriture scénaristique et le fait que Claire soit une jeune mère – ce qui semble tiré par les cheveux –, seul le fait que ce

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