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3.4 Prise en compte de la bipolarit´e de l’information spatiale

3.4.3 M´eta-mod`eles spatiaux bipolaires

L’approche que nous proposons pour la repr´esentation de l’information bipolaire floue est assez diff´erente de celle introduite par Bloch. En effet, nous nous int´eressons sp´ecifiquement `

a construire un r´esultat (le mod`ele spatial) bipolaire `a partir d’op´erations morphologiques floues classiques d´evelopp´ees sur des objets simples (non flous et non bipolaires). Nous choisissons de d´ecrire chaque point de vue sur une relation spatiale par deux fonctions de composition, l’une d´ecrivant l’information positive (de pr´ef´erence de positionnement) et l’autre l’information n´egative (de contraintes de positionnement) sur la relation mod´elis´ee. Ainsi un m´eta-mod`ele de la relation spatialeR est d´ecrit par :

MR=< (ναi, HαRi, G

R

αi) >i=0..d−1, (3.15)

o`u ναi est l’´el´ement structurant directionnel, HαRi et G

R

αi sont deux fonctions de com-

position d´ecrivant respectivement l’information positive et n´egative pour le point de vue orient´e par αi.

3.4.3.1 Apprentissage des fonctions des points de vue bipolaires

La fonction H de composition positive est apprise comme nous l’avons d´ecrit plus haut (voir au paragraphe3.2.1) et a la mˆeme interpr´etation. Par combinaison avec la dilatation morphologique au moyen de l’´el´ement structurant directionnel, elle permet de repr´esenter les zones du plan qui sont consid´er´ees comme acceptables (ou souhaitables) pour le po- sitionnement d’un objet par rapport `a un autre selon le mod`ele. Cette acceptabilit´e est apprise `a partir des fr´equences constat´ees de pr´esence des points des objets au cours de l’apprentissage. Comme pr´ec´edemment, nous d´efinissons le mod`ele spatial de pr´ef´erence po- sitive par composition de la dilatation de R (l’objet de r´ef´erence) par l’´el´ement structurant linguistique de direction α avec la fonction repr´esent´ee par l’histogramme H :

υαR(R) = (HαR◦ µα(R)). (3.16)

Un mod`ele dual repr´esente l’information de pr´ef´erence n´egative de positionnement pour la relation spatiale. Son rˆole est donc d’exhiber les zones de l’espace o`u un objet ne doit pas se situer d’apr`es la relation apprise. La construction de ce mod`ele spatial n´egatif va se faire ´egalement `a partir des fr´equences constat´ees en apprentissage, l’objectif ´etant d’iden- tifier des zones de l’espace o`u il est impossible que les objets se situent d’apr`es la relation apprise. A partir de la base d’exemples d’apprentissage de la relation spatiale `a mod´eliser, on consid´erera que les r´egions jamais occup´ees par ces exemples seront de fait `a exclure ex- plicitement du mod`ele spatial (et donc `a consid´erer comme des zones interdites). Le mod`ele spatial de pr´ef´erence n´egative est construit par application de la fonction de composition n´egative G sur la dilatation de R par le mˆeme ´el´ement structurant directionnel :

ωαR(R) = (GRα ◦ µα(R)). (3.17)

Apprentissage La fonction G est construite `a partir de l’histogramme de fr´equences normalis´e ˆh, construit sur la base d’exemples d’apprentissage (comme expliqu´e `a la section

3.2.1.2). Si l’histogramme H est construit en appliquant une fonction de seuillage g `a ˆh, G est construit en lui appliquant une fonction f d´ecroissante, telle que f (0) = 1 et f (1) = 0. Nous choisissons de d´efinir simplement f en fonction du param`etre a qui d´efinissait le seuil minimal d’activation pour g (voir ´equation (3.7)) :

f (x) = (

1xa si x≤ a

0 sinon. (3.18)

fr´equence des occurrences

d eg r´e d ’a p p ar te n an ce 0 1 0 1 a f g

Figure 3.19: Repr´esentation de la fonction f (en rouge) de seuillage pour l’apprentissage du mod`ele n´egatif. La fonction g pour le seuillage de la fonction positive est figur´ee en pointill´es bleus (voir sa d´efinition `a la figure 3.7). Les gammes de degr´es aux fr´equences rares (inf´erieures au seuil a) seront consid´er´ees comme des zones de pr´ef´erence n´egative dans le mod`ele bipolaire.

Les deux fonctions f et g sont li´ees par le param`etre a, ce qui permet de garantir que ∀x ∈ [0; 1], g(x)+f(x) ≤ 1. La figure3.19repr´esente la fonction f par rapport `a la fonction g. Comme pr´ecis´e plus haut, a d´etermine le seuil de fr´equence minimal pour qu’une valeur soit consid´er´ee comme repr´esentative de la relation (au sens des pr´ef´erences positives exprim´ees par H). En de¸c`a de a, la fr´equence est consid´er´ee comme une anomalie. Elle n’est donc pas prise en compte dans le mod`ele positif (g(x) = 0) mais est prise en compte dans le mod`ele de pr´ef´erence n´egative (f (x) > 0). Si une valeur x n’est strictement jamais constat´ee sur les points d’apprentissage, elle est alors jug´ee compl`etement interdite par le mod`ele n´egatif (f (x) = 1).

Exemple L’int´erˆet de la repr´esentation bipolaire peut ˆetre mis en ´evidence au moyen de l’exemple repris de la figure3.8. Nous avions construit pour les deux relationsR1 etR6 le

mˆeme mod`ele de positionnement, alors que les deux paires d’objets ont des positionnements relatifs diff´erents (voir exemples (a) et (f) de la figure3.8). Dans la figure 3.20, les mod`eles spatiaux positifs et n´egatifs sont repr´esent´es, pour les mˆemes objets et les deux relations R1 etR6.

Les images (a) et (g) repr´esentent les paires d’objets d’apprentissage et les histogrammes de fr´equences associ´ees pour le point de vue `a droite de sont repr´esent´es par (b) et (h). Les

R1 (a) 0 1 0 1 (b) histogramme h 0 1 0 1 (c) mod`ele H 0 1 0 1 (d) mod`ele G (e) (f) R6 (g) 0 1 0 1 (h) histogramme h 0 1 0 1

(i) mod`ele H

0 1 0 1 (j) mod`ele G (k) (l)

Figure 3.20: Exemples d’apprentissage de m´eta-mod`eles spatiaux bipolaires pour deux relations spatiales indiff´erenciables selon leur composante positive (relations spatiales (a) et (f) de la figure3.8).

histogrammes de pr´ef´erences positives H (en bleu) et n´egatives G (en rouge) sont aussi repr´esent´es pour les deux relations (c) et (d) pourR1, (i) et (j) pourR6. Enfin, la derni`ere

colonne montre les mod`eles spatiaux positifs et n´egatifs correspondant (e) et (f) pourR1,

et (k) et (l) pourR6. Les mod`eles positifs ont la mˆeme interpr´etation qu’auparavant : les

zones blanches des images (e) et (k) d´ecrivent les zones de pr´ef´erence positive, c’est-`a-dire les zones acceptables. Les mod`eles spatiaux n´egatifs sont aussi repr´esent´es en niveaux de gris, les zones interdites ou inacceptables correspondant aux zones les plus claires dans les images (f) et (l). Les mod`eles spatiaux positifs restent inchang´es par rapport `a la figure

3.8 et sont toujours identiques pour les deux relations. Par contre, on peut noter que les mod`eles des deux relations se distinguent d´esormais par leur composante n´egative. En effet, la composante n´egative de R1 exclut du mod`ele spatial toute zone du plan qui n’est pas

strictement `a droite de R (zone blanche de l’image (f)). Dans ce cas, le mod`ele n´egatif est ´egal au compl´ementaire du mod`ele positif. Dans le cas deR6 (image (l)), la zone `a gauche

de l’objet n’est pas consid´er´ee comme interdite par le mod`ele n´egatif. En apprentissage, certains points ´etaient situ´es `a gauche de l’objet de r´ef´erence. Leur nombre ´etait trop faible pour ˆetre consid´er´e dans le mod`ele positif, mais suffisant pour que la zone ne soit pas

compl`etement interdite par le mod`ele n´egatif. Ici, leur fr´equence dans ˆh est ´egale au seuil a, ce qui revient finalement `a consid´erer que la zone `a gauche de R est globalement neutre selon ce point de vue (elle n’est ni une zone de pr´ef´erence positive, ni une zone de pr´ef´erence n´egative).

Distance et bipolarit´e Dans l’expos´e et dans l’exemple ci-dessus, nous n’avons pas ´evo- qu´e le rˆole de la distance (dont nous avons pourtant propos´e deux mod`eles d’int´egration) vis-`a-vis des mod`eles spatiaux bipolaires. En fait, de mˆeme que nous avons construit nos m´eta-mod`eles sur les informations de direction en premier lieu, puis de distance en compl´e- ment, nous utilisons la distance comme une information d’appoint dans le mod`ele bipolaire. L’information de distance est plus sensible et plus variable que l’information de direction, notamment `a cause du probl`eme de mise `a l’´echelle. Les descriptions de distance que nous avons propos´ees tiennent compte de l’´echelle des objets en adaptant la notion de proximit´e par rapport `a une mesure grossi`ere de dimension de la r´ef´erence (li´ee `a la longueur de la diagonale de sa boˆıte englobante). En pratique, la direction s’av`ere ˆetre une information beaucoup plus stable que la distance normalis´ee. Si l’int´egration de distance est faite sui- vant la strat´egie globale, il est ais´e de reproduire sur le point de vue de distance le mˆeme raisonnement bipolaire que pour les points de vue directionnels. Etant donn´ee la description trop g´en´erale que cela offre, il est cependant probable que dans la plupart des cas, cette mo- d´elisation ne permette pas d’´eliminer des zones du plan par « interdiction » dans le mod`ele n´egatif (les composantes n´egatives risquent alors d’ˆetre totalement permissives et donc peu informatives). Dans le mode d’int´egration directionnel, plus fin, on risque davantage d’ˆetre confront´e `a l’instabilit´e de la distance. Dans ce cas, nous utilisons l’information de distance uniquement dans la partie positive des mod`eles, sans la faire intervenir dans la partie n´e- gative. Le mod`ele spatial positif est construit selon le proc´ed´e vu plus haut (partie3.3.2). L’information sur la distance n’est pas utilis´ee pour renforcer la pr´ecision de la composante n´egative des mod`eles, mais uniquement pour affiner la description des pr´ef´erences positives de positionnement.

3.4.3.2 Construction du mod`ele spatial bipolaire global

Selon un point de vue αi d´etermin´e et ´etant donn´e un objet de r´ef´erence R dans l’es-

pace S, un mod`ele spatial bipolaire est un ensemble flou bipolaire, d´efini de S dans L, qui est issu des deux mod`eles spatiaux flous υαRi et ωRαi (composante positive et n´egative respectivement) :

µRαi(R) = (υαRi(R), ωRαi(R)). (3.19) Grˆace `a la d´efinition propos´ee pour les fonctions f et g, on a :

∀p ∈ S υαRi(R)(p) + ω

R

αi(R)(p)≤ 1,

ce qui v´erifie que µRαi(R) est bien un ensemble flou bipolaire deS. La fusion des mod`eles spa- tiaux bipolaires obtenus pour chaque point de vue se fait par une op´eration de conjonction, mise en œuvre au moyen d’une t-norme bipolaire > :

Repr´esentation des mod`eles spatiaux bipolaires Deux images en niveaux de gris sont n´ecessaires pour repr´esenter un tel mod`ele spatial bipolaire, puisque les deux compo- santes ne peuvent ˆetre repr´esent´ees sur la mˆeme ´echelle de gris. Cependant, pour all´eger la repr´esentation, nous proposons d’utiliser dans la suite une ´echelle de couleurs dans les images illustrant des ensembles flous bipolaires. La figure 3.21 montre la gamme de cou- leurs que nous utiliserons pour repr´esenter les valeurs deL (ensemble des degr´es bipolaires L = {< a; b >} de [0; 1]2 tels que a + b≤ 1).

(a) Gamme de couleurs re-

pr´esentant les valeurs de L.

(b) Visualisation d’un mo-

d`ele spatial bipolaire.

Figure 3.21: Gamme de couleurs utilis´ees pour repr´esenter les valeurs deL(a) et exemple de repr´esentation d’un mod`ele spatial bipolaire en utilisant cette gamme de couleurs (b) (ce mod`ele est le r´esultat de la fusion d’un mod`ele spatial bipolaire dont les deux composantes sont repr´esent´ees `a la figure3.20 (k) et (l)).

La composante verte est utilis´ee pour repr´esenter le degr´e d’appartenance `a l’ensemble bipolaire et la gamme de rouge pour le degr´e de non-appartenance. La figure 3.21(b), qui pr´esente un exemple de visualisation de mod`ele spatial bipolaire, illustre cette repr´esenta- tion. Il s’agit du mod`ele spatial bipolaire repr´esent´e dans la figure 3.20 au moyen de ses deux composantes positive (image (k)) et n´egative (image (l)), qui sont ici fusionn´ees dans une repr´esentation unique grˆace `a cette gamme de couleurs. L’objet de r´ef´erence, qui ´etait par convention repr´esent´e en rouge jusqu’ici, est maintenant repr´esent´e en violet.