Cat´ egories faibles enrichies sur une cat´egorie
1.2 C-pr´ ecat´ egories
Munis de la definition de categorie discretisante, nous pouvons maintenant definir la notion de C-precategorie.
D´efinition 1.2.1 Si C est une cat´egorie discr´etisante, on appelle C-pr´ecat´e-gorie tout pr´efaisceau A de la cat´eC-pr´ecat´e-gorie simpliciale ˝ vers C dont l’espace A0, dit l’ensemble des objets de A, est un objet discret de C. On appelle C − PC la sous-cat´egorie pleine de la cat´egorie des pr´efaisceaux de ˝ vers C d’objets les C-pr´ecat´egories.
Exemple 1.2.2 Si on prend pour cat´egorie discr´etisante EN S, on obtient que la cat´egorie des C-pr´ecat´egories n’est autre que la cat´egorie des ensembles simpliciaux.
En vue de reiterer la construction des C-precategories, il est interessant de voir si la categorie des C-precategories est elle-mɏeme discretisante.
Proposition 1.2.3 Si C est une cat´egorie discr´etisante, la cat´egorie C − PC des C-pr´ecat´egories est discr´etisante.
Preuve :
Par hypoth`ese, C est poss`ede l’objet final, les coproduits de l’objet final et les fibres. Or les categories de prefaisceaux `a valeurs dans une categorie possedant l’objet final, les coproduits de l’objet final et les fibres poss`edent egalement l’objet final, les coproduits de l’objet final et les fibres, ces derniers etant calcules niveau par niveau. C’est en particulier le cas pour la categorie des prefaisceaux de ˝ vers C. En outre les fibres d’objets discrets dans C sont encore des objets discrets et, par definition, l’objet final et ses coproduits sont des objets discrets. Donc l’objet final, les coproduits de l’objet final et les fibres niveau par niveau dans les prefaisceaux de ˝ vers C preservent la condition que le niveau 0 est discret. D’o`u C − PC poss`ede l’objet final, les coproduits de l’objet final et les fibres, ces derniers etant calcules niveau par niveau.
Soit Z ջ X un morphisme de C − PC dont le but est un objet dis-cret. Comme C − PC est une categorie de prefaisceaux, `
x∈XZ(x) se calcule niveau par niveau, or pour tout entier n, on a Zn = `
x∈XZn(x) car C est discretisante. Ainsi `
x∈XZ(x) n’est autre que Z et C − PC verifie la pro-priete 1 de la definition 1.1.4.
On remarque facilement que se donner un morphisme dans C − PC de l’ob-jet final vers un coproduit de l’obl’ob-jet final equivaut `a se donner un morphisme dans C de l’objet final vers le mɏeme coproduit de l’objet final, car pour un objet discret de C − PC, tous les niveaux sont isomorphes au niveau 0. Ainsi il vient pour tout ensemble E :
HomC−PC ³ ∗,a E ∗´ = HomC ³ ∗,a E ∗´ ∼ = E
o`u l’isomorphisme est naturel en E, car C verifie la propriete 2 de la definition 1.1.4. On a donc montre la propriete 2 pour C − PC.
Pour montrer la stabilite des objets discrets par limite, il suffit de rappeler que les limites dans une categorie de prefaisceaux sont les limites niveau par niveau. Or niveau par niveau les objets discrets sont stables par limites car C est discretisante. De plus nos objets etant discrets, leurs niveaux sont tous isomorphes. Donc nos limites d’objets discrets sont niveau par niveau des objets discrets et tous leurs niveaux sont isomorphes, ce qui en fait des objets discrets et montre la propriete 3 de la definition 1.1.4.
CQFD.
Exemple 1.2.4 Dans l’exemple pr´ec´edent, on a vu qu’EN SSIMP la cat´e-gorie des ensembles simpliciaux n’est autre que EN S − PC. Par la proposition pr´ec´edente, on obtient donc que la cat´egorie EN SSIMP est discr´etisante. Avec la cat´egorie discr´etisante EN SSIMP, les C-pr´ecat´egories sont les en-sembles bi-simpliciaux dont l’espace des objets est discret.
Proposition 1.2.5 Soit C une cat´egorie discr´etisante.
Si C est compl`ete (respectivement cocompl`ete), alors C − PC est compl`ete (re-spectivement cocompl`ete).
Preuve :
Les categories de prefaisceaux vers une categorie compl`ete (respectivement cocompl`ete) sont compl`etes (respectivement cocompl`etes) avec les limites (re-spectivement les colimites) niveau par niveau. Et comme les limites (respec-tivement les colimites) de C preservent la discretude des objets, les limites (respectivement les colimites) niveau par niveau preservent la condition d’ɏetre discr`etes au niveau 0. Par consequent, C − PC est compl`ete (respectivement cocompl`ete) avec les limites (respectivement les colimites) niveau par niveau. CQFD.
Munis de ces propositions, on peut definir par recurrence une notion de n-C-precategorie.
Proposition 1.2.6 (d´efinition) Si C est une cat´egorie discr´etisante, on ap-pelle 1-C-pr´ecat´egories les C-pr´ecat´egories. Soit n un entier strictement sup´e-rieur `a un et supposons d´efinie la cat´egorie (n − 1) − C − PC des (n − 1)-C-pr´ecat´egories, on appelle alors n-C-pr´ecat´egories les (n − 1) − C − PC-pr´ecat´e-gories et n − C − PC la sous-cat´egorie pleine de la cat´egorie des pr´efaisceaux de ˝ vers (n − 1) − C − PC d’objets les n-C-pr´ecat´egories.
Si C est compl`ete (respectivement cocompl`ete) et que ses objets discrets sont stables par limites (respectivement par colimites), alors, pour tout entier n, n − C − PC est compl`ete (respectivement cocompl`ete) et ses objets discrets sont stables par limites (respectivement par colimites).
Preuve : c’est une demonstration par recurrence qui utilise les deux proposi-tions precedentes `a chaque etape. CQFD.
Exemple 1.2.7 En prenant pour cat´egorie discr´etisante EN S, on obtient les n-pr´ecat´egories de Tamsamani de [5].
Exemple 1.2.8 En prenant pour cat´egories discr´etisante EN SSIMP, on obtient les n-pr´ecat´egories de Segal de [2]. On peut remarquer que comme la cat´egorie EN SSIMP est en fait celle des 1-pr´ecat´egories de Tamsamani, pour tout entier n, les n-pr´ecat´egories de Segal ne sont autres que les n + 1-pr´ecat´egories de Tamsamani.