Cat´ egories faibles enrichies sur une cat´egorie
2.3 Argument du petit objet
L’argument du petit objet de Quillen permet de resoudre le probl`eme suiv-ant. On se donne une categorie C cocompl`ete et une famille I de morphismes de C et l’on cherche `a factoriser tous morphismes de C en une I-cofibration suivie d’un morphisme I-injectif. Un des corollaires de ce resultat est que I engendre les I-cofibrations au sens auquel on s’attend. Pour arriver `a cette factorisation, l’idee de l’argument du petit objet consiste `a limiter la taille des fl`eches de I, ce que l’on modelise par la notion de petitesse que nous allons rappeler. Mais auparavant rappelons les definitions de ̄-sequence et de cardinal regulier. D´efinition 2.3.1 Un cardinal ˺ est r´egulier si, pour toute famille d’ensembles (Ai)i∈I telle que le cardinal de I et les cardinaux des Ai, pour i ∈ I, sont strictement inf´erieurs `a ˺, le cardinal de la r´eunion ∪i∈IAi est strictement inf´erieur `a ˺.
D´efinition 2.3.2 Soient A une cat´egorie admettant les colimites s´equentielles transfinies et F une famille de morphismes de A. Soit ̄ un ordinal.
Une ̄-s´equence de morphismes de F est un foncteur X : ̄ ջ C tel que, pour tout ordinal ˻ < ̄, le morphisme X˻ ջ X˻+1 appartient `a F et, pour tout ordinal limite ˻ < ̄, le morphisme colim ˼<˻ X˼ ջ X˻ est un isomorphisme. D´efinition 2.3.3 Soit ˺ un cardinal r´egulier et F une famille de morphismes d’une cat´egorie A admettant les colimites s´equentielles transfinies, un objet A de A est ˺-petit par rapport `a F si pour tout ̄ cardinal r´egulier strictement plus grand qu’˺ et pour toute ̄-s´equence de morphismes de F X0 ջ X1 ջ . . ., on a :
colim−−−−ջ
˻<̄
Hom(A, X˻)−ջ Hom(A, colim∼= −−−−ջ
˻<̄
X˻)
On dit que A est ˺-petit s’il est ˺-petit par rapport `a tous les morphismes de A.
Afin de montrer qu’un objet est petit, voici quelques resultats techniques, inspires de [1], sur la stabilite de la petitesse vis-`a-vis de certaines operations ainsi que quelques resultats sur la petitesse des C-precategories.
Lemme 2.3.4 Soient ˺ un cardinal r´egulier et A une cat´egorie admettant les coproduits et les colimites s´equentielles transfinies. Soit I un ensemble d’indices de cardinal strictement inf´erieur `a ˺ et soit (Ai)i∈I une famille d’ob-jets de A ˺-petits alors `
Lemme 2.3.5 Soient ˺ un cardinal r´egulier et A une cat´egorie admettant les coproduits et les colimites s´equentielles transfinies. Soit F un foncteur d’une petite cat´egorie I vers la cat´egorie C tel que pour tout objet i de I l’objet F (i) de C est ˺-petit. Alors la colimite de F , colim i∈I F (i), est ˺′-petite, avec ˺′ un cardinal plus grand qu’˺ et que le cardinal de l’ensemble des morphismes de I.
Lemme 2.3.6 Soit ˺ un cardinal r´egulier strictement plus grand qu’ℵ0. Soit A un pr´efaisceau de ˝ vers une cat´egorie C admettant les colimites s´equen-tielles transfinies, si, pour tout n ∈ N, An est ˺-petit alors A est ˺-petit.
On va maintenant enoncer la definition qui precise que, sous certaines conditions, un ensemble de fl`eches permet l’argument du petit objet de Quillen D´efinition 2.3.7 Soit A une cat´egorie admettant les colimites s´equentielles transfinies. Soit E un ensemble de morphismes de A, on dit que E permet l’argument du petit objet si, pour tout morphisme de E, il existe un cardinal r´egulier ˺ tel que la source du morphisme est ˺-petite par rapport `a E.
Un des cas les plus frequents d’ensembles de fl`eches permettant l’argument du petit objet provient d’ensembles de fl`eches dont les sources et buts sont petits. On dira de ces fl`eches qu’elles sont petites ou limitees. Bien entendu, de tels ensembles permettent l’argument du petit objet, ce qu’enonce le lemme suivant.
Lemme 2.3.8 Soient ˺ un cardinal r´egulier et A une cat´egorie admettant les colimites s´equentielles transfinies. Soit E un ensemble de morphismes de A dont les sources et buts sont ˺-petits, alors E permet l’argument du petit objet.
Comme on l’a dej`a dit plus haut, l’argument du petit objet sert `a obtenir la factorisation de toute fl`eche en une cofibration suivie d’un morphisme I-injectif pour un ensemble I assez petit. Ce fait est enonce dans le theor`eme suivant dont on trouvera la demonstration dans [1].
Th´eor`eme 2.3.9 (L’argument du petit objet) Soient C une cat´egorie co-compl`ete et I un ensemble de morphismes de C permettant l’argument du petit objet. Alors tout morphisme de C se factorise de mani`ere fonctorielle en une I-cofibration suivie d’un morphisme I-injectif.
L’un des corollaires de ce theor`eme qui nous interesse le plus est celui qui nous donne la caracterisation des I-cofibrations en termes de colimites sequentielles transfinies de sommes amalgamees de fl`eches de I lorsque I est assez petit. Mais en fait, les I-cofibrations ne sont pas toujours de telles col-imites mɏeme si I est assez petit, car en general ce sont des retracts de telles colimites. Aussi vais-je tout d’abord rappeler la notion de retract d’un mor-phisme avant d’enoncer le corollaire sur l’engendrement.
D´efinition 2.3.10 Soient f : A ջ B et g : C ջ D deux morphismes, on dit que f est un r´etract de g s’il existe un tel diagramme commutatif :
A i -C r -A B f ? j - D g ? s - B f ? avec r ◦ i = IdA et s ◦ j = IdB
Corollaire 2.3.11 Soient C une cat´egorie cocompl`ete et I un ensemble de morphismes de C permettant l’argument du petit objet. Alors les I-cofibrations sont exactement les r´etracts de colimites s´equentielles transfinies de sommes amalgam´ees de morphismes de I.
Grɏace `a ce corollaire nous savons que les morphismes engendres par un bon ensemble I, ce que l’on appelle des I-cofibrations, s’expriment en termes de colimites sequentielles transfinies de sommes amalgamees d’elements de I. De plus, si l’on regarde la demonstration du theor`eme 2.3.9 donnee dans [1], on s’apercoɏđt que pour construire la factorisation d’une fl`eche quelconque f : A ջ B en une I-cofibration suivi d’un morphisme I-injectif, on va en fait rajouter `a A toutes les fl`eches de I rendant commutatif le diagramme suivant et repeter ce procede un nombre transfini de fois.
X - A Y ∈ I ? - B f ?
On remarque donc que cette construction est encore du type colimite sequen-tielle transfinie de sommes amalgamees d’elements de I. C’est en outre cette methode que nous allons utiliser pour categoriser nos C-precategories une fois explicite l’ensemble I de fl`eches pour lequel nos C-categories sont des objets I-injectifs. C’est la raison pour laquelle nous allons consacrer la prochaine partie `a l’etude de ces procedes que nous appellerons plans d’addition de cellules, du fait de leur similarite d’avec la construction des complexes cellulaires.