d’homotopie par cat´ egorisation
4.5 Construction Bigcat
Grɏace aux sections precedentes, nous avons pu exhiber un plan d’addi-tion de fl`eches generatrices Cat(1, m) qui preserve le type d’homotopie des C-categories. Toutefois ce plan n’ajoute que certaines fl`eches generatrices de C-categories faciles et pas toutes. En revanche, si l’on consid`ere l’ensemble des Cat(1, m) avec m decrivant les entiers strictement superieurs `a un, on ob-tient une famille de plans d’addition qui ensembles prennent toutes les fl`eches generatrices. Nous allons donc definir la categorisation Bigcat comme un plan d’addition de cellules suivant un ordre et construit `a partir des Cat(1, m), c’est-`a-dire comme un plan d’addition de cellules de la forme BCat(t), o`u t va parcourir tous les entiers strictement superieurs `a un et ce un nombre suffisamment grand de fois pour assurer que le plan Bigcat categorise.
D´efinition 4.5.1 Soit (C, F1, F2) une donn´ee de Segal pr´e-facile. Soit ˺ un cardinal r´egulier strictement sup´erieur au cardinal r´egulier pour lequel les sources et buts des fl`eches des familles F1 et F2 sont petites.
Notons ˯ la famille FG1 des fl`eches g´en´eratrices de C-cat´egories faciles. No-tons ˯1 la famille constitu´ee des fl`eches g´en´eratrices de la forme ˝[1]ˡf avec f ∈ F1 et, pour tout entier m ≥ 2, notons ˯m la famille constitu´ee des fl`eches g´en´eratrices de la forme ˝[m]ˡf et Boitm(g) avec f ∈ F1 et g ∈ F2. On a bien une partition de ˯ en ˯m pour m ≥ 1.
Posons T l’ordinal transfini ˺ · ℵ0 et t la fonction qui `a tout ordinal (˻, n) < ˺ · ℵ0 associe le couple d’entier (1, n + 2).
On d´efinit alors le plan d’addition de cellules Bigcat comme le plan d’addition de cellules suivant l’ordre t qui, `a chaque ´etape ̍ < T , a pour plan d’addition Cat(t(̍ )).
Apr`es avoir defini Bigcat, nous allons montrer qu’il s’agit bien d’une categorisation.
Proposition 4.5.2 Soit (C, F1, F2) une donn´ee de Segal pr´e-facile.
Bigcat est un foncteur de la cat´egorie des C-pr´ecat´egories vers la cat´egories des C-cat´egories faciles v´erifiant la propri´et´e suivante :
pour tout morphisme f d’une C-pr´ecat´egorie quelconque A vers une C-cat´e-gorie facile C, il existe un morphisme de C-pr´ecat´eC-cat´e-gories non n´ecessairement unique de Bigcat(A) vers C dont la pr´ecompos´ee avec le morphisme naturel de A vers Bigcat(A) est le morphisme f .
Preuve :
Tout d’abord, il est facile de voir que Bigcat est un foncteur car c’est une ap-plication directe du lemme 4.4.7. Pour avoir le reste de la proposition, il suffit
de montrer que les hypoth`eses du lemme 2.10.3 sont verifiees : celles sur ˯ et celle sur t. Avant tout, on remarque que les plans du type Cat(1, m) sont des plans d’addition de cellules composes de plans simples de type Raj(1, m) qui sont des sous-plans de eΦ1∪Φm,1. Or comme `a la premi`ere etape de Cat(1, m) on prend pour parties peintes la totalite des niveaux 1 et m, le sous-plan Raj(1, m) `a cette etape n’est autre que eΦ1∪Φm,1 tout entier. Ainsi les plans Cat(1, m) sont bien du type CatΨ,̄ et donc Bigcat est bien du type BCat(t), ce qui justifie le fait d’utiliser le lemme 2.10.3.
Premi`erement, par hypoth`ese (C, F1, F2) est une donnee de Segal pre-facile. Donc les sources et buts des fl`eches des familles F1 et F2 sont petites pour un certain cardinal regulier strictement inferieur `a ˺. Par le lemme 3.4.5, ceci entraɏđne que les sources des fl`eches de la famille FG1 = ˯ sont petites par rapport `a ce mɏeme cardinal. Comme en outre ˯ admet une partition, on a bien verifie les hypoth`eses sur ˯.
Comme T est le produit ˺ · ℵ0 dont le cardinal est ˺, on a bien que le car-dinal de T est un carcar-dinal regulier strictement superieur au carcar-dinal regulier pour lequel les sources des fl`eches de la famille ˯ sont petites. Par la suite, on mettra sur T l’ordre lexicographique.
Soit m ≥ 1 un entier. Montrons que pour tout ordinal (˻, n) < T , il existe un ordinal ̍ < T plus grand pour lequel t(̍ ) contient m. Deux cas se presentent. Si m ≥ n+2, alors l’ordinal (˻, m−2) verifie d’une part (˻, n) ≤ (˻, m−2) < T et d’autre part t(˻, m − 2) = (1, m). Sinon m < n + 2. Comme ˺ est un car-dinal transfini et que ˻ est strictement inferieur `a ˺ alors ˻ + 1 est encore strictement inferieur `a ˺. Ainsi ̍ = (˻ + 1, m − 2) est plus petit strictement que T mais aussi plus grand que (˻, n), car l’ordre est lexicographique. De plus ce ̍ verifie bien que t(̍ ) = (1, m). Ceci montre donc la premi`ere condition sur t.
Il est facile de voir avec notre t que, pour m ≥ 2, t−1(m) n’est autre que l’ensemble des couples (˻, m − 2), avec ˻ < ˺, dont le cardinal est ˺ = Card(T ). Pour m = 1, t−1(1) est en fait T tout entier, donc son cardinal est bien celui de T . Ceci montre la seconde condition sur t.
On peut donc appliquer le lemme 2.10.3 qui nous assure que le resultat de Bigcat est ˯-injectif, c’est-`a-dire est une C-categorie facile, et que Bigcat a bien la propriete de factorisation de la proposition.
CQFD.
Corollaire 4.5.3 Soit (C, F1, F2) une donn´ee de Segal pr´e-facile. Soit A une pr´ecat´egorie. Comme, par la proposition pr´ec´edente, Bigcat(A) est une C-cat´egorie facile, on peut choisir de la marquer en prenant pour rel`evements marqu´es les premiers qui apparaissent dans l’ordre de la construction. On obtient alors le r´esultat suivant :
tout morphisme de A vers une C-cat´egorie marqu´ee C se factorise `a travers un morphisme pr´eservant le marquage de Bigcat(A) vers C, cette factorisation n’´etant pas n´ecessairement unique.
Preuve : cela decoule de la demonstration de la proposition. CQFD.
Notre nouvelle construction Bigcat est une categorisation composee de plans Cat(1, m) dont on a vu qu’ils preservaient l’homotopie des C-categories. Il serait donc normal que Bigcat preserve cette propriete.
Proposition 4.5.4 Soit (C, F1, F2) une donn´ee de Segal pr´e-facile v´erifiant les propri´et´es suivantes :
1) la cat´egorie sous-jacente C est une cat´egorie de mod`eles ferm´ee,
2) les alliances d’objets r´egaux sont exactement les ´equivalences faibles de la cat´egorie de mod`eles ferm´ee C entre objets r´egaux,
3) la famille F1 est incluse dans la classe des cofibrations triviales de la cat´egorie de mod`eles ferm´ee C et la famille F2 dans celle des cofibrations, 4) les ´equivalences faibles sont stables par produit fibr´e au-dessus d’un objet discret.
Alors pour toute C-cat´egorie A, le morphisme canonique A ջ Bigcat(A) est une ´equivalence de C-cat´egories niveau par niveau et une cofibration niveau par niveau. En particulier A ջ Bigcat(A) est une ´equivalence de C-cat´egories. Preuve :
Tout d’abord on observe que toutes les constructions apparaissant dans la con-struction Bigcat laissent invariant l’ensemble des objets. Ainsi le morphisme canonique induit l’identite sur l’ensemble des objets. Montrons par recurrence transfinie que pour tout ordinal ̍ ≤ T , C ջ Bigcat̍(C) est niveau par niveau une cofibration triviale et que les morphismes de Segal de Bigcat̍(C) sont des equivalences faibles dans C. Pour ̍ = 0, c’est vrai car Bigcat0(C) n’est autre
que C qui est une C-categorie, donc ses morphismes de Segal sont des al-liances d’objets regaux, ce qui par l’hypoth`ese 2) montre que ses morphismes de Segal sont des equivalences faibles dans C.
Supposons la propriete vraie pour ̍ < T , alors les morphismes de Segal de Bigcat̍(C) sont des equivalences faibles dans C. Donc Bigcat̍(C) verifie les hypoth`eses du lemme 4.4.6 et donc Bigcat̍(C) ջ Cat(t(̍ ))(Bigcat̍(C)) = Bigcat̍ +1(C) est niveau par niveau une cofibration triviale et les morphismes de Segal de Cat(t(̍ ))(Bigcat̍(C)) = Bigcat̍ +1(C) sont des equivalences fai-bles. Comme par hypoth`ese de recurrence sur ̍ < T le morphisme naturel C ջ Bigcat̍(C) est niveau par niveau une cofibration triviale et que dans la categorie de mod`eles fermee C les cofibrations triviales sont stables par com-position, il vient que le morphisme C ջ Bigcat̍ +1(C) est niveau par niveau une cofibration triviale. On a donc montre l’hypoth`ese de recurrence pour ̍ +1. Soit ̍ ≤ T un ordinal limite et supposons l’hypoth`ese de recurrence vraie pour tout ̍′ < ̍ . Comme C ջ Bigcat̍(C) est niveau par niveau une colimite sequentielle transfinie de cofibrations triviales C ջ Bigcat̍′(C) et que les cofibrations triviales de la categorie de mod`eles fermee C sont stables par col-imite sequentielle transfinie, il vient que niveau par niveau C ջ Bigcat̍(C) est une cofibration triviale. Et par un raisonnement identique `a celui de la demonstration du lemme 4.4.6, on en deduit que les morphismes de Segal de Bigcat̍(C) sont des equivalences faibles, ce qui montre l’hypoth`ese de recurrence pour l’ordinal limite ̍ .
Par recurrence transfinie, on a donc montre que pour tout ordinal ̍ ≤ T le morphisme naturel C ջ Bigcat̍(C) est une cofibration triviale niveau par niveau et que les morphismes de Segal de Bigcat̍(C) sont des equi-valences faibles de C. C’est en particulier le cas pour ̍ = T , et comme C et Bigcat(C) sont des C-categories, C ջ Bigcat(C) est niveau par niveau une alliance d’objets regaux par l’hypoth`ese 2), donc c’est bien une equi-valence de C-categories niveau par niveau, et par le lemme 4.1.2, c’est aussi une equivalence de C-categories, ce qui montre la proposition.
CQFD.
La construction Bigcat est donc non seulement un procede de categorisation mais aussi une operation qui preserve le type d’homotopie des C-categories. Comme nous avons dej`a vu que les equivalences de C-categories verifient la propriete de ”trois pour deux”, nous sommes maintenant en mesure