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Les domaines de la publicité de service, une diminution de la variété des offres

ÉTUDE DE CAS

2. Publicité et consommation dans les journaux de l’Anjou : des marqueurs d’une société en industrialisation

2.2. Le marché de consommation et la publicité en Anjou

2.2.2. Les domaines de la publicité de service, une diminution de la variété des offres

Les démarches publicitaires des services sont numériquement en déclin à partir des années 1830. Mais sur les 60 premières années de notre période, il y a un ensemble de consommations de service important. Avec des contenus variés, ces services permettent de répondre aux attentes de la bourgeoisie locale.

Figure 12. Évolution des contenus publicitaires de service dans les périodiques de Maine-et-Loire

Ce graphique présente les contenus publicitaires des services dans les différents journaux du département de Maine-et-Loire. Tout comme pour les contenus de vente, il existe plusieurs grandes catégories dont certaines regroupent plusieurs sous secteurs. Ainsi, l’enseignement concerne aussi bien celui en salle de classe que celui à domicile. Le secteur du divertissement rassemble les spectacles de théâtre, de musique… L’artisanat regroupe de nombreux secteurs comme l’horlogerie, la peinture, la sculpture… Le domaine du transport comprend d’abord les transports terrestres puis fluviaux et ferroviaires.

Avant tout, il faut rappeler la décroissance importante des démarches publicitaires de service à partir des années 1840 dans les journaux locaux. Cela tend à relativiser certaines données des deux dernières décennies, notamment la part des contenus « autres » s’établissant à 22% puis 60%. Ce pic se retrouve surtout dans L’écho saumurois avec des contenus « autres » représentant 88% du total des services235. Il est en fait dû à deux annonces, l’une pour de l’hôtellerie, la seconde pour entretenir les maisons, qui sont répétées une dizaine de fois.

Dans tous les cas, le graphique montre de grandes variations dans les contenus publicitaires des services. Tout d’abord, on remarque une certaine stabilité des contenus médicaux : entre 15% et 7% en fonction des années. Même si ce secteur est en décroissance à la fin de notre période, il parvient à perdurer, notamment grâce à la croissance des contenus médicaux de vente qui maintient un intérêt pour ces services.

L’artisanat connait une évolution différente en disparaissant de la publicité commerciale à partir des années 1840. Son évolution marque les changements de la société française : avant tout artisanale au XVIIIe siècle, elle s’industrialise fortement à partir de la Restauration236. Les services d’enseignement connaissent le même sort en disparaissant à partir des années 1850. Ce secteur connait un pic durant la Révolution à relativiser. Comme il s’agit du seul secteur stable des Affiches d’Angers en 1793, sa part proportionnelle augmente fortement. Le secteur du divertissement est le second à connaître un pic temporaire dans les années 1800 et 1820 avec 57% et 54% de la part des contenus de service. La raison est simple : en 1803 et 1823, les Affiches d’Angers et le Journal de Maine-et-Loire consacrent systématiquement une annonce pour informer sur les pièces de théâtres qui sont jouées à Angers. Cela explique notamment l’importance du secteur du divertissement dans le Journal de Maine-et-Loire : il s’établit à 89% en 1823237. Mais le journal perd cette habitude et ce secteur disparait en 1843. A Paris, on constate le même phénomène dans La Presse238. Le journal parisien consacre quotidiennement une portion de son espace papier pour annoncer les spectacles théâtraux de la ville.

Par ailleurs, de nouveaux contenus publicitaires se développent au XIXe siècle : ceux des transports puis ceux des assurances. L’essor du secteur du transport s’explique par les efforts fait dans le royaume à partir de la Restauration pour moderniser l’ensemble du réseau routier national239. Ainsi, les routes sont améliorées, des canaux sont aménagés et les premières voies de chemins de fer sont crées. D’ailleurs, le secteur du transport est le seul faisant transparaitre des particularités régionales, à l’image de cette annonce commerciale :

« A dater du 1er avril prochain, les Inexplosibles reprendront leur service d’été ; ils descendront de Tours à Nantes en un seul jour. […] Départ d’Angers pour Tour, tous les jours, à cinq heures du matin. Les bateaux à vapeur entre Angers et Nantes partiront : d’Angers, tous les jours, à sept heures du matin et à midi et demi […]. 240»

236 LEMARCHAND Guy, L’économie en France de 1770 à 1830…, op.cit, p. 253.

237 Voir l’annexe n° 30.

238 Voir l’annexe n° 31.

239 WORONOFF Denis, Histoire de l’industrie en France…, op.cit, p. 226.

240 Journal de Maine-et-Loire, 30 mars 1843.

Les villes d’Angers et de Saumur bénéficient ainsi des nombreux travaux effectués dans la première moitié du XIXe siècle afin de rendre la Loire et ses affluents plus navigables241. Les compagnies de transport ont recours aux journaux locaux afin d’informer les lecteurs des horaires de voyage.

Sans revenir en détail sur ce point, ces contenus publicitaires des services sont en accord avec les consommations du lectorat bourgeois. On remarque tout de même une petite différence dans la presse nationale qui s’illustre au travers de quelques annonces commerciales comme suivent :

« Saison des eaux 1855. Bains d’Ems et de Wiesbaden sur les bords du Rhin. Les salons de conversation sont ouverts depuis le mois de mai. Départ de Paris au chemin de fer de Strasbourg. Le voyage se fait également par la Belgique, le Rhin et les chemins de fers allemands. 242»

La publicité des périodiques parisiens fait transparaitre les premières annonces liées au tourisme à partir des années 1850. Plusieurs stations thermales usent ainsi des annonces commerciales parisiennes afin de s’adresser à son lectorat. En effet, la haute aristocratie de la capitale est friande de ces destinations touristiques243. Ce faisant, « bains de mer (Dieppe, Boulogne, Trouville, Biarritz, etc.) et cures thermales (Vichy, Aix-les-Bains, Bagnères-de-Bigorre, etc.), à la mode depuis les années 1830, connaissent un succès croissant que nourrit le souci de prendre soin de son corps et qu’amplifie l’extension de la desserte ferroviaire 244». De telles annonces ne se retrouvent pas dans la presse régionale en raison de la différence du lectorat bourgeois. En effet, celui-ci est

« socialement plus large 245» et plus modeste que le lectorat parisien.

Dans tous les cas, la tendance générale est celle d’une diminution de la diversité des contenus publicitaires de service à l’image de sa décroissance numérique dans la presse. Cette décroissance est aussi bien présente dans la presse d’information que dans les Affiches au XIXe siècle.

Les contenus publicitaires des services se caractérisent par une diversité décroissante. Ils sont influencés par plusieurs facteurs comme les choix des journaux et le contexte économique.

Ce dernier a une influence majeure sur les annonces commerciales. Il conduit par ailleurs à impacter le contexte monétaire de la publicité.

241 MARAIS Jean-Luc, Le Maine-et-Loire aux XIXe et XXe siècles, op.cit, pp. 28-29.

242 La Presse, 4 juillet 1855.

243 DAUMAS Jean-Claude, La révolution matérielle…, op.cit, p. 56.

244 Ibid, p. 58.

245 FEYEL Gilles, « La diffusion nationale des quotidiens parisiens en 1832 », Revue d’histoire moderne et contemporaine, tome 34, n°1, 1987, p. 64.

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