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Les Affiches : une publicité commerciale utilisée par des travailleurs indépendants Les Affiches sont les journaux ayant une publicité commerciale la plus locale au sein de

ÉTUDE DE CAS

3. Les acteurs de la publicité commerciale

3.2. Profil socio-professionnel des acteurs de la publicité commerciale

3.2.1. Les Affiches : une publicité commerciale utilisée par des travailleurs indépendants Les Affiches sont les journaux ayant une publicité commerciale la plus locale au sein de

notre corpus. Elles offrent ainsi la possibilité de comparer les annonceurs avec la population active locale.

La publicité commerciale des Affiches d’Angers et de Saumur se caractérisent par une abondance de travailleurs indépendants.

Figure 20. Origine socio-professionnelle des annonceurs

Le graphique ci-dessus permet d’observer la fluctuation des travailleurs indépendants et des groupes professionnels dans les Affiches d’Angers et de Saumur. On constate ainsi que les deux journaux se composent d’une grande majorité de travailleurs indépendants. Dans les Affiches d’Angers, ils représentent plus de 79% des annonceurs. Du côté de Saumur, ce sont 67% des annonceurs qui sont des travailleurs indépendants. Sur la fin de notre période, la tendance montre une augmentation des groupes professionnels. Il faut nuancer cette évolution. En effet, l’origine socio-professionnelle est liée à l’activité et au contenu publicitaire. Ainsi, on remarque que certains services sont émis bien plus régulièrement par des groupes. Le secteur du divertissement

79%

est notamment concerné avec ses troupes de théâtre ambulantes. Avec leur importance dans les années 1800 et 1820 à Angers et Saumur291, la proportion des groupes s’en voit augmentée.

En mettant les Affiches de Maine-et-Loire en comparaison avec les Affiches du Mans, on constate que les années 1810’ et 1820’ sont similaires : une forte présence des travailleurs indépendants292. Mais sur ses deux dernières décennies, le journal semble montrer une nouvelle tendance avec l’augmentation du nombre de groupes : 37% et 36%. Dans la Feuille commerciale nantaise, on remarque le même constat. En 1826, les travailleurs indépendants représentent 78%

des annonceurs.

Les petites annonces publicitaires sont relativement précises dans la dénomination des professions des annonceurs. Bien qu’il y ait une diversité importante dans les manières de se présenter, on peut regrouper ces professions en cinq grandes catégories. Ces profils permettent de comprendre pourquoi autant de travailleurs indépendants sont présents dans le journal. On retrouve tout d’abord les marchands en tout genre. La seconde catégorie englobe les artisans : horloger, relieur, tailleur… Le textile, l’habillement et la parure sont les trois domaines d’activité de ces artisans. A cela s’ajoute les médecins, chirurgien et sage-femme. La quatrième catégorie comprend l’ensemble des enseignants. Enfin, les libraires et imprimeurs complètent ces quatre catégories.

Il faut préciser que certains annonceurs ne présentent pas de catégorie socio-professionnelle dans leur avis commerciaux, notamment ceux en lien avec le divertissement. Ainsi, l’abondance des professions « non indiqué » en 1803 et 1825 s’expliquent par la présence importante des comédiens et troupes de théâtre293.

A priori, on constate que les artisans sont bien représentés dans les annonces commerciales. En réalité, on peut émettre un doute sur cette représentativité pour plusieurs raisons. D’une part, l’annonceur est libre de se présenter comme il le souhaite. On le perçoit notamment dans certaines annonces comme suit :

« Le citoyen Priolleau, tailleur d’habits, rue du Bon-Laboureur, n°4, près la place Cupif, donne avis qu’il tient un assortiment de masques, costumes de masques, etc., de toutes façons et à tous prix.294»

Ces annonces commerciales où l’artisan n’a qu’un rôle de commerçant sont courantes dans l’habillement et le textile. Elles sont similaires à celles provenant des marchands. On peut tout à

291 Voir « Les domaines de la publicité de service, une diminution de la variété des offres », pp. 81-83.

292 Voir l’annexe n°42.

293 Voir l’annexe n°43.

294 Affiches d’Angers, 28 nivôse An XI (18 janvier 1803).

fait imaginer que certains marchands s’approprient des catégories socio-professionnelles plus prestigieuses afin de valoriser leur annonce et leur activité. Lorsque l’on connait la méfiance et l’hostilité du public envers l’annonce commerciale295, tous les moyens sont bons pour obtenir la confiance du lecteur.

Par ailleurs, le milieu artisanal a peu de raison d’être présent dans la publicité pour plusieurs raisons. D’une part, le système corporatif de l’Ancien Régime cherche à « réduire et si possible annuler la concurrence 296» induite par les petites annonces commerciales. De plus, la publicité réduit le rôle social de l’artisan297, et conduit à ternir sa réputation298. Tous ces éléments tendent à remettre en question le nombre d’artisans évoqués par les annonces commerciales des Affiches d’Angers et de Saumur.

En 1769, Angers a fait l’objet d’un recensement dans lequel figure une profession pour la population active299. François Lebrun en présente un tableau construit en fonction des catégories socio-professionnelles. Entre 1769 et le début de notre période, l’économie d’Angers n’a que peu évoluée. On peut donc se permettre une comparaison avec nos annonceurs afin de voir la représentativité générale des professionnels dans la feuille angevine. Ainsi, les marchands, enseignants, médecins et artisans qui sont la majorité des annonceurs ne représentent que 3% des actifs à Angers300. Ce faisant, les utilisateurs potentiels des annonces commerciales sont peu nombreux. Il s’agit d’un résultat logique puisque de nombreuses activités n’ont ni l’intérêt ni les moyens de faire de la publicité.

Les Affiches se caractérisent ainsi par une abondance de travailleurs indépendants. Ils proviennent de quelques grandes catégories socio-professionnelles : marchands, artisans, enseignants… En conséquence, seule une minorité de travailleurs ont une visibilité dans le journal local. Cette visibilité diminue dans les journaux d’information où les annonceurs locaux ont une place moins importante.

295 MARTIN Marc, Histoire de la publicité en France, op.cit, p. 30.

296 MARTIN Marc, Trois siècles de publicité en France, op.cit, p. 35.

297 MARTIN Marc, Histoire de la publicité en France, op.cit, p. 32.

298 MEISS Marjorie, La culture matérielle de la France…, op.cit, p. 88.

299 LEBRUN François (dir), Histoire d’Angers, op.cit, p. 101.

300 Ibid, p. 102.

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