• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE 2 : LA SCIENCE DANS L’ENSEIGNEMENT DE JEAN-PAUL II

2. Analyse des textes de Jean-Paul II sur la science

2.4. Autres discours

L’expérimentation en biologie doit contribuer au bien intégral de l’homme504

Le pape aborde en premier le thème de la science et de la religion en répétant aux scientifiques qu’il y a « un lien organique et constitutif entre la culture et la religion505 ». La science doit ainsi

toujours être accompagnée de la sagesse « […] qui appartient au patrimoine spirituel permanent de l’humanité et qui s’inspire du dessein de Dieu inscrit dans la création506 ». Culture et religion

étant intimement reliées, l’Église favorise le progrès de l’homme, duquel naît la culture. De cette manière, affirme Jean-Paul II, l’homme doit être vu comme le terme ultime de la recherche scientifique, car il existe une unité profonde entre le corps et l’esprit humain : le spirituel est imprégné du corporel et le corps doit être guidé par l’esprit. C’est pour cela que Jean-Paul II affirme que « […] les activités de la personne humaine découlent du centre personnel de l’individu, prédisposé par le corps auquel l’esprit est substantiellement uni507 ». Pour lui, les

sciences sont essentielles pour la vie de l’esprit puisqu’elles « promeuvent la connaissance de la réalité et de l’activité corporelles508 ».

Il va donc de soi que pour Jean-Paul II, les scientifiques qui respectent profondément la personne humaine ne peuvent réaliser des expériences biologiques qui vont à l’encontre du bien intégral de l’homme. Par contre, le pape condamne formellement les manipulations opérées sur les embryons humains, car de la conception à la mort, l’être humain ne peut être exploité pour quelque fin que

504 JEAN-PAUL II, « L’expérimentation en biologie doit contribuer au bien intégral de l’homme », (23 octobre

1982), DC, 21 novembre 1982, no. 1840, p. 1028-1029. Discours à lors d’une semaine d’études organisée par l’Académie pontificale des sciences.

505 DC 1980, no. 1788, p. 605. 506 DC 1981, no. 1817, p. 958.

507 JEAN-PAUL II, « L’expérimentation en biologie doit contribuer au bien intégral de l’homme », (23 octobre

1982), DC, 21 novembre 1982, no. 1840, p. 1029. Discours à lors d’une semaine d’études organisée par l’Académie pontificale des sciences.

508 JEAN-PAUL II, « L’expérimentation en biologie doit contribuer au bien intégral de l’homme », (23 octobre

1982), DC, 21 novembre 1982, no. 1840, p. 1029. Discours à lors d’une semaine d’études organisée par l’Académie pontificale des sciences.

145

ce soit509. En ce qui concerne la mutation des gènes, ou la modification du code génétique, Jean- Paul II ne dit qu’espérer que cette technique soit « une source d’espoir pour les nombreuses personnes touchées par les maladies [liées à des déficiences chromosomiques]510 ».

Pour conclure, le pape résume sa pensée en affirmant que la recherche en biologie « […] doit être subordonnée à des principes moraux et à des valeurs morales qui respectent et réalisent dans sa plénitude la dignité de l’homme. En fin de discours également, il est à noter que Jean-Paul II qualifie ces réflexions de « personnelles » et qu’elles « montrent combien j’approuve et encourage vos louables recherches [...]511.

Procréation responsable, science, foi et théologie512

Pour Jean-Paul II, aborder l’éthique dans le domaine de la procréation répond à un besoin urgent : la connaissance scientifique doit être guidée de l’intérieur par une éthique. Cette éthique, loin de nuire à l’indépendance épistémologique de la science, au contraire l’aide à répondre à sa vocation fondamentale qui est d’être au service de la personne humaine. Car, répète le pape, « toute connaissance de la vérité est un bien de la personne humaine et est destinée à l’ensemble de l’humanité513 ». Toutefois, il avertit que la liberté humaine peut se servir de la vérité scientifique

pour poursuivre des objectifs qui s’opposent au bien de l’homme. Voilà le danger qui se présente lorsque la science s’écarte de l’éthique. Ce danger s’applique également au domaine de la procréation et aux connaissances et aux méthodes qui lui sont liées. Les spécialistes de la procréation peuvent utiliser leurs connaissances pour poursuivre des buts qui ne sont pas « moralement licites ». Ils doivent cependant renoncer à toute application nocive de leur science et s’allier aux autres hommes de science, aux théologiens et aux philosophes afin de poursuivre la valeur morale de la procréation responsable. C’est pour cette raison, affirme Jean-Paul II, que

509 À cet effet, le Concile Vatican II (Gaudium et spes 24) enseigne que « l’homme est la seule créature sur terre que

Dieu a voulue pour elle-même ».

510 JEAN-PAUL II, « L’expérimentation en biologie doit contribuer au bien intégral de l’homme », (23 octobre

1982), DC, 21 novembre 1982, no. 1840, p. 1029. Discours à lors d’une semaine d’études organisée par l’Académie pontificale des sciences.

511 Ibid.

512 JEAN-PAUL II, « Procréation responsable, science, foi et théologie », (8 juin 1984), DC, 2 septembre 1984, no.

1880, p. 830-832. Discours aux membres du Congrès international de philosophie et de théologie sur la procréation responsable.

513 JEAN-PAUL II, « Procréation responsable, science, foi et théologie », (8 juin 1984), DC, 2 septembre 1984, no.

1880, p. 831. Discours aux membres du Congrès international de philosophie et de théologie sur la procréation responsable.

146

l’enseignement des méthodes naturelles « doit s’enraciner dans une véritable science et dans une vision complète de la personne humaine514 ».

Faisant référence surtout à Familiaris consortio, Jean-Paul II discute ensuite des implications pastorales de l’étude de la procréation responsable en soulignant l’importance de l’étude théologique, car « la pédagogie concrète de l’Église doit toujours rester liée à sa doctrine et n’en être jamais séparée515 ». Quant aux méthodes naturelles de planification familiale, le pape affirme que l’Église

[…] ne donne d’approbation exclusive à aucune [d’entre elles], mais demande instamment que toutes soient accessibles et respectées. La raison décisive des méthodes naturelles [est] leur cohérence avec une vision chrétienne de la sexualité en tant qu’expression de l’amour conjugal516.

En somme, pour Jean-Paul II, la vision chrétienne de la personne humaine doit être au centre du travail pour la planification familiale naturelle. Il est également convaincu qu’une unité conjugale plus profonde et plus forte peut naître au sein des couples mariés utilisant des méthodes naturelles de procréation.

Foi chrétienne et théorie de l’évolution517

Jean-Paul II souligne que de nos jours, le concept de l’évolution prétend intégrer, entre autres, la physique, la biologie et l’éthique dans une vision globalisante : « Le paradigme de révolution se développe comme une sorte de conception close du monde, une ‘image évolutionniste du monde’518 ». Le pape distingue toutefois cette conception du monde de la conception matérialiste

du monde, qui nie l’autocompréhension morale et religieuse de l’homme.

Pour sa part, l’évolutionnisme biologique fonde fonctionnellement l’autocompréhension « sur les avantages de la sélection qui lui sont liés, et pour l’intégrer dans sa conception d’ensemble519 ». Donc, en intégrant des aspects de morale et de religion dans sa vision de l’homme, l’évolutionnisme contemporain « adopte une nouvelle détermination des rapports avec la religion

514 Ibid. 515 Ibid. 516 Ibid., p. 832.

517 JEAN-PAUL II, « Foi chrétienne et théorie de l’évolution », (26 avril 1985), DC, 4 août 1985, no. 1901, p. 783-

784. Discours à un Symposium.

518 Ibid., p. 783. 519 Ibid.

147

qui s’écarte de celle du passé récent et lointain520 ». Là réside le point d’accrochage entre l’Église

et la science sur le sujet. À l’époque de Pie XII et de Humani generis, la discussion sur le modèle d’interprétation de l’évolution se limitait au seul cadre de la méthode des sciences naturelles. L’évolutionnisme de l’époque ne menaçait pas la conception que l’Église avait de l’âme comme immédiatement créée par Dieu. L’évolution présupposait donc la création et cette dernière était vue comme creatio continua, comme un évènement étendu dans le temps.

Le problème de Jean-Paul II réside donc en ce que le nouvel évolutionnisme « […] ramène tous les phénomènes spirituels, y compris la morale et la religion, au modèle fondamental de l’évolution, lequel décrirait en même temps leur fonction et leurs limites521 ». Pour l’Église, cette

conception évolutionniste va donc bien au-delà de ses fondements dans les sciences naturelles. Si la question centrale de la foi est la vérité, il revient donc à cette dernière de déterminer quel contenu de vérité doit être attribué à ce modèle d’évolution. Jean-Paul II souligne également que cette tâche ne peut être menée à terme qu’en utilisant la philosophie pour « […] soumettre à la critique la façon dont sont obtenus résultats et hypothèses et d’établir la distinction entre des extrapolations idéologiques et [des résultats scientifiques fiables]522 ».

La détermination du moment de la mort523

Jean-Paul II affirme en guise d’introduction que l’Église a besoin d’être bien informée sur la réalité des processus biologiques menant à la mort si elle veut guider les consciences. Elle doit donc connaître les réalisations scientifiques et techniques relativement au processus naturel de la mort.

Pour le pape, on ne peut porter atteinte à la vie humaine sous aucun prétexte. À la fois corps et esprit, l’homme « […] reçoit du principe spirituel une dignité éminente et comme un reflet de l’absolu, [son corps étant] celui d’une personne, [...] d’un être capable de s’accomplir dans la

520 Ibid.

521 JEAN-PAUL II, « Foi chrétienne et théorie de l’évolution », (26 avril 1985), DC, 4 août 1985, no. 1901, p. 783.

Discours à un Symposium.

522 Ibid., p. 784.

523 JEAN-PAUL II, « La détermination du moment de la mort », (14 décembre 1989), DC, 18 mars 1990, no. 2002,

148

connaissance et l’amour de Dieu524 ». Il en résulte que l’être humain, unité vivante du corps et de l’esprit, ne peut jamais être traité comme un objet.

Jean-Paul II admet qu’il peut paraître déraisonnable de laisser la conscience interférer avec la poursuite d’une recherche scientifique prometteuse en laissant à d’autres scientifiques, moins moralement préoccupés, la tâche de mettre en œuvre cette recherche. Mais, dit-il, « n’est-ce pas le cas de toute prescription morale525 » ? Cette difficulté devient plus grande lorsqu’elle s’applique à la détermination du moment de la mort. Par exemple, comment arrive-t-on à concilier le respect de la vie d’un individu dont on prélève les organes avec la guérison de celui qui reçoit ces organes ? Le succès d’une telle intervention dépend de la rapidité avec laquelle le personnel médical arrive à déterminer le moment précis de la mort du donateur.

Pour y arriver, Jean-Paul II affirme qu’il faut avoir une définition exacte de la mort. Selon lui, la mort surgit lorsque le principe spirituel ne peut plus exercer ses fonctions. Par contre, la foi chrétienne affirme la persistance de ce principe spirituel après la mort. Cela n’empêche toutefois pas l’homme, seul être conscient de l’inévitabilité de sa propre mort, de ressentir une certaine angoisse face à la mort. Le problème réside en l’identification des signes de la rupture entre le corps et le principe spirituel, ce qui a de graves incidences au plan pratique.

Jean-Paul II affirme que l’on ne doit pas, sous aucun prétexte, accélérer le processus naturel de la mort d’une personne afin de faire don de ses organes. Les savants font donc face à un double devoir : les scientifiques doivent poursuivre leurs recherches afin de déterminer avec une exactitude croissante le moment de la mort ; les théologiens, les moralistes et les philosophes doivent trouver des solutions aux problèmes nouveaux amenés par cette recherche scientifique. Selon Jean-Paul II, « la recherche scientifique et la réflexion morale doivent aller de pair, dans un esprit de coopération526 ».

524 Ibid., p. 284.

525 JEAN-PAUL II, « La détermination du moment de la mort », (14 décembre 1989), DC, 18 mars 1990, no. 2002,

p. 284. Discours à un groupe de travail de l’Académie pontificale des sciences.

149

L’embryon est une personne et non un objet d’expérimentations527

Jean-Paul II commence son allocution en encourageant les décrypteurs du génome humain à continuer leurs recherches, à condition qu’elles se fassent dans une perspective de soins et de thérapies géniques. Toutefois, il souligne que les résultats de ces recherches risquent d’être utilisés pour faire le mal, notamment pour opérer une sélection entre des embryons.

Il reste que pour Jean-Paul II, la recherche dans le domaine de la génétique est un bien en soi, car la recherche désintéressée de la vérité, peu importe le domaine, est une louange au Créateur. La raison humaine, dit-il, est à la fois raison scientifique et raison éthique et le but de la démarche médicale est de rechercher, de manière indissociable, le bien de l’homme et de l’humanité entière.

Bien que les sciences médicales soient séduisantes, elles ne peuvent pas énoncer à elles seules la vérité ultime ni dicter les critères moraux afin de parvenir au bien. Ces critères « doivent être recherchés dans la dignité propre à la personne528 ».

Abordant ensuite les problèmes moraux reliés à l’acquisition du savoir et de ses applications, Jean-Paul II souligne que certaines applications de la génétique peuvent déborder le cadre médical et faire apparaître des menaces redoutables. Afin de garantir le respect de la personne, le pape fait appel à la responsabilité de la communauté humaine entière. Il encourage tous les domaines de la culture (moralistes, philosophes, juristes, autorités politiques, etc.) à faire en sorte que la science respecte l’intégralité de l’être humain. De plus, il importe de prendre conscience que les problèmes moraux ne sont pas liés à la connaissance elle-même, mais au moyen d’acquisition du savoir et sur ses applications. Ainsi, le premier critère moral qui doit guider les activités de tout chercheur est le respect de l’être humain. Le fait que certaines tensions puissent surgir chez le chercheur entre l’admiration de la découverte et la crainte de menacer la dignité de l’homme est tout à fait sain, selon Jean-Paul II, puisque cela dénote un certain sens éthique naturellement présent dans la conscience du chercheur.

Quant à l’Église, il ne lui revient pas de fixer les critères de la recherche médicale. Elle doit toutefois veiller à ce que la science demeure un bien pour l’homme. C’est là une limite du

527 JEAN-PAUL II, « L’embryon est une personne et non un objet d’expérimentations », (20 novembre 1993), DC, 2

janvier 1994, no. 2085, p. 7-8. Allocution à un groupe de travail de l’Académie pontificale des sciences.

150

pouvoir d’influence de l’Église, car « seule la Révélation ouvre à la connaissance intégrale de l’homme [...]529 ». Pour l’Église, le principe qui guide le développement de la recherche est le

respect fondamental de la personne humaine dans toutes ses dimensions : à la fois corps et âme spirituel, chaque être humain doit se faire respecter pour sa valeur intrinsèque. Dans le domaine scientifique, la décision morale juste dépend d’une science ayant une vision intégrale de l’homme, d’une science qui voit au-delà du monde visible et qui découvre la valeur transcendante de la personne. C’est pourquoi un embryon ne peut pas être réduit à son seul patrimoine génétique : « […] utiliser l’embryon comme un pur objet d’analyse ou d’expérimentation est attenter à la dignité de la personne et du genre humain530 ». Pour l’Église, le critère moral

fondamental de la recherche est donc l’homme dans son être corporel et spirituel.

En terminant son allocution, Jean-Paul II rappelle aux législateurs leur responsabilité vis-à-vis de la protection et la promotion des personnes humaines. Plus précisément, dit-il, l’embryon doit être reconnu de droit par la loi.

L’Église devant les recherches sur les origines de la vie et son évolution531

Jean-Paul II commence par dire qu’il se réjouit du thème abordé par les membres de l’Académie des sciences, car l’origine de la vie et de l’évolution « […] intéresse vivement l’Église, puisque la Révélation contient [également] des enseignements concernant la nature et les origines de l’homme532 ». Puisque la vérité ne peut pas contredire la vérité, il est possible que les conclusions

de la science et celles de la Révélation puissent trouver un point de rencontre.

Le pape fait ensuite un bref survol de deux interventions passées qu’il juge importantes. D’abord, Pie XII avait déjà nié l’opposition entre l’évolution et la doctrine de la foi sur l’homme, mis à part quelques points fermes, dans son encyclique Humani generis (1950). L’autre intervention renvoie à son propre discours de 1992 sur les conclusions de la commission d’enquête concernant l’affaire Galilée. Ces conclusions démontrèrent le besoin d’une herméneutique rigoureuse pour

529 JEAN-PAUL II, « L’embryon est une personne et non un objet d’expérimentations », (20 novembre 1993), DC, 2

janvier 1994, no. 2085, p. 8. Allocution à un groupe de travail de l’Académie pontificale des sciences.

530 Ibid.

531 JEAN-PAUL II, « L’Église devant les recherches sur les origines de la vie et son évolution », (22 octobre 1996),

DC, 17 novembre 1996, no. 2148, p. 951-953. Discours à l’assemblée plénière de l’Académie pontificale des sciences.

151

l’interprétation correcte de l’Écriture et la nécessité pour les exégètes et les théologiens de se tenir au courant des progrès de la science.

Concernant l’« évolution » de la théorie de l’évolution elle-même, compte tenu de l’état des recherches à l’époque de Humani generis, l’Église considérait l’« évolutionnisme » comme une « hypothèse sérieuse, digne d’une investigation et d’une réflexion approfondies à l’égal de l’hypothèse opposée533 ».

Toutefois, avec l’apport d’un demi siècle de recherche, Jean-Paul II admet qu’aujourd’hui, « de nouvelles connaissances conduisent à reconnaître dans la théorie de l’évolution plus qu’une hypothèse534 ». Il reconnaît que la convergence des résultats de plusieurs recherches, indépendantes les unes des autres, constitue « un argument significatif en faveur de cette théorie535 ».

Il y a tout de même un point de désaccord significatif entre ce que nous présente la théorie sur l’évolution et la vérité sur l’homme que prône l’Église. Pour l’Église, l’individu humain a valeur pour lui-même ; il est une personne et non un instrument qui sert une fin. Il est capable d’entrer en relation de communion avec ses semblables et en relation d’amour et de connaissance avec Dieu lui-même. C’est là la dignité de l’homme et « […] c’est en vertu de son âme spirituelle que la personne tout entière jusque dans son corps possède une telle dignité536 ». En conséquence, l’Église est en désaccord avec toute théorie de l’évolution qui considère que l’esprit émerge de la matière. De telles théories sont « incompatibles avec la vérité de l’homme [et] incapables de fonder la dignité de la personne537 ».

En guise de conclusion, Jean-Paul II affirme que nous nous retrouvons, avec l’évolution, devant un problème d’ordre ontologique. Il y aurait eu, au cours de l’évolution de l’homme, un « saut ontologique » qui permettrait d’expliquer l’apparition de l’âme. Mais la question se pose : n’est-

533 Ibid., p. 952. 534 Ibid.

535 JEAN-PAUL II, « L’Église devant les recherches sur les origines de la vie et son évolution », (22 octobre 1996),

DC, 17 novembre 1996, no. 2148, p. 952. Discours à l’assemblée plénière de l’Académie pontificale des sciences.

536 Ibid. 537 Ibid.

152

ce pas aller à l’encontre même du processus d’évolution graduelle dans le temps que de supposer une telle discontinuité ? Jean-Paul II répond que c’est la méthodologie propre de chaque domaine du savoir qui permet de concilier les deux points de vue.

Du côté de la science, les différentes manifestations de la vie observées et mesurées sont insérées sur la ligne du temps. Toutefois, affirme le pape, « le moment du passage au spirituel n’est pas objet d’une observation de ce type538 ». C’est plutôt en se tournant vers la métaphysique que nous

retrouvons les pièces manquantes. C’est à la philosophie d’analyser les attributs de l’esprit qui apparaissent au cours de l’évolution de l’homme (par exemple la conscience de soi, la liberté, les expériences religieuses) et c’est à la théologie d’en dégager le sens ultime selon les desseins de Dieu.

Les recherches sur le génome humain doivent être au service de la dignité de tout homme539

Jean-Paul II commence par souligner l’ambiguïté du parcours de la recherche sur le génome humain. D’un côté, au cours des dernières années, les découvertes dans le domaine de la