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1. L A PENETRATION DANS LE DEVELOPPEMENT PSYCHOSEXUEL

1.1. P ENETRATION , ORALITE ET CONSTRUCTION MOÏQUE

1.1.2. La différenciation moi/non-mo

En 1915, Freud évoque la question de la différenciation dedans-dehors :

Plaçons-nous du point de vue d’un être vivant presque totalement en désaide, non encore orienté dans le monde, qui capte des stimulus dans sa substance nerveuse. Cet être sera très rapidement en mesure d’effectuer une première différenciation et d’acquérir une première orientation. D’une part, il sentira des stimulus auxquels il peut se soustraire par une action musculaire (fuite), ces stimulus il les met au compte d’un monde extérieur ; mais d’autre part aussi des stimulus contre lesquels une telle action demeure inutile et qui conservent malgré cela leur caractère de poussée constante ; ces stimulus sont le signe caractéristique d’un monde intérieur, la preuve des besoins pulsionnels. La substance perceptive de l’être vivant aura ainsi acquis, dans l’efficacité de son activité musculaire, un point d’appui pour séparer un « à-l’-extérieur » d’un « à-l’-intérieur ». 30

Freud propose ainsi une première modalité de différenciation moi/non-moi, qui prend appui sur la localisation des stimuli, déterminée par la capacité ou non de l’individu à s’en soustraire par le recours à la musculature. Puis, une seconde phase interviendrait :

Le moi, dans la mesure où il est auto-érotique, n’a pas besoin du monde extérieur, mais il reçoit des objets en provenance de lui, par suite des expériences vécues par les pulsions- de-conservation-du-moi, et il ne peut tout de même pas s’empêcher d’éprouver pour un temps comme empreints de déplaisir des stimulus pulsionnels internes. Sous la domination du principe de plaisir, s’accomplit alors en lui un nouveau développement. Il accueille dans son moi les objets offerts, dans la mesure où ils sont sources de plaisir, il s’introjecte ceux-ci (selon l’expression de Ferenczi) et, d’un autre côté, expulse hors de lui ce qui, dans son intérieur propre, lui devient l’occasion de déplaisir. Il se change ainsi à partir du moi-réel initial, qui a différencié intérieur et extérieur selon un bon critère objectif, en un moi-plaisir purifié qui place le caractère de plaisir au-dessus de tout autre. Le monde extérieur se divise pour lui en une part-plaisir qu’il s’est incorporée, et un reste qui lui est étranger. De son moi propre, il a extrait une partie constitutive qu’il jette dans le monde extérieur et ressent comme hostile. […] L’externe, l’objet, le haï seraient, au tout début, identiques. L’objet se révèle-t-il plus tard source de plaisir, il est alors aimé, mais également incorporé au moi, si bien que, pour le moi-plaisir purifié, l’objet coïncide malgré tout de nouveau avec l’étranger et le haï.31

On note qu’ici, les termes d’introjection et d’incorporation semblent être utilisés dans un sens identique : c’est le processus par lequel l’objet source de plaisir est placé à l’intérieur du moi, et qui aboutit à une indifférenciation de l’objet incorporé/introjecté avec le moi.

Le « moi-réel initial », celui qui se fonde sur le « bon critère objectif » qui consiste à mettre au compte du monde intérieur les stimuli dont le sujet est incapable de « se soustraire par une

30

Freud S., 1915d, op. cit., p. 165.

31

action musculaire », fait place, dans un second temps, au « moi-plaisir purifié » qui, maintenant, fonde sa différenciation moi/non-moi sur l’opposition plaisir-déplaisir. En d’autres termes, selon Freud, le moi est à l’origine garant d’une identité (son premier « critère » est le « bon »), avant de se perdre dans une confusion moi-objet, plaçant « au- dessus de tout autre » le « caractère de plaisir », soit l’opposition plaisir-déplaisir, bon- mauvais, pour fonder l’opposition dedans-dehors, et non plus la réalité. Ce développement du moi apparaît, pour le moins, contre-intuitif : le moi serait initialement unifié, avant de se cliver32 sous la pression du principe de plaisir.

Dans Le Moi et le Ca, Freud33 précise les conditions de la formation du Moi. Il est « avant tout une entité corporelle, non seulement une entité toute en surface, mais une entité correspondant à la projection d’une surface ». C’est « une partie du Ca ayant subi des modifications sous l’influence directe du monde extérieur, et par l’intermédiaire de la conscience-perception. »

Dans la mesure où « le propre corps de l’individu et, avant tout, se surface constituent une source d’où peuvent émaner à la fois des perceptions externes et des perceptions internes », la pénétration passive, en jeu dans l’ingurgitation et le processus qui s’y étaie, l’incorporation, pourvoyeuse d’excitations internes, doit jouer un rôle dans la constitution du moi, et plus précisément dans la détermination de sa face interne.

Par ailleurs, une conception du moi comme projection de la surface corporelle implique que la pénétration psychique doit tout naturellement se traduire par la pénétration du moi. Mais la complexité de la définition du moi, son évolution, parfois son imprécision, rendent malaisée la description d’une telle « pénétration du moi ».

La question de la différenciation moi-non-moi revient dix ans après Pulsions et destins de

pulsions dans l’article intitulé La négation. A partir du mécanisme de dénégation observé

dans la cure, Freud s’intéresse à l’apparition de la fonction intellectuelle du jugement, et du symbole de la négation :

32

Freud ne désigne pas explicitement le mécanisme de clivage, tel qu’il le développera douze ans plus tard (Freud S. (1927) Le fétichisme, in La vie sexuelle. Paris : PUF ; 2004, 133-138). Mais le recours à un tel processus est inévitable pour que le moi, jusque-là unifié, « expulse hors de lui ce qui, dans son intérieur propre, lui devient l’occasion de déplaisir ».

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La fonction de jugement a pour l’essentiel deux décisions à prendre. Elle doit prononcer qu’une propriété est ou n’est pas à une chose, et elle doit concéder ou contester à une représentation l'existence dans la réalité. La propriété dont il doit être décidé pourrait originellement avoir été bonne ou mauvaise, utile ou nuisible. Exprimé dans le langage des motions pulsionnelles les plus anciennes, orales : cela je veux le manger ou bien je veux le cracher, et en poussant plus avant le transfert : cela je veux l'introduire en moi, et cela l'exclure de moi. Donc : ça doit être en moi ou bien hors de moi. Le moi-plaisir originel veut, comme je l'ai exposé ailleurs, s’introjecter tout le bon, jeter loin de lui tout le mauvais. Le mauvais, l'étranger au moi, ce qui se trouve à l'extérieur est pour lui tout d'abord identique.

L'autre décision de la fonction de jugement, celle qui porte sur l'existence réelle d'une chose représentée, est un intérêt du moi-réel définitif qui se développe à partir du moi- plaisir initial (examen de réalité). Maintenant il ne s'agit plus de savoir si quelque chose de perçu (une chose) doit être accueillie ou non dans le moi, mais si quelque chose de présent dans le moi comme représentation peut aussi être retrouvé dans la perception (réalité). C’est, comme on le voit, de nouveau une question d'extérieur et d'intérieur. Le non-réel, le simplement représenté, le subjectif, n’est qu’à l’intérieur ; l'autre, le réel, est présent à l’extérieur aussi. Dans ce développement, la prise en considération du principe de plaisir a été mise à l’écart. […] L'opposition entre subjectif et objectif n'existe pas dès le début. Elle s’instaure seulement par le fait que la pensée possède la capacité de présentifier de nouveau, par reproduction dans la représentation, quelque chose autrefois perçu, l’objet n’ayant plus à être encore présent à l’extérieur.34

Freud semble ici désavouer l’étape du « moi-réel initial » introduite dans Pulsions et destins

de pulsions35, et situer par conséquent comme originelle celle qu’il appelait alors « moi-plaisir purifié », et qui devient tout naturellement le « moi-plaisir initial ». Freud propose ici une étape ultérieure dans le développement de la différenciation dedans-dehors, qui se fonde sur l’« examen de réalité » : la « fonction de jugement » doit permettre à ce stade de déterminer « si quelque chose de présent dans le moi comme représentation peut aussi être retrouvé dans la perception », si une représentation renvoie à une réalité objective, ou seulement subjective.

Dans ses Notes sur quelques mécanismes schizoïdes36, Mélanie Klein s’appuie sur l’idée selon laquelle la fonction « d’administrer l’angoisse » est dévolue au moi « dès le début ». L’angoisse à laquelle le moi originaire a affaire « surgit de l’action de la pulsion de mort à l’intérieur de l’organisme » ; elle « prend la forme d’une peur de persécution » et est vécue « comme la peur d’un objet incontrôlable et extrêmement puissant ». En d’autres termes, ce qui va mobiliser initialement le moi, c’est un réflexe de défense contre ce qu’il vit comme un persécuteur intérieur, puisque d’origine pulsionnelle (c’est seulement des suites de cette mobilisation défensive qu’il sera projeté à l’extérieur, dans l’objet).

34

Freud S. (1925a) La négation, in Œuvres complètes, vol. XVII. Paris : PUF ; 1992, pp. 168-169.

35

Freud S., 1915d, op. cit.

36

Cette « nécessité d’administrer l’angoisse oblige le premier moi à développer des mécanismes de défense fondamentaux ». Il résulte « de son manque de cohésion que le moi, sous la pression de la menace » d’être « détruit de l’intérieur » tend à « tomber en morceaux ». La désintégration du moi n’est donc pas première, elle est la réaction d’un moi immature à la menace interne, et à l’échec partiel des défenses : « aucun de ces processus n’atteint entièrement son but ».

Klein fait donc jouer un rôle majeur, dans la phase schizo-paranoïde, à la relation du moi avec des éléments pulsionnels vécus comme des corps étrangers persécutants qui occupent l’espace intérieur. C’est une première forme archaïque de pénétration passive du moi qui va déclencher à la fois les opérations défensives et la désintégration initiale du moi. Elle ajoute que « l’angoisse primaire d’être anéanti par une force destructrice à l’intérieur, avec la réponse spécifique du moi (tomber en morceaux ou se cliver) peut être extrêmement importante dans tous les processus schizophréniques ». Un vécu persécutant de pénétration passive serait donc aussi à l’origine de la dissociation des fonctions du moi dans la psychopathologie de l’adulte.

Klein soutient « que le sein “bon” constitue une partie essentielle du moi, qu’il exerce dès le début une influence fondamentale sur le processus de développement du moi, et qu’il affecte à la fois la structure du moi et les relations d’objet ». Elle ajoute que « le sein gratificateur, intériorisé sous la domination de la libido dans la tétée, est senti comme complet. Ce premier objet “bon” intérieur agit comme un point central dans le moi. Il contrecarre les processus de clivage et de dispersion, il appuie la cohésion et l’intégration, c’est un instrument dans la construction du moi. Le sentiment qu’a le bébé de posséder à l’intérieur de lui-même un sein “bon” et complet peut cependant être ébranlé par la frustration et l’angoisse ».

Quel est le statut de ce « sein gratificateur », « intériorisé » et « senti comme complet » ? Est- il identifié au moi, permettant ainsi « la cohésion et l’intégration » de celui-ci ? Est-il un objet interne à proprement parlé, différencié du moi, comme le suggère l’expression de « premier objet “bon” intérieur » ? Doit-on, enfin, envisager une alternative, telle qu’on l’a rencontrée à propos de la relation d’objet pénétrante, intermédiaire entre la relation d’objet classique pourrait-on dire, et l’identification : un objet interne pénétrant, puisque situé « dans le moi », que le bébé a le sentiment de « posséder à l’intérieur de lui-même » ?

On peut se demander si une réponse univoque est possible, et nécessaire : à ce stade précoce, on suppose que l’immaturité moïque rend absurde le recours aux références qu’on a utilisées pour déterminer le statut métapsychologique des phénomènes d’hypnose, de charisme, d’état amoureux, qui implique d’avoir affaire à un moi suffisamment différencié. On sait par

exemple que l’idéal du moi, auquel on a eu recours pour spécifier la relation d’objet pénétrante, n’est à l’origine pas différencié du moi. De la même façon, on peut supposer que les objets internes sont initialement indifférenciés du moi. C’est ce que suggère Freud lorsqu’il écrit que « l’identification constitue la forme la plus primitive de l’attachement affectif à un objet » et qu’elle est un produit « de la phase pendant laquelle on s’incorporait l’objet désiré et apprécié en le mangeant », à l’instar du « cannibale » qui « mange volontiers ses ennemis », mais seulement « ceux qu’il aime »37. A l’origine, l’identification est la seule modalité relationnelle connue. Il n’apparaît donc pas pertinent de distinguer, à ce stade, identifications et relations d’objet, moi et objets internes.

Nous nous interrogions sur le rôle éventuel d’une forme quelconque de pénétration dans le processus de construction moïque, avant l’accès à de telles différenciations. Nous nous demandions même si la notion de pénétration avait le moindre sens avant l’instauration d’une ébauche de limite. Revenons à Klein : elle affirme que « certaines fonctions que nous savons appartenir au moi plus évolué s’y trouvent dès le début »38 (on a cité plus haut celle qui consiste à « administrer l’angoisse »). Cette hypothèse en implique fortement une autre qui, c’est le moins que l’on puisse dire, ne va pas de soi : le moi existe dès le début. C’est aussi ce qu’implique le recours massif, tel qu’il est opéré par Klein, à la notion de clivage du moi : seul un moi primitivement différencié peut recourir à cette scission ; un magma indifférencié ne serait pas concerné par le clivage. C’est peut-être cette hypothèse qui lui permet d’affirmer que « les relations objectales existent dès le début de la vie »39, affirmation qui, dans un contexte d’indifférenciation moi/non-moi, semblerait inconséquente.

Elle s’interroge par ailleurs sur la « structure » d’un « premier moi » qui « manque beaucoup de cohésion », citant Donald Woods Winnicott à propos de la « non-intégration du premier moi »40. Jusqu’à quel point le moi primitif peut-il être non-intégré, alors même qu’il a d’emblée la lourde tâche d’administrer l’angoisse, ce qui implique de mettre en œuvre une série de mécanismes de défense, qui aboutiront à sa structuration ? N’y a-t-il pas chez Klein un paradoxe, qui consiste à faire porter au moi la responsabilité de sa propre constitution ? La relation d’objet n’est plus ici considérée comme une possibilité offerte à l’issue d’un

37

Freud S., 1921, op. cit., pp. 127-129.

38

Klein M., 1946, op. cit., p. 278.

39

Ibid., p. 275.

40

processus de différenciation moi/non-moi, mais elle est l’outil même de la constitution d’une telle différenciation.

Nous constatons que la conception kleinienne élargit le champ de notre recherche : si un « premier moi » est d’emblée capable d’être en relation, et que c’est même par là qu’il opère sa différenciation, la pénétration a toute sa place parmi les mécanismes de la construction moïque.

Klein développe dans le même article les notions d’incorporation, d’introjection, et introduit celle d’identification projective :

Les craintes de persécution provenant des pulsions sadiques-orales du bébé qui visent à s’approprier les contenus “bons” du corps de la mère, et des pulsions sadiques-anales qui visent à mettre ses excréments en elle (y compris le désir d’entrer dans son corps pour la contrôler de l’intérieur) ont une grande importance dans le développement de la paranoïa et de la schizophrénie.41

Les assauts phantasmatiques contre la mère suivent deux lignes essentielles : l’une est constituée par la pulsion surtout orale de sucer complètement, de mordre, de déchirer, de voler les contenus “bons” du corps de la mère. […] L’autre ligne d’attaque dérive des pulsions anales et urétrales et implique l’expulsion de substances dangereuses (excréments) hors du moi et vers l’intérieur de la mère. En même temps que ces excréments nocifs, expulsés dans la haine, des parties clivées du moi sont aussi projetées sur la mère ou, pour mieux dire, dans la mère. Ces excréments et ces parties “mauvaises” du sujet sont censés non seulement blesser l’objet, mais aussi le contrôler et prendre possession de lui. […] Une grande proportion de la haine contre des parties de la personne propre est alors dirigée contre la mère. Cela conduit à une forme particulière d’identification qui établit le prototype d’une relation d’objet agressive. Je propose pour ces processus le nom d’“identification projective”.42

Le mécanisme d’identification projective a pour prototype corporel l’éjection des déchets physiologiques (fèces et urine). Il consiste à introduire sadiquement des morceaux de soi dans le corps de l’autre, pour le « contrôler de l’intérieur ». Ces morceaux ne cessent pas, et c’est peut-être là la spécificité de cette forme de projection, d’être reconnus comme parties de la personne propre. Alors que la projection vise à se débarrasser dans l’extérieur d’un contenu psychique inacceptable (par exemple, le désir homosexuel du paranoïaque), l’identification projective a pour but l’attaque sadique de l’autre.

41

Ibid., p. 275.

42

Mélanie Klein emprunte à Paula Heimann sa notion d’assimilation d’un objet interne : « Dans des états de frustration ou d’angoisse accrue, le bébé est amené à s’enfuir vers son objet idéalisé interne comme moyen d’échapper à ses persécuteurs. […] Il peut en résulter que le moi se sente entièrement asservi à son objet interne et entièrement dépendant de lui, comme s’il n’était pour lui qu’une coquille. On trouve donc, en même temps qu’un objet idéalisé non assimilé, le sentiment que le moi n’a ni vie ni valeur propres. » En référence aux travaux d’Heimann, Klein ajoute que des objets internes peuvent agir « comme des corps étrangers enkystés dans la personne. Quoique cela soit plus évident en ce qui concerne les objets “mauvais” c’est vrai aussi pour les “bons”, si le moi se trouve subordonné compulsivement à leur sauvegarde ». Dans ce cas, « ils sont bien près d’exercer une influence persécutrice »43. L’assimilation, telle qu’évoquée par Klein, apparaît comme une étape intermédiaire dans le processus qui conduit à une introjection réussie, pourrait-on dire. Klein décrit des situations morbides dans lesquelles l’introjection aboutit à un vécu de pénétration : un morceau de l’autre est mis en soi et vécu comme un corps étranger, le sujet ne se vivant plus vis à vis de cet objet que comme un réceptacle passif, une « coquille ». Mais on aimerait comprendre plus précisément ce que recouvre la notion d’assimilation d’un objet interne, ce qu’impliquent un tel processus et son éventuel échec. On apprend seulement que « l’intégration du moi » et « l’assimilation des objets internes » sont favorisées par « un équilibre optimum entre l’introjection et la projection dans les premiers stades du développement »44. L’échec du processus d’assimilation porte toutes les caractéristiques de la pénétration : ce qui devait devenir homogène (non plus comme partie du moi, comme dans l’identification, mais comme partie du sujet tout de même, au titre d’objet interne) demeure, au moins partiellement et selon certains critères qu’il s’agira de mettre en évidence, hétérogène.

Quoi qu’il en soit, compte-tenu de l’« interaction entre l’introjection et la projection », « l’irruption violente à l’intérieur de l’objet et son contrôle par des parties de la personne » qui caractérisent le mécanisme d’identification projective conduisent à ce que « l’introjection soit alors vécue comme une irruption violente de l’extérieur vers l’intérieur, en rétribution de la violence de la projection. Cela peut produire la crainte que non seulement le corps mais aussi le psychisme soient contrôlés par d’autres personnes de façon hostile ».

L’identification projective porte donc en elle, de façon archaïque, les deux formes active et passive d’une pénétration de ou par l’objet. Dans sa valence passive, elle est à l’origine d’un