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RAPPEL DE LA PROBLÉMATIQUE ET PLAN

DEUXIEME PARTIE : ORGANISATION ET FONCTIONNEMENT

Pour offrir des clés de lecture sur ce phénomène assez insaisissable qu’est le mouvement Tea Party, je m’intéresserai dans un second temps à son organisation, considérée comme structure et comme action d’organiser. L’étude des stratégies et modes opératoires du mouvement permettra d’apporter un éclairage supplémentaire.

Dans cette deuxième partie, je commencerai par analyser la structure organisationnelle du mouvement. J’examinerai les différents éléments qui la composent, afin de déterminer si le Tea Party est un mouvement top-down ou bottom-up. Je montrerai l’importance des grands groupes de pression libertariens et conservateurs comme FreedomWorks ou American Majority, en particulier par rapport aux ressources dont ils font profiter le mouvement depuis son émergence. Par ailleurs, j’insisterai sur le rôle des militants grassroots qui composent les groupes locaux, et constituent la force vive du mouvement. Le Tea Party ayant choisi une structure horizontale, il s’agira de comprendre comment un mouvement sans leader peut fonctionner. Les avantages et inconvénients que présente ce type de structure seront étudiés à la lumière des principes de leadership opérationnel et de leadership inspirant. Je présenterai l’historique de l’organisation nationale Tea Party Patriots, qui se pose en organisation fédératrice du mouvement, et mettrai en lumière le rôle significatif de deux femmes ayant contribué à sa création. Enfin, j’évoquerai les chiffres des adhésions aux différentes organisations nationales Tea Party, qui reflètent l’activité et l’envergure incontestables de ces associations.

L’analyse portera ensuite sur les groupes locaux de mon terrain. Je m’intéresserai à leur structure, et en particulier à leurs comités directeurs, au sein desquels œuvrent les militants les plus investis. Le profil de ces militants sera étudié en détail, afin de comprendre qui sont ces fantassins, pourquoi ils ont décidé de consacrer leur temps libre à la cause Tea Party, et ce que signifie concrètement cet engagement. J’évoquerai leur caractère le plus souvent novice et amateur, qu’il s’agisse de politique ou d’expérience organisationnelle. J’étudierai les modes d’organisation et de communication des groupes, en pointant leur esprit de collaboration, ou au contraire l’indépendance cultivée par certains. Les relations des groupes locaux avec les organisations nationales Tea Party, en particulier Tea Party Patriots, révèleront des affiliations réelles ou de circonstance. Certains groupes revendiquent leur autonomie, et sont réfractaires à ce qu’ils interprètent comme une volonté d’instrumentalisation.

Les stratégies et les modes opératoires du mouvement seront l’objet du troisième chapitre. Je montrerai comment le Tea Party utilise les principes organisationnels définis par Saul Alinsky, le père de l’organisation communautaire (community organizing), en mettant particulièrement l’accent sur le pouvoir d’action des militants (empowerment), mais aussi sur la variable individuelle (subjective agency), principe défini par Marshall Ganz, un autre grand organisateur. Le Tea Party s’est largement inspiré des organisations progressistes, dont MoveOn.org, et plus généralement des organisations dédiées aux campagnes électorales. Or, cette conversion des Tea Partiers en véritables organizers doit beaucoup aux efforts de l’organisation FreedomWorks, ce qui est particulièrement visible dans ses stratégies discursives. Je m’attacherai à démontrer que la stratégie du mouvement repose essentiellement sur l’« éducation » et l’information (educate and inform). Pour mener leurs actions militantes, les Tea Partiers recourent aux méthodes traditionnelles, du type porte-à- porte et visite aux représentants, et ils utilisent des lieux et dates de protestation symboliques que je présenterai. Je verrai dans quelle mesure le mouvement sait se montrer innovant, en particulier dans l’utilisation du cyberespace. Ce sont en effet les nouvelles technologies et Internet, et surtout les réseaux sociaux qui ont permis au Tea Party d’atteindre une ampleur considérable aussi rapidement. C’est aussi grâce aux nouveaux médias que le mouvement peut perdurer.

Enfin, le dernier chapitre sera consacré aux ressources Web et aux outils concrets mis à disposition des Tea Partiers pour mener à bien leur action militante. Je montrerai la richesse des ressources proposées par le mouvement, qui prend les grands groupes de pression comme modèles. J’évoquerai la façon dont l’organisation nationale Tea Party Patriots centralise les ressources, afin de les rendre accessibles à ses membres, mais aussi à n’importe quel militant cherchant à s’investir. Je passerai en revue les ressources proposées aux militants pour se lancer en politique, et pointerai à cette occasion la nette insistance sur les stratégies électorales. Il sera en particulier question de l’organisation American Majority, qui propose des formations couvrant tous les aspects rhétoriques et organisationnels. Je verrai que les groupes locaux ne sont pas en reste, et encouragent les militants non seulement à soutenir des candidats, mais aussi à faire eux-mêmes campagne. Qu’il s’agisse de postes au sein du Parti républicain, ou de postes publics, l’idée est de s’implanter dans le tissu décisionnel local, et c’est là un point essentiel à souligner. L’importance des tactiques et outils de communication sera démontrée avec l’exemple d’un réseau social comme Pinterest, mais aussi avec le film interactif réalisé par Glenn Beck, une personnalité des médias conservateurs qui entretient des

liens étroits avec le Tea Party. Pour terminer cette deuxième partie, j’évoquerai les « Boîtes à outils » proposées sur le site Web de l’organisation nationale Tea Party Patriots, qui fournissent des outils clé en main aux militants. Simplifiés à l’extrême, et contenant une dimension de propagande évidente, j’expliquerai comment ces outils permettent même aux plus novices de mener leur action militante. L’analyse de certains de ces Toolkits permettra de montrer l’influence politique, indéniable, du mouvement Tea Party.

Dans l’épilogue, j’évoquerai quelques exemples de tactiques utilisées par les militants pour mener à bien la stratégie d’institutionnalisation du mouvement Tea Party. Ce faisant, je souhaite permettre au lecteur d’appréhender le degré de maîtrise des processus politiques qu’ont acquis les Tea Partiers. L’étude du Precinct Project (projet par circonscription) permettra de mettre en lumière la façon dont le mouvement procède à l’« infiltration » du Parti républicain.

PREMIÈRE PARTIE

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