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Le djembé : description, histoire, culture et sauvegarde

1.1 Description organologique

D’un point de vue organologique, le djembé est un membranophone, un tambour frappé à la main28. Sa structure en forme de gobelet est taillée d’une seule pièce, dans un tronc d’arbre évidé et ornementé. Sa membrane est une peau d’animal, le plus souvent celle d’une chèvre. La forme, la circonférence du fût et la hauteur de son pied varient en fonction de l’esthétique du percussionniste, de l’ethnie, de la région et de l’artisan-sculpteur. Le système de tension de la peau est constitué d’un filet de cordes tressées sur des anneaux de métal, dont deux enserrent la peau dans le haut du tambour au bord de la coupe. Le troisième anneau est situé au bas, là où se rétrécit la coupe du gobelet. Au Québec, un autre système de tension privilégié par certains artisans est mécanisé par des

28 Selon la classification organologique de Sachs et Hornbostel (1914). é Afritude

Figure 5 - Djembé en bois de goni ©Kribé Sanou

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écrous de métal. En Afrique, l’utilisation de l’anneau de métal comme tenseur de la peau est une innovation moderne. Elle augmente la capacité de tension dans le but de produire des sons plus aigus et plus secs. Plusieurs sonnailles, aussi nommées séké-séké, peuvent être ajoutées à l’instrument; elles sont fabriquées d’une feuille de métal garnie d’anneaux et de grelots.

La circonférence du tambour varie entre 50 et 60 cm. Les types de bois utilisés en Afrique sont le lengue, l’iroko, le dugura, l’acajou, le goni, le djala, l’acacia et le cola. Le djembé est frappé à mains nues. La forme du tambour et la solidité de sa structure permettent de le chevaucher ou de l’attacher à la hauteur des hanches, facilitant ainsi le déplacement du percussionniste dans la salle, la foule, auprès des danseurs ou dans des chorégraphies sur la scène. Le tambour, ainsi libéré du sol, produit une résonance accrue.

Les dunnuns

Le répertoire du djembé est mis en valeur lorsqu’il est joué en orchestre, et les instruments qui l’accompagnent sont appelés les dunnuns. Ce sont trois tambours cylindriques de grosseurs différentes, montés d’une peau de chèvre ou de vache fixée par des anneaux de métal à chaque

Figure 6 - Grelots séké-séké photo ©OkDjembé

53 extrémité. Il y a le doundounba : le plus gros des tambours qui produit le son de basse, le sangban : le tambour moyen qui produit les sons médians et le kenkeni : le plus petit qui produit les sons les plus aigus.

Technique de frappe du djembé et des dunnuns

Au djembé, on produit trois sons de base avec les mains, et certains percussionnistes professionnels en produisent quelques-uns de plus. La basse (pou)29 est produite par un coup frappé au centre de la peau du tambour avec la paume de la main. La résonnance, son timbre et sa puissance dépendent à la fois de la frappe, de la qualité et de la tension de la peau et de la grosseur du fût. Plus le fût est gros, plus la basse résonne. Les sons médiums (pi) sont produits par un coup donné en bordure du tambour, impliquant la moitié de la main. La partie coussinée, épaisse de la paume de la main, la section qui joint la paume aux doigts, frappe le rebord du fût les doigts collés. Finalement, le son aigu (pa), aussi nommé la claque, est produit de différentes façons selon les écoles. La façon

africaine enseignée par Mamady Keita requiert d’utiliser le même coup que celui utilisé pour produire les sons médiums, avec la différence que les doigts sont entrouverts. Une autre façon de produire la claque est de former une coquille avec les doigts et de fouetter la peau : c’est la technique utilisée avec les congas. Ce son est le plus difficile à produire. Un soliste doit maîtriser parfaitement la combinaison des trois sons et d’autres encore plus subtils. La rapidité est une preuve de maîtrise chez les jeunes, alors que chez les anciens, les couleurs sonores et la mélodie qui en découlent sont la marque de l’érudition.

Les tambours d’accompagnement du djembé, les dunnuns, sont joués avec une baguette. Lorsqu’ils sont à l’horizontale, l’autre main frappe une cloche à l’aide d’une pièce de métal dans un rythme complémentaire à celui frappé par la baguette sur la peau du tambour. Cette action, qui requiert une latéralisation de la main gauche et de la main droite, représente un défi supplémentaire. Les

29 Des onomatopés sont utilisés pour faciliter la mémorisation des rythmes par une forme de communication verbale des rythmes à l’oral. Ceux cités dans ce texte sont utilisés dans les cours de djembé auxquels j’ai assisté.

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sonorités de la cloche se glissent au-dessus de la masse sonore et ajoutent une couche de plus à la polyrythmie. Les dunnuns sont joués dans une dynamique sonore qui sert de sousbassement aux jeux du djembé, ils donnent leur personnalité à chaque pièce du répertoire, en plus de jouer un rôle déterminant pour s’orienter dans le rythme.

1.2 Histoire du Mandé et culture traditionnelle du tambour