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III INVISIBLES BLESSURES

IV. 2 3 Dernière histoire

 Observation n°16

Amina vient au CMPP accompagnée par sa mère et sa tante. Elle est âgée de sept ans et consulte pour des difficultés de langage et des difficultés d’apprentissage scolaire. Sa mère, Choukrane explique qu’elle s’exprime mal en français mais aussi dans sa langue maternelle, le shimaoré. Parfois, dit-elle, elle n’arrive pas à la comprendre même en shimaoré. Ces difficultés d’apprentissage scolaire mais aussi celles situées sur les plans langagier et linguistique sont des indicateurs de la vulnérabilité psychique observée chez les enfants de

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Selon l’expression d’une mère qui après avoir fui sa terre natale avait pu renouer avec elle et commencer ensuite à investir le pays d’accueil où elle vivait depuis quelques années. Enfin, elle se mit à apprendre la langue d’ici et eut de moins en moins peu de ce monde qu’elle maîtrisait de mieux en mieux.

migrants d’âge scolaire 266(Moro, 1998). La non-maîtrise des deux langues évoque une

situation de bilinguisme soustractif 267(Hamers & Blanc, 1984). Mais au-delà de la traduction

d’un état de vulnérabilité associé à la migration, quel sens peuvent prendre ces difficultés ? Quand nous les rencontrons, nous comprenons que nos mondes sont différents. Nous savons depuis longtemps que la différence n’empêche pas de parler et de dire les choses de la vie. Les entretiens, comme à l’accoutumée, se déroulent en présence de la médiatrice culturelle. Nous notons cependant que la mère d’Amina maîtrise correctement la langue française. Elle nous explique alors qu’elle a appris cette langue à l’école à Mayotte. Son père, contrairement à d’autres, avait tenu à ce qu’elle fréquente l’école des « blancs ».

Par ailleurs, elle explique qu’elle est venue avec ses enfants à la Réunion pour qu’ils puissent bénéficier « d’une bonne scolarité ». Son mari vit à Mayotte et ils sont séparés.

. . .

Psy : Elle 268 est très forte Mère : Non c’est une enfant Psy : Elle est très forte Mère : Je ne comprends pas

Psy : Qu’est ce que vous ne comprenez pas ? Mère : . . . silence…

Psy : C’est dur et ça fait mal là - en montrant le cœur. Mère : C’est difficile. . . qu’est ce que je dois faire ? Psy : Qu’est ce qu’elle a fait ?

Mère : On a fait venir tous les djinns de la famille. On l’a envoyée à Anjouan avec son père pour voir aussi avec les djinns de sa famille, s’il n’y avait pas un problème avec eux. Son père l’a amenée dans les ziaras mais cela n’a rien donné.

Psy : Elle a mis une « bombe »269 dans votre cour quand vous étiez enceinte ?

Mère : . . . . Comment vous le savez ?

Psy : Tout le monde sait ce qu’il faut faire pour faire du mal à une femme. C’était pour vous, vous étiez enceinte et c’est l’enfant qui a tout attrapé. Vous avez nettoyé la cour ? Mère : Oui, on a fait un badré.

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Une évaluation du langage chez les enfants de migrants d’âge scolaire - entre cinq et huit ans- montre ainsi que ces derniers ont plus de difficultés phonologiques, plus de difficultés d’expression et de compréhension (Moro, ibid.).

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Dans une situation de double langue- langue maternelle et langue étrangère-, cette notion de bilinguisme soustractif est évoquée lorsque l’utilisation des deux langues renvoie simultanément aux deux références culturelles alors que la notion de bilinguisme additif suppose l’utilisation des deux langues et des codes culturels afférents (Hamers & Blanc, ibid.).

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Souligné par nous 269

Expression communément utilisée par les habitants de l’archipel des Comores pour désigner le sort enterré dans la cour des maisons par des personnes mal intentionnées.

Psy : Après vous êtes parties parce que cela continuait. Vous êtes venues ici ensemble et vous pensez que nous, on va pouvoir soigner votre fille. Vous avez peur ?

Mère : Je suis impuissante ; quand quelque chose est déjà fait, est-ce que je peux encore Changer cette chose ?

Psy : Ici, vous êtes loin et vous croyez qu’on va changer votre fille …

 Nous ne parlons pas la même langue mais nous savons les choses du monde. Sans détour, nous sommes dans celui de Choukrane et de sa fille. Choukrane à juste le temps d’être étonnée que rapidement déjà, nous évoquons « l’objet » qui a présidé au départ. Une co- épouse, jalouse. Implacable logique. Une enfant ne va pas bien, victime du sort destiné à sa mère. Des choses de la tradition ont été faites là-bas sur la terre sacrée des ancêtres mais rien n’a changé. La décision de partir s’impose pour se protéger de cet acte dont la finalité est la mort. L’attaque a blessé une enfant et a fait effraction sur le plan psychique.

Quand Amina et sa mère reviennent au bout de quelques temps à la consultation, leur vie semble cependant s’être transformée.

. . .

Psy : Comment va Amina ?

Mère : Plutôt bien … depuis qu’elle a commencé son traitement, c’est plus facile. Psy : Vous avez vu le fundi ou le mwalimu ?

Mère : Aucun des deux. On avait un rendez-vous à l’hôpital et j’ai expliqué le problème de ma fille. Le docteur a dit qu’on allait essayer un traitement et qu’il fallait prendre un rendez-vous chez un spécialiste du langage, une orthophoniste.

A partir de là, et pendant un certain nombre de séances, les entretiens se déroulent exclusivement en français , Choukrane refusant même que l’interprète traduise, arguant qu’elle comprend le français. Nous notons aussi un changement notoire dans la façon de s’habiller de cette femme, optant dorénavant pour des tenues vestimentaires à l’occidentale270.

Psy : Vous aviez un rendez-vous à l’hôpital et vous avez parlé des problèmes de cette enfant. Mère : Oui, je l’ai dit aussi à son père.

Psy : Il est ici ?

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Ces deux comportements sont des signes langagier et extra-langagier qui traduisent une forme d’acculturation aux valeurs de la société d’accueil. Ils ne sont cependant que des indices macroscopiques et ne permettent en rien de préjuger de modification en profondeur du fonctionnement psychique ; ils dénotent simplement d’une plus grande facilité à passer d’un univers à un autre.

Mère : Non à Anjouan.

Psy : Il a vu quelqu’un là-bas ?

Mère : À Anjouan, il n’y a personne à voir. Psy : Comment cela ?

Mère : …… silence

Psy : Pourtant, Amina, elle connaît Anjouan. Elle est allée avec son père pour consulter le fundi des djinns.

Mère : ….. Silence…..

 Subitement, l’île d’Anjouan semble ne plus devoir exister chez cette femme, ni même ce qui pourrait s’y faire en lien avec les difficultés de sa fille. Au cours de cette consultation, nous comprenons qu’elle est agaçée par les traitements donnés par les fundis et envoyés par le père car selon elle, « cela n’est pas bon pour sa fille de mélanger les traitements ».

Elle est maintenant à la Réunion et sait à présent ce qu’il y avait à faire. Qu’on la laisse donc faire. Projetée sous l’effet de la migration dans l’entre-deux, elle sait rapidement investir les codes et la langue du nouveau groupe. Parce que le nouveau monde ne lui était pas totalement étranger en arrivant, elle a pu ainsi rapidement prendre les allures d’une autre. Avant de migrer, Choukrane travaillait en effet à Mayotte dans une mairie annexe, au bureau de l’état

civil271. Cet emploi dans une institution de la République, mais aussi l’enseignement reçu à

l’école des « blancs » à une époque où il n’était pas généralisé, ont contribué à faire d’elle une femme en partie « initiée » aux valeurs de la société d’accueil. A Mayotte, déjà, elle a vécu une forme d’acculturation et lorsqu’elle arrive sur cette terre d’accueil, elle peut plus facilement qu’une autre s’en approprier ses valeurs.

Le problème de langage de sa fille devient alors un problème des spécialistes du nouveau monde, seuls à même alors de le traiter.

Expression directe du conflit qui existe entre la mère et le père de l’enfant au sujet de la co- épouse, ce rejet des représentations traditionnelles permet à Choukrane de s’éloigner des représentations traditionnelles de son groupe. Cette attitude lui permet de « couper » avec le monde fui.

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Ce lieu est actuellement pour les mahorais un lieu d’assimilation au modèle républicain car depuis le changement de statut de Mayotte en collectivité départementale, il est imposé à chacun un changement au niveau de la transcription de la nomenclature de leur identité.

« L’étiologie orthophonique » dorénavant convoquée met magiquement à distance l’objet trouvé dans la cour. Il n’y a désormais plus d’espace possible pour penser la rivalité avec la co-épouse et le mal qu’elle peut faire.

Remplacer les représentations véhiculées par le monde d’origine par celles de la société d’accueil relève d’une forme d’acculturation et traduit une volonté d’affiliation aux représentations de la société d’accueil. Cette volonté a une finalité adaptative mais permet aussi de remplir le vide intérieur crée sous l’effet de la rupture. Car c’est bien de remplissage

dont il s’agit. Sous le sceau de la défense maniaque272, elle se sur-adapte au monde d’ici, parle

exclusivement la langue273 d’ici et fait comme ceux d’ici, s’habille comme eux et consulte

comme eux des orthophonistes quand les enfants manifestent des difficultés de langage. Visiblement, en la personne du médecin consulté à l’hôpital, Choukrane semble avoir trouvé un initiateur qui l’introduit aux valeurs et aux croyances du nouveau monde qui est le sien. Le processus de métamorphose semble être en route.

Les rendez-vous avec nous alors se manquent. Nous comprenons qu’il lui faut couper avec une histoire, une histoire de femmes, et que notre lieu n’est pas le lieu de la coupure. Au contraire, il est celui où une continuité s’établit dans la rupture.

Quelques mois passent quand, un jour, elle nous sollicite à nouveau. Elle a besoin de nous parler.

Il s’agit encore d’un problème à l’école. Choukrane est assez agitée, confuse, expliquant à la fois en français et en shimaoré qu’elle ne veut pas des décisions prises pour sa fille.

Face aux troubles de langage manifestés par Amina, l’institution scolaire de la République a mis en branle son dispositif d’aide aux enfants en difficultés.

Le verdict est sans surprise et « condamne » cette enfant « au profil déficitaire274 » à une

orientation vers une classe spécialisée destinée à accueillir des enfants intellectuellement handicapés.

Choukrane, avant de donner son accord, a demandé des explications. Elle a compris et retenu que ce type de classe est destiné à accueillir des enfants daba.

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Ce type de défense survient au moment de l’élaboration de la position dépressive et a pour fonction de protéger le moi contre les sentiments dépressif et de culpabilité liés à la perte de l’objet. La défense maniaque permet alors d’éviter, de dénier voire d’inverser la relation de dépendance à l’objet. Si elle fait partie d’un stade donné du développement psychique, une recrudescence d’angoisse dépressive peut provoquer une régression sur le plan défensif et la réapparition de cette modalité défensive (Segal, 1969). Dans la situation migratoire, si elle peut s’exprimer à travers une sur adaptation maniaque à la réalité, elle peut également se manifester à travers la constitution de groupes fermés identiques dans leur fonctionnement aux ghettos. L’individu est alors engagé dans une relation exclusive à sa culture. (Grinberg, 1986).

273 Cette attitude est sans doute également favorisée par le fait que la langue française était maîtrisée avant le départ de Mayotte.

274 Evalué comme il se doit par le célèbre WISC-R. Certaines classes spécialisées du département sont actuellement surchargées d’enfants issus de la migration.

Par ce tout petit mot, le monde de Mayotte revient. Choukrane refuse l’orientation proposée parce qu’elle sait que sa fille n’est pas daba. Elle refuse le modèle d’intégration proposé par l’école qui fait de sa fille une enfant handicapée sur le plan intellectuel.

Le modèle maniaquement investi devient caduc. Ici s’arrête le processus de transformation de cette femme refusant que sa fille paye aussi cher le prix de sa métamorphose en femme d’ici. Pendant un temps, l’illusion d’un problème relevant d’un spécialiste de langage a fonctionné comme opérateur de sens mais, comme toute illusion, elle se révèle dangereuse car non conforme à la réalité. L’illusion se méprend toujours de la réalité. La pensée s’est égarée et cet égarement a permis que l’autre monde, celui qui fait peur, celui où des « bombes » peuvent être déposées dans des jardins, ne soit plus inscrit dans le réel de la vie. Mais maintenant, sur quel univers s’appuyer ? Choukrane donne elle-même la réponse.

. . .

Psy : Daba …. Ce n’est pas bon à Mayotte et ni ailleurs d’être un enfant daba. Mère : Oui … c’est bien ça le problème . . . soupirs . . . soupirs . . .

Psy : Votre âme est pleine ? Mère : Je suis perdue.

Psy : Comme si vous n’aviez pas pris le bon chemin ?

Mère : Oui c’est un peu comme cela . . . je ne sais plus quoi penser ni faire mais ce que je sais c’est que ma fille, elle, n’est pas daba … je ne suis pas d’accord pour l’envoyer dans cette classe.

Psy : Vous avez le droit. Mais en même temps, il faut arriver à l’aider, à trouver des solutions pour qu’elle s’en sorte. Sinon, ce sera difficile pour elle et ce sera aussi difficile pour vous. Vous en avez parlé avec son père de cette histoire d’école ? Mère : Oui, il veut d’ailleurs que j’envoie Amina pendant les vacances à Mayotte pour vérifier si elle est daba ou pas.

Psy : Il ne dit pas oui, il ne dit pas non, il dit « : il faut vérifier ». Et je pense qu’il sait avec qui il faut le faire. Vous allez envoyer Amina ?

Mère : De toutes les façons, il était prévu qu’elle aille.

 Au retour du voyage à Mayotte, sa mère nous apprend qu’Amina est allée chez une tante qui est fundi wa madjini. Tarik, un des madjini de la tante est venu et a expliqué qu’il était responsable des difficultés de l’enfant.

. . .

Psy : Qu’est ce qu’il veut ?

Mère : Il dit qu’il fait tout cela parce qu’il est amoureux. Il fait tout cela parce qu’il est jaloux. Les « amoureux du diable », c’est comme cela. Partout où il est, il demande de mes nouvelles. Ca fait longtemps qu’il m’embête.

Psy : Vous n’avez rien fait ?

Mère : Si, quand j’ai été malade il y a longtemps. Il est « venu sur la tête »275 de ma tante et a

dit qu’il faisait tout cela pour que je m’occupe de lui, que je donne ce qu’il demande. Psy : Vous, vous ne voulez pas l’installer et là, il embête votre fille ?

Mère : Amina est sa fille préférée . . . son père a fait un rumbu . . .

 Là s’arrête pour l’instant l’histoire d’Amina. Tarik, le djinn amoureux de Choukrane réclame à travers les troubles de son enfant ce qu’elle lui refuse. Face au refus de Choukrane « de s’occuper de lui et d’accepter d’être son siège », il exprime son mécontentement et met la vie de sa fille en désordre.

La vie a basculé dans le monde de l’envers au royaume des madjini. Les madjini aiment les enfants (Nathan, 2001) et Amina est la préférée de Tarik. En ne parlant pas correctement avec nous, elle montre qu’elle est aussi en communication avec d’autres, avec un autre, avec lui. D’ailleurs, il se dit que « Tarik parle comme elle et qu’Amina parle comme lui ». Les mondes s’interpénètrent et cette interpénétration, parce qu’elle n’est contenue et organisée au sein d’un espace rituel, est génératrice de confusion. Fondamentalement, les madjini ont besoin des humains dans leur conquête du pouvoir. « Les madjini veulent devenir Dieu » (Nathan,

ibid., p. 221) et attendent des humains qu’ils les nourrissent, qu’ils leur offrent des autels et

les honorent. En retour, ils leur offrent leur protection. Les djinns choisissent les humains et en font leurs alliés mais, lorsque l’alliance est refusée, la vie est en désordre.

Il faut une épreuve d’ici, celle qui consiste à devenir la mère d’une enfant handicapée pour comprendre qu’au-delà de la co-épouse rivale, c’est le monde de la lumière invisible que Choukrane tente de fuir en venant ici. Dans ce monde, Choukrane serait une autre femme, une femme au corps possédée par l’esprit d’un être invisible, initiée au monde-autre.

Elle semble le refuser depuis tout le temps.276 Le refus se déguise sous le couvert de l’attaque

d’une co-épouse et transforme Choukrane en femme migrante. Le traumatisme associé à la

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Autrement dit prendre siège chez cette femme. 276

La raison invoquée étant que mariée avec lui, elle n’aurait pu avoir d’enfant , Tarik n’aimant pas « les femmes qui ont des enfants car il ne supporte pas l’odeur du sang après l’accouchement ». Une autre raison étant qu’il ne faut jouer avec cette folie - les djinns - au risque de devoir le payer le jour de sa mort car selon elle « même si tu as tout fait pour eux », le jour où tu t’en vas, ils se mettent loin de toi ».

migration opère en partie dans sa fonction de métamorphose et éloigne Choukrane du monde qu’elle fuit. Choukrane, parce qu’elle a trouvé un guide qui l’initie au monde d’ici s’affilie pour un temps aux valeurs et aux références du nouveau groupe. Elle habite de nouvelles enveloppes de sens.

Le symptôme – trouble du langage - manifesté par sa fille change de contexte. Il devient autrement compréhensible et rejoint un autre champ théorique, celui du handicap. Mais à l’annonce de celui-ci Choukrane ne peut l’accepter. Elle ne peut accepter le sacrifice imposé pour être une femme d’ici. La soie filée sur l’écheveau de la pensée moderne n’a pas servi à fabriquer de nouveaux habits. Cendrillon est son histoire. Elle s’est métamorphosée, mais la métamorphose n’a pas duré.

A minuit, sa vie la rattrape. L’initiation restée en suspend au pays se voit rappeler à travers l’échec de la tentative d’affiliation au groupe d’ici.

Le monde des madjini s’impose à nouveau comme univers de référence. Certes, contrainte par la peur - mais nul ne change jamais que sous la contrainte - Choukrane retrouve le monde qu’elle ne voulait plus.

Face à l’impensable de ce qui lui arrive – avoir une enfant daba - elle sait qu’il existe un monde qui « sait », un groupe où ce fait possède un autre sens. Il est le sien.

Un rumbu est organisé à Mayotte, qui vient contrecarrer le sacrifice réclamé par le groupe d’ici pour qu’une enfant étrangère soit de lui.

Parce que Choukrane refuse de sacrifier sa fille aux divinités de la psychométrie, elle rejoint sous l’effet du choc son groupe d’origine, se réapproprie ses valeurs et consent aux offrandes . Pour un temps, dit-elle … après ce sera à Amina de s’occuper de lui.

La route n’a pas été simple mais aujourd’hui, parce que les relations avec les êtres de l’autre monde ont été restaurées, Amina parle correctement.

Les relations avec le monde-autre ont été restaurées dans l’espace-temps du rituel. Ce dernier, tout en matérialisant la frontière entre les mondes visible et invisible assure une fonction de protection (Duez, 1992). Il agit en effet à la manière d’un pare-excitation, permet de rétablir les limites psychiques individuelles et groupales et, dans sa finalité, participe à la construction